Et si nous étions passé à côté de notre vie ? Et si nous étions tous mauvais ?

Vivre 30 ans, c’est vivre 16 ans. Et vous comprendrez très vite cette affirmation. Nous allons commencer par l’étayer par des arguments. Je m’en vais vous citer l’extrait d’un interview d’une grande source d’inspiration.

Mohamed Ali est l’invité d’un talk-show très regardé sur ESPN. A l’époque, Mohamed Ali est le champion sa catégorie. Il était au sommet de sa gloire et pourtant il pensait déjà à la fin…

La première partie de l’interview s’est passée sans embûche. Comme d’habitude, Ali fait son numéro. Et pour ce qui ne connaisse pas l’orateur Ali, c’est du charme, du charisme, de l’engagement, de la virulence, de l’agressivité, de la méchanceté, de la hauteur, des moqueries, de la comédie, des mimiques, des anecdotes et j’en passe… Comment pouvait-il être tout cela à la fois ? La réponse est toute simple : il s’appelait « Mohamed Ali ».

Bref ! Vint la seconde partie de l’interview. Et l’exercice est maintenant différent. Il ne doit plus répondre aux questions d’un journaliste, mais à celles du public. Et dans les esprits, si les questions avec le journaliste sont validées par Ali et son équipe, et bien ils ont moins de contrôle sur le public, qui n’est soumis à aucune pression.

Les questions se succèdent et se ressemblent. Et arrive la question d’un jeune garçon d’une dizaine d’années : « je veux savoir ce que tu comptes faire quand tu arrêteras la boxe ? ».

Dit comme ça, la question semble anodine à tel point que Ali fait mine de dormir. Il ronfle pendant quelques secondes et lance : « Dormir ! C’est tout ce que je vais faire ».

Après son numéro hilarant, qui a fini de faire applaudir et s’esclaffer de fou rire toute la salle, le champion se redresse et commence un autre numéro. En réalité, dans l’entendement du née Cassius, cette question n’a rien de banale. Contrairement à ce que sa blague a pu faire croire.

Pour preuve Ali a fait du Ali. Et du Ali, c’est un très long speech qui va dans tous les sens. Qui délaisse la question de départ, mais qui, à la fin, est toujours beau, profond, riche…

Il dit : « Quand j’arrêterai la boxe, je ne sais pas… Je veux dire quelque chose ici. Ceci vous fera peut-être tous réfléchir. La vie n’est pas vraiment longue. Disons que la moyenne d’âge d’une personne est de 30 ans. Si tu as 30 ans, en réalité, tu ne disposes que de 7 années d’activité. Comment vais-je le prouver ? Sur les 7 à 9 heures de sommeil que tu dors en 30 ans, tu es inconscient pendant 8 ans. Tu as donc dormi pendant 8 années. Combien de voyage fais-tu pendant 30 ans ? De la station de TV à la maison, vers un autre pays, une ville, vers l’école, vers l’église etc. Tu dépenses en réalité 2 années de ta vie avec ces allers-retours. Donc on a 8 ans de sommeil et 2 ans de voyages. 30 années passent sans que tu n’aies rien accompli dans ta vie. Combien d’années passes-tu à l’école en Amérique ? De la 1ère classe à la 12ème (…) 6 heures par jour pendant 12 ans. Décomposé, tu restes en classe pendant 3 ans.

Donc 2 années de voyage, 8 années de sommeil, 3 années d’études. Combien de films as-tu vu ? Combien de combat ? Combien de divertissement, théâtre, match de baseball… ? A peu près 2 années de divertissement. Le temps d’avoir des enfants, qu’ils quittent la maison, que tu aies fini de payer ta maison, tu atteins déjà 60 ans. Donc la vie est vraiment courte (…) J’ai 35 ans, 30 années de plus, et j’aurais 65 ans (…) On ne peut pas faire grand-chose à 60 ans. Ta femme te le dira surement ! (rires) (…) Savez-vous que j’aurais 65 ans dans 30 ans. Et dans ces 30 ans, je dois dormir pendant 9 ans. Je dois voyager, aller-retour en Amérique, environ 4 ans dans les 30 prochaines années. Ensuite entre Tv, Film… Cela fera 3 années de divertissement. Sur 30 années, je vais avoir 16 années pour être productif. Voici comment on peut découper notre vie individuelle ».

 

Vous l’aurez remarqué, Ali n’a toujours pas répondu à la question de départ. Qui est, je vous le rappelle, « je veux savoir ce que tu comptes faire quand tu arrêteras la boxe ? ».

