Démarche et option politique : Apr-Bennoo, casseurs d’opposants

Pendant plusieurs années, les Sénégalais toute obédience confondue ont lutte âprement pour faire face à ce qu’ils appelaient dérives autoritaires d’un régime finissant. Comme un bloc de roche de silex qui vomissait des étincelles chaudes telles des éruptions volcaniques de type péléen, vulcanien ou strombolien, ils ont dit non à Wade et l’ont démontré de plusieurs manières. Et, ce qui devait arriver arriva. Le 25 mars 2012, le Sénégal avait élu un jeune Président né après les indépendances – lui-même avait subi les assauts de ce régime – et qui aujourd’hui se transforme en casseurs d’opposants au nom d’une démarche et d’une option politique qui voudrait qu’il n’ait plus d’adversaires en face de lui sous la complicité du groupe qui a trahi l’esprit et la lettre des Assises nationales.

Par Abdoulaye Mbow (actunet.sn)

Il faut véritablement être machiavélique pour s’approprier cette maxime développée par Machiavel qui dit que ‘’la fin justifie les moyens’’. L’esprit républicain ‘’de la Res publica’’ ou de la ‘’chose publique’’ voudrait dire qu’au-delà des querelles et des oppositions politiques, il est établit une saine émulation dans la course aux suffrages. Il est vrai que dans de jeunes démocraties comme le Sénégal il est difficile de suivre l’exemple de plusieurs pays qui ont dépassé cette étape, mais toutes les conditions sont réunies pour marcher vers cette voie.

Malheureusement, l’on assiste à la pire démarche et aux pires options politiques depuis près de cinq ans. Si la traque des biens mal acquis est une ‘’demande sociale’’, la reddition des comptes doit normalement concernée tout le monde, tous les dignitaires cités et dont les noms avaient rendus public par l’ancien Procureur très spécial de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei), Alioune Ndao. La suite, on l’a connait. Seul Karim Wade avait été pris, isolé, mis en prison, condamné avant d’être gracié. Et, quoi que l’on puisse dire, il y a une forte dose de liquidation politique d’un adversaire qui aspire à devenir Président de la République.

Qu’il ait volé ou qu’il n’ait pas volé, le plus important aux yeux des Sénégalais et qu’il ne devait nullement être le seul à payer en ce qui concerne l’enrichissement illicite. Dans la même dynamique, Abdoul Aziz Diop, ci-devant patron des cadres libéraux a connu le même sort. Que dire de Toussaint Manga ou encore de Victor Sadio Diouf, respectivement leaders de l’Union des jeunesses travaillistes libérales (Ujtl) et du Mouvement des élèves et étudiants libéraux (Meel) ? Que dire de Bara Gaye, Me El Hadji Amadou Sall, Amina Nguirane, Mamadou Lamine Massaly, tous membres du Comité directeur du Parti démocratique sénégalais ? Sans oublier qu’Oumar Sarr, numéro 2 de cette formation politique avait également placé sous mandat de dépôt le 21 décembre 2015 pour faux et usage de faux et diffusion de fausses nouvelles. La liste est loin d’être exhaustive. Ce qui voudrait dire que nous faisons face à un régime distributeur automatique de mandat de dépôt.

Dans la même cadence des arrestations, l’on assiste systématiquement à la mise à l’écart de toutes personnes susceptibles de mettre des bâtons dans les roues au régime Apr-Bennoo dont la majorité à totalement trahi la lettre ainsi que l’esprit des Assises nationales. Pour des prébendes, des strapontins et des sinécures, l’on est prêt à retourner sa veste pour poignarder sa propre raison au nom de la passion pour les postes. En réalité, c’est uniquement du fanatisme pouvoiriste et plusieurs de nos hommes politiques sont ainsi capables de prendre au sérieux leur propre étroitesse d’esprit et se meuvent dans un système de pensées dichotomiques où le vrai saurait se confondre avec le noir, le vrai avec le faux et la justice avec l’injustice.

Justement, il est injuste de noyer dans le fonds de l’océan politique, tous les opposants qui ont des bases connues et reconnues en les offrant à des requins aux dents bien aiguisées. Après l’épisode Ousmane Sonko, radié de la Fonction publique pour des prises de position strictement politiques, le Sénégal a vécu les feuilletons Bamba Fall et Barthélemy Dias. Aujourd’hui, c’est le film long métrage intitulé ‘’Khalifa Sall’’ accusé d’avoir eu des mains baladeuses au fond d’une caisse tout en épargnant des pontes du régime pris la main dans la caisse. Une pure aberration politique. Une pure hérésie d’éthique politique surtout pour sa famille politique, qui au lieu de le soutenir, malgré leurs déboires, se permet même de l’enfoncer. Dans tous les cas, il est le premier maire de Dakar en exercice à être mis en prison.

Ce qui donne une très mauvaise image de la politique au Sénégal. Et comme le soutenait un jeune : «Jamais, je ne pourrai faire la politique, parce qu’elle est sale. La plupart de nos hommes politiques ne sont pas des références.» Ce qui est certain, c’est l’éclipse de la raison et le triomphe de la passion. Et, comme le disait un célèbre auteur, il faut chercher dans l’histoire individuelle, l’anamnèse, mais aussi, l’origine sociale, le terreau favorable à l’exaltation subvertie qui génère le mal et dégénère en f… (politique). Mais, ce qui est sûr, la première faute en politique, c’est d’y entrer.

Abdoulaye Mbow (actunet.sn)

 

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