“Je peux faire ce que je veux avec les femmes…”

Oui ! Nous avons tous cet ami maladroit avec les femmes.

Il aura une certaine tendance à jeter une onomatopée, suivi d’un commentaire extrêmement déplacé à l’encontre d’une femme de l’autre côté de la rue, qui ne lui a pourtant rien demandé.

Au lieu de se déplacer jusqu’à elle pour lui parler avec respect et considération.

Oui ! Nous connaissons tous ce mec en couple depuis longtemps, mais qui ne peut s’empêcher de lorgner toutes passantes. Si vous êtes assez proche, il vous dira : “mais Khalé Bi Nékhe Neu Dé*”.

Oui ! Nous les comptons en bon nombre dans notre entourage. Ce dragueur incorrigible qui, en t’annonçant sa nouvelle conquête, ne te parle presque jamais du caractère de cette dernière, sauf si elle est de nature “légère”. Il ne te parlera jamais de la tenue de cette dernière, sauf si elle est sexy. Il ne te parlera pas du job de cette personne, sauf si elle est prête à lui donner de l’argent. Par contre, ce qui est sûr, c’est qu’il te parlera de son physique.

Oui ! Nous avons tous cet ami fauve. Pour lui, au final, la femme c’est du gibier. Et il est prompt à dire que “elle m’a chauffé” quand il l’a “forcé” à le faire.

Oui ! Nous connaissons cet ami philosophe à deux balles. Qui te dit, d’un air qui trahit un vécu certain, “Gnoome Gneuppeu Yém. Gueumou Gnou Dara. Koo Thi Yakaare Mou Worre Leu*”.

Mais au finish, il y a peut-être un problème qui détermine son mauvais comportement !?

Un problème que les psychologues classent sur la même étagère que le racisme, la xénophobie, l’islamophobie.

Si ça se trouve, ton pote est misogyne.

Qu’est-ce que la misogynie ?

La misogynie est une forme de sexisme.

Ce terme définit un homme qui méprise les femmes, hait les femmes, et manifeste un manque d’estime envers les femmes…

La misogynie est donc un concept assez vague qui nous vient des mots grecs « misos » haine et « gyné » femme.

Ce mot définit un état d’esprit, une attitude, un comportement.

Par exemple : le viol est un acte de misogynie, autant que le fait de tenir un discours condescendant à l’encontre de la gente féminine.

Il n’y a aucune dissociation à faire, mais aucune comparaison aussi.

Quel est l’état d’esprit d’un misogyne ?

Le misogyne considère la femme comme inférieure à l’homme.

Pour ce dernier, la femme doit être à son service, quel que soit la nature du service en question.

Quelle attitude ? Quel comportement ?

En termes d’acte, la misogynie peut donc être apparentée à des actes tels que le viol, l’agression, la violence verbale, l’intimidation et j’en passe. Ainsi donc, pour cet homme caractérisé et étiqueté, l’homme et la femme ne sont pas égaux.

Mais qu’en est-il vraiment ?

De facto, ce principe de « femme objet » a la peau très dure. La femme y devient un objet sexuel, qui doit également assurer les tâches domestiques les plus ingrates… Bref, un objet au service des hommes.

Pourtant, les hommes sont très peu à assumer ouvertement le fait d’être misogyne. Même pas Donald Trump !

Qui sont ces célèbres misogynes d’ailleurs ?

Je vous propose de faire un petit tour d’horizon de personnages historiques. Des politiques et de célèbres musiciens qui ont été accusés de misogynie (précisons que je ne fais pas de procès. Je me permets simplement de citer).

Nos célèbres personnages historiques et leurs propos qui peuvent heurtés la sensibilité des pudiques… :

Maupassant :

« En Afrique, les filles foisonnent mais elles sont toutes aussi malfaisantes et pourries que le liquide fangeux des puits sahariens ».

Baudelaire :

« Aimer les femmes intelligentes est un plaisir de pédéraste ».

Voltaire :

Les femmes ressemblent aux girouettes, elles se fixent quand elles se rouillent »

Rousseau :

« L’amour a été inventé par les femmes pour permettre à ce sexe de dominer, alors qu’il était fait pour obéir. ».

Oscar Wilde :

« Celui qui cherche une femme belle, bonne et intelligente, n’en cherche pas une mais trois ».

Je vais m’en arrêter-là, en vous garantissant qu’aux sortir de ces recherches,

Je ne savourerai plus, de la même manière, les écrits de certains de mes poètes préférés.

Et vous partagerez mon ressentiment suite à cette lecture à coup sûr.

De célèbres Politiciens misogyne :

Commençons par l’homme le plus puissant du monde. Ou le misogyne le plus puissant du monde, le nouveau porte étendard de la cause misogyne.