Voici la réponse de Ali à la question après sa longue démonstration : « Que vais-je faire pendant les 16 prochaines années ? (Il fait donc référence au temps durant lequel il sera actif en 30 ans). Quelle est la meilleure chose que je puisse faire ?ÊTRE PRÊT POUR RENCONTRER DIEU. Posséder des biens immobiliers, développer un commerce, enseigner la boxe… Cela ne va pas me faire accéder au paradis. (…) je crois que l’on va être jugé (…) C’est une chose effrayante que de penser que j’irai en enfer, brûler pour toujours (…) Quand j’arrêterai la boxe, je vais faire tout mon possible pour aider les gens, c’est pourquoi je suis avec John Awoco. C’est un homme qui est venu des Etats-Unis et il a un groupe d’enfants qui a besoin d’argent. Et quelqu’un m’a appelé pour l’aider. Dieu me regarde ! Dieu ne me félicite pas car j’ai battu Joe Frazier. Dieu se moque de cela. Notre bonne santé est son œuvre. Il veut savoir comment on se traite les uns les autres, comment on s’entraide.

Donc je vais consacrer ma vie en utilisant mon nom, et ma popularité pour aider la charité, aider et unifier les gens… (…) Si je meurs, s’il y a un paradis je veux le voir (…) Nous allons tous mourir bientôt. (…) Ceci est un test pour savoir où nous passerons notre vie : au paradis ou en enfer. Ceci n’est pas la vraie vie, votre réelle existence est en vous, votre corps vieillit, vous perdez vos dents, vos cheveux vous quittent, votre corps se fatiguent etc. Mais votre âme et votre esprit ne meurt jamais (…) Dieu nous teste sur comment nous nous traitons (…) Donc ces choses physiques ne durent pas, ainsi que ma voiture, ce bâtiment… On ne reste pas ici on est juste dépositaire, rien ne nous appartient. Pas même vos enfants sont les vôtres. Votre femme n’est pas à vous. J’ai divorcé avec ma femme (…) et mes enfants appellent un autre homme papa. (…) La chose la plus importante dans la vie est ce qui se passe quand tu meurs ? Iras-tu au paradis ou en enfer ?  Et c’est pour l’éternité (…) Quelqu’un m’observe et comptabilise et je ne peux m’échapper (…) ça vous semble logique ? (Applaudissement) ».

Profond non ? Le champion avait une capacité hors du commun à amener son sujet, à le contextualiser et le faire imaginer.

Sommes-nous prêt à rencontrer DIEU ?

Je vais prendre l’exemple de l’Islam à titre indicatif. En prenant en compte des concepts que toutes les religions révélées partagent.

Pour répondre à la question : apparemment non. Le respect de nos 5 piliers n’en parlons pas. Sauf si vous y tenait. Parlons ne serait-ce que de la première « charte », la profession de foi. Dans les faits, nous ne l’a respectons clairement pas. Une raison parmi tant d’autres pour justifier cela : les pratiques mystiques. Pour un bon nombre de personnes, constatons que quand on souffre de maux de reins, le réflexe n’est pas d’aller chez un médecin ou réciter des Du’as. Non ! A la place, il faut un bon bout de fil en coton sur lequel un guérisseur à invoquer des choses que nous ignorons et qu’on va attacher autour de ses reins. Le bon Dieu ne sera jamais cité comme étant à l’origine de cette guérison. Non ! A la place du bon Dieu, on va tresser des lauriers à « seumeu PA bi ».

Arrêtons-nous là ! Car ceci est un thème.

Quelques conseils de Cheikh Ahmadou Bamba qui sont différents des préceptes les plus connus : « Sois modéré au sommeil, au manger et à l’accumulation de vanités (…) la gloutonnerie elle rend ta vie oisive. Elle entraîne la paresse, le désœuvrement, l’excès de défécation, l’égarement. (…) l’excès de sommeil endurcit le cœur (…) ne sois pas sur le lit comme un cadavre dans la tombe au risque d’en tirer des préjudices (…) »

Mais je m’en vais conclure ce grand moment de pensée, d’histoire, d’humanité… Ramenons tout cela à nous, à notre époque et à notre vision du monde. Car nous n’aspirons pas tous forcément au paradis peut-être !? Ou du moins ce n’est pas l’objectif premier pour nous tous.

Quelle est notre vision du monde ? A quoi aspirons-nous ?

Prenons l’avis d’un symbole de notre temps en la personne de Queen B. Comme intro de la chanson “Pretty hurt”. Une question est posé à Beyoncé par une voix masculine, grave. La voix lui lance : « What Is Your Aspiration In Life ? » (quelles sont vos aspirations dans la vie). Elle lui rétorqua : « My Aspiration In Life Is To Be Happy !» (Mon aspiration dans la vie est d’être heureuse).

(Je me confesse) Pendant des années, cette réponse était mythique à mes yeux. La phrase de Beyoncé sonnait comme une philosophie, un but, une finalité… Oui ! C’était logique ! Nous voulons tous être heureux.

