La Russie a dit mardi ne voir « aucune raison » de prolonger l’accord sur les exportations de céréales ukrainiennes expirant en juillet, Moscou se plaignant depuis des mois d’entraves à ses propres livraisons de produits agricoles. « Dans ces conditions, il est évident qu’il n’y a aucune raison de poursuivre (l’accord) qui expire le 17 juillet », a indiqué le ministère des affaires étrangères russe dans un communiqué. La Russie menace régulièrement de se retirer de cet accord sur les céréales ukrainiennes conclu en juillet 2022 avec le parrainage des Nations unies et de la Turquie. Moscou se plaint notamment que son secteur agricole, l’un des plus grands producteurs au monde, soit impacté par les sanctions adoptées par les Occidentaux, qui « bloquent les exportations agricoles russes ».
La Russie accuse aussi l’Ukraine d’avoir fait exploser début juin un important pipeline reliant la ville russe de Togliatti au port ukrainien d’Odessa qui servait pour l’exportation d’ammoniac et d’engrais. S’il était désactivé depuis le début de l’offensive russe en février 2022, Moscou militait pour sa remise en route, jusqu’à l’explosion. La Russie accuse enfin les Occidentaux d’accaparer les exportations de céréales ukrainiennes destinées à l’Afrique et à l’Asie, transformant l’accord en « une exportation purement commerciale de nourriture ukrainienne vers des pays bien nourris », selon le ministère des affaires étrangères russe. Selon Moscou, les pays les plus pauvres n’ont reçu que 2,6 % du fret agricole envoyé depuis l’Ukraine, contre 81 % vers des « pays à revenu élevé et intermédiaire supérieur ».
L’Ukraine accuse de son côté la Russie d’avoir arrêté l’enregistrement des navires ukrainiens depuis le 26 juin, provoquant le blocage de la mise en oeuvre de l’accord. Selon le ministre des infrastructures Oleksandre Koubrakov, vingt-neuf navires chargés de 1,4 million de tonnes de céréales sont actuellement en attente dans le détroit du Bosphore faute d’inspections. Cet accord qui a permis de soulager la crise alimentaire mondiale provoquée par le conflit en Ukraine a été prolongé plusieurs fois, la dernière en mai, à l’issue d’intenses négociations. Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres s’était dit en juin « inquiet » pour sa prolongation.