Boubacar Camara – Actunet.net https://actunet.net Les dessous de l'actualité Thu, 07 Mar 2024 18:54:37 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.2.5 https://actunet.net/wp-content/uploads/2017/08/cropped-actunet_logo_01-300x90-1-32x32.png Boubacar Camara – Actunet.net https://actunet.net 32 32 69362583 Boubacar Camara : “malgré les imperfections, il faut aller aux élections” https://actunet.net/actualite/boubacar-camara-malgre-les-imperfections-il-faut-aller-aux-elections/ https://actunet.net/actualite/boubacar-camara-malgre-les-imperfections-il-faut-aller-aux-elections/#respond Thu, 07 Mar 2024 18:54:37 +0000 https://actunet.net/?p=221227 C’était l’un des premiers a parlé d’un report de l’élection, l’ancien directeur général des douane Boubacar Camara. Invité de l’émission Midikeng de pressafrik TV, le candidat à l’élection présidentielle s’est prononcé sur la tenue de l’élection présidentielle. Abordant la nouvelle date de l’élection présidentielle, monsieur Camara reste catégorique. Pour l’ancien soldat de l’économie, il ne […]]]>
C’était l’un des premiers a parlé d’un report de l’élection, l’ancien directeur général des douane Boubacar Camara. Invité de l’émission Midikeng de pressafrik TV, le candidat à l’élection présidentielle s’est prononcé sur la tenue de l’élection présidentielle.
Abordant la nouvelle date de l’élection présidentielle, monsieur Camara reste catégorique. Pour l’ancien soldat de l’économie, il ne fait l’ombre d’aucun doute. Ce qui s’impose en ce moment, la tenue du scrutin. “Le bissap est tiré, il faut le boire. A l’heure où sommes , il faut qu’il y ait une élection parce que c’est un impératif dans un Etat de droit. Sinon, nous nous dirigeons vers un recul démocratique. Malgré les imperfections, il faut aller aux élections. C’est pourquoi nous avons accepté tous les sacrifices pour un Etat de droit” s’est résigné l’ancien directeur général des douanes.
A la question si l’on aura une élection inclusive, l’ancien directeur général des douanes de répondre, ” on ne peut plus parler d’une élection inclusive. C’est raté. Puisque des gens lésés et sur ce, on ne peut plus revenir en arrière. Certains ont subi de véritables injustices parce que spoliés. On ne peut venir avec une clé dans laquelle, il y a tous tes parrains et qu’on te dise la clé n’est pas fonctionnelle. Le cas Karim Wade également est édifiant, puisqu’au moment où il est accusé de parjure, il avait déjà renoncé à sa nationalité française”.
Toujours sur le même sujet, monsieur Camara est revenu tant soit peut sur le cas Sonko. Qui, selon lui, est le premier acte de renoncement à une élection inclusive. “Sur le cas Ousmane Sonko, je me suis toujours battu pour ses droits. C’est quelqu’un à qui on a causé un tort. Il a été accusé de tous les noms et de n’importe quoi” a-t-il fait savoir.
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Situation politique – Boubacar Camara parle d’incendie suspendu… https://actunet.net/actualite/situation-politique-boubacar-camara-parle-dincendie-suspendu/ https://actunet.net/actualite/situation-politique-boubacar-camara-parle-dincendie-suspendu/#respond Fri, 03 Feb 2023 23:27:51 +0000 https://actunet.net/?p=201092 Le 13 février 2021, alors que les premiers soubresauts consécutifs à la convocation de l’Honorable député Ousmane Sonko étaient enregistrés, j’avais fait le choix d’adresser une lettre ouverte à Monsieur le Président de la République du Sénégal, Macky Sall. Deux ans après, je suis au regret de constater que cette missive conserve toute son actualité. […]]]>

Le 13 février 2021, alors que les premiers soubresauts consécutifs à la convocation de l’Honorable député Ousmane Sonko étaient enregistrés, j’avais fait le choix d’adresser une lettre ouverte à Monsieur le Président de la République du Sénégal, Macky Sall.

