Alors que la société civile réclame des réponses après le massacre de plus d’une centaine de villageois à Karma, dans le nord du Burkina Faso, le président de la transition Ibrahim Traoré a appelé jeudi, lors d’un entretien télévisé, à éviter des « conclusions hâtives » accusant l’armée.
Le président de la transition au Burkina Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, a appelé jeudi 4 mai à éviter des « conclusions hâtives » accusant l’armée d’être responsable du massacre de Karma, dans le nord du pays, commis le 20 avril par des hommes en uniforme militaire.
« Pourquoi accuser (l’armée) directement parce qu’on dit qu’ils (les assaillants) sont venus avec des pick-up et des tenues de l’armée ? », a-t-il soulevé lors d’un entretien à la télévision publique burkinabè, rappelant que « l’armée a perdu des blindés, des pick-up » lors des nombreuses attaques commises par des groupes terroristes dans le pays.
« Sachant cela, on ne peut pas immédiatement accuser les Forces de défense et de sécurité (FDS) (…). On attend que les enquêteurs fassent leur travail et que les gens évitent de tirer des conclusions hâtives », a-t-il poursuivi. Le procureur de Ouahigouya a ouvert une enquête.
Le 20 avril, 136 personnes dont 50 femmes et 21 enfants ont été tuées à Karma, village à 15 km de Ouahigouya, selon le bilan officiel. Des rescapés et des témoins ont affirmé que le massacre avait été commis « par des personnes arborant des tenues de nos forces armées nationales ».
Lors de l’entretien télévisé, le capitaine Traoré – arrivé au pouvoir par un coup d’État en septembre – a également dénoncé les agissements d’une « coalition contre le Burkina Faso », engagé dans la lutte contre la violence jihadiste. « Ils sont nombreux, ces pays qui ont refusé catégoriquement de nous vendre de l’équipement », a-t-il déclaré.
Plus de trois mois après avoir demandé le départ de l’armée française, le président a affirmé s’être tourné vers des « alliés stratégiques » comme la Russie et la Turquie. « On continuera d’acquérir des moyens majeurs avec ces pays (et) on va coopérer avec ceux qui souhaitent nous aider dans cette guerre » contre les jihadistes, a-t-il assuré, saluant également une coopération avec la Corée du Nord pour l’acquisition d’équipements militaires.
Le président a affirmé, lors d’une allocution télévisée jeudi, vouloir organiser des élections le « plus tôt possible », en juin 2024.
Le Burkina Faso, théâtre de deux coups d’État militaires en 2022, est pris depuis 2015 dans une spirale de violences jihadistes apparues au Mali et au Niger quelques années auparavant et qui s’est étendue au-delà de leurs frontières. Depuis huit ans, les violences ont fait plus de 10 000 morts – civils et militaires – selon des ONG, et quelque deux millions de déplacés internes.