Les paradise papers lèvent le voile sur l’optimisation fiscale.

La Reine d’Angleterre, un ami de Justin Trudeau, premier ministre canadien et un ministre de Trump : les Paradise papers, second volet des Panama papers vont faire trembler les grands de ce monde pendant une pleine semaine.
D’autre révélations en France, via France Inter et Le Monde sont attendues, sur un industriel célèbre notamment.
La reine  d’Angleterre, un ami de Justin Trudeau, un ministre de Trump en affaires avec des proches de Poutine. Dix-huit mois après les «Panama Papers» portant sur la fraude fiscale, le  Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ), regroupant  96 médias de 67 pays, a commencé à dévoiler les «Paradise Papers», sur des circuits planétaires d’optimisation fiscale. Il s’appuie sur une fuite massive de documents.
A l’appui de ces révélations: la fuite de 13,5 millions de documents  financiers, provenant notamment d’un cabinet international d’avocats basé aux Bermudes, Appleby, obtenus par le journal allemand Süddeutsche Zeitung.    
Des contournements choquants
Des documents provenant d’Appleby dévoilent notamment que le ministre  américain au Commerce Wilbur Ross a gardé des participations dans une société de transport maritime ayant des liens d’affaires étroits avec un oligarque  russe visé par des sanctions américaines et avec un gendre de Vladimir  Poutine, selon le New York Times.        
Au Royaume-Uni, une dizaine de millions de livres sterling d’avoirs de la reine Elizabeth II ont été placés dans des fonds aux Iles Caïmans et aux  Bermudes, selon la BBC et The Guardian.    
Au Canada, le milliardaire Stephen Bronfman, à la tête de l’ex-société de  vins et spiritueux Seagram, a placé avec son parrain Leo Kolber 60 millions de  dollars américains (52 millions d’euros) dans une société offshore aux Iles  Caïmans, a révélé le Toronto Star. Cet ami de Justin Trudeau, responsable de la collecte de fonds lors de la campagne électorale de 2015 pour le compte du parti libéral canadien, pourrait  être encombrant pour le Premier ministre, élu sur des promesses de réduction  des inégalités et de justice fiscale.    
Les circuits auxquels ont recours les personnes fortunées et les multinationales pour déplacer leurs fonds dans les paradis fiscaux ne sont pas, en soi, illégaux. Cette pratique se joue des failles réglementaires pour leur  permettre de payer le moins d’impôts possible.
Problème éthique pour un ministre américian
Le cas du ministre américain du Commerce pourrait toutefois poser des  problèmes éthiques, estime Richard W. Painter, ancien responsable du bureau  d’éthique sous la présidence de George W. Bush. Financier réputé, Wilbur Ross a réduit sa participation personnelle dans  cette société, Navigator Holdings, lors de sa prise de fonctions en février,  mais en contrôle toujours 31% via des entités offshore. Or l’un des principaux clients de Navigator Holdings est la société russe de gaz et produits pétrochimiques Sibur, qui a contribué à hauteur de 23  millions de dollars à son chiffre d’affaires en 2016, écrit Le Monde. Et parmi les propriétaires de Sibur figurent Guennadi Timtchenko, un oligarque proche du président russe sanctionné par le Trésor américain après l’invasion de la Crimée par Moscou, et Kirill Chamalov, marié à la plus jeune  fille de Vladimir Poutine. «Le secrétaire Ross n’a pas participé à la décision de Navigator de faire  affaire avec Sibur, qui n’était pas sous sanctions à cette époque pas plus que maintenant”, a réagi le département du Commerce dans un communiqué  transmis à l’AFP. Il n’a en outre «jamais rencontré les actionnaires de Sibur mentionnés», a-t-il ajouté, assurant que le ministre respectait les normes  éthiques du gouvernement. Le début de mandat du président américain, un an après son élection, est toujours empoisonné par les enquêtes sur une éventuelle collusion entre son  équipe de campagne et la Russie.    
Parmi les autres clients de Navigator Holding figure le groupe pétrolier  d’Etat vénézuélien PDVSA, frappé par des sanctions de Washington depuis l’été. Les fonds de la reine Elizabeth II placés aux Iles Caïmans et aux Bermudes  – 10 millions de livres (11,3 millions d’euros) – ont été réalisés via le  Duché de Lancaster, domaine privé de la souveraine et source de ses revenus.
Des règles de contournement pour les super riches ?
Les fonds placés dans ces paradis fiscaux sont investis dans de nombreuses sociétés, dont Brighthouse, une société de location avec option d’achat de meubles et de matériel informatique accusée de profiter de la misère, ou  encore une chaîne de magasins de spiritueux aujourd’hui en dépôt de bilan.    
«Tous nos investissements font l’objet d’un audit complet et sont  légitimes», a affirmé à l’AFP une porte-parole du Duché de Lancaster. «Nous  effectuons un certain nombre d’investissements, dont quelques uns avec des fonds à  l’étranger». Ces derniers ne représentent que 0,3% de la valeur totale du  Duché, selon elle. Le chef de l’opposition travailliste Jeremy Corbyn a réagi sur Twitter,  estimant qu'”il y a une règle pour les super riches, une autre pour les autres  quand il s’agit de payer les impôts”.
Des révélations seront faites durant toute la semaine dans les médias français qui participent à cette enquête, Le Monde et France Inter notamment. Le nom d’un industriel français devrait être connu dans les jours qui viennent.

3 Commentaires

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