Deux ans après, je suis au regret de constater que cette missive conserve toute son actualité. Mieux, les craintes que j’y exprimais se sont avérées et cristallisées.  En effet, dans cette Lettre, je décrivais le contexte d’un Sénégal fragile en ces termes : «les vents forts agitent l’océan. Et notre barque tangue. Il faut écoper. Il faut calmer les esprits. Nous avons tous besoin de sérénité».

Aujourd’hui, l’incendie est suspendu à l’étincelle.

J’y affirmais en substance, en parlant de l’accusation de viol portée contre M. Sonko, que «cette affaire est truffée d’épaisses zones d’ombres avec un niveau d’implication politique et un amateurisme qui dépassent l’entendement. Les faits intrigants devraient plutôt nous inciter tous à la prudence».

Au lieu de la prudence, c’est l’escalade.

Au lieu d’un dossier, nous en sommes à trois dont les liens sont manifestes.

Un dossier sur des faits allégués et consignés dans une plainte formelle d’un citoyen accusant l’État du Sénégal de complot ;

Un dossier sur des faits allégués et consignés dans une plainte formelle d’une citoyenne accusant un autre citoyen de viol sous menace armée et réclamant justice ;

Un dossier sur les responsabilités à situer et les éventuelles réparations des préjudices à la suite de la perte de la vie de citoyens au cours ou en marge de manifestations consécutives à la présentation du second dossier en justice.

Aujourd’hui, en s’acheminant vers le traitement des dossiers sans que soit vidé l’accusation de complot porté contre lui, l’État ouvre la porte à une résistance légitime d’Ousmane Sonko.

En effet, poussé à bout pendant deux longues années pendant lesquelles M. Sonko s’est défendu avec courage et a attaqué, il a clairement montré qu’il ne se laissera pas sacrifier dans un dossier qu’il juge biaisé, sous quelque prétexte que ce soit. C’est tout à son honneur.

Défiés, les tenants du pouvoir sont également déterminés à recourir à tous les moyens pour ne pas apparaître comme un État faible et sauvegarder la tranquillité publique, c’est leur devoir.

Mais tout le monde sait parfaitement que lorsque la neutralité d’un instrument aussi puissant que l’État est mise en doute, à tort ou à raison, le risque d’instabilité est aggravé et plus foudroyant pour un pays que les conséquences des agissements personnels les plus répréhensibles de n’importe quel citoyen.

Aujourd’hui, les deux camps n’ont pas hésité à faire feu de tout bois : des familles ont été divisées, des liens brisés, des bornes dépassées.

Dans ce contexte, je suis persuadé que ces trois dossiers ne peuvent pas être vidés correctement dans le respect du temps de la justice, avec la mise en œuvre de toutes les voies de recours d’ici à l’élection présidentielle dont le processus est déjà déclenché. C’est d’une évidence incontestable.

Je suis convaincu qu’il faut en tirer les conséquences et trouver des solutions consensuelles avec l’aide des parties concernées et des bonnes volontés afin de garantir la paix et la stabilité en évitant d’ajouter à l’inévitable tension politique en période électorale, une autre source d’instabilité tout à fait évitable.

Ne nous voilons pas la face ! Nous avons vécu dans la douleur le traitement humiliant infligé à des citoyens opposés au régime actuel dans des conditions où il est difficile de nous convaincre que tout s’est passé normalement et que la tournure prise par les dossiers judiciaires n’a rien à voir avec les suspicions d’un acharnement. L’État doit donc franchir le premier pas en prouvant son innocence. Le reste suivra tout naturellement. C’est à la justice d’en décider en toute responsabilité et au nom exclusif du peuple.

J’avais bien alerté dans ma lettre de février 2021 en ces termes : «Ils vous entraînent dans une voie sans issue et aux conséquences incalculables pour la stabilité de notre pays. N’ouvrez pas la boîte de Pandore !».

