Situation politique – Le ‘’Che’’ sort son béret rouge

Coordonnateur de la coalition Macky 2012 et président du Conseil d’administration (Pca) de la Société nationale des habitants à loyer moderne (Sn-Hlm), Moustapha Fall connu sous le sobriquet de ‘’Che’’ sort son béret rouge pour dire ses vérités. Dans cet entretien accordé à Tribune, il aborde les questions liées aux candidats déclarés, leurs profils, le parrainage. Mais aussi, des cas de Khalifa Sall, de Karim Wade, du Parti socialiste (Ps) sans oublier le Parti démocratique sénégalais (Pds) dont certains de ses anciens cadres qui ont rejoint le Macky versent dans les déballages.

Par Abdoulaye MBOW

En perspective de la présidentielle de 2019, il y a déjà une vingtaine de candidatures déclarées. Vos premières impressions surtout par rapports aux profils qui se dégagent ?

Cela ne me surprend pas. J’avais déjà dit qu’en dépit du parrainage, il y aura beaucoup de candidats. En 2012, il y en avait quatorze. Mais, pour celle de 2019, je pense que l’on aura une vingtaine. Ce qui démontre que la politique est devenue le champ le plus prisé. Même si ceux qui haïssaient la politique, ceux qui dénigraient les politiciens, sont tous devenus des politiciens. Ils veulent devenir des maires, députés et Président de la République. Ce qui explique cette floraison de candidats qui se dégagent. Je ne suis pas contre car, plus il y a des fleurs, plus le jardin est beau.

À votre, parmi ces candidatures déclarées, quelles sont les plus sérieuses ?

J’ai tellement de respect pour la personne que je dis que toutes les candidatures sont sérieuses. On ne peut dégager trente millions francs CFA pour faire une chose et que les gens disent que vous n’êtes pas sérieux. Il faut respecter tout le monde et ne pas les sous-estimer. Ils vont se mettre en règle avec le parrainage et la caution.

Mais, la majorité n’est pas à la tête de machines politiques connues. De ce point de vue, est-ce que le parrainage ne sera pas un obstacle pour eux ?

Pourtant ils sont les plus placés pour cela. Il ne faut pas oublier que l’on imposait déjà le parrainage aux indépendants. Ce sont plutôt les politiques qui ne connaissent pas encore le parrainage. Il est vrai que certains d’entre eux seront tamisés, mais la majorité restera. Participez à des élections veut surtout dire avoir une machine politique. La politique, ce n’est pas une question d’individualité. Il faut un parti qui est la forme supérieure d’organisation sociale.

Alors, si vous dites que toutes les candidatures sont sérieuses, cela voudrait-il dire que celle de Karim Wade est si sérieuse que vous avez pris l’option de l’écarter de la course ?

Aucunement ! Lui comme son père, quand ils étaient au plus fort de leur puissance, ils ont été laminés jusque dans leurs propres bureaux de vote. Donc, on ne peut pas avoir peur de Karim Wade. Il faut plutôt dire que c’est la loi qui lui interdit de participer à cette élection compte tenu de sa condamnation.

Pourtant des voix autorisées disent qu’il bénéficie encore et toujours de ses droits civils et politiques. Le magistrat Yaya Amadou Dia, ancien assesseur de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) l’a soutenu…

Mais, ils ne savent pas en disant que la Crei ne l’a pas déchu de ses droits. Seulement, soutenir une telle thèse veut dire ne pas savoir c’est quoi la Crei. Elle n’a pas le pouvoir de faire de tels commentaires. Ce n’est pas sa fonction. Dans l’exposé des motifs, au quatrième alinéa, l’on a dit qu’elle n’est uniquement chargée que de la répression de l’enrichissement illicite. Donc, elle ne dira jamais que Karim Wade ne sera pas candidat. Il y a l’article 35 du Code pénal qui en parle et l’article 31 du Code électoral. Donc, le juge Dia ne maitrise pas la Crei qui est une affaire nouvelle. Elle est propre au Sénégal. Même la déclaration de Sidiki Kaba s’explique parce qu’il s’agissait juste de la condamnation de la Crei qui est une Cour spéciale.

Autre cas, celui de Khalifa Sall qui vient de faire sa déclaration de candidature. Le même sort que Karim Wade ?

Là encore, c’est du bluff.

Et pourquoi ?

Parce que c’est à la mode. Même Lula (ancien Président du Brésil) qui est en prison, a été investi par son parti. Il faut se dire la vérité. Khalifa Sall est en prison. Il est en prison et actuellement, il est surtout frappé par la présomption de culpabilité. Il ne faut pas oublier qu’il est poursuivi pour faux et usage de faux sur des documents commerciaux, des documents administratifs et escroquerie sur des deniers publics. Voilà un délit où le mandat de dépôt est automatique. Pour en sortir, il faut donner une caution, ou des éléments nouveaux ou qu’un médecin traitant sérieux défend que son état de santé est incompatible avec la prison.

Alors, que faites-vous de la caution déposée par le député-maire de Dakar ?

