Le procureur général de la Cour d’Appel Lansana Diaby a posé hier un acte de courage devant le Tribunal. En demandant au juge Demba Kandji d’accéder à la demande de liberté provisoire formulée par la défense de Khalifa Sall, en respect de la décision de la Cedeao, il a démontré qu’il y a certains magistrats qui ont choisi de rester debout, de dire le droit au moment ou d’autres ont préféré s’aplatir devant le pouvoir en agissant sous sa dictée.
« La justice n’est pas là pour faire plaisir et tout ce qu’on attend du juge, c’est qu’il soit libre et indépendant.» Voila les propos tenus par Lansana Diaby le 28 décembre 2017 lors de la prestation de serment de 14 avocats devant le premier président de la Cour d’Appel de Dakar. Et hier, devant le Tribunal il a encore démontré que malgré le malaise qui sévit dans la Justice, il y a encore des magistrats qui ont choisi de rester droit dans leurs bottes, de dire le droit, rien que le droit. L’acte qu’il a posé hier va contribuer à redorer le blason terni de la Justice. Parce qu’aujourd’hui, le constat est qu’il y a un lourd déficit de confiance entre le peuple au nom de qui la Justice est rendue et la Justice. Donc, conscient du fait que l’exercice du Droit est essentiel à l’équilibre de notre société le procureur général a donc posé hier un acte de haute portée pour ne pas dire qu’il a désamorcé une bombe à latence en invitant le Tribunal à respecter la décision de la Cedeao.
«Dans un monde où nous avons accepté de vivre dans des communautés et avons signé des traités, si nous ne respectons pas ces traités signés nous allons inéluctablement vers un chaos communautaire, averti Lansana Diaby. Et aucun État ne veut cela. Concernant cette décision communautaire, la Cour se déclare compétente à examiner la requête de la défense qui dit que les droits de Khalifa Sall ont été violés, que sa détention (dans la période comprise entre le 14 août 2017, date de son élection comme député, et le 25 novembre 2017, date de la levée de son immunité parlementaire) est arbitraire, et condamne le défendeur à payer au requérant la somme de 35 millions. Chaque fois que l’État est condamné à agir immédiatement, le parquet doit exécuter immédiatement cette décision.» a ajouté Lansana Diaby. Avant de poursuivre : « Il nous faut trouver une solution à cette requête. Ce qu’il faut tirer de ces arrêts, c’est qu’au-delà de la passion, il nous faut trancher sur les points de droit (…) » Une attitude responsable, que tous les citoyens épris de Justice doivent saluer.
Parce qu’il est inconcevable que l’État Sénégalais respecte les décisions de la Cedeao que quand cela l’arrange et qu’il les foule au pied quand elles vont à l’encontre de ses intérêts. Quand le Sénégal a envahi la Gambie pour déloger Yaya Jammeh, il l’ a fait suite à une décision de la Cedeao. Quand il a aussi voulu imposer les cartes d’identité il a invoqué des recommandations de la Cedeao. Donc pourquoi n’a t-il pas accepté sa décision dans l’affaire du Maire de Dakar ? D’autant que cette Cour a déclaré que les droits de Khalifa Sall ont été violés. Donc en choisissant de dire le droit, le procureur général démontre qu’il y a encore dans ce pays des des magistrats véridiques, honnêtes, qui ont été formés à bonne école et qui sont conscients du fait que la Justice est le dernier rempart contre l’arbitraire.
Des hommes de mérite, qui rappellent que que nul n’est au-dessus de la loi et qu’elle est générale, impersonnelle et applicable à tous. Et qu’à la longue toute manipulation ou instrumentalisation peut lui être préjudiciable en ce sens qu’elle mènera inéluctablement à la défiance des justiciables envers la justice. Aujourd’hui le procès de Khalifa Sall ressemble à bien des égards un sable mouvant dans lequel le pouvoir s’est empêtré. Car en voulant vaille que vaille emprisonner le Maire de Dakar, il a tordu le cou au droit en violant allégrement ses droits. Donc, plus il essaiera de se débattre dans ses contradictions, plus il s’enfoncera. A moins qu’il n’ait l’intelligence de saisir la perche que le Procureur général Lansana Diaby lui a tendu pour se tirer du bourbier dans lequel il est tombé. Mais, heureusement qu’il y a au Sénégal, dans le pouvoir judiciaire, des hommes de mérite qui rappellent aux citoyens que nul n’est au-dessus de la loi et qu’elle est générale, impersonnelle et applicable à tous
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