Aujourd’hui, par la force des choses, toute la responsabilité de la paix et la sérénité au Sénégal repose sur le Président Macky Sall. Il lui est encore possible de laisser parler son «âme de bon chevalier» qui a prévalu, dans certaines circonstances. Il a su faire preuve d’une dignité caractéristique du «sang du Sine» que nous partageons, quand il a été poussé dans ses derniers retranchements. Je l’imagine se battre jusqu’au dernier souffle s’il était à la place de Ousmane Sonko. Pour une tentative d’humiliation moindre, il est sorti de ses gonds, avec fierté.

Le Sénégal a besoin d’un Macky Sall capable de dépassement et en mesure de renoncer à la force de l’État contre un adversaire politique en partant de l’hypothèse qu’il en a vécu les affres. J’ai encore l’espoir que le Macky Sall souhaité se cache derrière l’image qui nous est servie.

Aujourd’hui, ce qui est fait est fait. Même le souvenir de la douleur est une peine. J’en suis conscient. Il est donc essentiel de se mettre dans les dispositions d’un dépassement. La vie est ainsi faite et chacun doit lâcher du lest pour rendre possible cette aspiration collective du pays, des investisseurs, des entreprises, des ménages, des acteurs politiques et des gouvernants, à la paix et à la sérénité. Concentrons-nous sur ces défis majeurs, dans un élan de concorde civile, chacun selon ses convictions.

Il ne sert à rien de brandir des projets de vengeance contre Macky Sall. Il ne sert à rien, non plus, d’opter pour la répression et le recours à la force coercitive de l’État pour faire plier des citoyens qui se sentent persécutés.

L’objectif de réaliser le développement économique et social de notre pays dans la paix, dont chacun d’entre nous se préoccupe, est incompatible avec l’instabilité politique et sociale dont on ne sait jamais quelle ampleur et quelle durée elle aura.

Les épreuves personnelles, craintes, calculs et espérances des leaders politiques ne changeront en rien les aspirations légitimes du peuple sénégalais, maintes fois bafouées, et qui attendent d’être satisfaites par ceux qui prétendent leur apporter des solutions.  Nous n’avons pas de choix.

Boubacar CAMARA

Citoyen africain du Sénégal

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L’épreuve du miroir : qui pour redresser le Sénégal ?(Boubacar Camara) https://actunet.net/politique/lepreuve-du-miroir-qui-pour-redresser-le-senegal-boubacar-camara/ https://actunet.net/politique/lepreuve-du-miroir-qui-pour-redresser-le-senegal-boubacar-camara/#respond Wed, 24 Aug 2022 02:17:51 +0000 https://actunet.net/?p=190177 L’épreuve du miroir Dans une série d’articles regroupés sous le thème : « L’épreuve du miroir », je livre mon point de vue sur la situation politique du pays. J’ai déjà publié mon analyse de la nouvelle configuration de l’Assemblée nationale et ses conséquences (De grâce, ne ratons pas ce virage !). Suivront, entre autres, […]]]>

L’épreuve du miroir

Dans une série d’articles regroupés sous le thème : « L’épreuve du miroir », je livre mon point de vue sur la situation politique du pays. J’ai déjà publié mon analyse de la nouvelle configuration de l’Assemblée nationale et ses conséquences (De grâce, ne ratons pas ce virage !). Suivront, entre autres, le présent article : « Qui pour redresser le Sénégal ? », les prochaines publications : « Quelle équipe pour faire plus et mieux ? », « Quel programme pour construire le futur ? », « Comment changer de cap ? ».
« L’épreuve du miroir » est une redoutable épreuve à laquelle j’invite les candidats qui ont la prétention ou l’ambition de diriger le Sénégal. En quoi cela consiste-t-il ? Il s’agit, pour chacun de nous, de se regarder dans le miroir, de scruter son propre parcours et de répondre en âme et conscience aux questions légitimes que se posent les électeurs pour le choix du futur Président de la République ? Qui sommes-nous réellement ? Cette démarche est un préalable à la constitution d’une équipe et la formulation d’une offre programmatique pour un redressement durable de notre pays.
Par ailleurs, fort de mon expérience dans les arcanes de l’administration et dans les dédales de la vie politique, j’ai consigné de succulents souvenirs que je mettrai à la disposition du public sous forme de récits sous le titre : « Les chroniques de Baye Ciré ». Je tente d’y décrire la face cachée des attitudes et comportements invraisemblables à travers des scènes cocasses observées dans le landerneau politique et dans la vie quotidienne, pour rendre plus reluisant le miroir.

