A la veille de l’anniversaire de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, l’Assemblée générale de l’ONU va se prononcer jeudi sur une résolution réclamant à nouveau un “retrait immédiat” des troupes russes, Kiev et ses alliés espérant recueillir une majorité écrasante de voix.
“Dans un an, nous ne devons pas nous retrouver pour marquer le deuxième anniversaire de cette guerre d’agression absurde”, a lancé le ministre japonais des Affaires étrangères Yoshimasa Hayashi, espérant à la place un “sommet pour la paix” en 2024.
Mais “la Russie ne montre aucun désir pour la paix (…) Elle ne connaît de paix que celle du silence des morts et des ruines”, a mis en garde son homologue française Catherine Colonna, à la tribune de l’ONU, au deuxième jour des débats de l’Assemblée générale.
“La Russie tente de convaincre certains d’entre vous que ses tentatives pour bouleverser l’ordre mondial et d’imposer un ordre basé sur la force joueront en leur faveur. C’est une illusion”, a-t-elle ajouté, joignant sa voix aux dizaines d’Etats appelant à soutenir la résolution, soumise au vote après la reprise de la session à 15H00 (20H00 GMT).
“Jamais dans l’Histoire récente la ligne entre le bien et le mal n’a été aussi claire. Un pays veut simplement survivre. L’autre veut tuer et détruire”, avait souligné mercredi le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba en appelant à la “solidarité” de la communauté internationale.
L’Ukraine et ses alliés espèrent que le texte obtiendra au moins autant de voix qu’en octobre 2022, quand 143 pays avaient voté pour la résolution condamnant les annexions de plusieurs territoires ukrainiens par la Russie.
Mais cette résolution est surtout “symbolique”, note Richard Gowan, analyste à l’International Crisis Group, même si elle aura le mérite de souligner l’isolement de Moscou.
Comme de précédents textes, tous non contraignants, ce projet de résolution réaffirme l'”attachement” à “l’intégrité territoriale de l’Ukraine”, “exige” que la Russie “retire immédiatement, complètement et sans condition toutes ses forces militaires du territoire ukrainien à l’intérieur des frontières internationalement reconnues du pays”.
Une référence aux territoires annexés par la Russie.
Le texte appelle aussi à une “cessation des hostilités” et “souligne la nécessité de parvenir, dans les meilleurs délais, à une paix globale, juste et durable en Ukraine conformément aux principes de la Charte des Nations unies”.
– “Pas de vainqueurs” –
Mercredi à l’ouverture de cette session spéciale pour l’anniversaire de l’invasion du 24 février 2022, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres avait fustigé “l’affront à notre conscience collective”.
“Les possibles conséquences de l’escalade du conflit sont un danger clair et déjà là”, avait-il averti, évoquant les “menaces implicites” de recours aux armes nucléaires et les activités militaires “irresponsables” autour des centrales nucléaires.
Mais le président Vladimir Poutine a juré cette semaine de poursuivre “méthodiquement” son offensive en Ukraine, dans un discours à la rhétorique anti-occidentale rappelant la Guerre froide.
Son ambassadeur à l’ONU Vassili Nebenzia s’en est également pris aux Occidentaux, les accusant, “dans leur désir d’infliger une défaite à la Russie”, d’être “prêts à plonger le monde entier dans les abysses de la guerre”.
Cette guerre n’est pas une question “de l’Occident contre la Russie”, avait répondu le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell. “Cette guerre illégale concerne tout le monde: le Nord, le Sud, l’Est et l’Ouest”.
Dans ce contexte, la Chine, qui comme l’Inde s’est généralement abstenue lors des votes à l’ONU sur l’Ukraine, a promis de rendre publique cette semaine une “solution politique” dont elle a présenté des éléments à Kiev et Moscou.
“Les guerres n’ont pas de vainqueur”, a déclaré jeudi son ambassadeur adjoint à l’ONU Dai Bing. “Un an après le début de la crise ukrainienne, les faits prouvent qu’envoyer des armes n’apportera pas la paix”, a-t-il ajouté, exhortant Kiev et Moscou “à reprendre le dialogue aussi vite que possible”.
Les trois résolutions liées à l’agression russe votées par l’Assemblée générale depuis un an ont recueilli entre 140 et 143 voix pour, avec cinq pays votant systématiquement contre (Russie, Bélarus, Syrie, Corée du Nord et Erythrée) et moins de 40 s’abstenant.
Une quatrième un peu différente en avril, qui a suspendu la Russie du Conseil des droits de l’Homme, avait été moins consensuelle (93 voix pour, 24 contre, 58 abstentions).