Revoilà Cheikh Sall , avec sa voix forte, sa carrure imposante, son verbe facile, son art de la communication fin. En «hibernation» depuis un moment , l’ex-débatteur hors pair de Pastef , malgré les «attaques et les quolibets de ses adversaires , s’était imposé un exercice très difficile pour un cadre de l’opposition et un politicien de sa trempe : le silence. Avec son départ de Pastef, l’ex camarade d’Ousmane Sonko accepte enfin de parler. Et de quelle manière ! Dans une interview exclusive qu’il a accordée à Actunet , nous l’avons trouvé très généreux en idées sur sa candidature pour la candidature de la mairie de Plateau, la nouvelle loi relative à la criminalisation de certains actes “terroristes”, la question du troisième mandat qui défraie la chronique au Sénégal et sa position sur les actes posés par son ancien camarade et collaborateur Ousmane Sonko.
Que pensez- vous nouvelle loi modifiant le code pénal et code de procédure pénale votée à l’Assemblée nationale, et qui est relative aux actes de terrorisme ?
Je regrette un peu le Tohu-Bohu qu’il y a eu autour de cette loi , et je trouve cela regrettable. Les acteurs politiques que nous sommes, doivent prendre le sens de la mesure et de la responsabilité, surtout quand il s’agit de parler des aspects sécuritaires liés à la stabilité de notre pays . Dans les grands pays démocratiques, comme en France par exemple, la classe politique sait taire ses divisions pour parler d’une seule et unique voix quand il s’agit de défendre les intérêts du pays à l’étranger mais également face aux menaces terroristes. Je ne suis pas non plus nihiliste et je ne vais pas vouer aux gémonies tout ce que fait le pouvoir. je renvoie dos à dos le pouvoir et l’opposition sur ce qui s’est déroulé à l’Assemblée nationale lors du vote de la loi. Les députés de l’opposition en amont, au sein des commissions auraient dû faire des amendements , et le pouvoir mieux expliquer la modification de cette loi qui date de 2007; et qui a été modifiée en 2016 , avant d’être retouchée ce mois de juin 2021.J’ai parcouru la loi, je ne vois nulle part une restriction des libertés individuelles et collectives au premier abord. En revanche, comme toutes les lois, elle peut être détournée de sa substance, comme l’a si bien dit Montesquieu: “Il n’y a point de plus cruelle tyrannie que celle que l’on exerce à l’ombre des lois et avec les couleurs de la justice. Je crois que la crainte des opposants est néanmoins justifiée , car on a constaté dans le passé des faits qui n’ont pas honoré la justice de notre pays. À juste titre, certains craignent une instrumentalisation de la justice sous le couvert de la loi nouvellement votée.
Vous êtes candidat à la mairie Dakar- Plateau aux des prochaines élections municipales..En tant que conseiller municipal, pouvez-vous nous dire vos motivations ?
Comme je l’ai évoqué ailleurs, être maire n’est pas une fin en soi pour moi. je m’inscris dans le sillage d’un travail en équipe afin de porter une vision , et un programme capables de produire un changement en profondeur pour les habitants de ma localité. Par compte, si mes pairs m’investissent de l’honneur d’être le capitaine de l’équipe, je répondrai présent et je mettrai tout en oeuvre pour gagner ensemble. je suis un compétiteur dans l’âme, je sais relever des défis, et ma principale motivation découle du gâchis dans lequel baigne ma commune du fait de la gestion clientéliste et moribonde du maire sortant. Un autre chemin est possible; j’ y convie les habitants de Dakar-plateau.
Vous êtes dans une plateforme pour une unité d’action. ou en êtes-vous pour un pôle unique de l’opposition vu que vos adversaires du pouvoir se disent déjà prêts ?
Il faut savoir qu’au niveau des leaders du FRN , au vu des informations dont je dispose, le projet d’un large front de l’opposition se dessine . Au niveau local, nous sommes en train de discuter les uns avec les autres. Mais il y a fort à parier que nous soyons sur une même liste afin de maximaliser nos chances d’abréger la souffrance des populations. L’opposition doit être consciente que nous abordons aux prochaines locales de 2022 , le premier tour de l’élection présidentielle de 2024. Alors, il ne faudra pas rater le coche .
Quelle offre politique comptez-vous présenter aux populations de Dakar Plateau ?
Nous allons faire de l’emploi une sur-priorité , en mettant en place des outils à travers une structure de la mairie que l’on pourrait nommer l’ouvre-boite . Cette entité aura pour mission, entre autres , d’accompagner des porteurs de projets, mais aussi ils pourront opter parmi la banque de projets, le leur. Nous ferons de l’économie, de la santé, de l’éducation et du sport des priorités, nous mettrons en place des concertations permanentes avec les habitants pour une gestion inclusive de la cité, et je réitère un engagement fort à travers le budget en ligne afin de gérer la commune dans une transparence totale.
Comment appréciez vous le déplacement du président Macky Sall chez Khalifa Sall pour présenter ses condoléances ?
C’est une bonne chose pour l’apaisement du climat socio-politique , le Sénégal c’est une seule famille , nous devons dépasser nos rancœurs pour le plus grand bien de notre pays . C’est vrai que le pouvoir doit gouverner et l’opposition s’opposer , mais si tout cela peut se faire en respectant la sacralité de nos institutions, nous ne devons pas faire la fine bouche .