Le ministre sénégalais de la Justice a pris part ce lundi à Genève (Suisse) à la 70ème Session du programme du Haut-Commissariat des Nations-Unies pour les réfugiés. Le Garde des Sceaux y était venu représenter notre pays à ladite session qui était essentiellement consacrée à la question de l’apatridie.
“L’apatridie est et demeure un problème actuel eu égard à sa recrudescence et à sa fréquence. On estime à dix millions le nombre de personnes apatrides à travers le monde dont près d’un million en Afrique de l’Ouest. Ces personnes vivent dans l’ombre, victimes de trafic et de discriminations de toutes sortes car se trouvant dans l’impossibilité de faire valoir leurs droits fondamentaux”, a dit le Garde des Sceaux. À l’occasion de cette réunion de Genève, Maître Malick Sall a fait un diagnostic sans complaisance de la situation des apatrides. “Les personnes apatrides se voient refuser le droit le plus primaire qu’est celui d’appartenir à un pays et d’être protégées par celui-ci.Elles constituent la masse invisible d’hommes, de femmes et d’enfants sans aucune attache, sans existence juridique. Or, comment vivre sans exister ? Tel est le dilemme cornélien auquel fait face l’apatride au quotidien”, a-t-il ajouté. Il a en outre rappelé que depuis le 4 novembre 2014, le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (Hcr) a lancé, une campagne mondiale intitulée «J’APPARTIENS». Selon le ministre sénégalais de la Justice, cette campagne vise ni plus ni moins qu’à éradiquer l’apatridie d’ici 2024. “Nous sommes à mi-parcours de cette échéance et malheureusement le constat, amer, est qu’il n’y a pas d’avancées significatives”, a-t-il déploré. C’est la raison pour laquelle, selon le ministre de la Justice, il est urgent de prendre des mesures “déterminées” pour mettre un terme à cette situation. “En effet, le Sénégal a joué et joue encore un rôle actif dans les initiatives prises au niveau sous régional dans la lutte contre l’apatridie. Il me plaît ici de citer particulièrement : la participation à la Conférence régionale ministérielle sur l’apatridie dans les pays membres de la Communauté économique. Des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) tenue les 23-25 février 2015 à Abidjan, en Côte d’Ivoire, dans le contexte de la campagne mondiale décennale pour mettre fin à l’apatridie, et qui a abouti à la Déclaration des Ministres des États membres de la Cedeao sur l’éradication de l’apatridie, dite «Déclaration d’Abidjan». Dans ladite Déclaration, approuvée par les chefs d’État et de Gouvernement de la Cedeao le 19 mai 2015 à Accra (Ghana), les États signataires ont pris d’importants engagements concernant l’éradication de l’apatridie en Afrique de l’Ouest. Le Sénégal y a partagé la réforme de son droit à la nationalité, notamment en ses dispositions spécifiques concernant la lutte contre l’apatridie”, a-t-il souligné. Il a aussi rappelé que le Sénégal a ratifié en septembre 2005 la Convention de New York du 28 septembre 1954 relative au statut des apatrides et la Convention de New York du 30 août 1961 sur la réduction des cas d’apatridie. “Investi de la confiance du Président Macky Sall, j’ai l’honneur d’unir la voix du Sénégal à celle des autres Nations déjà mobilisées sur la question pour mettre fin aux exclusions, à la stigmatisation et à la détresse induites par l’apatridie. Et vous me permettrez de faire montre d’une certaine fierté, en affirmant que mon pays a accompli, dans ce domaine, des avancées importantes”, a déclaré le Garde des Sceaux. Selon Maître Malick Sall, la vision universaliste des droits de l’homme implique qu’une protection juridique soit accordée à tout homme, par respect pour sa personne et sans considération de nationalité. Dans la foulée, il a énuméré un certain nombre d’engagement pris par notre pays, sous la vision éclairée du Président de la République, afin de juguler ce fléau des temps modernes qu’est l’apatridie. “Le Président Macky Sall dont l’action est fondée sur cet humanisme m’a donc fait fort de prendre, au nom du Sénégal dont la tradition d’hospitalité n’est plus à démontrer, les engagements suivants pour lutter plus efficacement et plus décisivement contre l’apatridie au Sénégal : mettre en place un cadre normatif, institutionnel et opérationnel de détermination du statut d’apatride ; adopter officiellement un Plan d’actions national de lutte contre l’apatridie ; poursuivre le processus d’acquisition de la nationalité sénégalaise aux réfugiés vivant sur le territoire sénégalais”, a-t-il dit. Selon le ministre de la Justice, ces engagements sont en cohérence avec la politique du Sénégal fondée sur le respect de l’homme et de ses droits et marquée par une absence de discrimination, notamment en matière d’acquisition de la nationalité, fondée sur la race, l’ethnie ou la religion. “Le droit à la nationalité reste encore tiraillé entre les aspirations universalistes et généreuses du droit international et les revendications nationalistes et égoïstes des États. Seule une volonté politique affirmée et une synergie déployée à l’échelle régionale et internationale permettront à des millions d’apatrides d’avoir une patrie protectrice et, en conséquence, le sentiment d’appartenance à un État. Le Sénégal s’y engage et, si vous le permettez, vous y engage tous”, a-t-il conclu.