Qui pour redresser le Sénégal ?

Entendons-nous bien ! Il ne s’agit pas de faire de la « météo » en identifiant la personne idéale pour être élu Président de la République du Sénégal en 2024. Je ne crois pas au messie politique.
Ma préoccupation est de savoir si ceux qui veulent diriger notre pays, le doivent, raisonnablement.
Entendons-nous bien ! Même si on constate une certaine disette de grands leaders politiquement engagés et crédibles, le Sénégal regorge d’hommes et de femmes, vertueux et compétents (Mandu te Xarañ), en mesure d’éviter à notre pays de tomber dans l’abîme de l’éternel recommencement, capables de faire renaître l’espoir et de mettre définitivement notre pays sur les rails du développement. Dans toutes les formations politiques et en dehors, on compte des Sénégalais sérieux et engagés pour l’intérêt exclusif du Sénégal. Le monopole de l’engagement pour le Sénégal est une vue de l’esprit.
Venons-en à la brulante question.

Ces prétendants qui veulent diriger notre pays, le doivent-ils ?

Je suis convaincu que beaucoup de Sénégalais n’acceptent plus de se laisser berner par des slogans du genre « Tout sauf X » ou autres caricatures. Les Sénégalais veulent savoir à qui confier les rênes du pays et se donner les moyens de le contrôler, d’évaluer objectivement ses actions et de le sanctionner efficacement par le biais de corps de contrôle bien outillés, d’une Assemblée nationale impartiale et d’une justice indépendante.
L’heure des « dues diligences », a sonné ! Les vérifications préalables consistant à « allumer les torches » pour éclairer le chemin déjà parcouru par les prétendants afin de déceler les signes précurseurs de leurs potentielles dérives, constituent une première étape indispensable. Qui sont-ils vraiment ? Comment réfléchissent-ils ? Traînent-ils des complexes ? Quel est leur positionnement sur le panafricanisme et l’industrialisation de l’Afrique à partir de ses ressources naturelles ? Sont-ils moralement solides ? C’est l’épreuve du miroir.
Les candidats doivent d’abord se regarder dans le miroir, scruter et ressasser leur passé, dérouler le film de leur implication dans la marche du pays, se poser les vraies questions de conscience, y apporter les réponses idoines et en tirer les conséquences.
Cette démarche est largement justifiée car lorsqu’on a la prétention de diriger un pays ou de faire partie de ceux qui décident à la place de tous, on doit assurément réunir des conditions optimales pour rassurer les gouvernés. C’est le premier pas vers la légitimité.
Les candidats apporteraient alors les réponses aux multiples interrogations dont celles-ci : qu’ont-ils donc fait pour l’intérêt général ? Ont-ils fait preuve de véritables convictions politiques ? Ont-ils participé au pillage économique du pays ? Ont-ils été impliqués dans des compromissions qu’ils n’aimeraient pas voir étaler en public ? Ont-ils diffusé la corruption sur la terre ? Ont-ils fait preuve de manque d’éthique et de transparence ? Ont-ils des dossiers compromettants qu’ils cachent ? Sont-ils en règle avec les institutions ? Méritent-ils la confiance de leurs concitoyens ? Est-il indiqué de leur confier les biens, la parole et les symboles de notre pays ? Ont-ils gravement manqué à la bonne conduite sociale ? Ont-ils menti au peuple ? Ont-ils fait preuve de compétence dans un domaine important pour la marche du pays ?
Si tous nos candidats ont le courage de répondre à ces interrogations, à la satisfaction de l’auditoire, ils auront réussi à « l’épreuve du miroir ».
Une réponse honnête, en âme et conscience, est une exigence. Le contraire est gros de risques car, comme le dit si bien l’adage sénégalais «Jataay bu neexee dafa am ku xam lumu waxul»(C’est le silence protecteur d’un sachant sur les travers de ses interlocuteurs qui garantit la sérénité d’une rencontre).
Pour la bonne gouverne de tous, je me permets de fournir quelques indications sur la gravité de certains faits constituant des motifs suffisants de disqualification ou d’auto-éviction.
Peut-on raisonnablement admettre que des leaders politiques qui prétendent accéder à la magistrature suprême se transforment en dealers et signent des accords secrets avec le pouvoir pour sauvegarder leur survie politique ?
Peut-on raisonnablement admettre que des leaders politiques sérieux entretiennent une duplicité en mangeant à tous les râteliers ou en s’adonnant à des transactions contraires à la loi, de surcroît en complicité avec les tenants du pouvoir ?
Peut-on raisonnablement admettre que des leaders politiques sérieux se transforment en « agents spéciaux de renseignement » pour rendre compte des faits et gestes de leurs « camarades », dresser des pièges et autres stratagèmes contre eux au point de former des blocs « anti-X » ou « anti Y « ?
Peut-on raisonnablement admettre que des leaders politiques détournent des fonds politiques pour leur usage personnel, recourent aux faux documents pour collecter des fonds politiques, réclament des milliards en échange de leur virulence, leur retour aux affaires ou dans le jeu politique, par le biais d’intermédiaires insoupçonnés ?
Peut-on raisonnablement admettre que des leaders politiques nous montrent un autre visage parce que leurs exigences n’ont pas été satisfaites ou ils ont décidé de rompre leur deal ?
Peut-on raisonnablement admettre que des leaders politiques changent de camp pour de l’argent ou des postes ?
Peut-être pensent-ils ou sont-ils convaincus que le secret de leur forfait bien gardé les protège ? Si c’est le cas, ils se trompent lourdement. Celui qui se croit à l’abri des regards alors que c’est le contraire, se rend encore plus ridicule. La politique de l’autruche n’a jamais prospéré !
Je ferai ma part dans l’assainissement des moeurs politiques en espérant que cet avertissement suffira pour dissuader certains prétendants qui planifient de lever la main et dont, pourtant, la seule option restante est de baisser le doigt déjà trop agité.

