Terrorisme au Sénégal : A quoi joue la France ?

Lors de sa récente visite au Sénégal, le ministre de l’Intérieur français Christophe Castaner a affirmé que le terrorisme est bien présent au Sénégal. «Même si le terrorisme n’est pas menaçant ici au Sénégal, il est présent. Et il est particulièrement présent au niveau régional. Par conséquent, il nous faut être vigilant en mobilisant acteurs et partenaires. C’est ce que la France souhaite faire aux côtés du Sénégal, et c’est ce que le Sénégal fait aussi aux côtés de la France», avait déclaré M. Castaner.

Pourtant, dès 2017, l’ambassade des Usa avait alerté, faisant cas de l’existence d’une menace terroriste au Sénégal. En marge d’une visite dans la région de Matam dans le cadre de la coopération décentralisée, l’ambassadeur de France au Sénégal, Christophe Bigot, avait émis de sérieux doutes sur la menace terroriste contre le Sénégal, soulevée par les Américains. Aujourd’hui, c’est le ministre de l’Intérieur français qui vient confirmer la présence du terrorisme entre nos murs. Comprenne qui pourra.

Mais en tout état de cause, les Sénégalais se doivent de faire attention à ce genre de déclarations. N’est-ce pas là une manière de préparer l’opinion publique sénégalaise à une éventuelle déstabilisation du pays à l’heure de son entrée dans le cercle envié des pays détenteurs de ressources pétrolières et gazières ? Ou alors serait-ce une menace pleine de sous-entendus pour tout gouvernement local qui s’aventurerait à remettre en cause les intérêts français voire occidentaux ?

Hier, la croisade les droits de l’homme, aujourd’hui la lutte contre le  terrorisme constituent le biais de prédilection pour des interventions musclées en terre étrangère, avec un agenda soigneusement caché à la face du monde. Qui est assez fou pour croire que l’expédition armée contre le dirigeant libyen Mouammar Khadafi n’avait pour seul but que d’apporter la bonne parole démocratique au peuple libyen ?

Jamais le Sénégal ne s’est trouvé autant d’amis depuis l’annonce de la découverte de gaz et de pétrole dans ses eaux territoriales. Et comme à leur habitude, les
vautours qui rôdent feront tout leur possible pour faire main basse sur nos ressources. Et ce n’est pas cet ex-ministre de l’Énergie de Macky Sall, Thierno Alassane Sall pour ne pas le citer, qui disait le contraire : «Ils sont prêts à te faire la guerre, un coup d’État, ou à lever toute une rébellion pour imposer un contrat. Car ils ne veulent pas s’aligner sur le marché comme les concurrents. Ils imposent leur deal et si tu ne veux pas, tu dégages. Tant pis si le concurrent te propose un deal beaucoup plus avantageux ; ta matière première, c’est pour eux».

Dans ces conditions, nul doute qu’aujourd’hui, la lutte contre le terrorisme international soit devenue comme une épée de Damoclès suspendue au-dessus de la tête des dirigeants de pays africains récalcitrants. Et le constat est que ce sont les français qui manigancent tout à partir de l’Élysée, et qui, à travers leurs multinationales, créent et entretiennent des groupes armés disséminés dans les pays africains en attente de l’ordre.

Des cellules dormantes pré-positionnées… Incapables de se développer sans les Africains, les Français, comme des sangsues, se gavent du sang des Africains avec la complicité des élites dirigeantes. D’ailleurs, ces propos de Michel Sapin, ancien ministre de l’Économie de la France, sont assez éloquents : «Ne touchez  surtout pas au franc Cfa sinon vous serez frappés par le terrorisme». Propos que semble confirmer le député de Benno bokk yakaar, Khoureychi Niass : «Si Macky Sall n’avait pas donné du pétrole à la France, elle allait armer les rebelles casamancais et ouvrir la voie aux jihadistes du Mali qui allaient perpétuer des attentats dans le pays», avait expliqué le député de la majorité présidentielle, pour justifier l’octroi des blocs pétroliers aux Français.

La stratégie du ministre de l’Intérieur français est savamment calculée : c’est une méthode cynique, apanage des pays capitalistes, aux dirigeants sans aucun état d’âme et prêts à déstabiliser les États pour les fragiliser et s’accaparer de leurs ressources. Ils l’ont fait au Congo, en Libye, au Mali, au Niger etc. Ils vous imposent le terrorisme (la nouvelle méthode en vogue), et en contre partie de votre protection, ils pompent  toutes vos richesses. Pour tout dire, les occidentaux assoient leur mainmise sur certains pays africains qu’ils veulent contrôler, et à cette fin, ils n’hésitent pas à allumer le feu pour ensuite venir jouer aux pompiers.

Donc, pour mettre sa jeunesse à l’abri des djihadistes le chef de l’État doit travailler à réduire les inégalités sociales à leur plus simple expression, à instaurer une justice équitable, à combattre le chômage, mais aussi et surtout, en éduquant les jeunes qui sont la principale cible, vu leur vulnérabilité. Autant de brèches dans lesquelles ces terroristes peuvent s’engouffrer pour parvenir à leurs fins. Les dirigeants doivent aussi être des modèles de probité en cultivant le respect du bien commun et de la parole donnée pour contenir les vagues de frustration.

Il ne suffit plus seulement de limiter la politique à des discours trompeurs, mais poser des actes concrets qui contribueront à faire renaître l’espoir auprès des populations pour leur éviter de tomber dans le piège des vautours. Parce qu’aujourd’hui, le patriotisme ne se limite plus à des slogans et autres discours du genre, mais se nourrit du terreau du concret et du pragmatisme.

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