Un terroriste islamiste serait derrière l’attaque de Vienne

Des centaines de policiers sont déployés mardi à Vienne à la recherche des auteurs d’une série d’attaques perpétrées dans la ville selon le ministre autrichien de l’Intérieur par au moins un “terroriste islamiste” alors que le bilan de la fusillade s’élèverait désormais à quatre morts parmi les civils, en plus d’un assaillant.
S’exprimant lors d’une conférence de presse télévisée, le ministre Karl Nehammer a appelé les habitants à rester chez eux dans la journée.
 
Selon le rédacteur en chef du journal Falter, l’assaillant, âgé de 20 ans, qui a été abattu par la police est né à Vienne de parents originaires de Macédoine du Nord. Il était connu des services de renseignement et figurait sur une liste des Autrichiens radicalisés qui cherchaient à se rendre en Syrie.
 
Le ministre de l’Intérieur a indiqué qu’il était lourdement armé et équipé d’une ceinture explosive, qui s’est avérée par la suite factice. Il l’a présenté comme un sympathisant du groupe Etat islamique.
 
La police a confirmé mardi que trois civils – deux hommes et une femme – avaient été tués et au moins 15 autres personnes blessées, dont un officier de police. Le radiodiffuseur public autrichien ORF a indiqué par la suite qu’une quatrième victime de l’attaque, une femme, était morte.
 
D’après l’agence de presse autrichienne APA, parmi les personnes blessées, au moins sept sont dans un état critique.
 
Au moins 1.000 policiers sont déployés dans la ville pour retrouver d’autres suspects, ont indiqué les autorités.
 
Selon APA, citant le ministère de l’Intérieur, des perquisitions ont été menées dans plusieurs logements et la police a procédé à des arrestations. Un porte-parole du ministère de l’Intérieur n’était pas disponible dans l’immédiat pour commenter cette information.
 
ATTAQUE CONTRE LES VALEURS DE L’AUTRICHE
“Nous avons subi hier soir une attaque perpétrée par au moins un islamiste terroriste”, a déclaré Karl Nehammer.
 
“L’Autriche est depuis plus de 75 ans une démocratie forte, une démocratie mature, un pays dont l’identité est marquée par des valeurs et des droits fondamentaux, notamment la liberté d’expression, l’état de droit, mais aussi la tolérance”, a-t-il ajouté. “L’attaque d’hier est une attaque contre ces valeurs.”
 
L’attaquant et potentiellement d’autres hommes armés ont attaqué lundi soir six lieux distincts de Vienne, à proximité de la synagogue du centre-ville. Des témoins ont déclaré que les assaillants avaient ouvert le feu avec des armes automatiques contre la foule dans des bars, alors que de nombreuses personnes profitaient d’une dernière sortie nocturne avant l’entrée en vigueur d’un couvre-feu destiné à enrayer la propagation du coronavirus.
 
Le centre historique de Vienne a été en grande partie bouclé par la police, qui a lancé une chasse à l’homme pour retrouver les assaillants, tandis que les transports publics ont été interrompus dans la zone.
 
L’Autriche avait été jusqu’à présent épargnée par des attentats de grande ampleur comme ceux qu’ont pu connaître ces dernières années la France, l’Allemagne ou le Royaume-Uni.
 
Oskar Deutsch, chef de la communauté juive de Vienne, dont les bureaux sont attenants à la synagogue dans une rue garnie de bars, a déclaré sur Twitter ignorer si la synagogue ou les bureaux étaient ciblés par l’attaque, ajoutant que ceux-ci étaient fermés au moment de la fusillade.
 
Des vidéos circulant sur les réseaux sociaux, dont Reuters n’a pu vérifier l’authenticité dans l’immédiat, ont montré les images d’un homme armé courant dans une rue pavée en criant et en tirant des coups de feu.
 
MESSAGES DE SOUTIEN
Des messages de condoléances ont afflué du monde entier, allant des hauts responsables de l’Union européenne, à la France, en passant par la Norvège, la Grèce et les Etats-Unis, qui ont tous exprimé leur choc face aux attentats.
 
“Nos prières accompagnent le peuple de Vienne après un nouvel acte de terrorisme ignoble en Europe”, a écrit sur Twitter le président américain, Donald Trump.
 
“Ces attaques contre des innocents doivent cesser. Les Etats-Unis sont aux côtés de l’Autriche, de la France et de toute l’Europe dans la lutte contre les terroristes”, a-t-il ajouté.
 
Le candidat démocrate à la présidentielle Joe Biden a, pour sa part, condamné ce qu’il a qualifié d’”attaque terroriste horrible”, appelant à rester unis contre la haine et la violence.
 
Emmanuel Macron a exprimé sa stupeur et sa tristesse. “Nous, Français, partageons le choc et la peine du peuple autrichien frappé ce soir par un attentat au coeur de sa capitale, Vienne. Après la France, c’est un pays ami qui est attaqué. C’est notre Europe. Nos ennemis doivent savoir à qui ils ont affaire”, a-t-il déclaré sur Twitter.
 
“Nous ne céderons rien”, a ajouté le président français, reprenant l’expression qu’il avait employée après l’attaque contre la basilique Notre-Dame de Nice qui a fait trois morts jeudi dernier.
 
En 1981, deux personnes avaient été tuées et 18 autres blessées lors d’une attaque perpétrée par deux Palestiniens devant la synagogue de Vienne. En 1985, un Palestinien avait attaqué l’aéroport de la capitale autrichienne à l’aide de grenades et de fusils d’assaut, tuant trois personnes.
 
En août dernier, les autorités autrichiennes ont arrêté un réfugié syrien de 31 ans soupçonné d’avoir préparé une attaque contre le chef de la communauté juive de Graz, la deuxième ville du pays.
 
Francois Murphy à Vienna, Michael Shields et Silke Koltrowitz à Zurich, Andrea Shalal à Washington; version française Jean-Stéphane Brosse, Jean Terzian et Claude Chendjou, édité par Jean-Michel Bélot

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