Démission du magistrat Ibrahima Harouna Dème du conseil supérieur de la magistrature – Honneur à la dignité

 

Par El Hadji Cheikh Anta SECK

Lorsque des magistrats se permettent de troquer leur toge pour la politique, lorsque des magistrats se permettent de garder le silence devant une mesure liberticide pour préserver des postes ou pour lorgner des prébendes, il y a toujours des magistrats qui sont mus par le devoir de vérité et qui le diront tout haut. Pour que nul n’en ignore. Pour le triomphe de la Vérité. Celle-là pour la défense de laquelle ils ont été choisis parmi des centaines ou des milliers prétendants lors du concours d’entrée à l’Enam (Ecole nationale d’administration et de la magistrature)

Lorsque le Président nouvellement élu des Usa, Donald Trump a signé sa loi anti immigration et que le juge fédéral de l’Etat de Washington, James Robart a bloqué son exécution, certaines populations se sont interrogé sur la possibilité de voir un jour, un juge sénégalais adopter cette posture démocratique et républicaine. Nous ne pouvions jamais penser qu’un acte d’une telle portée pouvait être posé par un compatriote sous ce régime qui ne cesse de manipuler les institutions à sa guise, de mettre la pression avec sa police et son argent sur certains adversaires. Ce régime qui a fini d’institutionnaliser et de formaliser la transhumance politique, reléguant au millième plan les principes et valeurs de « Jom », de « Ngor », de « Kersa » sur lesquels s’appuyait notre jeune Etat pour se hisser à la hauteur des grandes Nations. La dignité avait fini de dégager le plancher quand soudain, Ibrahima Hamidou Dème surgit des bois et claque les doigts pour dire « Non».

Cette décision et cette posture du juge Dème est d’une portée historique. Nous savons tous que lorsque le Président MackySall a décidé de rallonger le mandat qu’il avait décidé de réduire de 7 à 5 ans, sans avoir demandé l’avis de professionnels du droit, le peuple souverain a été trahi et déçu par cette attitude anti républicaine et complice des juges qui ont préféré se cacher sous le manteau de l’obligation de réserve pour ne pas dire la vérité au peuple ; celle consistant à signaler que MackySall avait tort sur toute la ligne. En réalité, dans cette affaire de  rallonge du mandat, il est clair et précis que c’est le document en tant que tel qui est appelé décision (Décision n° 1/C/2016) et non son contenu qui es un avis. D’ailleurs cela se justifie par le fait que dans ce texte en question, il a été bien clair, d’abord dans la forme que la taille des caractères utilisée pour écrire «décision» est différente de celle qui expose les motifs. Et le document précise également, dans la même taille de caractère que «décision»que c’est dans le cadre d’une «matière consultative». Mais dans sa réponse, commençant par «LE CONSEIL CONSTITUTIONNEL,», en majuscule bien évidemment, le document n’a enregistré cette taille de caractère qu’à la fin, là où il est signalé «PAR CES MOTIFS, EST D’AVIS QUE». Plus précisément, il fallait lire : «LE CONSEIL CONSTITUTIONNEL, PAR CES MOTIFS, EST D’AVIS QUE». Ce qui aurait bien sûr signifié, comme le contestent les ouailles de MackySall et même notre constitutionnaliste national IsmaelMadiorFall, que l’institution a bel et bien servi un avis et non une décision qui contraint le Chef de l’Etat de s’y conformer. Cela les juges qui ont produit ce document le savent bien plus que tout le monde lorsqu’ils concluent le document par « En foi de quoi, la décision est signée… » au lieu de «la décision est rendue». Mais ils ont préféré se taire et se terrer pour des raisons qu’ils n’expliqueront jamais à leurs enfants, encore moins à leurs parents.

Maintenant, comme avec Ousmane Sonko qui a été attaqué et brocardé par des collègues qui ont préféré troquer leur costume de fonctionnaire pour celui de politicien, Ibrahima Harouna Dème fera l’objet d’un matraquage médiatique de la part de ces pairs magistrats qui ont préféré rejoindre la tunique marron et beige pour occuper des postes de directeurs généraux, ou de ceux  qui sont restés  dans la profession mais qui n’osent point piper mot devant les injustices de la justice, parce qu’étant autant coupables que les criminels qu’ils jugent. Mais, bénéficiant de leur statut, ils restent intouchables. Ils oublient que la Justice Divine, celle qu’ils essaient de suppléer sur terre, s’abattra sur eux et sur nous tous, un jour. Apprenez donc à respecter votre serment de « rendre la Justice au nom du Peuple, par le Peuple et pour le Peuple ». Ce Peuple qui reste malgré tout, le seul Souverain.

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