Cash transfert : 48% des ménages n’ont pas perçu leurs fonds

L’opération de transfert d’argent aux démunis lancé en juin 2022 par le chef de l’Etat est un échec, constate la Banque mondiale.

Le Président Macky Sall, pour venir en aide aux ménages démunis, a procédé à une vaste opération de Cash transfert qui sera lancée le mardi 10 mai dernier. Un système de transfert d’argent « exceptionnel » d’un montant de 43 milliards de francs CFA destiné à 542 956 ménages répertoriés dans le Registre national unique (Rnu). Les cibles vont recevoir directement 80 000 chacune dans leur téléphone portable.

Un grand soulagement pour les bénéficiaires, intervenant à la veille des élections législatives, ce qui avait permis à certains opposants politiques de subodorer une opération «d’achat des consciences». D’autres observateurs, plus pratiques, se demandaient juste par quelle magie le Grand argentier Abdoulaye Daouda Diallo avait pu mobiliser autant de ressources, dans un contexte de flambée des prix des denrées alimentaires.

A la fin du mois de juillet 2022, la Banque mondiale a transmis aux autorités sénégalaises un Aide-mémoire produit par la mission d’appui à la mise en œuvre du Projet d’appui aux filets sociaux (Pafs), dans lequel on trouve la réponse aux questions relatives, notamment à l’argent décaissé pour ce concours exceptionnel. A la lecture du document, on apprend que les représentants de la Banque mondiale déplorent que l’opération de transfert d’argent ait connu des retards tels que près de 48% des bénéficiaires n’ont toujours pas perçu leurs fonds à la fin du mois de juillet.

Et à ce jour, les choses ne se sont pas améliorées. En effet, l’Aide-mémoire indique ceci : «L’opération de paiement des transferts aux bénéficiaires qui a débuté mi-mai, a accusé des retards dans la mise en œuvre. Après le démarrage des opérations de paiement dans les régions de Thiès, Diourbel et Fatick à la mi-mai, la mise en œuvre des paiements a connu un coup d’arrêt avant de reprendre fin juin à Dakar et Kaffrine, puis début juillet à Matam, Saint-Louis, Kolda et Louga.»

Si la Banque mondiale parle de retards dus, entre autres, au lancement de la campagne électorale pour les Législatives, du fait que les autorités de l’Etat auraient été occupées à battre campagne, les pouvoirs publics, à leur niveau, veulent faire comprendre que les problèmes incomberaient plutôt aux opérateurs chargés d’exécuter les opérations sur le terrain.

Au-delà des débats intra gouvernementaux, la Banque mondiale a dû constater que son rêve de faire du Sénégal une zone-pilote pour lui permettre de dupliquer son projet de Cash transfert à travers la partie francophone du continent, est très loin d’être une réussite. Or, avec son Rnu plus ou moins bien maîtrisé, le Sénégal est l’un des rares pays africains où le «Cash transfer» à la Bretton Woods avait des chances de réussir. Malheureusement, les services de M. Nathan Belete vont être contraints de faire état des différents manquements qui freinent cette mise en œuvre.

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