«On est loin des anciens programmes d’ajustement structurel» (Fmi)

Décernant un satisfecit au Sénégal où elle estime que les perspectives économiques sont favorables à moyen terme, Corinne Deléchat assure que les recommandations émises par le Fonds monétaire international dans le cadre de l’Instrument de coordination des politiques économiques (Icpe) cadrent parfaitement avec la feuille de route déployée par les autorités sénégalaises. Elle ajoute, du reste, que dans ces conditions, l’émergence est à portée de main. «Avec l’Icpe, on est extrêmement loin des anciens programmes d’ajustement structurel. On ne parle pas du tout de cela ; on parle d’accompagnement des réformes du gouvernement au titre du Plan Sénégal émergent. Il y a déjà une priorisation des actions du gouvernement. Plus l’interaction du gouvernement avec les partenaires sera coordonnée et alignée, plus on aura un impact positif sur les réformes conçues. On n’est pas en train de demander des réformes dans tous les domaines… C’est vraiment ciblé sur des grandes mesures que le gouvernement entend lui-même porter et qui vont amener un résultat au niveau de la croissance, de la stabilité macroéconomique, au niveau de l’atteinte des objectifs budgétaires…», assure la cheffe de mission du Fmi.

«Le volume de production d’hydrocarbures ne sera pas aussi significatif…»

Corinne Deléchat bat ainsi en brèche les arguments de ceux qui estiment le Sénégal proche de la banqueroute. «Je ne suis pas de leur avis. Je trouve que c’est un pays extrêmement dynamique qui a un potentiel important. Avec la première phase du Plan Sénégal émergent, on a réussi à enclencher une dynamique de croissance élevée. On est passé d’un taux de croissance de 3% 4% pendant longtemps à des taux de 6%, 7%, donc il s’est quand même passé quelque chose. On a une croissance de 6% en 2019 qui aurait pu être un peu plus élevée et qui est ramenée à 6% par rapport à une prévision antérieure de 6,6%, car on a eu un démarrage assez faible au niveau de l’année ; mais on est en train d’avoir une dynamique qui va en s’accélérant et on prévoit 6,8% de croissance en 2020. À moyen terme, on a des perspectives très favorables : il y l’investissement privé, les investissements dans les ressources en hydrocarbures, je pense que c’est un pays dynamique et que l’émergence est à portée de main», relève-t-elle.

La cheffe de mission du Fmi se réjouit par ailleurs que le Sénégal présente un environnement qui ne le rendra pas dépendant de l’exploitation des hydrocarbures. «La bonne nouvelle c’est que le volume de production d’hydrocarbures ne sera pas aussi significatif que dans d’autres pays comme le Gabon ; donc on n’aura jamais plus de 5%  du Pib en ressource et 2% du Pib en recettes venant des hydrocarbures. C’est des montants qui restent gérables, qui ne vont pas dominer l’économie, et je pense que le gouvernement a, en parallèle, une stratégie au niveau énergétique, le “gaz to power” qui vise d’une part à privilégier le gaz, c’est déjà plus sain et il y a également une volonté d’accroître les ressources non renouvelables dans la production de l’énergie. Si on met le tout ensemble, le mix-énergétique du Sénégal sera probablement plus favorable que beaucoup d’autres pays ; donc, je pense que la stratégie est extrêmement intelligente, dans le sens où on a une vision sur le long terme qui fait du sens pour le Sénégal», précise Corinne Deléchat.

Saluant les efforts allant dans le sens de réduire le train de vie de l’État, elle estime que cela permettra de dégager de l’espace pour les dépenses sociales ou l’investissement.

«Impératif d’apurer la dette intérieure et d’élargir l’assiette fiscale»

Par ailleurs, la cheffe de mission du Fmi met en relief l’impératif d’apurer la dette intérieure et de mobiliser davantage de recettes fiscales. «Vous pouvez avoir toutes les initiatives, fonds de développement ou d’incubation de la Pme, mais la mesure qui sera la plus porteuse pour le développement du secteur privé c’est de payer les factures. On a beaucoup insisté et on a eu beaucoup de bonne volonté du côté du gouvernement. On a un inventaire qui est assez exhaustif de tout ce qui est impayé, et qu’on va devoir régler. Il s’agit de voir comment on peut apurer cela rapidement pour permettre au secteur privé de fonctionner (…). Au plan fiscal, il s’agit de récupérer les impayés et de s’assurer que les contribuables inscrits paient ce qu’ils doivent. La deuxième phase qui est la plus importante, c’est vraiment l’élargissement de l’assiette fiscale, d’élargir la base des contribuables sachant qu’il y a un minimum de particuliers et d’entreprises qui contribuent aux recettes. Plus on élargit la base, plus on peut réduire le poids fiscal sur chacun», conclut-elle.

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