Comme en témoigne un enregistrement (à son insu) datant de 2005, qui a rattrapé Trump le mâle Alpha.

Il soutenait, je cite : « je peux faire ce que je veux avec les femmes (…) y compris les attraper par la chatte ».

Et d’ajouter : « (…) quand vous êtes une star, les femmes vous laissent faire. Vous pouvez faire ce que vous voulez ».

Beaucoup d’études ont prouvé que suite à cette affaire et à l’élection de Trump,

Il y a beaucoup plus d’hommes qui assument leur misogynie aux Etats-Unis d’Amérique et ailleurs dans le monde. Notons que ces propos ont été sans conséquence.

Mieux, son auteur a été élu Président de la république, malgré la polémique.

Nous pouvons aussi citer un très puissant acteur de la vie politique française et de l’économie mondiale : Dominique Strauss-Kahn. DSK est un « violeur multirécidiviste ».

Et le harcèlement sexuel serait monnaie courante chez lui. Son rapport avec les femmes a toujours été problématique. Mais tandis que ces présumés victimes le traite de violeur et de « brut chimpanzé », pour décrire la brutalité de ses actes, ses femmes et ses proches le défendent en le peignant comme un « séducteur invétéré ». DSK a été accusé de nombreuses fois :

En 2002, une journaliste l’accuse d’avoir tenté d’abuser sexuellement d’elle, alors qu’elle devait l’interviewé. Ce dernier lui avez donné rendez-vous dans un appartement.

« Il est devenu très brutal », raconte la journaliste. En 2008, il fait des avances à un employé du FMI alors qu’il en été le Directeur. 2010, viol en réunion. Il s’agit de « l’affaire Carlton », qui a mis sous les feux des projecteurs une Escort-girl qui a fait des témoignages.

Enfin en 2011, survient l’affaire la plus retentissante de ses exploits. DSK est mis en examen suite à une plainte pour viol. Il est accusé par Nafissatou Diallo, une sénégalaise employée de l’hôtel SOFITEL à New-York.

Pour rappel, à cette période, DSK était pressenti comme le candidat le mieux placé pour succéder à Sarkozy, Président de la France. Mais sa misogynie présumé l’a conduit à sa perte.

François Fillon a, lui, dit que « la France n’est pas un pays à prendre comme une femme ».

Poutine : « il est préférable de ne pas débattre avec une femme ».  Tel a été la réponse du Président russe face à des propos tenus par Hilary Clinton. Un mépris total !

Babulal Gaur, Député indien, a dit que « le viol est parfois légitime ».

Mélenchon lance à Ségolène Royal, en 2005, « l’élection présidentielle n’est pas un concours de beauté ».

Il y a enfin le journaliste et Analyste politique, Cheikh Yérim Seck, qui a été condamné pour viol en 2013 au terme d’un procès de 10 jours. L’accusé nous disait : « Elle a crié, mais je ne sais pas si c’était un cri de douleur, de plaisir ou de peur (…) Je lui ai dit que j’avais envie d’elle, elle n’a pas manifesté un quelconque refus. »

 

De célèbres musiciens :

Force est de constater que le sexisme est presque un style musical. Et détrompez-vous si vous croyez que seul la musique Rap est en cause. La preuve :

  • Le rappeur Orelsan est accusé de faire l’apologie de violences contre les femmes. Certains de ces paroles jugées sexiste, l’affaire a été portée devant la justice qui a acquitté l’artiste au nom de « la liberté d’expression ».
  • Après une déception amoureuse, Georges Brassens s’adonne aux « slut shaming », qui signifie littéralement « intimidation des salopes ». Dans le morceau « putain de toi », cette star de la chanson française fait passer un message très cru à l’endroit de son ex compagne « misérable salope, comme il ne reste plus rien dans le garde à manger t’as couru sans vergogne, et pour une escalope, te jeter dans le lit du boucher ».
  • Michel Delpech, chanteur de variété française a dit : « après une longue route (…) c’est bon de choisir une minette. Dans ces filles à vedette, qui sont venues que pour ça. »
  • Michel Sardou, chanteur de variété française dit en 1973 : « j’ai envie de violer des femmes. De les forcées à m’admirer. Envie de boire toutes leurs larmes… ».
  • Léo Ferré, dans un entretien télévisé en 1971, « il faut être misogyne (…) les femmes il faut les remettre à leur place ».
  • Damso se voit retirer le projet qu’est la chanson de l’hymne officiel de l’équipe de Belgique pour la coupe du monde. Pour cause, des associations féministes se sont dressées contre ce projet. Elles ont argué qu’un artiste qui, sur plusieurs de ces morceaux, insulte la femme, ne devrait en aucun cas représenter tout un pays avec une chanson. Voici les paroles mises en cause : « souvent, les plus moches sucent le mieux », « la bitch fait sa François Hollande. Je lui demande de partir mais elle en redemande », « Toutes les chattes que j’aime sont des chiennes ».
  • Booba aussi a très souvent été sous le feu des critiques, suite aux propos jugés misogynes, qu’il a tenus dans ces morceaux. Il est de loin l’artiste français le plus en cause quand il s’agit de ces questions. Certains l’accuse même d’avoir ouvert cette brèche aux autres rappeurs.

