Que sont les dix commandements du chef de l’État Macky Sall annoncés en 2017, pour freiner l’hécatombe sur les routes, devenus ? Cette question s’impose aujourd’hui parce que face à la recrudescence des accidents mortels, le Président Macky Sall avait annoncé la mise en place de dix mesures prises à l’issue d’un Conseil interministériel tenu le 9 février 2017. Et c’est le ministre des Infrastructures, des transports terrestres et du désenclavement qui était chargé de la mise en œuvre immédiate de ces mesures.
Au moment où ces mesures étaient annoncées, le nombre de morts recensés sur les routes était de 500 par an. Deux ans après, plus de 600 morts sont recensés et les facteurs humains sont responsables à 80%, informent les responsables de la sécurité routière lors d’un atelier national tenu lundi dernier. Selon eux, presque la moitié des véhicules à savoir 44%, n’ont pas de visite technique. Pis, renseignent-ils, «le parc automobile est caractérisé par la vétusté des véhicules dont la moyenne d’âge est de 30 ans».
Ce qui est incompréhensible dans cette situation est que justement la première de ces 10 mesures est l’immobilisation et la mise en fourrière de tout véhicule en circulation qui n’a pas été présenté à la visite, sans motif valable, à l’expiration du délai de la visite technique. Sont également concernés les véhicules dont l’état de vétusté menace gravement la sécurité des personnes ou des biens. Mais aussi bizarre que cela puisse paraître, c’est que ces carcasses déglinguées pour ne pas dire cercueils roulants, continuent de rouler au vu et au su de tout le monde.
Autre mesure prise mais non respectée est une «tolérance zéro» appliquée contre les surcharges de personnes et de bagages pour l’ensemble des véhicules. De même que celle concernant l’âge des conducteurs de transports urbains. Il faut désormais avoir au moins 25 ans pour prétendre conduire un véhicule de transport urbain de passagers ou même un taxi. Alors que pour conduire un véhicule de transport interurbain de passagers ou de marchandises, il faut avoir au minimum 30 ans. De la même manière, l’État a décidé que tout conducteur de deux roues qui circule sur la voie publique, avec ou sans passager, sans porter un casque homologué, verra son engin immédiatement immobilisé. Il s’y ajoutait, entre autres mesures, que les deux roues doivent se faire immatriculer auprès des services compétents dans six mois, à partir de ce 16 mars. Des sanctions étaient aussi prévues concernant les infractions relatives à l’usage du téléphone au volant, au port de la ceinture de sécurité, à l’excès de vitesse, au respect de la signalisation horizontale et verticale… Mais, à voir ce qui se passe sur nos routes au quotidien, on a vraiment du mal à croire que le gouvernement avait mis en place une batterie de mesures pour venir à bout des accidents qui deviennent de plus en plus meurtriers. Les motocyclistes continuent de conduire sans casque, les jeunes de moins de trente ans pilotent les véhicules de transport urbain et même des camions lourdement chargés, en toute insouciance. Le téléphone portable est toujours visible aux mains des automobilistes etc.
Finalement, l’on est tenté de se demander à quoi servent toutes ces mesures si elles n’ont aucun impact sur la réduction des accidents. Et le constat est que les autorités ont l’habitude de réagir selon les émotions du moment, en mettant en place tout un arsenal de mesures. Mais une fois que la clameur s’estompe, toutes ces décisions sont rangées dans les tiroirs, en attendant que les mêmes maux ressurgissent pour ressortir les mêmes mots. Ainsi va le Sénégal.
Aussi, n’est-il pas exagéré de noter que tout accident qui entre dans le cadre de ces mesures annoncées et jamais appliquées, relève entièrement et pleinement de la responsabilité de l’État ? Qu’on se le dise, il est temps que l’État, pour une fois, assume sa part de responsabilité dans ce qui arrive de mal, dans ce pays.
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