Boubacar CAMARA Kamâh
Août 2022

Prochain article :
L’épreuve du miroir
Quelle équipe pour faire plus et mieux ?

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Au lendemain des élections législatives du 31 juillet 2022 : De grâce, ne ratons pas ce virage ! (Boubacar Camara) https://actunet.net/politique/au-lendemain-des-elections-legislatives-du-31-juillet-2022-de-grace-ne-ratons-pas-ce-virage%e2%80%af-boubacar-camara/ https://actunet.net/politique/au-lendemain-des-elections-legislatives-du-31-juillet-2022-de-grace-ne-ratons-pas-ce-virage%e2%80%af-boubacar-camara/#respond Tue, 16 Aug 2022 00:39:16 +0000 https://actunet.net/?p=189997 Les résultats des élections législatives du 31 juillet 2022 rendent compte d’un changement historique avec la percée de l’opposition. J’adresse mes vives félicitations aux coalitions YEWWI ASKAN WI et WALLU SENEGAAL pour ces résultats et surtout pour avoir fait preuve de pragmatisme politique et de dépassement en concluant l’alliance électorale dont je suis l’initiateur[1]. C’est […]]]>

Les résultats des élections législatives du 31 juillet 2022 rendent compte d’un changement historique avec la percée de l’opposition.

J’adresse mes vives félicitations aux coalitions YEWWI ASKAN WI et WALLU SENEGAAL pour ces résultats et surtout pour avoir fait preuve de pragmatisme politique et de dépassement en concluant l’alliance électorale dont je suis l’initiateur[1]. C’est toujours une fierté de voir une idée mûrie dans le secret de son cerveau prendre une forme vivante. Cette inter coalition mérite les acclamations de tout le peuple sénégalais pour avoir montré que, malgré les atteintes flagrantes à ses droits et libertés, les injustices subies, la répression féroce ayant entrainé des morts atroces, l’élimination de la liste des titulaires de YEWWI et les multiples diabolisations, le combat légitime pour obtenir la majorité à l’Assemblée nationale était juste et réalisable. Il me plaît de souligner le leadership, le courage et la mobilisation de Ousmane SONKO pour arriver au résultat obtenu.

