Le maire de Dakar sera l’hôte de la Dic ce mardi. Il passera à la table des limiers pour y être cuisiné dans le cadre d’une affaire de gros sous. D’ores et déjà des voix s’élèvent et voient dans cette convocation une stratégie du pouvoir qui, ne pouvant digérer les raclées que le baron socialiste ne cesse de lui infliger au fil des élections pour le contrôle de la ville de Dakar, ne cesse de fomenter des plans pour l’affaiblir ; asphyxie financière, intimidation, décapitation de ses lieutenants…
Après moult tentatives déployées, retrait de la gestion des ordures, blocage de l’emprunt obli- gataire, etc, pour arracher la capitale des mains du maire de Dakar qui semble en avoir fait sa chasse gardée, l’Etat-Apr n’a pas dit son dernier mot et vient d’accrocher une autre corde à son arc. Celle de fouiner dans la gestion de Khalifa Sall pour débusquer des ca- fards. L’Ige a séjourné dans la ville de Dakar pendant 18 mois afin d’éplucher les comptes de la Mairie. C’est ainsi que Khalifa Sall devra déférer à une convocation des enquêteurs de la Division des inves- tigations criminelles pour s’expliquer sur la gestion de la caisse d’avance, une sorte «caisse noire» dont la gestion relève du pouvoir discrétionnaire du maire de la ville de Dakar. Si le maire a toujours été blanchi lors des différents audits de sa gestion au point d’être cité en exemple, il risque cette fois ci d’être noirci à cause cette caisse noire. A moins qu’il ne donne des justificatifs convaincants sur la gestion de ces fonds destinés le plus souvent aux nécessiteux. COMPTES POLITICIENS Si le fait de passer au peigne fin la gestion de Khalifa Sall est tout à fait normal dans le cadre de la reddition des comptes, ce qui ne l’est pas du tout c’est de prendre prétexte de cela pour solder des comptes politiciens. Car ce à quoi l’on assiste actuellement ressemble à une tentative de réduire un opposant à sa plus simple expression. Pour ne pas donner l’impression qu’il s’agit de reddition de comptes politiques, l’Etat devrait faire en sorte que «tous les derniers rapports de l’Ige, qui concernent la période comprise entre 2008 et 2014, et qui font état de dysfonctionnements aussi bien dans la gouvernance administrative que dans la gouvernance économique et financière dans certaines entreprises publiques fassent l’objet de poursuites» comme promis par le Premier ministre. BounAbdallah Dione qui, lors de son troisième passage à l’Assemblée nationale, soutenait devant les députés : «87 rapports et sous-rapports ont été remis et publiés. Ils sont en train de faire l’objet d’une exploitation sous forme de directives gouvernementales. Nous sommes en train d’envoyer deslettres donnant instructions au département de la Justice d’engager des poursuites», avait notamment dit M. Dionne. Mais aujourd’hui, il semble que seule la lettre de Khalifa Sall a été diligentée. Ce qui laisse penser que le maire de Dakar donne des insomnies à l’Etat-Apr qui ne lésinera sur aucun moyen pour l’anéantir et récupérer la capitale. INDIGNATION D’ailleurs nombre de voix se sont élevées et considèrent cette convocation de Sall devant la Dic comme une traque aux opposants. Car depuis sa réélection à la tête de la ville de Dakar, le pouvoir ne lésine pas sur les armes conventionnelles et non conventionnelles pour freiner son ascension vers le sommet. Un combat qui a des relents de politique politicienne car il ne fait l’ombre d’aucun doute que si la ville de Dakar était aujourd’hui entre les mains d’un apèriste, ou si Khalifa n’avait pas fait scission avec Tanor, non seulement on ne lui mettrait pas les bâtons dans les roues, mais on lui octroierait des moyens colossaux pour qu’il réussisse sa mission. Pour rappel, Aliou Sall, le maire de Guèdiawaye, par ailleurs frère de l’apériste en chef, avait dans une de ses sorties soutenu que le président de la République avait demandé à tous les ministres de l’accompagner dans la réalisation de ses projets. Donc aujourd’hui, la seule attitude qui vaille est, à défaut de l’accompagner, laisser le maire de Dakar travailler et à l’heure du bilan, il appartiendra aux électeurs de sanctionner positivement ou négativement son travail. Mais en essayant de le liquider de façon aussi flagrante, l’Etat-Apr ne fera qu’augmenter son capitalsympathie. Pourtant l’Etat a fort à faire avec ses projets pharaoniques que sont le Pse, la Cmu, l’autoroute illaTouba, leTer, la modernisation des villes de l’intérieur du Sénégal qui manquent de tout, etc. Au lieu de s’acharner sur un adversaire politique, il gagnerait à réaliser ses promesses et à éviter que cette entreprise de déstabilisation engagée contre Khalifa Sall ne se retourne contre lui. Étant entendu que tous les coups que le pouvoir administrera à Khalifa Sall risquent de lui valoir des élans de sympathie de la part de ses compatriotes qui abhorrent l’injustice. Le Président Sall est bien placé pour le savoir.
Par El Hassane SALL
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