Heureusement pour moi, cette époque est révolue. La cause de ce revirement de situation est liée à plusieurs facteurs : les propos de ALI bien évidemment, la découverte de l’humanitaire, des réflexions sur la religion et ce qu’elle doit représenter dans nos vies, des réflexions sur le monde tel qu’il fonctionne, ce désordre permanent, ces incitations à la haine en tout genre et contre tous…

Bref ! J’ai changé d’avis d’état d’esprit. Pour moi l’aspiration de tout un chacun doit-être le bonheur de tout humain. Mon état d’esprit est que je ne pourrais pas être heureux, tant qu’il y aura un enfant malade, mourant, qui peut être sauver du paludisme pour un maigre euro.

Maintenant on discute. Saviez-vous que 50 pour cent des besoins humanitaires du monde ne sont pas couverts ? Saviez-vous qu’à Dakar, il y a des populations qui vivent sans eaux courantes 365 jours sur 365 ? Saviez-vous qu’il y a au Sénégal des enfants, des adultes, qui n’ont jamais vu de lampe et qui n’en verront jamais, à moins de sortir de leurs contrées ? Saviez-vous que nous avons, dans notre entourage, des personnes qui dépriment sévèrement pour de multiples raisons ? Et que ces dernières pourraient aller au-delà de ce mal-être, grâce à une oreille attentive, une épaule sur laquelle se reposer, une personne bienveillante à qui se confier…

On peut donner des exemples à la pelle. Mais là n’est pas le thème.

La vérité c’est que nous gaspillons beaucoup de temps dans des futilités. La vérité c’est que nous pleurons moins, et moins longtemps nos morts. En réalité, nous sommes blasés.

La vérité c’est que nous pensons que s’il y a la malnutrition dans certaines zones du monde, c’est la faute à une natalité anarchique comme la défendu le President Macron.

Des vérités aussi moches, il y en a beaucoup. Mais pour aller au-delà de ça, nous devons prendre nos décisions en nous posant systématiquement une question : « Quel impact va-t-elle sur les autres au-delà de ma propre personne? ». Réfléchir en NOUS et non en MOI.

A la base, c’est ce que l’islam nous enseigne. Il suffit de prendre connaissance des 5 piliers. La Zakat occupe la 3ème place. C’est vous dire à quel point le partage des revenus est important en Islam. La zakat, c’est « donner un pourcentage de la valeur de certains biens à certaines catégories de nécessiteux ». L’objectif étant d’équilibrer les avoirs entre tous les hommes et favoriser la croissance pour tous.

Imaginons un monde où tous ceux qui ont les moyens donnent la Zakat. C’est un monde où il n’y aurait plus de pauvres.

Mieux, la responsabilité du nécessiteux, qui reçoit la Zakat, est d’en faire bon usage. Et ce bon usage suppose utiliser cet argent à des buts de croissance.

Je regarde autour de moi chaque jour. Je me regarde, moi, chaque jour. Je regarde les post sur les réseaux sociaux, chaque jour. Je regarde mes post sur ses réseaux, tous les chaque jour. J’écoute autour de moi, chaque jour. Je m’écoute, chaque jour.

Et je constate que nous vivons pour les autres. Certes, mais pas du tout pour les bonnes raisons, pas du tout.

Nous vivons pour priver des choses aux autres, à propos de nous. Notre relation avec l’autre se résume à un monologue « comment me vois l’autre? » – « j’aimerai paraître comme suit aux yeux de l’autre » – « je veux montrer à l’autre que je suis heureux, que ma vie est intéressante, excitante ».

Je vais m’en arrêter là. Car ceci comporte plusieurs thèmes.

Partant de là, nous pouvons conclure que nous passons à côté du but de notre existence, si on s’en réfère à Mohamed Ali. Nous sommes tout simplement égaré si l’on se réfère aux recommandations de la religion, de l’humanité…

Mon aspiration dans la vie, c’est d’arriver à (ce qui implique que je n’y suis pas encore. Pas d’amalgame possible) : vivre pour l’autre, Sauver l’autre, Aider l’autre, Faire plaisir à l’autre.

L’objectif à terme, c’est d’atteindre un idéal. « Toute chose en laquelle tu souhaiterais te trouver au moment de la mort, consacres-toi à cela, avant qu’il ne soit trop tard », instruit Cheikh Ahmadou Bamba.

Il n’y a aucune leçon à retenir de cet article, si ce n’est que nous devons être plus sensible, donc moins blasé. Que nous devons accorder moins d’importance au sou et l’aisance qu’il nous procure.

Je m’en vais terminer en vous disant que je ne suis pas un donneur de leçon.  Ceci est un idéal auquel j’aspire moi-même. Et je vous y invite si vous le voulez bien.

Ahmadou Baba NDIAYE – ETUDIANT

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