PANNE DE L'APPAREIL DE RADIOTHERAPIE : SENEGAL BI ÑU BËGG ACCUSE LE GOUVERNEMENT

Voilà plusieurs jours que la seule machine de radiothérapie du Sénégal est tombée en panne. Vieille de près de 38 ans, il était de notoriété publique que cette machine ne correspondait plus aux normes sanitaires en vigueur et ne pouvait plus prendre en charge les besoins des malades du cancer, dont le nombre ne cessait de croître. La panne de cette machine dont dépendait la vie de nos compatriotes malades du cancer est un scandale. Elle révèle un aspect de la faillite du système sanitaire du Sénégal et la grave menace qui pèse sur tous nos compatriotes.

La Plateforme « « Senegaal bi ñu bëgg » tient le gouvernement pour seul et unique responsable de la situation, pour avoir failli à une mission essentielle par son manque d’anticipation et de prévision, ainsi que par son laxisme et son manque de réaction. Cette situation sanitaire traumatisante est la preuve de l’échec patent de la gouvernance sociale du gouvernement. Et, ni le plan d’évacuation des malades vers les pays limitrophes ou vers le Maroc mis en place par le Ministère de la santé, ni l’indignation tardive du Président de la République, ne peuvent cacher la faillite de ce gouvernement.

Au moment de son accession à l’indépendance, notre pays avait hérité de la plus grande et la plus moderne faculté de médecine de l’Afrique de francophone. Cette faculté a formé plusieurs générations d’Africains, y compris des médecins venus de pays comme la Maroc ou la Tunisie, pays où nous évacuons aujourd’hui nos malades pour qu’ils y bénéficient de soins dignes de ce nom.

Il est inacceptable que notre pays n’ait eu qu’un vieil appareil de radiothérapie pendant de nombreuses années sans qu’aucune mesure n’ait été prise pour prévoir l’éventualité d’une défaillance de celui-ci. Tout le monde sait qu’une machine s’amortit dans le temps et doit être remplacée. Tout gouvernement prévoyant doit prendre les mesures qu’il faut pour ce faire. De plus les prestations délivrées aux malades n’étant pas gratuites, les sommes collectées au fil des années aurait pu servir à remplacer l’appareil.

Pourquoi commander trois machines maintenant alors qu’il suffisait d’inscrire l’achat d’une machine neuve dans le budget du ministère de la santé chaque année, par exemple depuis 2014, le budget du ministère de la santé étant passé de 73.180.173.000 FCFA cette année-là à 150.089. 814.660 FCFA en 2017. Si le gouvernement n’est pas capable d’équiper correctement les hôpitaux, il faut se demander si les bonnes personnes sont aux bonnes places.

Cet appareil était le seul pour tout notre pays, qui ne compte, du reste, que deux radiothérapeutes. Plus grave encore, le Sénégal est obligé d’envoyer ses étudiants en Côte d’Ivoire ou au Maroc pour  faire une spécialisation en  stomatologie ou en oncologie médicale. Plusieurs régions du Sénégal n’ont pas de cancérologue, le seul service de cancérologie étant à Dakar et n’ont ni pédiatres, ni cardiologues, ni neurologues, etc.

Au moment où les Sénégalais meurent en silence pour toutes sortes de maladies dans des hôpitaux qui manquent de tout, le budget de la Présidence de la République explose et les fonds politiques du Président sont maintenus à un niveau indécent. Il n’y a guère longtemps, le Président de la République a installé le Haut Conseil des Collectivités Territoriales (HCCT), dont le budget, qui serait autour de 7 milliards, est juste ce qu’il faut pour acheter les 3 appareils de radiothérapie dont le coût est estimé à 6 ou 7 milliards aux dires du ministre de l’Economie et des Finances. On ne compte plus les conférences, séminaires, ateliers inutiles et dispendieux qui servent à payer grassement des consultants et à distribuer des perdiem sans qu’aucun de leurs résultats, dans les rares cas où ils existent, ne serve à améliorer l’accès de nos concitoyens à un service de santé approprié. Il ne faut pas s’étonner, dès lors, que 81. 042. 464. 760 de francs CFA, soit près de 60% du budget du ministère de la santé, soient consacrés au fonctionnement.

Dans le contexte actuel du Sénégal, les dépenses politiques ostentatoires et le gaspillage dans les cérémonies parrainées dans les leaders politiques, avec la bénédiction de hautes personnalités de l’Etat, apparaissent comme une insulte à la morale et à la justice sociale.

Le Ministre de l’économie et des finances a affirmé que les 3 machines de radiothérapie sont commandées en procédure d’urgence, grâce à un financement de la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (BADEA). Mais, reconnaît-il, la procédure d’acquisition serait retardée par le fait  que le Soudan, pays abritant le siège de la BADEA, serait sous embargo financier international.

Lorsque la vie ses citoyens est en jeu, un gouvernement sérieux et efficace ne devrait pas  être bloqué par d’hypothétiques virements extérieurs sur lesquels il n’a aucune prise. L’alibi du Ministre de l’Economie est indigne d’un Etat qui se respecte et se préoccupe de la santé de sa population.

C’est pourquoi la Plateforme « « Senegaal bi ñu bëgg » rejette fermement de tels arguments et accuse l’Etat du Sénégal de mettre en danger la vie de nos concitoyens pour n’avoir pas prévu une telle situation.

La Plateforme invite instamment le Président de la République à prendre toutes les mesures d’urgence pour apaiser la souffrance des Sénégalais et toutes les mesures à moyen terme appropriées pour installer des services de cancérologie et  pour d’autres maladies dans les hôpitaux régionaux, en les dotant du matériel et des ressources humaines nécessaires à leur bon fonctionnement.

Fait à Dakar le 06 Février 2017

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