Recul

Au Sénégal, la répression des marches de l’opposition est devenue systé- matique. Après celle de Manko qui avait été réprimée le 14 octobre 2016 à la place de l’Obé- lisque, une autre organisée hier par ladite coalition à Thiès a connu le même sort avec toujours le même argumentaire : trouble à l’ordre public. Mais au rythme où vont les interdictions, il est fort à craindre que le vase de la frustration ne finisse par déborder. Aujourd’hui, les politiciens ne cessent de faire monter la pression et la tension. Et il est grand temps que la raison prévale sur la passion avant que la situation ne devienne ingérable. Au lieu de mater systématiquement les manifestations, le pouvoir gagnerait tout simplement à les encadrer, d’autant que la marche est consacrée par la Constitution. Mais vouloir les interdire à tout bout de champ serait mettre de l’eau dans le moulin de ceux qui avancent, à tort ou à raison, qu’avec Macky Sall, le pays est en train de vivre un recul démocratique. Finalement, la question qui s’impose est de savoir de quoi le pouvoir a-t-il peur. Au lieu des répressions tous azimuts qui ne feront qu’exacerber la tension, le régime devrait laisser marcher, laisser parler tout en veillant que cela se fasse dans les règles de l’art. Et à l’heure du choix, les électeurs feront entendre leur voix. C’est aussi simple que cela. R