Alors que les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda, ont pris position dans la ville de Bukavu, dans l’est de la RDC, le président Félix Tshisekedi a regagné Kinshasa sans passer par le sommet de l’Union africaine, qui se tient à Addis-Abeba. Le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, y a en revanche pris la parole.
« Il faut éviter à tout prix une escalade régionale » dans le conflit qui ravage l’est de la RDC, a affirmé samedi 15 février le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, à l’ouverture du sommet de l’Union africaine (UA), alors que des combattants du M23, soutenus par le Rwanda, sont entrés la veille dans Bukavu.
Vendredi 14 février, le groupe rebelle a pris le contrôle de l’aéroport de Bukavu, la capitale du Sud-Kivu, site stratégique où étaient positionnées les forces armées congolaises. Puis, selon des sources sécuritaire et humanitaire, une avant-garde a pénétré dans la ville par ses quartiers nord-ouest. Dans l’est de la RDC, le M23 et les troupes rwandaises avaient déjà pris fin janvier le contrôle de Goma.
Les récents affrontements dans la région ont fait au moins 2 900 morts, selon l’ONU. La chute imminente de Bukavu, déjà tombée en 2004 aux mains de soldats dissidents de l’armée congolaise, donnerait au M23 et aux troupes rwandaises le contrôle total du Lac Kivu, qui s’étire le long de la frontière rwandaise. L’armée congolaise et ses alliés burundais se sont repliés.
L’UA critiquée
« La souveraineté et l’intégrité territoriale de la RDC doivent être respectées », a exhorté le chef de l’ONU, lors de l’ouverture du sommet annuel de l’Union africaine (UA) à Addis Abeba. S’il a pointé du doigt la responsabilité du M23, le secrétaire général de l’ONU n’a pas mentionné le Rwanda.
« La violation en cours de l’intégrité territoriale de la RDC ne restera pas sans réponse », a quant à lui affirmé samedi un porte-parole de l’UE pour les Affaires étrangères, Anouar El Anouni, tout en blâmant des « forces du M23, soutenues par le Rwanda ». « L’UE examine en urgence toutes les options à sa disposition », a-t-il poursuivi. Environ 4 000 militaires rwandais interviennent dans l’est de la RDC, selon l’ONU.
Ce conflit fait planer le risque d’une guerre régionale, plusieurs des voisins de la RDC. Depuis la récente intensification du conflit, et alors que Kinshasa réclame en vain des sanctions internationales contre Kigali, les appels de la communauté internationale à une désescalade et à un cessez-le-feu se sont multipliés, notamment de la part des dirigeants d’Afrique de l’Est. Mais ils sont restés lettres mortes.
Félix Tshisekedi n’a pas pris part à une réunion du Conseil paix et sécurité de l’UA vendredi et était à une conférence sur la sécurité, organisée à Munich (Allemagne), d’où il a dénoncé les « velléités expansionnistes » du Rwanda et appelé à le « mettre à l’index ». Il était initialement annoncé présent au sommet des chefs d’États ce week-end, mais y a finalement renoncé.
« La résolution des conflits (…) doit rester au cœur de nos efforts », a de son côté lancé le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed lors de l’ouverture du sommet à Addis Abeba, la capitale éthiopienne. L’UA a été critiqué dans certaines de ses positions, jugées trop timorées et favorables à Kigali. Certains communiqués du président sortant de la Commission de l’UA, le Tchadien Moussa Faki Mahamat, s’ils appelaient à la fin des combats, ne mentionnaient pas le Rwanda.