Les abus de la police – Une fille de 14 ans embarquée injustement dans le panier à salade

Les abus de la police!

Quels droits, nous citoyens, avons-nous face aux forces de l’ordre ? Les agents de notre Police ont-ils pour mission de jouer aux terroristes face à ceux qui paient leurs salaires ? Je vais vous conter la mésaventure qui m’est arrivée la nuit de la Tamkharitt. J’avoue avoir longtemps hésité à la partager pour plusieurs raisons mais il me semble qu’il urge de poser le débat…
Comme dans toute famille sérère, j’ai beaucoup de parents de confession chrétienne en plus d’amis et collègues ; et la tradition de partage du céré de la tamxarit est scrupuleusement respectée. Du coup, à 20h, j’ai donc entamé le grand tour de la ville, accompagné de ma petite soeur, de mon petit frère et de son ami. À 23h, nous avions fini de déposer le dernier bol chez le cousin, dans les logements du Lycée Delafosse (je ne connais pas le nom du quartier…Ndlr – Gueule Tapée). Puisqu’on avait perdu déjà beaucoup de temps (embouteillages, palabres à chaque maison…), j’avais demandé aux petits de rester dans la voiture et de me laisser descendre. En retournant les rejoindre après m’être séparé du cousin, un gars en polo, jean et basket, qui apparemment était derrière moi, a retenu la portière de la voiture que je m’apprêtais à fermer. Il me demande mes papiers. Je lui demande à mon tour qui est-il pour que je lui donne mes papiers. Il s’énerve et commence à crier. Un autre est venu et a pointé la lumière de sa torche sur moi en criant lui aussi : “on a pas de temps à perdre avec toi si tu vois la voiture de la police tu dois savoir à qui tu as affaire.” Je souris, je regarde l’heure sur mon téléphone (23h26). Je me retourne pour voir qu’il y avait effectivement une fourgonnette de la Police mais sans indication du commissariat. Je lui présente quand même ma CNI (l’ancienne puisque la nouvelle n’est toujours pas disponible un an après mon inscription en octobre 2016). Il me la rend et l’autre se pointe face à mon petit frère qui était au volant. Lui aussi présente sa CNI, son permis et tous les autres papiers de la voiture. Toujours énervé, celui à qui j’avais demandé son identité ouvre la portière arrière et fait descendre l’ami du frère et ma petite soeur pour lui demander sa pièce. Elle a 14 ans. Je leur dis que c’est une mineure. Il me répond que même si elle a 5 ans elle DOIT avoir une pièce d’identité, et que si elle est mineure elle doit rester chez elle.
Le cousin qui avait suivi la scène rapplique et essaie de leur expliquer qu’on lui ramenait du couscous. Ils l’envoient balader. Ils embarquent la petite dans la fourgonnette, sorte de prison ambulante, avec d’autres hommes majeurs, et l’autre petit qui nous accompagnait (lui est majeur mais n’a pas de pièce. Primo inscrit, il me dit avoir laissé son récépissé chez lui pour ne pas le perdre puisque n’ayant toujours pas reçu sa nouvelle carte). Aux policiers, je demande de m’embarquer avec eux pour que je puisse rester avec la petite, ils refusent. Je demande le commissariat où ils comptent les emmener. L’un me répond : “Boy boul nu sonal, talal sa auto topp niou” (ne nous fatigue pas, démarre ta voiture et suis nous). Ce que je fais, en prenant le soin d’appeler des contacts malgré l’heure tardive, pour leur dire ce qui se passait. Jusqu’ici la seule identification que j’ai c’est la plaque AD de leur fourgonnette. Ils ne vont pas vers un commissariat, la voiture roule lentement et se dirige vers Colobane, au rond point qui fait face à la maison du Ps. Là, ils arrêtent plusieurs taxis, embarquent une dame. À un moment, une personne en civil descend de la voiture et vient me demander de payer pour qu’on les libère. Je lui dis que ce ne sont pas des otages pour qu’on paie une rançon. Celui qui m’avait demandé ma pièce au début semblait suivre la scène et dis à son collègue : “bayileen fofu niouy jaay xawma lan; suba niou jeelsi leen 4ème“.
Ils prennent la direction du Centenaire, s’arrêtent sur la voie en interpellant un Chinois qui conduisait une superbe bagnole et nous interdisent de stationner sur cette voie. Nous allons garer plus loin, sur une sorte de parking. Un ami habitant dans les parages et qui nous avait rejoint essaie de leur parler pendant qu’ils discutent avec le Chinois, sans se priver de l’insulter en wolof. Ils rabrouent mon ami et nous demandent de ne plus les suivre sous prétexte qu’on les empêchait de faire leur job sans doute pour nous empêcher de suivre la suite de la scène avec le Chinois. Je suis également interdit de m’approcher de la fourgonnette alors que j’essayais juste de rassurer la petite qui me disait qu’elle avait sommeil (1h08). Cinq minutes après, ils libèrent la fille et un des gars vient nous dire : “on vous a aidé en libérant la petite, maintenant payez pour l’autre.” Je ne lui réponds pas pour ne pas dire une connerie tellement j’ai la rage.
Au moment où nous retournions à notre voiture pour permettre à un automobiliste de déplacer la sienne et consoler la petite sous le choc, la fourgonnette accélère vers la Rts (avec le petit qui nous accompagnait). Maintenant que nous savons qu’ils étaient du Commissariat du 4e Arrondissement, il est plus facile pour les contacts appelés de “s’occuper du cas“. Ils ont libéré le petit sur la Rue 6 de la Médina après avoir reçu un coup de fil, sachant que nous n’étions plus derrière eux et que le petit n’avait pas de portable par devers lui pour nous indiquer sa position, déjà qu’il ne connaît rien de la Médina. C’est un passant qui lui a prêté son téléphone et nous a dit où ils l’ont finalement laissé.
C’est ainsi que des agents traitent ceux dont ils sont chargés de veiller sur la sécurité. Il ne se passe pas une seule minute dans ce pays sans qu’un citoyen ne soit victime d’un abus de la part d’une force du désordre. Ces gens passent leur temps à nous agresser, à nous parler avec insolence et mépris. Ils ne nous respectent pas et ne respectent pas la loi. S’ils se permettent de nous traumatiser plus que les bandits, c’est justement parce que nous avons l’habitude de rester passifs face à leurs abus, de céder à leurs caprices et leurs chantages et de leur concéder le droit de nous insulter, de mal nous parler, de nous crier dessus, de nous manquer de respect par diverses formes. Il faut que ça cesse.
Personnellement, je ne donnerai aucun document à un agent qui ne se sera pas présenté au préalable et je porterai plainte pour chaque abus dont je serai victime, peu importe ce que ça me coûtera ou que cela ne serve à rien, je le ferai quand même pour le principe. En commençant par ce cas. Et j’encourage tout le monde à en faire de même. Excusez moi d’avoir été aussi long, mais il fallait que ça sorte.

Babacar Ndaw FAYE

3 Commentaires

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