Une nouvelle distribution alimentaire meurtrière dans la ville de Gaza

People inspect the remains of a destroyed building following Israeli bombardment in Khan Yunis in the southern of Gaza Strip on October 18, 2023. A blast ripped through a hospital in war-torn Gaza killing hundreds of people late on October 17, sparking global condemnation and angry protests around the Muslim world. Israel and Palestinians traded blame for the incident, which an "outraged and deeply saddened" US President Joe Biden denounced while en route to the Middle East. (Photo by Mahmud HAMS / AFP)

Le Croissant rouge palestinien a fait état de cinq morts et 30 blessés ce samedi 30 mars avant l’aube dans la ville de Gaza, par des tirs et une bousculade lors d’une nouvelle distribution d’aide alimentaire qui a dégénéré.

Ce nouveau drame s’est produit à l’aube alors que des milliers de personnes attendaient l’arrivée d’une quinzaine de camions de farine et autres aliments, selon l’organisation de secours, au rond-point de Koweit à Gaza, théâtre de précédents incidents ces dernières semaines. Des vidéos tournées par l’AFP montrent des camions avançant dans la pénombre, au milieu de feux de détritus. On y entend des tirs tout autour, des cris et les klaxons des poids lourds tentant de progresser. Trois des personnes décédées ont succombé à des tirs, selon le Croissant rouge.

Selon des témoignages, des membres de « comités populaires de protection », chargés de superviser la distribution, ont tiré en l’air, tandis que dans la bousculade et la confusion, des camions renversaient des personnes. Les témoignages évoquent aussi au même moment des tirs « nourris » de chars israéliens positionnés à quelques centaines de mètres, sans préciser leur destination. Contactée par l’AFP, l’armée israélienne a répondu ne « pas avoir trace de l’incident ». Les victimes ont été transportées à l’hôpital Baptiste de Gaza.

Dans Gaza menacée de famine, plusieurs distributions ont dégénéré ces dernières semaines. Lundi, six personnes ont péri dans des bousculades pour tenter de récupérer des colis parachutés, selon le gouvernement du mouvement islamiste Hamas. Le 23 mars, le ministère de la Santé du Hamas avait annoncé 21 morts et 23 blessés lors d’une distribution d’aide au rond-point de Koweit, mettant en cause des tirs de chars et d’obus de l’armée israélienne. L’armée a nié avoir tiré sur des Palestiniens attendant cette distribution.

D’autres drames se sont aussi produits le 14 mars (20 morts et plus d’une centaine de blessés au même rond-point, selon ce ministère), mais aussi le 29 février dans l’ouest de Gaza-ville (120 morts, selon la même source).

Nouvel envoi d’armes et de munitions des États-Unis à Israël

L’aide alimentaire a énormément de mal à arriver aux Gazaouis, notamment ceux restés dans le nord de la bande de Gaza, au nombre d’environ 300 000, les convois entrant au compte-gouttes depuis le sud du territoire. Israël doit « permettre à l’Unrwa d’atteindre le nord de la bande de Gaza avec des convois de nourriture […] quotidiennement et d’ouvrir d’autres points de passage terrestres », a encore appelé vendredi le patron de l’Agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), Philippe Lazzarini, sur X.

Dans ce contexte toujours dramatique, les États-Unis ont décidé d’autoriser un nouvel envoi d’armes et de munitions à Israël, notamment des bombes de 900 kilos dont les effets sont particulièrement dévastateurs, a révélé la presse vendredi. Ces nouvelles livraisons suscitent des critiques acerbes aux États-Unis au sein même du parti démocrate qui se déchire sur la guerre menée par Israël, et le soutien apporté par Washington à l’armée israélienne.

Plusieurs figures du Parti démocrate se disent indignées par l’annonce de ces nouvelles livraisons d’armes : une « mauvaise décision » pour le sénateur démocrate Jeff Merkley, pour lequel l’administration américaine ne peut pas « faire pression de façon crédible pour l’aide humanitaire », tout en fournissant des armes qui « tuent de Palestiniens innocents de façon indiscriminée ». Même son de cloche au sein de la gauche américaine, chez Bernie Sanders : le sénateur du Vermont évoque une décision obscène : « nous ne pouvons pas un jour demander la fin des bombardements de civils, et le lendemain fournir des bombes qui peuvent raser à elles seuls des quartiers entiers ».

L’administration américaine justifie de son côté la poursuite de son aide militaire à Israël. « La conditionnalité de l’aide ne fait pas partie de notre politique » à l’égard d’Israël, a indiqué au Washington Post un responsable de la Maison Blanche. Autrement dit, Washington n’utilisera pas les livraisons d’armes et de munitions comme moyen de pression sur Israël, dénonce une partie du camp démocrate et de la gauche américaine.

Mais sur ce point, l’administration américaine refuse de bouger, même si Joe Biden se montre de plus en ouvertement en désaccord avec le Premier ministre israélien et avec les conséquences humanitaires de la guerre à Gaza.

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