Créée en 2008 quelques jours après la fracassante démission de Macky Sall de toutes ses fonctions électives (député-président de l’Assemblée nationale – maire de Fatick), l’Alliance pour la République (Apr) a grandi, autant dans l’opposition que dans l’exercice du pouvoir. Mais depuis 2012, comme happée par les exigences de la gouvernance qui l’ont mise dans une nouvelle posture, elle reste non structurée, soumise aux oukases de son fondateur au gré des événements, livrée aux guerres intestines desquelles coule le sang comme récemment à son siège, etc.
Par Abdoulaye Mbow (actunet.sn)
C’est dans des circonstances difficiles que l’Alliance pour la République a vu le jour. Combattu au sein du Parti démocratique sénégalais (Pds), Macky Sall s’était résigné à démissionner de toutes ses fonctions électives. Nous étions en 2008. Et après le vote de la loi Sada Ndiaye écrite par un constitutionnaliste médiatique qui s’est retrouvé à ses côtés après le départ de Wade, les dés étaient pipés pour Sall. Il n’avait plus d’alternative que partir. Tout au début, dit-on, il n’y croyait pas puisque qu’il n’avait pas forcément des ambitions présidentielles. Plusieurs de ses proches collaborateurs l’ont déjà dit. L’un d’eux, devenu ministre, a même osé aller plus loin : Macky Sall n’a jamais pensé être même un chef de quartier. Mais le destin a ses raisons que la raison ignore… Son élection de 2012 à la magistrature suprême allait le confirmer.
Après l’épisode de l’Assemblée nationale, Macky Sall voulait rentrer aux USA
Fatigué par un combat où ses plus coriaces adversaires ne lui ont pas fait de cadeaux, Macky Sall, après avoir quitté le Perchoir, a bien envisagé de tout laisser tomber en prenant une ‘’retraite anticipée’’ loin du ring politique. Aux États-Unis, nous précise-t-on, pays dans lequel il disposait déjà d’un titre de séjour, de même que des membres de sa famille. «Comme vous le savez, il a vécu un moment à Houston avec sa famille puisqu’il avait obtenu la Green card. Il ne pensait pas créer un parti politique pour affronter son ancien mentor qui a été abusé sur le potentiel de l’homme», souffle un proche collaborateur.
Poursuivant, notre interlocuteur rajoute : «Notez bien que tous les postes qu’il a occupés ont été prestigieux. Et cela, c’est grâce à Karim Wade. De son poste de conseiller à celui de président de l’Assemblée nationale, c’est Karim Wade. Celui-là même que des gens ont utilisé lors de sa fameuse convocation devant les députés pour atteindre Macky Sall. Mais, ce qui est certain, après sa démission, il allait quitter le Sénégal.» Le principal concerné l’a déjà dit, affirmant qu’il n’avait jamais eu l’ambition de briguer le suffrage des Sénégalais. L’autre révélation de notre source est que la décision que Me Wade avait prise était de faire de son collaborateur déchu «ambassadeur du Sénégal aux Nations-Unies.»
Création de l’Apr : Le guide religieux, le sigle du parti et le numéro du récépissé
Toujours en rapport avec l’ambition de créer un parti après le rôle joué par les premiers compagnons, Macky Sall cogitait sur le nom, surtout qu’au Sénégal il est très rare de créer un parti dont le nom n’existe pas encore. Des moments de réflexion intellectuelle et de contorsion plus ou moins mystique, a émergé le sigle APR pour ‘’Alliance pour la République’’. «C’était tellement mystique que si vous vérifiez, vous verrez que le numéro du récépissé de ce parti est le 313…» Dans cette décision de rejoindre le pays de l’oncle Sam, certains de ses plus proches amis ont intervenu pour l’en dissuader. Il s’agit de ceux qui sont considérés comme les principaux géniteurs du parti qui allait devenir le parti au pouvoir. En clair, ses premiers compagnons. Il s’agit entre autres de Me Alioune Badara Cissé, Diène Farba Sarr, Abou Abel Thiam, son épouse Marième Faye Sall et quelques autres. «Ce sont ces gens-là qui l’ont convaincu de rester pour affronter le vieux. Ce n’est qu’après que certains ont rejoint le groupe comme Me Djibril War ou Mame Mbaye Niang (avec les conseils de Cheikh Béthio Thioune dont il était le disciple).
