PAPA MASSAT DIACK, SUR LES ACCUSATIONS DU MONDE «Je réfute tout. C’est un tissus de mensonge»

 

Accusé par «Le Monde» d’avoir acheté le vote en faveur du Brésil pour l’organisation des Jeux Olympique de 2016, à Rio, Papa Massata Diack, fils de l’ancien président de la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF), Lamine Diack, n’en démord pas. Pour lui, tout cela entre dans le cadre du complot ourdi contre son père par les lobbies de Sébastien Coe à l’IAAF et de l’AMA avec Dick Pound, et exécuté par la France. Alors que le journal français fait état dans on édition du 4 mars d’un versement à son profit de 1,5 million de dollars par une société liée à un riche homme d’affaires brésilien pour favoriser la candidature de Rio, à trois jours du vote, le 29 septembre 2009. «Je réfute tout ce que Le Monde a écrit. C’est un tissus de mensonge», clame le patron de Pamodzi, dans la première partie du long entretien qu’il a accordé à «Vox Sports», hier, à son domicile, sur la route de l’aéroport.

 

Accusation de corruption sur les Jeux de Olympique de Rio 2016

«Je pense que c’est encore une manœuvre ou une boule puante que l’agence antidopage est entrain de sortir dans cette instruction, avec l’entremise de l’agence française. Parce que si vous vous rappelez bien en novembre 2016, ils ont commencé à faire des articles avec les soi-disant paiements avec des documents prétendus découverts avec Habib Cissé, alors qu’on était à un d’instruction judiciaire. Les avocats d’Habib Cissé avaient vertement réagi lors de son incarcération en disant qu’il n’ y avait aucun élément nouveau, ni un fait nouveau, dans cette procédure. Donc cela prouve qu’on cherche à influencer la décision de TAS en sortant des boules puantes, en m’attaquant pour ne pas que je puisse avoir une victoire sur cette décision de TAS. Je rappelle que beaucoup de preuves sont sorties venant de moi parce que c’est la première fois qu’on m’entendait quand je me suis exprimé devant le TAS.

Deuxiéme observation, cette enquête pénale française actuellement, elle ne se fait pas dans la sérénité, ils ne m’ont jamais entendu, ils n’ont jamais envoyé quelqu’un. Ils ont peut être des éléments de dossier, mais ils les donnent aux journalistes. Particulièrement à certains journalistes de l’Equipe ou Le monde, Marc Wutrein qui est le président de commission de la presse. Donc ce sont les mêmes gens qui font des articles avec beaucoup de conditionnels, du genre, aurait versé, aurait des trucs suspects. Moi je pense qu’ils sont dans une logique de dire que l’UA a sa crédibilité, manoeuvrons pour qu’au Tass la décision ne lui soit pas favorable, et qu’on puisse confirmer sa suspension à vie.

Troisième observation, c’est que le juge Van Ryumbeke semble utiliser cette méthode pour faire une enquête, en disant utilisons la presse. Si vous vous rappelez au début c’était des fuites dans MediaPart, après c’était Le Monde. Je rappelle à tout le monde du sport que le Monde est dans cette campagne de dénigrement de Lamine Diack et de sa famille depuis avril 2015. Si vous consultez les articles de Yann Buchez, vous constaterez qu’il est constant dans sa démarche. Au moins il m’a contacté une fois pour me faire ces révélations, je lui ai souhaité «bonne chance pour votre article». En novembre, je n’avais même pas répondu, il a même écrit sur des achats de montre que j’avais réalisés à Paris et qui seraient payés par une société nommée Black Tidings.

Quatrième élément, je pense que la justice française est bloquée sur cette histoire de dopage en Russie. Parce qu’ils n’ont pas accès à la Russie. D’où le maintien de la suspension de la Russie, qui est effective depuis décembre 2015. Et depuis lors, ce que j’ai lu dans les déclarations du directeur général de l’IAAF, Olivier Pierce, qui dit que tant que les conditions de la réinstallation ne sont pas remplies, et dans ces conditions, il y a la coopération avec la justice française. C’est dire l’orientation qu’on veut toujours donner à cette affaire. Mais Poutine s’est montré d’une grande fermeté en disant «nous reconnaissons que des erreurs ont été commises mais il y a aucun système institutionnalisé…». Je pense que l’enquête traine à sortir des preuves, ils tiennent Lamine Diack en otage en insistant sur le fait que son fils doit se présenter. Mais pourquoi ils n’insistent pas pour que Valentin Balachnichev vienne. Apparemment il n’y a pas eu de mandat international à son encontre. Donc tout est organisé autour de Papa Massata Diack en prétextant que je suis au cœur du système, on me prête des pouvoirs extraordinaires. Ils sont dans une logique de dire mettons la pression, son maillon faible doit être au Sénégal.

