Assane Ndiaye leader du Ngeweul Gui : «Ce que je regrette le plus dans ma carrière…»

Chanteur incontournable du Show-bizz sénégalais, Assane Ndiaye fait partie ces artistes qui entretiennent les soirées «must» de la Jet-set. En prélude à sa soirée prévue ce samedi au Grand-Théâtre, il fait face à l’Obs pour nous livrer les détails croustillants de sa préparation. Les regrets de sa carrière, ainsi que le bilan après plus de 16 ans de musique, sont également au menu de cet entretien. Il se lâche comme jamais…

 

Comment se prépare votre soirée au Grand Théâtre ?

Comme vous pouvez le constatez, nous sommes en pleine répétitions. La soirée s’annonce sous de bons auspices. Nous préparons un grand spectacle pour les fans. Que tout le monde se le tienne pour dit. Nous mettrons les petits plats dans les grands.

Quels en seront les temps forts ?

Il y aura cette année beaucoup d’innovations. À l’entame comme pendant le spectacle, l’ambiance sera au rendez-vous. Malheureusement, je ne peux pas vous dévoiler les détails ici, je les réserve pour ceux qui seront présents au Grand Théâtre. Retenez juste que nous allons revisiter le répertoire du «Ngéweul-Gui». Il y aura comme un air de souvenir mais également les dernières nouveautés, des morceaux inédits. Notre objectif étant de donner du plaisir aux fans, nous n’allons pas lésiner sur les moyens et les stratégies pour le faire. Tous mes collègues artistes sans exception aucune sont invités. Ce sera notre fête à nous tous…

Récemment, il y a eu des bisbilles entre l’administration du Grand Théâtre et certains artistes qui s’y sont produits. Ces derniers qui ont dépassé l’heure qui leur était impartie, ont vu les rideaux se baisser en pleine prestation. Assane Ndiaye a t-il pris toutes les dispositions pour ne pas que la même chose lui arrive ?

Rassurez-vous, nous avons pris toutes les dispositions idoines. S’il plait à Dieu, nous allons commencer le plus tôt possible, afin de pouvoir terminer à l’heure convenue. Nous tenons à dérouler tout notre spectacle dans les règles de l’art.

Lors de votre dernier spectacle au Grand-Théâtre, il s’était posé un problème de places. Tout le monde n’a pas pu accéder à la salle…

Effectivement ! Ce sont des choses qui peuvent arriver. J’en suis franchement navré. On ne peut jamais prévoir l’avance le nombre de personnes qui sera présent. Mais, n’empêche, nous allons tenter de sauver les meubles pour ce coup-ci, afin que tout le monde soit assis. Nous allons passer ensemble une merveilleuse fête.

 

Y a t-il toujours un engouement à jouer au Grand-Théâtre. Tous les artistes s’y bousculent ?

Comme je l’ai toujours dit, remplir le Grand-Théâtre n’a jamais été un défi pour moi. J’ai l’habitude de jouer à guichets fermés. Pour moi, ce n’est pas le plus important. L’essentiel, c’est que les fans qui feront le déplacement sorte de la salle, satisfait du spectacle. Même s’il n’y a qu’une seule personne, qu’elle le soit. Quand on organise un spectacle, c’est l’objectif que l’on doit avoir. Et non de remplir pour remplir. Maintenant, j’ai la chance de voir la salle pleine à craquer, à chaque fois que je joue.

Qu’est-ce qui fait alors courir Assane Ndiaye. Pourquoi le Grand-Théâtre ?

L’enjeu du Grand-Théâtre pour moi, c’est de faire plaisir à mes fans qui ne fréquentent pas les boîtes de nuit où je joue le plus souvent. Il y aussi, ceux qui ne veulent pas être dehors à certaines heures de la nuit. Ce sont, ces personnes là, inconditionnels d’Assane Ndiaye qui me font courir. Ils sont ma force et mon moteur, donc il est tout-à-fait normal que je leur offre, un cadre où ils pourront me retrouver, ne serait-ce qu’une fois par an et profiter de ma musique.

 

La carrière d’Assane Ndiaye semble stagner. On a comme l’impression que vous êtes au point mort et pourtant votre talent ne souffre d’aucun doute…

Je ne suis pas de cet avis. Au contraire, je remercie le bon Dieu. Au début, je jouais des premières parties de soirée, jusqu’en 2000, quand je créais mon groupe. Depuis lors, chaque année, je vais aux Etats Unis, en Europe et partout dans le monde. Aussi, chaque année, je sors un nouvel album. Chaque weekend je joue à guichets fermés. Donc, je pense que j’ai des motifs de me réjouir de ma carrière…

Ne pensez-vous pas que votre talent aurait-pu vous propulser beaucoup plus loin ?