Le rap est-il une musique misogyne ?

Force est de constater que dans le rap, après l’argent, le sexe est la principale question qui motive la violence qui y règne en maître. En effet, le rap est fort d’un vocabulaire sexiste, marqué par des images dégradantes à l’encontre de la femme. Et le nombre de femmes rappeurs est très réduit face au sexe opposé.

Par contre ces rappeurs se défendent toujours en invoquant le fameux « c’est du second degré ». Facile ! Pour expliquer qu’il ne faut pas les prendre aux mots.

Cependant, tout porte à croire que la misogynie ne choque pas plus que çà. Car la réalité des faits, c’est que nous (les hommes) sommes peut-être naturellement misogynes et de fait, et pourtant ce n’est pas plus grave que cela. Quand nous parlons ou agissons d’une certaine manière.

Comment la misogynie se traduit-elle pour le commun des mortelles ?

Contempler les formes d’une passante tel une vulgaire peinture;

Imaginer l’acte sexuelle avec une femme qu’on trouve attirante;

Appeler une femme de loin avec des onomatopées;

Traiter les femmes différemment des hommes, même dans un contexte professionnel;

Détester les femmes indépendantes, les féministes…;

Aimer contrôler les femmes;

Tromper sa compagne;

Disparaître d’une relation sans y mettre fin pour aller tenter autre chose. Et peut-être revenir à tout moment pour revendiquer une place…;

Notons que tous ces comportements peuvent bel et bien être inconsciente. Et il est très rare de trouver tous ces comportements chez un individu. À l’opposé, il est quasi impossible de ne trouver aucun de ces comportements chez un homme.

Sommes-nous tous misogyne ?

Si nous nous limitons à la simple définition du mot et au profil psychologique de certains spécialistes de la question , la réponse est : oui, nous le sommes tous.

Eh oui. Que l’homme qui n’a jamais contemplé en silence et en imaginant des choses « les belles formes d’une femme» lance la première pierre (5 minutes plus tard). Je pense qu’on risque de tous se taire à jamais.

Mais nous n’irons certainement pas tous aussi loin que DSK ?

Y-a-t-il des degrés de misogynie ?

Certainement ! Et je considère l’avis de la femme comme le parfait indicateur. J’ai essayé de décortiquer quelques codes de langages assez féminins et révélateurs du niveau de misogynie (oui je sais que je vais loin). Je vous les cite du plus faible niveau au plus fort (non exhaustif) : « il est maladroit », « il force », « il est lourd », « il est gênant », « il est chiant », « c’est un taré », « c’est du harcèlement » …

Au fait, comment les femmes vivent la misogynie ?

La réponse logique est : « très mal ». Mais non. Après avoir creusé un peu, on peut se rendre compte que ce n’est pas toujours le cas. Car la misogynie chez les hommes peut être justifiée par plusieurs facteurs comme la culture, la religion… (ceci est un sujet). De la même manière, chez la femme, l’acceptation, ou mieux, la normalité d’actes jugés misogyne peut-être une chose banale. Si nous suivons cette logique jusqu’au bout, cela reviendrait à dire que les femmes qui cautionnent inconsciemment la misogynie sont animées par les mêmes facteurs que les hommes misogynes.

Autre hypothèse : et si les femmes aimaient les misogynes ? Eh oui ! Face à un homme misogyne, la femme peut se sentir désirée (charnellement). Ce qui est très important pour beaucoup de demoiselles. Par ailleurs, la virilité n’est pas franchement un défaut chez un homme. Et cette même virilité peut se confondre avec le fait d’être macho et dans des cas extrême misogyne. Mieux, beaucoup de femmes veulent se sentir dominer par leurs hommes. Toutes ces filles qui surnomment leurs apprentis gentlemen « Semeu Yambar Bi *» parce qu’elles le trouvent trop doux.  Ne sont-elles pas toutes un peu masos ?

Comment un homme peut-il échapper à la misogynie ?

Ça va faire cliché. Mais en considérant chaque femme comme sa potentielle mère ou sa sœur, aucun homme ne se réjouirait à l’idée de savoir que cette dernière a été méprisée par une tierce personne.

La preuve en est qu’aucun homme ne supporte qu’on fasse, en sa présence, des commentaires sur le physique de sa sœur par exemple. Quand bien même que cet homme fait des commentaires sur le physique de la femme d’autrui.