Donc, les autres sont venus après, et petit à petit le parti a commencé à prendre forme», renseigne notre interlocuteur qui a préféré garder l’anonymat. Seulement, il confirme que celui qui est devenu Président de la République après les sacrifices consentis par plusieurs de ses proches «a délaissé certains de ses premiers compagnons qui sont aujourd’hui dans l’oubli.» Une occasion pour dire que «le Président Macky Sall est très mal entouré et les gens exercent sur lui une mauvaise influence qui le pousse à prendre des décisions fracassantes sur certains dossiers.» Une thèse que réfute Abdourahmane Ndiaye, secrétaire administratif national de l’Apr. «Tous les premiers compagnons du Président Macky Sall sont là à part une ou deux démissions. Je ne me souviens même pas des noms. En tout cas, tous les héros de 2012 sont encore là et sont toujours d’attaque», dit-il.
«Un fourre-tout»
Depuis son accession au pouvoir, l’Apr semble être un fourretout où tout le monde réclame un leadership. Ce qui est la cause de guerres intestines sans relâche, le lit d’une grave crise interne. Ce qui est normal puisqu’elle est encore et toujours une formation politique non structurée. De quoi faire dire à un interlocuteur très proche du cercle présidentiel : «Certains ne veulent pas de la structuration parce que cela ne les arrange pas. Ce parti est devenu un fourre-tout où tout le monde fait ce qu’il veut. Mais le plus écœurant, c’est de voir des clans se former autour de personnes qui ne représentent rien. Ce sont ces gens-là qui sont pour la plupart au secrétariat exécutif national. Certains y sont parce qu’également, ils sont des proches de la première dame.» Une prise de position qui a fait réagir Abdourahmane Ndiaye qui indique que leur parti est bel et bien organisé. «Nous sommes structurés. Il est vrai que le directoire ne se retrouve pas depuis un moment, mais ce n’est pas le cas pour le secrétariat exécutif. Nous prenons des décisions régulièrement.»
Il ajoute : «Maintenant, structurer à la base n’est pas facile pour un parti au pouvoir au vu des ambitions des uns et des autres. Ceux qui le réclament, ils disent que forcément ils trouveront une place. Mais un parti ne dépend pas d’une structuration pour fonctionner et pour se massifier.» A propos de la violence qui fait légion dans leurs rangs, il explique que c’est une forme d’expression d’un parti. «A chaque fois qu’il y a un enjeu, il y a forcément une concurrence. C’est ce qui explique cette guéguerre que l’on constate», clarifie-t-il. Un avis que ne partage pas Patrice Sané, membre de la Convergence des cadres républicains : «il est plus que temps que Macky Sall siffle la fin de la récréation en organisant le parti et en exigeant de tout le monde l’arrêt des querelles.»
Mais pour Abdourahmane Ndiaye, le véritable problème se situe plus dans le comportement des uns et des autres. «On trouvera toujours des poux sur la tête de l’autre. Demba Diop a été assassiné en politique parce que les commanditaires croyaient qu’il gênait tout simplement. Pourtant à l’époque, c’était le parti unique. Donc, tout est lié à l’exercice du pouvoir», rappelle-t-il. Pour lui, être au pouvoir signifie avoir des militants et des clients. «Nous sommes une boutique qui offre plusieurs articles. Cela peut donner l’impression de désordre, mais nous gagnons toujours les élections depuis 2012 avec la coalition Bennoo Bokk Yakaar», fait-il remarquer.
Par Abdoulaye Mbow (actunet.sn/Nouvel Hebdo)
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