Tanor sacrifie le PS sur l’autel de ses intérêts

L’exclusion de Khalifa Sall et ses souteneurs est révélatrice du manque de démocratie qui prévaut dans quasiment tous les partis politiques du Sénégal.

Pour avoir clairement refusé d’être à la remorque de l’Apr, tel que souhaité par Ousmane Tanor Dieng, en perspective de la prochaine élection présidentielle, le patron des verts a tout simplement jeté par-dessus bord du navire socialiste 64 militants dont Khalifa Sall, Aïssata Tall Sall, Bamba Fall, Barthélemy Dias, Moussa Taye, Aminata Diallo, Idrissa Diallo, pour ne citer que ceux-là. Une situation qui traduit, d’une certaine manière, un manque criard de démocratie qui n’est que la confrontation libre des idées.

Pour les désormais « ex-socialistes », il est impensable de se contenter de miettes si l’on peut tout avoir. Ambition d’autant plus légitime que leur formation politique, qui est l’une des plus anciennes, a joué les grands rôles dans ce pays en ayant capitalisé 40 ans de règne.

Malheureusement, du fait de l’ambition du chef, qui se considère comme irremplaçable dans le parti, tous ceux qui ont un point de vue contraire au sien sont vite envoyés à l’échafaud.

La méthode « stalinienne » imposée par Tanor semble être la soumission ou la démission. Et tous ceux qui s’avisent à ramer à contre-courant de ses décisions sont soit exclus, soit marginalisés.

La réalité, dans les faits c’est, à l’instar de tous les partis, que les leaders ne supportent plus les personnes ambitieuses, compétentes et indépendantes d’esprit de leur entourage. Le plus souvent ces dernières sont considérées comme des empêcheurs de tourner en rond et sont dès lors tout bonnement destinées à la guillotine.

DE CHAUDES EMPOIGNADES EN PERSPECTIVES.

Aujourd’hui Tanor a décidé de cheminer avec le président de la République, Macky Sall, contre vents et marées, quitte à sacrifier les jeunes compétences qui foisonnent dans le parti de Senghor.

En effet, le Parti socialiste est non seulement un vivier de cadres, mais il est aussi l’une des formations les plus structurées. Ce qui explique sa bonne implantation dans tout le territoire au Sénégal. C’est d’ailleurs ce qui fait que ce parti est considéré comme un patrimoine national.

Aujourd’hui, le PS, du fait de la qualité des hommes qui le composent, peut représenter une alternative crédible pour les prochaines échéances électorales. Ce dont Tanor Dieng ne veut pas entendre parler.

Pourtant, après avoir cumulé les échecs au fil des compétitions présidentielles auxquelles il a eu à participer, il avait même décidé de raccrocher les godasses pour laisser la place aux jeunes. Mais depuis, il est plus que jamais scotché à son fauteuil, faisant et défaisant les carrières.

À bien considérer les choses, cette zone de turbulence que traverse le navire socialiste découle surtout d’un certain manque de générosité et de concertation émanant de son leader. Car la logique aurait voulu, après tant de revers, qu’il passe la main en mettant le pied à l’étrier aux jeunes talents qui foisonnent dans sa formation politique.

Mais le leader socialiste habitué aux lambris dorés du pouvoir semble être plus préoccupé par ses intérêts que par ceux de son clan. Après avoir été nommé à la tête du Hcct, un costume taillé sur mesure par Macky Sall, il a décidé de lui livrer son parti.

Une entreprise risquée qui plonge aujourd’hui cette formation dans une crise qui risque de lui être fatale. Car les exclus promettent une riposte à la mesure de ce qu’ils considèrent comme un affront. De chaudes empoignades en perspectives.