Le problème c’est qu’on ne me voit pas tous les jours dans les médias. C’est pourquoi certains pensent que, je ne suis pas assez présent. Mais, c’est dans ma nature, je ne suis pas fait du bois de ces artistes qui font le buzz et occupent l’espace médiatique. Volontairement, j’ai opté de ne pas faire le pied de grue devant les médias juste pour que l’on parle de moi. Maintenant, lorsque j’ai un programme, j’en assure la promotion à travers les médias. Mais quand c’est fini, c’est fini. Je retourne faire mon job en toute discrétion. En tout cas tout le monde sait qui est Assane Ndiaye. Tout le monde sait si je suis bon ou pas. Je n’ai pas besoin de faire tout le temps l’actualité pour exister. Je reste dans mon coin et je travaille, je sors mes albums, je joue chaque weekend et je fais mes tournée jusqu’aux Etats unis.

Qu’est ce que la musique vous a apporté ?

La musique m’a apporté beaucoup de bonheur. Je connais toute sorte de personnes. Les gens me connaissent et ils m’aiment. Ils font tout pour moi. Il y a des gens qui sont prêts à donner leur vie pour moi. Tout ça, c’est grâce à la musique. J’en rends grâce à Allah.

Si vous deviez vous projeter dans l’avenir, dans 10 ans comment verrez- vous votre avenir dans la musique ?

Mon avenir est entre les mains de Dieu. Nous ne sommes pas les maîtres de nos destins. Nous prions juste d’être encore là dans 10 ans, d’être en bonne santé pour continuer à faire plaisir au public.

Est ce que vous vous sentez suffisamment récompensé par la musique ?

Je sais que durant toute ma carrière je n’ai jamais fait marche en arrière. On a toujours gravi les échelons. On ne se soucie pas de ce que untel a obtenu ou pas. Nous, nous occupons de ce qui nous regarde. Je suis un talibé. Comme disait Cheikh Ibrahima Fall, la vie est si courte. Est ce qu’elle vaut la peine d’avoir une maison ou une chambre ici-bas. Ce que je peux dire c’est que je vis comme tout Sénégalais. Je mange à ma faim, bois à ma faim, je me soigne, je subviens aux besoins de ma famille et j’ai une voiture pour me déplacer. Je crois que c’est l’essentiel.

Pourquoi Assane Ndiaye n’est pas présent dans les réseaux sociaux, comme la plupart de ces collègues ?

Je suis très timide, je l’avoue. Je ne m’affiche pas trop en public. Je ne m’occupe pas de toutes ces choses. Entrer dans les réseaux sociaux, chercher du buzz, je le jure que je ne suis pas dans tout ça. C’est grâce à Papis Niang (Art-bi Management), qu’on a commencé à me voir dans les réseaux ces temps -ci. C’est mon petit frère mais je l’écoute beaucoup. Il est un frère un conseil, il est tout pour moi.

 

La diffusion d’images et d’enregistrements de célébrités est devenue presque virale sous nos cieux. Quel est votre avis là-dessus ?

Il y a certains types de comportement que, je ne comprendrais jamais. On dit tout le temps que le Sénégal est le pays de la Téranga (l’hospitalité) et j’entends ça depuis mon enfance. Avant le Sénégalais ne versait pas dans ces pratiques. J’ai l’impression qu’on commence à tourner le dos à nos valeurs. Nos aïeux nous recommandaient de faire du bien et nous avons toujours respecté leurs recommandations. Diffuser des images ou des enregistrements dans le seul but de nuire à la personne, c’est assez regrettable. Je pense que ce sont des pratiques à bannir.

C’est un secret de polichinelle, Assane est assez proche du peuple gambien. Comment avez-vous vécu les récents événements qui s’y sont déroulés ?

La Gambie est mon pays parce que la population fait partie de moi. C’est là-bas que j’ai joué pour la première fois, lorsque j’ai créé mon groupe. C’est la raison pour laquelle, je porte la population de ce pays dans mon cœur, particulièrement celle de Birkama. J’ai une maison en Gambie, des homonymes, des parents. Les Gambiens, me le rendent bien aussi. A chacune de mes soirées, ils font le déplacement en masse. Les événements post-électoraux m’ont beaucoup touché. J’ai suivi la situation de très près. Heureusement, la quiétude est revenue maintenant sans qu’on ait eu à déplorer un seul mort. La Gambie a élu un nouveau président, il a pris fonction, prions pour que la paix continue de prévaloir dans ce pays voisin. Le Sénégal et la Gambie, c’est le même peuple et le même pays. Tout ce qui touche la Gambie, touche le Sénégal et vice versa.

Un œil dans le rétroviseur, quels sont les regrets de votre carrière, s’il y en a ?

Ce qui m’a fait le plus mal dans ma carrière, c’est la fuite de certains de mes musiciens en Occident. Certains, n’avaient jamais vu la couleur d’un passeport, de même qu’un visa, je les ai emmenés en tournée, ils ont pris la poudre d’escampette. C’est franchement déplorable. Si tu travailles avec une personne et que tu n’y trouve plus ton compte, tu peux tout bonnement démissionner. Mais certains préfèrent jouer la carte de la facilité et fuir. Le pire, c’est que je peux rien faire contre eux. Je ne peux que les laisser filer dans la nature et les laisser avec leur conscience. C’est comme ça la vie, il faut gérer les choses dans leur contexte parce que tout le monde n’est pas pareil…

PAR MARIA DOMINICA T. DIEDHOU ET MOR AMAR

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