Une mention spéciale doit être accordée à la Coalition GËM sa BOPP, injustement éliminée de la course. Malgré cette mise à l’écart, dans une cohérence et avec une mobilisation qui forcent le respect, elle a constitué un soutien de taille pour l’opposition. Il en est de même de la coalition AAR SENEGAAL dont la démarche innovante, le profil des leaders et l’offre programmatique crédible ont réussi à l’imposer sur la scène politique. Au décompte final, on assiste à une cuisante défaite de la coalition Bennoo Bokk Yaakaar (BBY) du pouvoir en place qui ne dispose plus d’une majorité absolue (moitié des députés plus un). Pour rattraper ce revers et tenter de « corriger » la volonté des électeurs, les tenants du pouvoir s’activent pour le ralliement des « députés ambulances » de la 9e liste[2]. Même si une demi-douzaine de députés confirmaient leur migration vers les prairies marron-beige et que les élus qui paniquent devant la pression de l’opinion et refusent de décrocher le téléphone après avoir encaissé les moyens de campagne et bénéficié de la facilitation pour le parrainage, franchissaient le pas, ces ralliements et les combinaisons futures au sein de l’Hémicycle ne changeraient en rien le fait constant que la majorité des électeurs est favorable au changement déjà clairement exprimé à travers le nombre total de suffrages exprimés, supérieur à celui collecté par le pouvoir en place.

Néanmoins, il se pose un vrai problème d’identification des camps des acteurs politiques. Sous le fallacieux prétexte de la liberté de choix, l’opposition est en train de devenir une rocade où se côtoient, dans la suspicion quotidienne, des acteurs politiques sincères et engagés avec de vrais projets de changement de gouvernance, des acteurs en attente de changement de camp, des signataires de protocoles ou accords secrets, des « bras extérieurs » du pouvoir et de ses alliés, des groupes qui s’opposent le jour et complotent contre l’opposition le soir autour du bol de couscous, des « agents spéciaux de renseignement » pour rendre compte des faits et gestes de leurs « camarades », dresser des pièges et autres stratagèmes contre eux, former des blocs « anti-X » ou « anti Y » et des frustrés dans leurs relations avec les tenants du pouvoir.

Les alliances tactiques dictées par certaines circonstances et pour certaines élections sont parfaitement fondées. Mais, elles ne doivent pas servir de prétexte pour justifier la constitution d’un nid de transhumance qu’il convient de briser définitivement par tous les moyens, y compris par une loi anti-transhumance bien pensée.

Il est temps que le champ politique soit clarifié et que ceux qui s’opposent au pouvoir le fasse sans s’asseoir entre deux chaises, chacun à sa façon, en conformité avec ses convictions et chaque candidat à l’élection présidentielle constituant son propre plan A, et ceux qui rejoignent ou renforcent le pouvoir en place, le fassent ouvertement. Les Sénégalais ont besoin de cohérence et de constance, de tout simplement comprendre.

L’autre leçon à tirer du succès de l’opposition est qu’elle aurait été plus nette si le schéma d’une liste unique à tous les niveaux (national et départemental) était retenu. Malheureusement, l’accord s’est limité au niveau départemental, chaque coalition conservant sa propre liste nationale. Cette présence simultanée de deux listes (YEWWI et WALLU) a entraîné une dispersion des votes sans laquelle l’inter coalition aurait devancé la liste de Benno Bokk Yaakaar (coalition du pouvoir) et remporté huit (8) sièges supplémentaires : les deux (2) du département de Louga, les quatre (4) de Mbour et les deux (2) de Bounkiling. Ainsi, on aurait 88 députés au lieu de 80 pour YEWWI-WALLU et 74 au lieu de 82 députés pour BBY.