Tout homme doit repenser sa relation avec la femme, avec le couple, avec les échecs. La frustration qui peut découler d’une relation amoureuse ne doit en aucun cas représenter un facteur bloquant, poussant à reporter sa colère sur toutes les femmes en disant : “elles sont toutes les mêmes”. Non, toutes les femmes ne sont pas les mêmes. Sauf si l’on pense que sa mère à soi fait partie de ce carcan.

Le fait que par malchance tu sois tombé sur une fille ”Tordue” ne fait pas de toutes les filles des personnes des “tordues”.

Comment une femme doit se comporter pour échapper aux actes misogynes ?

Pour moi, toute femme a sa part de responsabilité quand elle subit un acte misogyne (si c’est une gamine, la responsabilité incombe à ses parents évidemment).

Je n’ai jamais vu dans la rue un homme lancé à une femme voilée « Nékhe Ngeu Dé *». Je dis ça je ne dis rien :). Mais surtout je ne dis pas que toutes les femmes ne désirant pas devenir la cible d’attaques misogynes doivent se voiler la tête. Mais plutôt qu’elles doivent se munir d’attitudes de voilées et du dress code : « je suis la pudeur en personne ». Mais oui, les hommes sont facilement intimidés face à une femme qui ne porte pas une tenue moulante, qui n’est aucunement provocateur. Et j’en passe.

Cela reviendrait peut-être à rejoindre l’avis du professeur Songué Diouf, accusé de faire l’apologie du viol (un vrai gros mot) sur la question, en présentant la part de responsabilité de la victime. Une femme sui ne travaille pas son sexappeal est une femme qui a moins de chance d’être victime de ces actes, qu’une « koba ».

De facto, jamais je n’ai lu dans la rubrique faits-divers le viol sur une femme en burqa, jamais. Ça peut paraitre bête mais c’est un fait. Les femmes voilées en générale se font moins abordées dans la rue ou tout au plus cela se fait avec beaucoup plus de respect et d’égard.

 

Pourquoi les hommes sont-ils misogynes (Terminons par le commencement) ?

Au cours de cette recherche, j’ai identifié plusieurs facteurs explicatifs.

  • La culture : à la barre des accusés, on invoque un discours banalisant voir normalisant des actes déplacés envers la femme. Que ce soit au café du coin, dans la rue, dans le discours d’un politique ; on peut toujours sentir que la femme n’est pas l’égal de l’homme. Nul besoin de faire tout un topo à un sénégalais lambda, pour lui expliquer à quel point il est supérieur à la femme. Indirectement, on lui a toujours montré un certain manque de respect envers la femme. Et cela va commencer par les commentaires des grands du quartier ou les violences de son père envers sa maman.
  • La religion : l’islam, le christianisme et le judaïsme sont toute remise en cause. Et certains passages de textes sacrés prêtent à confusion et suscitent des polémiques. Et comme toujours, dans ces cas de figure, les puristes interprètent selon ce qui les arrangent. Ainsi, beaucoup d’actes misogynes se voient justifier par la religion.

Par exemple : L’homme juif remercie Dieu de ne pas avoir fait de lui une femme au cours de certaines de ses prières. Cela se passe de commentaire ! Cependant, le judaïsme s’oppose conceptuellement à la fracture homme / femme.

Tous les textes sacrés comportent en leur sein des passages sur le rôle de la femme ou le droit de l’homme sur la femme, qui servent certainement d’argument à ceux qui soutiennent que les religions encouragent la misogynie.

  •  La musique : la musique nous influence très fortement. Elle définit un peu qui nous sommes. Souvent une ou des histoires nous sont racontées dans un morceau de musique. Et le narrateur est souvent idolâtré. Raison pour laquelle, quand un adolescent écoute en boucle « Macarena » de Damso, on ne doit pas s’offusquer qu’il veuille avoir sa « Sabrina » en la traitant avec autant de respect que son idole, c’est-à-dire zéro.
  • Le vécu : comme expliqué tantôt, la frustration découlant de rupture douloureuse, de trahison peut bel et bien pousser un homme à cultiver un déni d’une bonté chez la femme. Comme le dit le proverbe “c’est le méchant qui pousse l’autre à devenir méchant”.

En définitive, sachez que vous ne trouverez aucun misogyne qui soit dans l’auto acceptation. Même les violeurs auront tendance à nier la réalité des faits.

Le fait est que les actes misogynes peuvent être liés aux pulsions causées par le cocktail libido et frustration.

En effet, beaucoup d’hommes entretiennent un rapport difficile avec le sexe opposé. Et pour cause : des râteaux, des trahisons, des moqueries…

De ce fait, on peut penser qu’on ne naît pas misogyne. On le devient. Peut-être…

Amadou Baba NDIAYE

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