PATRICE SANÉ «L’Apr doit aller à l’essentiel pour éviter un réveil brutal»

En raison de la pagaille qui règne au sein de l’Alliance pour la République, Patrice Sané, membre de la Convergence des cadres républicains (Ccr), appelle les uns et les autres à l’unité «pour éviter une défaite cuisante» à la majorité présidentielle.

Quelle analyse faites-vous des violences physiques qui rythment ces derniers temps l’Apr à Kaolack, Kanel, Fatick et Ziguinchor, entre autres ? L’approche des élections et les investitures favorisent la violence, mais il faut placer chaque situation dans son contexte pour une meilleure compréhension. Concernant Ziguinchor et Kao- lack, pour ne citer que ces deux cas, il est question de violences verbale et physique. Il est inadmissible que des responsables de notre parti se donnent en spectacle, de la manière la plus abjecte, pour des questions de positionnement en vue des joutes électorales qui s’annoncent. Le leadership ne se décrète pas ; c’est un travail de longue haleine au niveau de la base, surtout quand on fait face à un politicien chevronné de la trempe d’Abdoulaye Baldé. Quant aux évènements de Kanel, il urge de faire comprendre à nos partisans que l’autorité d’un préfet – qui représente l’État dans la localité – ne doit jamais être mise en cause si ce dernier n’a pas commis de faute qui mériterait des sanctions. Ce qui est encore plus inacceptable est que cela s’est passé durant des moments de douleur et de tristesse pour une famille, une localité pour ne pas dire toute une communauté. Par ailleurs, je profite de votre tribune pour présenter mes sincères condoléances à la famille du regretté disparu qui est une grande perte pour l’Apr et le Sénégal. Les choses peuvent-elles s’arranger à Ziguinchor où l’exclusion de Benoît Sam- bou est réclamée par cer- tains responsables ? Les choses pourront s’arranger à Ziguinchor à une seule condi- tion : que Benoit et ses partisans aient un esprit inclusif et fédé- rateur. Ces gens oublient qu’ils sont là pour trouver des solu- tions aux problèmes des popu- lations, laissées à elles-mêmes, sans ressources, ni richesse. S’ils pensent que c’est en étant divisés qu’ils gagneront les lé- gislatives, ils se fourrent le doigt dans l’œil. Car ils ont af- faire à un homme politique aguerri et qui n’est pas un “nain” dans ce domaine par rapport à certains qui se glorifiaient d’avoir débauché des partisans de ce dernier dont on ne connaît pas le poids politique. L’Apr a intérêt à s’unir sinon notre co- alition subira une cuisante dé- faite. N’y a-t-il pas lieu de craindre de tels comportements pour un parti qui ambitionne de se maintenir au pouvoir ? Le comportement et l’attitude de certains hommes politiques, et ceux de notre parti en particulier, sont dégoutants. Ils ont fini par jeter l’opprobre et le discrédit sur l’ensemble de la classe politique, avec des discours de bas étages. Il est temps pour ces derniers de se ressaisir et d’aller à l’essentiel, à savoir trouver des solutions aux souffrances des populations. Sinon le réveil sera brutal pour des politiciens de métier. Le peuple sénégalais n’est pas dupe ; il est très mature. Que doit faire le président du Parti pour mettre fin à ces comportements ? Il doit sévir et sanctionner ; mais nous constatons avec amertume sa passivité qui ne facilite point les choses. Ap- paremment cette situation l’ar- range car qui ne dit rien consent. Un vrai leader doit savoir taper sur la table et faire respecter la discipline de parti. Par ailleurs, comment ex- pliquez-vous le faible taux des inscriptionssur leslistes électorales ? Le taux d’enregistrement au ni- veau des 45 départements du Sénégal à la date du 10 février est simplement scandaleux et inquiétant ; la moyenne est de 16,75% (région de Dakar 32,12% avec comme locomotive les départements de Pikine et Dakar et région de Kédougou 1,38%). Nous autres politiques, devrons en déduire beaucoup de choses, plus particulièrement que les populations ne sont plus séduites par la chose politique. Revoyons nos comportements sinon le 30 juillet, la déception sera grande. Comprenez-vous les ré- serves formulées par Mankoo wattu Senegaal sur la date du 30 juillet fixant les élections législatives ? La classe politique doit à l’évidence reconnaître les difficultés pour tenir les élections législatives le 30 juillet et reporter à une date consensuelle : le taux d’inscription est faible, la date du 30 juillet coïncide avec la saison des pluies et la tenue du Baccalauréat. À votre avis, doit-il y avoir un quote-part sur la re- présentativité des chrétiens au Sénégal, et comment devrait se faire le choix des hommes ? La formation d’un gouvernement et la représentation à l’Assem- blée nationale obéissent dans tout pays à des équilibres ré- gionaux, religieux, ethniques… La communauté chrétienne n’a jamais rien réclamé ; mais il appartient aux appareils poli- tiques d’être justes. L’Apr n’a envoyé que l’honorable Aimé Assine à cette Assemblée. La communauté catholique du Sé- négal n’a jamais été demandeur d’un quelconque poste nominatif ou électif. Notre éducation re- ligieuse nous l’interdit ; nous ne versons pas dans l’invective, le chantage et les combines. Par contre, comme tout militant qui respecte les directives du parti, nous exigeons un mini- mum de reconnaissance de la part de l’Apr, car nous sommes fidèles et conséquents dans notre accompagnement politique.

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