Il était évidemment plus facile pour l’électeur de choisir l’unique liste présentée par la coalition YEWWI-WALLU et non de voter pour l’une des deux listes séparées, en faveur celle ayant investi les candidats dans le département, même si ce n’est pas la liste de sa coalition. En plus, il a manqué du temps pour une bonne communication autour de cette combinaison inédite. De plus, l’effet d’entraînement inévitable du vote utile renforcerait les suffrages obtenus pour la répartition des députés sur la liste nationale proportionnelle.

Finalement, en dehors de l’épisode de notre liste de Dakar qui a failli se noyer dans les sueurs froides de la piscine olympique, l’opposition s’est tirée deux balles dans les pieds. D’une part, elle a perdu huit (8) députés à cause de la dispersion des votes sur deux listes séparées, ratant ainsi l’occasion de détenir la majorité absolue, de prendre la présidence de l’Assemblée nationale avec toutes les prérogatives qui s’y attachent sans compter le positionnement décisif dans la gouvernance de l’Assemblée et d’imposer la cohabitation (n’en déplaise à ceux qui s’adonnent à un juridisme insipide !) au pouvoir en place qui aurait été contraint à la retraite anticipée et son chef à s’acquitter d’un minuscule calendrier dominé par des voyages internationaux pour vanter la démocratie sénégalaise et les dernières inaugurations avant les discours d’adieu, des « baalu aq » et autres remords.

D’autre part, l’opposition, notamment la coalition YEWWI ASKAN WI a raté l’occasion d’envoyer à l’Hémicycle des figures marquantes qui se sont battus vaillamment, à cause d’un mauvais remplacement d’une personne mineure. La façon dont le pouvoir a profité de cette erreur mineure qui aurait pu être régularisée montre qu’il avait bien compris l’enjeu,

 

L’opposition doit froidement admettre ces manquements aux graves conséquences et situer les responsabilités pour l’avenir. L’essentiel est que les leçons soient tirées de ces revers historiques que nous ne pouvons pas imputer au régime de Macky SALL, avec humilité et objectivité. Maintenant que nous avons raté la course avant le sifflet final, de grâce ne ratons pas le dernier virage !

La situation laisse un goût d’inachevé. Le pouvoir a perdu la majorité absolue et tente de se rattraper par le jeu de la transhumance tandis que l’opposition a perdu la cohabitation et doit se rattraper par une posture de chevalier dans sa dignité légendaire en hommage à nos anciens qui se sont battus pour la démocratie et la liberté et à la mémoire des morts pour la noble cause.

Dans tous les cas, le pouvoir panique car le ciel s’assombrit sur le projet d’une troisième candidature de Macky SALL. La porte de sortie lui a été clairement indiquée et la chaussée législative du tripatouillage de la Constitution se rétrécit et est devenue glissante.

Au regard des résultats des élections législatives, le Sénégal a l’opportunité d’apprendre par l’expérience, à vivre une situation inédite, à considérer, tout compte fait, comme entrant dans l’ordre normal des choses que le suffrage universel ait produit une Assemblée nationale équilibrée. Jouons tous la carte de l’apaisement et faisons maintenant de la vraie politique en confrontant nos idées et propositions, dans le respect réciproque de nos convictions.

Le pays a besoin de se mettre au travail dans la continuité de l’État et la stabilité. Le pouvoir en place a l’obligation d’accepter cette nouvelle configuration de l’Assemblée nationale. Le monde et surtout l’Afrique, nous regardent.

Aujourd’hui, il appartient au Président de la République de mettre en place un Gouvernement (Premier ministre et ministres), dont la fréquentation de l’Assemblée nationale ne doit pas être marquée par des heurts durables et fréquents au point d’installer un bras de fer entre les acteurs politiques, source de blocages persistants. C’est à ce prix que le Sénégal réussira à passer ce virage sensible en garantissant le fonctionnement correct des institutions. Mais tout indique que le Président Macky Sall optera pour un gouvernement de survie politique de son régime et ne ménagera aucun effort pour conserver le pouvoir, notamment en déposant directement sa candidature en 2024.

