Région Île-de-France : un plan Pécresse pour doper l’économie solidaire

Valérie Pécresse, la présidente de la Région, présente ce jeudi aux acteurs de l’économie sociale et solidaire (ESS) franciliens des propositions pour développer cette filière qui représente 7% de l’emploi salarié en Île-de-France.

«Donner à l’économie sociale et solidaire la dimension qu’elle mérite.» Telle est l’ambition affichée par Valérie Pécresse, la présidente de la région Île-de-France, qui présente ce jeudi aux acteurs de l’économie sociale et solidaire (ESS) franciliens sa stratégie régionale pour le développement de ce secteur. «La politique antérieure consistait à saupoudrer les aides entre différentes structures pour les mettre sous perfusion sans leur donner les conditions nécessaires au développement pérenne de l’ESS en Île-de-France», explique Valérie Pécresse au Figaro. Partant de ce constat, la présidente de la Région estime qu’il faut «changer de méthode». «Il est clair que si on veut développer l’emploi grâce à l’ESS, il faut favoriser l’émergence de ‘champions’».
D’après le dernier Panorama de l’Observatoire de l’économie sociale et solidaire en Île-de-France, ce secteur emploie quelque 386.300 salariés dans la région, soit 7,1% de l’emploi salarié en région parisienne. Cela représente une masse salariale globale de près de 11,8 millions d’euros. «Les associations sont le principal employeur de l’économie sociale et solidaire. Elles représentent près de 30.000 établissements employeurs et presque 300.000 emplois», souligne Valérie Pécresse. L’action sociale concentre près de 40 % de ces emplois mais les associations sont également présentes dans d’autres secteurs d’activités, tels que l’enseignement (20 %), la santé (10%), le sport et les loisirs ou encore les arts et spectacles (8%). Les coopératives, qui représentent quant à elles 1920 établissements pour 33.500 salariés, sont concentrées majoritairement dans les activités financières et d’assurances. L’ESS repose aussi, dans une moindre mesure, sur le commerce et les activités de soutien aux entreprises.

«Achats responsables»

Les défis sont de taille pour ce secteur qui s’appuie, dans 77% des cas, sur des établissements de moins de 10 salariés et se trouve parfois mis en forte concurrence avec le secteur privé. «Il ne s’agit pas exactement d’une concurrence privé-public mais privé lucratif-privé non lucratif, ce type de concurrence peut se voir par exemple dans le secteur de l’aide à la personne», précise la présidente de la Région. «Fondamentalement, je ne suis pas opposée à ce type de concurrence dès lors qu’elle améliore la qualité de service et les conditions de travail des salariés. C’est sur ces deux points qu’il faut vraiment être vigilant.»
Parmi les propositions formulées par la Région, les «achats responsables», c’est-à-dire réalisés auprès des structures de l’ESS, devront être encouragés. Les collectivités locales, mais aussi certains grands groupes, sont appelés à jouer le jeu afin «d’accroître les marchés potentiels» des acteurs de la filière. «Je souhaite poursuivre le développement des clauses sociales dans les marchés publics, pour que celles-ci montent à 25% des marchés publics d’ici la fin de la mandature.» Certains marchés pourraient ainsi être réservés aux acteurs de l’ESS, comme des opérations de travaux d’envergure, ou dans des secteurs nouveaux liés au numérique.
«Je souhaite être proactive en incitant les acteurs à mieux travailler ensemble, notamment par la promotion des ‘joint-ventures’ sociales, permettant à des structures d’insertion de s’allier à des grands groupes pour mieux répondre aux appels d’offres», indique par ailleurs Valérie Pécresse.
Un autre volet du plan de l’Île-de-France pour créer des «champions» de l’ESS est financier. La Région souhaite faciliter l’accès des représentants secteur à son dispositif d’aides «Up» (PM’UP, Innov’UP, back’UP et TP’UP) destiné aux start-ups, PME et ETI (entreprises de taille intermédiaire). «Ces aides peuvent aller jusqu’à 250.000 euros par structure sur trois ans», précise la présidente. Enfin, la Région est décidée à ne pas lâcher ces pépites potentielles de l’économie locale. Un accompagnement spécifique leur sera proposé, de l’amorçage de leur projet au changement d’échelle. «Ainsi, chaque année, entre 15 et 20 dirigeants de l’ESS, sélectionnés en fonction du potentiel d’emplois et des impacts sociaux de leur projet intègreront un programme d’accompagnement de haut niveau de 18 à 24 mois.» Concrètement, ils bénéficieront de conseils individuels et collectifs, d’aide à la mise en réseau, de mentorat et de financement.

Isabelle de Foucaud, Le Figaro

 

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