L’installation des colons français à Dakar en provenance de l’île Gorée, le 25 mai 1857 est l’œuvre du Grand Diaraf M’Bor Ndoye, représentant la communauté Léboue et du capitaine Faicheau Protet, signataire au nom du gouvernement français.
Par Mamadou SARR
Qui se souvient de Diaraf M’Bor Ndoye ? Et de la date du 25 mai 1875 ? « Pourtant, c’est ce jour que les colons français qui étaient basés pendant de longues années à Gorée s’installèrent à Dakar en y implantant le drapeau de leur pays, ainsi que les canaux pour la défense du phare des Mamelles. Cela, sur la base d’un accord entre l’exécutif français de l’époque et les dignitaires Lébous », nous explique le vieux El Hadji Abdoul Khadre Guèye. Ce dernier qui peut être considéré comme le « gardien de la mémoire Lébou », regrette qu’aujourd’hui, il n’y a qu’à Kayar où cette journée est célébrée par les populations.
Remontant le temps, le doyen Ndoye qui détient une abondante documentation sur la question renseigne que « c’est ainsi que, le Djaraf de la communauté Lébou de l’époque, M’Bor Ndoye (1854-1872) et le capitaine Faicheau Protet paraphèrent l’accord ». Lequel stipulait que « le Diaraf M’Bor Ndoye a accepté toutes les conditions, mais en leur faisant savoir que tous les problèmes intérieurs de l’état de la communauté Lébou de Dakar seront résolus par les Lébous ». L’autre clause entre le capitaine Protet et le Diaraf Ndoye était que « la France ne devrait intervenir à aucun moment ». Et la contrepartie que devait payer les français au Diaraf de la communauté Lébou, en guise de location du sol était fixée à 12,5 francs par mois.
Poursuivant, El Hadji Abdou Khadre Guèye raconte qu’en 1857 toujours, « à la veille de la korité, une mission dirigée par Protet est venue souhaiter aux Lébous une bonne préparation de la fête de la korité en donnant aux chefs Lébous des drapeaux français et en leur souhaitant une bonne fête de korité ». Il ajoute que « touchés par ce geste les Lébous leurs proposèrent la cohabitation et surtout la protection et la sauvegarde du peuple et pays Lébous ». D’ailleurs ce qui fait dire à El Hadji Abdou Khadre Guèye âgé de 81 ans et qui vit, aujourd’hui, une retraite paisible dans le populeux quartier de la Médina que « c’est à ce jour que date le dialogue islamo-chrétien dont vante les mérites, aujourd’hui ».
Le plus grand regret de ce « gardien du temple » de la culture Lébou est le fait qu’en dehors de quelques travaux d’historiens, les dignitaires Lébous et les autorités politiques d’hier comme d’aujourd’hui n’ont pas donné la place qui lui sied au Diaraf M’Bor Ndoye qui a pourtant marqué son époque. « J’ai toujours pas compris pourquoi, aucune rue, aucun monument ou établissement ne porte le nom de ce pour rendre hommage à grand dignitaire Lébou qui a été un chef et un visionnaire » regrette le Vieux El Hadji Abdou Khadre Ndoye. Il lance un appel aux uns et aux à faire entrer dans le panthéon de l’histoire du Sénégal, Diaraf Mbor Ndoye.
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