A bon entendeur, salut !

Bien évidemment, c’est le moment pour l’opposition disposant d’un projet alternatif de société crédible de se souder et de fixer d’ores et déjà les orientations conformes aux promesses faites aux électeurs et d’indiquer clairement au pouvoir que « rien ne sera plus comme avant » et qu’il faut mettre de l’ordre dans ce pays dont elle est actionnaire majoritaire.

Dans plusieurs domaines, les urgences se bousculent mais tout ne peut pas se conclure et avoir un effet immédiat et appréciable pour les populations en peu de temps. Qui trop embrase, mal éteint !

La nouvelle opposition parlementaire doit rapidement mettre sur la table sa vision en matière de défense des libertés publiques, de soutien aux personnes vulnérables particulièrement les enfants, les femmes et les personnes âgées, de transparence électorale, de protection de la société, notamment la jeunesse contre les travers sociaux, de promotion du secteur privé national, d’impartialité de la justice, de financement alternatif du développement à la place de l’endettement public excessif, de sauvegarde des ressources naturelles, d’équité territoriale, de gouvernance, de rationalisation des dépenses publiques et de priorisation adéquate des investissements.

Enfin, les élections législatives de 2022 ont mis à nu les obstacles artificiels à la libre participation qui pèsent sur le système électoral sénégalais à travers la caution, le parrainage et la parité. Il ne s’agit point de les supprimer. Il convient de les réformer dans une démarche consensuelle. En ce qui concerne la caution, il faut alléger les modalités de sa constitution (montant fixé par la loi, constitution par anticipation avec un système de provision sur une durée à déterminer, acceptation de toute forme de paiement sous réserve du contrôle de l’origine licite des fonds entre autres). Quant au parrainage, il doit être maintenu au moins pour l’élection présidentielle avec un changement fondamental consistant à accepter que tout électeur puisse parrainer au plus, trois candidats. Le système de contrôle du parrainage doit être transparent, doit associer les acteurs politiques au contrôle, être entièrement automatisé et validé en temps réel. Pour la parité, elle doit connaître une grande souplesse pour la régularisation en cas d’erreur dans la confection des listes jusqu’à la délivrance des bons à tirer du bulletin de vote qui doit désormais être un bulletin unique.

Deux réformes majeures sont également souhaitables pour faciliter l’inscription des primo votants et améliorer le contrôle effectué par la Commission électorale nationale autonome (CENA). Il s’agit d’une part de procéder automatiquement à l’inscription de tous les citoyens en âge de voter, de procéder aux radiations d’office pour ceux qui ont perdu leur droit et d’ouvrir une période de radiation volontaire pour les citoyens qui ne veulent pas exercer leur droit de vote dans la mesure où le vote n’est pas obligatoire au Sénégal.

Il s’agit, d’autre part, d’ouvrir la CENA aux représentants des partis, listes ou candidats dans la phase du recensement des procès-verbaux et de créer des commissions locales de dépouillement et de recensement des votes à la tête desquelles siègent des magistrats.

Pour terminer, on ne cessera pas de réclamer que l’organisation des élections soit placée sous la tutelle d’une autorité indépendante.

 

Boubacar CAMARA

Kamâh

Août 2022

 

 

 

[1] Cf ma proposition le Plan BUDDI : « Schéma d’investitures pour une opposition majoritaire à l’Assemblée nationale », avril 2022, 7 pages. Pour la petite histoire, l’accord entre les coalitions YEWWI ASKAN WI et WALLU SENEGAL n’est pas tombé du ciel. Devant les tentatives d’appropriation de ce plan, je suis dans l’obligation d’en revendiquer davantage la paternité et de publier le plan BUDDI, présenté et envoyé aux deux parties dès le début des discussions, en attendant d’en raconter l’histoire, les blocages, le dénouement et les succulentes anecdotes.

[2]  Voir mon interview au Quotidien « Bës-Bi Le Jour » du vendredi 22 juillet 2022 n°0192-ISSN. Les faits confirment bien l’existence de cette liste. Suivez mon regard….

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