Le cinquième élément, c’est qu’ils ne nous respectent même pas, parce qu’ils ont fait une enquête au Japon, ils ont envoyé les questions aux magistrats japonais qui ont interrogé le comité de candidature japonais. M. Takéda a été interviewé à Tokyo. Je pense que dans le cadre de la procédure d’entre aide judiciaire entre le Sénégal et la France, ils peuvent envoyer à leurs collègues sénégalais des éléments du dossier en résumé. Les magistrats sénégalais qui ont déjà ouvert un dossier à Dakar, peuvent m’interroger. Mais ceci ne s’est jamais fait. Mais comme il n’y a aucun fait nouveau.

Et dernier point, c’est que je me posais toujours cette question ? Est ce que cette histoire n’est pas un peu liée à la candidature parisienne ? Alors depuis ce weekend, en effectuant mon propre travail de recherches, je découvre une déclaration qu’avait faite un certain Etienne Thobois, qui est aujourd’hui directeur général de la candidature de Paris, le 8 novembre 2013, dans son bloc. Il a dit que Lamine Diack supportait clairement Tokyo et c’est un acquis très important parce que c’est un très grand dirigeant et son soutien à Tokyo a permis à la capitale japonaise de faire la différence. Et cette personne était consultant à un moment à Tokyo, avec Issa Gabriel qui était secrétaire général de l’IAAF, et qui a été directeur général de la candidature en 2012».

Coïncidence troublante

«Alors, je me pose la question de savoir si c’est une coïncidence troublante comme Paris est à son quatrième échec. Ils ont échoué en 92 contre Barcelone. Ils ont échoué en 2004 quand Lille voulait être candidat, face à Athènes. Mais la candidature n’est pas passé à la première phase. En 2012, contre Londres ils ont échoué. Et maintenant, il y a cette candidature qui les trouble, car pouvant constituer leur dernière chance. Alors je me suis dit, est ce qu’ils n’ont pas cherché à neutraliser Lamine Diack ? En participant au déclenchement de cette affaire avec l’AMA. Savez-vous que Tony Estangué est aussi membre au Conseil d’athlétisme de l’AMA, cela fait beaucoup de coïncidences troublantes. Alors quand j’ai lu cette déclaration et les conclusions du diner-débat du 29 avril 2014 qu’avait initié Bernard Lapasset, ancien président de la Fédération de rugby, à ce débat il u avait participé Insar Gabriel, je suis en droit de me demander est-ce que Lamine Diack n’était pas un facteur troublant, parce qu’ils nous avaient accusés d’avoir soutenu Londres plutôt que Paris à l’époque. En disant que Lamine Diack avait trahi la France pour soutenir l’Angleterre, alors que ce n’était pas le cas. Donc cette histoire de candidature olympique provient de la page 34 du rapport de la commission d’enquête, ils disent qu’ils ont des enregistrements dans lesquels des turcs auraient rencontré mon frère Khalil Diack qui leur a parlé des Jeux olympiques de 2020. Que la Turquie avait perdu le soutien de Lamine Diack parce qu’ils n’ont pas voulu sponsoriser à hauteur de quatre, voire cinq millions de dollars la Diamond League de l’IAAF. Et finalement, d’après leurs dires, une société japonaise aurait payé cette somme c’est pourquoi le Japon a gagné. Alors je découvre par un communiqué de presse publié immédiatement après le 15 janvier, après la publication du rapport de la WADA (Ndlr : Agence mondiale antidopage en Anglais), disant que le CIO était en train d’examiner l’accusation de corruption. Qui concernait la somme de 5 millions qu’aurait versé un sponsor pour sécuriser les jeux de Tokyo, et que Lamine Diack était un membre influent du CIO.

C’est très clair maintenant, cette cabale a commencé depuis longtemps. Ce sont des faits qu’ils nous reprochent depuis très longtemps, depuis la candidature de Tokyo. Maintenant, toutes les preuves dont je dispose montrent à souhait que Yann Bouchez a un accès illimité au dossier d’enquête. Ils sont en train de tracer et de refaire tous mes contrats, même mes mouvements financiers. Et je ne sais pas où est-ce qu’ils ont été cherché, mais ils soutiennent qu’une entreprise brésilienne m’a payé la somme de 1,5 millions de dollars».

