Il est de notoriété publique que le juge Kéba Mbaye reste et demeure une référence au Sénégal. Du moins, dans la grande famille de la justice. Sinon, l’on ne citerait plus son nom en certaines occasions. Pourquoi donc, depuis autant d’années, il est assez difficile de citer d’autres Kéba Mbaye ? La question est posée avec acuité surtout à un moment où nous vivons dans un Sénégal du… mal. Des personnalités publiques insultent sans conséquences, des hommes politiques vendent leur dignité pour des prébendes et les régimes qui se succèdent font du mal, un trophée de guerre à gagner en usant et en utilisant des armes de destruction massive.
Pourtant, dans le Sénégal du mal, il y a le Sénégal du bien. Autrement dit, ce Sénégal où de références dans tous les secteurs de l’activité politique, sociale, économique, culturelle ne manquent pas. Mais, le Sénégal du mal les a mis à l’ombre, dans une chambre obscure où personne ne voit personne. Et, ironie du sort, c’est le Sénégal du mal qui triomphe par le fait de fanatiques des strapontins qui prennent au sérieux leur propre étroitesse d’esprit. Ici, dans le Sénégal du mal, l’on guillotine des références, l’on met le corset aux voix porteuses du bon message, l’on met le couteau sous la gorge aux marcheurs ”blancs” qui mettent en avant des valeurs. Les vraies valeurs pour une transformation radicale du pays.
Dans ce Sénégal du mal, nous avons plus de Don Quichotte qui passent leur temps à lutter contre des moulins à vent, que des Thierno Souleymane Baal, pour mener la révolution de la rupture. Ici, c’est la vantardise, l’arrogance, le masochisme, l’égoïsme, la trahison, les commérages, le piétinement des faibles, la promotion de la main-tendue, le mensonge…qui dominent la vie de tous les jours. Dans ce Sénégal du mal, les antivaleurs sont les valeurs. Dans ce Sénégal du mal, c’est la boite de Pandore qui se vend partout, qui est offerte partout comme étant le meilleur compagnon.
Dans ce Sénégal du mal, les esprits changeants, laissent triompher la passion pour éclipser la raison. Et, ce n’est pour rien, que l’on parle plus que l’on ne travaille. Se dédire, est une valeur, transhumer en passant par Mbeubeuss est une valeur, détourner les deniers publics, est une valeur, verser dans la corruption est une valeur, manger dans la main du diable est une valeur, mentir est une valeur, devenir milliardaire en un clin d’œil est une valeur, violer le serment est une valeur, pisser sur la route est une valeur. Heureusement, des hommes et des femmes vivent encore dans le Sénégal du bien. Ils peuvent être dans le pouvoir comme dans l’opposition. Ils peuvent être dans la société civile comme au cœur de la population sans voix. Ils peuvent être partout. Mais, ils devront se battre sans relâche pour faire face aux lâches du Sénégal du mal afin que le Sénégal du bien devienne une réalité vivante. Ce Sénégal du bien devra se jouer sur un plateau de verre qui montre les tares de chaque groupe. Une bonne manière pour le peuple d’élire ceux qui incarnent véritablement le Sénégal du…bien.