Là encore, c’est un problème. Mais, c’est ignoré la loi, parce que Khalifa Sall a cautionné avec des immeubles. La caution doit plutôt être de l’argent liquide ou chèque certifié. Ces immeubles ne lui appartiennent même pas. Donc, il ne faut pas raconter des contre-vérités. Sa caution n’était pas réglementaire.

Si elle ne l’était pas, vous ne pouvez pas défendre le contraire à propos de l’arrêt de la Cedeao ?

Malgré tout, la Cour de justice de la Cedeao n’a pas dit de la libérer. Donc, je demande au Gouvernement de réparer tout cela en donnant 35 millions francs CFA. C’est tout. L’on parle de jurisprudence. Mais, certaines sont fausses. Ici, ce n’est pas le cas de Mamadou Tandian du Niger. Je rappelle encore une fois que Khalifa Sall a été inculpé, jugé et condamné en première instance. Donc, c’est différent. L’erreur faite par le Gouvernement, c’est quand il a été permis à Khalifa Sall d’être candidat aux législatives.

Là, c’est l’opposant qui parle pour plaire au patron…

Même pas. Je ne dis que le droit. Il faut bien vérifier ce que le droit dit. Mody Sy qui était député du Parti démocratique sénégalais (Pds) avait été arrêté suite à l’assassinat du juge Babacar Sèye (Mai 1993).

Mais, il s’agissait d’un homicide…

Non et non ! Il ne faut pas l’aborder ainsi. Mody Sy était élu député pourtant personne ne disait qu’il fallait le libérer parce qu’il était représentant du peuple.

Votre régime a pourtant arrêté des députés. Oumar Sarr du Pds est une preuve…

Attention ! Son immunité parlementaire avait été levée. Khalifa Sall est un prévenu. Il doit sortir de la prison pour devenir député.

Et vous crachez sur le procès en appel ?

Du tout. L’on attend le verdict pour voir ce qu’il va se passer. S’il est libéré, il sort et il devient député.

Et, il sera candidat pour vous créer d’énormes problèmes ?

(Rires). On attend de voir s’il va sortir. S’il sort, encore une fois, on verra bien s’il peut nous créer des problèmes lors de cette élection présidentielle.

Khalifa Sall quasiment éliminé de la course, votre régime a également réussi à phagocyter le Parti socialiste (Ps). Première élection présidentielle sans un candidat issu de la plus ancienne formation politique du Sénégal. Un choix normal ?  

Ousmane Tanor Dieng n’a fait que subir la réalité. Soyons dialecticiens. Au Sénégal, on apprend des futilités et non ce qui est essentiel. Certains disent que le Ps devait avoir un candidat. Mais, le Ps n’a jamais étalé trois défaites présidentielles (2000-2007 et 2012). Ne serait-ce que sous ce rapport, cette formation politique devait donc se ressaisir. L’autre vérité est qu’il appartient à Bennoo Bokk Yaakaar depuis 2012. Dans ce cadre, il était dit ‘’gagner ensemble et gouverner ensemble’’. Aujourd’hui, le Ps est comptable de tout ce que fait le Président Macky Sall. Et, dans cette coalition, le candidat naturel n’est autre que celui qui a été élu Président. La position des socialistes est une position de fidélité. Ceux qui n’étaient pas d’accord ne sont pas restés dans la mouvance. Ils sont partis très tôt pour pouvoir devenir candidats.

Mais Tanor est dépassé par l’âge…

Il est vrai qu’il ne peut plus être candidat. Mais, cela ne veut rien dire. Au contraire, il faut saluer la position du Ps qui est une position de fidélité et d’honnêteté. Rien n’est éternel et rien n’est définitif.

Maintenant, parlons du Parti démocratique sénégalais (Pds). Certains ont préféré passer l’autoroute à péage et d’autres par la voie de contournement nord pour entrer dans le Macky. Et, ceux eux qui appellent aux retrouvailles de la famille libérale. Trouvez-un sérieux un tel appel ?

Tout dépend de la compréhension que l’on peut en avoir. Certains ont été très tôt avec Abdoulaye Wade qui ne peut plus continué. L’idéal aurait été de choisir un parmi ces gens-là. Mais, s’il veut imposer son fils, c’est une autre chose. C’est la dévolution monarchique du pouvoir que nous avions combattu. Maintenant, ils sont libres de partir où ils veulent.

Avec la manière tout de même et ne pas verser dans des déballages de la sorte…

Mais, c’est parce qu’ils ont été attaqué par les gens du Pds. Ils ont réagi. À la guerre comme à la guerre. C’est le cas du Ps avec les gens de Khalifa qui font des déballages contre Tanor Dieng. Mais, au Sénégal, tout le monde veut devenir politique sans apprendre la politique. Avant d’être l’affaire du cerveau, la politique c’est l’affaire du cœur. Nous avons été très jeunes dans la politique. Je suis entré très jeune au Parti africain de l’indépendance (Pai), formation qui était dans la clandestinité. Faire la politique était pour nous un devoir. Quand vous venez dans la politique pour les délices du pouvoir, vous ne chercherez que le pouvoir. Aujourd’hui, ceux qui ne voulaient pas de la politique, sont tous devenus des politiciens. Ce qui fait qu’il existe une confusion au Sénégal. Toutefois, il ne faut pas tromper les Sénégalais.

 

25 Commentaires

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