Cheikh Oumar Sy, initiateur du Collectif citoyen des usagers de l’autoroute à péage (CCUAP), a fait des révélations inédites sur l’autoroute à péage Dakar Diamniadio. “Le Conseil des investissements avait donné avis défavorable contre Eiffage pour la concession du péage Diamniadio-Aibd”, révèle-t-il à Grand Jury de la Rfm, ce dimanche. Mais les membres du Conseil ont été dissuadés par la Présidence pour une question de timing.”

Pis, révèle l’ancien député, aussitôt après, le chef de l’État (Abdoulaye Wade) a dissout le Conseil des investissements.

Sur les tarifs du péage, Cheikh Oumar Sy parle d’une véritable arnaque qui entoure le projet. “L’autoroute à péage Patte D’Oie-Pikine-Diamniadio est un financement public de 140 milliards dont  61 milliards de francs Cfa d’Eiffage. Les 20 km nous ont couté 7 milliards alors qu’en Tunisie, sur 230 km, le prix revient à 1,9 milliard. Au Maroc, les 20 Km d’autoroute, c’est à 2 milliards”, compare l’invité du Grand jury.

Sy en déduit que l’argent mobilisé par l’État du Sénégal, à savoir les 87 milliards sur les 140 milliards, aurait donc suffi pour construire intégralement l’autoroute de Dakar à Diamniadio. Il signale que les 3,4 milliards pour la construction de l’autoroute à péage Ila  Touba coûte moins cher que  celle de Dakar Diamniadio. Idem pour l’autoroute Dakar-Vdn-Saint-Louis qui coute moins cher, 2 à 3 milliards.

Cheikh Oumar Sy est d’avis que l’infrastructure routière résulte d’un montage frauduleux de l’entreprise française. “Eiffage n’a seulement rien donné mais la société est en train de récupérer des milliards de francs Cfa grâce à cette concession de 30 ans. L’Etat doit publier le contrat, c’est une question de transparence”, réclame l’ancien député.

Après le collectif contre les Abus de l’autoroute à péage qui a décidé de porter plainte contre Eiffage, le mouvement “France dégage” est monté au créneau.

Guy Marius Sagna et ses camarades appellent à une journée de boycott, le samedi 12 mai à partir de 15 heures. Les manifestants, qui demandent, “l’occupation et le boycott de l’autoroute à péage” réclament, “la sécurisation et la réduction des tarifs”. Leur slogan : ” Nous ne voulons pas être les prochaines”, “Nous ne voulons pas que vous soyez les prochaines”, ont-ils inscrit sur leurs affiches, en prélude à cette journée.

Le décès de Papis Mballo de Gelongal survenu sur l’autoroute à péage, dans la nuit du vendredi 4 mai, a suscité la vague de colère.

Le Collectif citoyen des usagers de l’autoroute à péage (Ccuap) ne perd pas de temps. Cheikhou Oumar Sy et Cheikh Tidiane Dièye viennent de déposer à la Présidence une lettre adressée à Macky Sall. Ils demandent au chef de l’État “de publier le contrat avec Senac Sa et d’exiger la baisse des tarifs et la sécurisation de l’autoroute”.

Le Collectif a été crée après la mort par accident de Papis de Gelongal sur l’autoroute à péage.

S’exprimant hier lors de la cérémonie solennelle de levée de couleurs au palais de la République, le président Macky Sall a présenté les condoléances de la nation à la famille de Papis Gelongal et au monde de la Culture, suite au décès du susnommé des suites d’une collision mortelle avec… un troupeau de bovins, survenu samedi dernier sur l’autoroute à péage. Regrettant qu’un tel drame puisse subvenir sous nos tropiques, Macky Sall a enfin cédé à la clameur populaire qui réclame que ladite infrastructure routière soit davantage sécurisée, et que les tarifs jugés exorbitants pratiqués sur cet axe soient revus à la baisse. Dans cette perspective, il a “tapé” du poing sur la table pour que des réajustements sécuritaire et tarifaire soient exécutés dans les plus brefs délais.

“Nous sommes interpelés sur la nécessité absolue de sécuriser le parcours de l’autoroute à péage Des grillages ont été faits pour assurer l’étanchéité de la voie. Il faut absolument que cela soit le cas.  Il n’est pas possible de laisser des animaux transpercer le dispositif de sécurité. J’engage le gouvernement à prendre toutes les dispositions pour que pareils accidents ne puissent se reproduire sur l’autoroute à péage” assure Macky Sall.  Dans la même veine, il a engagé ses collaborateurs «à hâter le pas sur la révision de la concession de l’autoroute et la nécessité de révision des tarifs de l’autoroute à péage». Des mesures salutaires certes, mais qui auraient à priori du être prises depuis belle lurette. D’autant plus que le prix de sang a déjà été versé auparavant, dans des conditions similaires, sur l’autoroute à péage.