L’affaire des 1,5 million de dollars

«Aujourd’hui, ils disent qu’une entreprise brésilienne a payé 1,5 millions dollars (environ 750 millions de francs CFA) à trois jours du vote. Je suis donc chargé d’influencer le vote. Je pense que c’est un peu prétentieux. La candidature de Rio n’a souffert d’aucun doute. Ils ont gagné par 66 voix contre 32. Au premier tour, la logique a voulu que ce soit Madrid avec 28, Rio 26, Tokyo 22, Chicago 18. Au second, le report des voix de Chicago a fait le reste. Quelques voix ont soutenu Madrid, quatre au total. Madrid est resté constant. Mais c’est le principe de la rotation des continents, une règle non écrite, qui veut que l’organisation des Jeux change de continent. Athènes en 2004, Pékin en 2008, Londres en 2012, et puis Rio en 2016, donc en dehors de leur périmètre. Ce n’est pas la peine d’être mathématicien pour savoir que les deux voix de Lamine Diack et de Fredericks ne peuvent faire la différence, ni les voix des africains. Car les africains étaient au nombre de 14 au moment du vote en 2009. Où est-ce Rio a pris les 52 votes restant ? Rio a eu une campagne très agressive avec le président Lula et Pelé. Ils ont fait le sommet de la CEDEAO à Abuja, le sommet de l’Union Africaine à Addis. Ils étaient partout dans une campagne avec le président Joao Havalanche, qui est doyen du CIO et qui a ouvertement fait campagne pour sa ville. Ce serait insultant de vouloir entacher cette victoire et cet effort fait par un pays qui, l’en espace de deux ans, a organisé la Coupe du monde football (2014) et les Jeux olympiques (2016). Ce qui leur vaut d’ailleurs tous ces déboires financiers et économiques aujourd’hui. Alors que je pense que c’est insultant que des gens veuillent entacher ce processus. Et je le déplore. Je réfute totalement que ce payement ait lieu ou à trait aux Jeux olympiques de Rio. Je réfute tout ce que Le Monde a écrit à propos des Jeux de Rio 2016. C’est totalement faux. C’est un tissus de mensonge».

Audition au Sénégal par les juges français

«Dans mon mandat avec l’IAAF, signé en décembre 2007, il est clairement dit que j’ai le droit de prospecter au Brésil. Donc, il est clairement établi que Papa Massata Diack a un mandat pour aller au Brésil. Alors, ce que je souhaite, dans le cadre d’une enquête sérieuse que le juge d’instruction vienne au Sénégal et on parle face-à-face, ou qu’il envoie quelqu’un, un de ses assistants. En ce moment, je lui montrerai tous les contrats. Mais je ne vais pas participer à une enquête pénale par voie de presse. Ça n’a pas de sens. Parce que dans une enquête pénale, il faut des procès verbaux signes officiellement, il faut des preuves formelles. Mais des accusations provenant d’un journal (Le Monde) qui aurait écrit que la justice française avait des éléments concrets, mais ils n’ont qu’à les sortir. Ils n’ont qu’à aller en correctionnelle. Ils n’ont pas besoin de me rencontrer, qu’ils aillent en procès s’ils ont des preuves contre Lamine Diack et qu’ils les sortent. Depuis qu’ils enquêtent, ils cherchent les 1,5 d’euros, soit disant de financement politique. Où est ce qu’ils sont ? Moi, j’ai répondu ici. Je dis si Lamine Diack a parlé devant le conditionnel, et moi et j’ai répondu par l’affirmatif. Pour ma déclaration, il faut repartir sur l’interview avec Mamadou Ibra Kane où j’ai donné une piste au juge qui n’a pas saisi cette occasion. Mais je leur ai dit de saisir la commission rogatoire. Ils sont restés 10 mois sans venir au Sénégal. Le Sénégal a ouvert une enquête et vous voyez la pression qu’il y’avait, la population, le Forum du justiciable, l’OFNAC, j’ai été entendu et j’ai donné ma version des faits. Je garde par devers moi tous les documents qui battent en brèche cette mascarade, le jour où ils viendront au Sénégal, je répondrai à toutes leurs questions. Je n’ai pas à avoir peur de parler de ça, parce que si c’était un contrat douteux et suspect, je ne le ferai pas passer par mon compte professionnel au Sénégal. Je pense que je suis assez grand et je suis dans le métier du sport depuis 28 ans, je sais ce que je peux faire et ce que je ne peux pas faire. Alors vouloir m’accuser comme ça en disant que Lamine Diack était responsable d’un système de gouvernance illégitime, c’était la corruption qui a gangrène au sein de l’IAAF, par l’entremise de Pound, ça ne passera pas.

(A suivre…)

1 COMMENTAIRE

Comments are closed.