Pour garantir à la coalition Benno Bokk Yaakaar toutes les chances de sortir largement victorieuse des élections législatives du 30 juillet 2017, le Président Macky Sall souhaite mettre un terme aux violences et le retour de la sérénité dans les rangs. Hier, il a sorti une lettre circulaire adressée aux leaders et militants pour les enjoindre d’arrêter tous les processus d’investiture des candidats en cours.
‘’J’ordonne la suspension immédiate de toutes les assemblées générales d’investiture prévues’’. Le président de la République s’est résolu à mettre le holà à l’explosion de violence qui est en train d’embraser la coalition Benno Bokk Yaakaar et plus précisément l’Alliance pour la République (APR). Cette injonction figure dans la lettre circulaire n°00002 du 10 mai 2017 parvenue hier à EnQuête dont l’objet est justement la suspension des assemblées générales d’investiture. Le Président Macky Sall demande ainsi à tous les leaders, responsables et militants de ‘’rester à l’écoute de la conférence des leaders, qui mènera, dans les meilleurs délais, les concertations nécessaires’’.
Les scènes de violence notées à Diourbel, Mbour, Kaffrine, …ont eu raison de l’option première du Chef de l’Etat de faire confiance aux membres de la coalition dans le choix consensuel des personnes devant conduire les listes des prochaines élections législatives. ‘’Par circulaire visée en référence, j’engageais tous les leaders, responsables et militants de notre coalition à faire prévaloir la concertation, le consensus et l’équité comme principes en vue des investitures pour les législatives, et à bannir la violence sous toutes ses formes, verbales, physiques, morales, dans le processus de notre engagement politique, citoyen et républicain’’. Mais, poursuit le président Macky Sall, ‘’au vu de quelques incidents regrettables notés lors des assemblées générales d’investiture tenues récemment, force est de reconnaître que certains camarades semblent ignorer totalement notre appel pressant et légitime, et adoptent un comportement très préjudiciable à la dynamique unitaire de la coalition’’.
‘’Préserver la dynamique de victoire’’
En effet, comme EnQuête l’a souligné dans son édition d’hier, le parti au pouvoir est en butte à une absence de structuration, un problème de leadership, un manque d’autorité et surtout de discipline militante, selon les analystes politiques Moussa Diaw et Ibou Sané. De ce fait, concernant la violence politique qui se multiplie en fonction des enjeux et des positionnements individuels par rapport à l’élaboration des listes pour les élections législatives, l’enseignant en Sciences politiques à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis souligne ‘’le manque de discipline interne’’. Mais aussi ‘’un problème de leadership, surtout au niveau local, lié au manque de structuration’’. Car, selon son analyse, ‘’le parti a été créé, a commencé à mener des combats et est arrivé au pouvoir sans structuration. Son président est devenu chef de l’Etat. Il n’a pas eu le temps d’organiser son parti et n’a pas non plus nommé un adjoint chargé de structurer le parti, de discipliner les militants et d’organiser le fonctionnement du parti. De ce fait, cela rejaillit dans le comportement des militants et des leaders jusqu’à la base où chacun veut garder sa place et être sur les listes’’.
Conscient de cela, le président de l’APR a donc décidé de changer de fusil d’épaule pour, dit-il, ‘’préserver la dynamique de victoire’’, en ordonnant cette suspension immédiate de toutes les assemblées générales d’investiture. En effet, Macky Sall semble ne pas vouloir arriver à une situation extrême où il lui faudrait prendre des sanctions, dans ce contexte où, dit-il, il faut ‘’rester mobilisés, unis, à faire preuve de dépassement et de solidarité’’. Car, le danger, comme le souligne le Professeur en Sociologie politique, Ibou Sané, est que ‘’si jamais cette violence persiste, il peut y avoir une désaffection et un rejet au regard des actes posés et de l’image véhiculée. Et les populations peuvent dire : on ne peut pas voter pour ces personnalités qui ne se respectent pas et qui risquent de ternir l’image d’un député’’. Ainsi, le Professeur Sané demandait, hier, au Chef de l’Etat de ‘’siffler la fin de la récréation très tôt et de manière autoritaire’’. Il a été entendu.
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