“Une farce tranquille”

Les mêmes causes n’ont fait que produire les mêmes effets avec le rappel tragique du lead vocal du groupe Gelongal qui aura au moins eu le mérite s’il en est de pousser le président de la République à recadrer ne serait ce qu’un tant soit peu la Société Eiffage de la Nouvelle Autoroute Concédée (Senac) qui, toutes proportions gardées, indique que la question de l’éclairage de toute l’autoroute n’est pas une obligation. Mais puisque des éléments extérieurs, notamment la divagation des animaux et les agressions, sont en train de mettre en danger la vie des automobilistes, des discussions sont en cours pour éclairer la partie de l’autoroute à péage qui ne l’est pas encore.

«C’est un problème qui sera réglé à plus ou moins brève échéance. Cependant, il faut préciser que la partie urbaine est éclairée jusqu’à Thiaroye car elle est très fréquentée et il y a une forte densité de population» assure Eiffage. De quoi se demander si certaines formes de gestion ne sont pas des symptômes qui se prennent pour des remèdes. Car lorsque l’existence de certains problèmes est plus évidente que celle du nez au milieu de la figure, et  lorsque leur apporter des solutions est plus facile qu’avaler un verre d’eau d’un trait, ne pas les prendre à bras le corps en amont, avant le drame, relève quasiment du crime… contre la Nation.

Papis de Gelongal est mort ce matin dans un accident survenu sur l’autoroute à péage. Il revenait de l’aéroport de Diass avec son frère Moussa, en provenance de Milan, et un collègue de travail.

Il a perdu le contrôle de la voiture après qu’il est tombé sur des vaches au milieu de la route dépourvue d’éclairage.

La voiture a fini dans le décor, après avoir fait plusieurs tonneaux. Papis est mort sur le coup, selon Moussa, qui a témoigné sur la Rfm.

Les usagers de l’autoroute à péage risquent d’accueillir très mal la décision du concessionnaire Eiffage d’imposer le rechargement d’au moins 5000 francs sur la carte “Rapido” pour pouvoir emprunter une des voies “rapides” de l’autoroute à péage.

“À partir de ce jour, entre en vigueur l’arrêté 21918 du 13 décembre 2017, portant règlement de police et d’exploitation de l’autoroute à péage”.

Une mesure qui n’épargne pas les camionneurs : pour toute surcharge à l’essieu supérieure aux 11,5 tonnes autorisées, un surcoût de 100 000 FCFA par tonne et par essieu lui sera appliqué. Finies les remorques par corde, chaîne ou barre de fer. Elles seront désormais strictement interdites sur l’autoroute, précise la source qui entrevoit déjà des grognes chez les automobilistes.

Tout d’abord, après l’arnaque de ses coûts abusifs et prohibitifs au regard des tarifs pratiqués dans d’autres pays sur des tronçons d’une distance bien plus importante que ce péage symbolique, la société “concessionnaire” s’arroge la prérogative exclusivement dévolue à l’Etat dans les pays organisés, de déterminer une sanction pour une incrimination de passage abusif en cas d’incursion dans les voies automatiques sans badge Rapido ou avec un badge sans crédit suffisant.

Le tarif de 5000 Fcfa appliqué est bien en l’occurrence une sanction pécuniaire qui revêt le caractère d’une peine d’amende infligée par un promoteur privé par ailleurs peu soucieux de la qualité des services rendus (portiques et éclairages en panne perpétuelle), alors qu’en vertu du principe de légalité le pouvoir d’incrimination est en principe reconnu de manière exclusive à l’Etat et à certains de ses démembrements.

En la matière EIFFAGE ne fait que pousser le bouchon un peu plus loin, après le scandale des tarifs (15.000 Fcfa au moins) appliqués en cas d’assistance à un véhicule en détresse sur le péage, face à l’indifférence d’un Etat qui a démissionné de ces prérogatives et qui ne fait aucun effort pour rappeler EIFFAGE à l’ordre et faire mine de défendre des citoyens déjà suffisamment accablés par la pauvreté et la précarité.

La deuxième mesure, aussi saugrenue qu’arbitraire, porte sur l’obligation faite aux usagers engagés dans les voies manuelles d’opérer des recharges minimales d’un montant de 5000 Fcfa et de manière générale les rechargements ne sont acceptés que relativement à des montants multiples de 5000 Fcfa.

Il n’en faut pas plus pour démontrer le manque de respect dans lequel cette entreprise prédatrice tient les citoyens sénégalais, et particulièrement les autorités étatiques dont la responsabilité est gravement interpellée par les forfaitures de l’Entreprise EIFFAGE, bénéficiaire d’une concession pour un ouvrage financé en grande partie par l’effort collectif des citoyens et consommateurs sénégalais.

Médoune Dramé, usager domicilié à MBAO