Mal embarquée, l’Argentine devait absolument battre le Pérou, à domicile, pour augmenter ses chances de qualification au mondial 2018. Mais la Sélection Albiceleste n’a pu faire mieux qu’un nul vierge de 0-0, et se trouve du coup dans une situation très délicate.

Ce devait être une soirée de folie à la Bombonera, stade mythique de Boca Juniors, dont les fondations tremblaient sous l’effet de la joie des supporters. Femmes et enfants étaient même plutôt invités à rester à la maison pour cette histoire d’hommes qui allait se jouer entre l’Argentine et le Pérou, avant-dernier match des qualifications pour la Coupe du Monde 2018 dans la zone Amsud.

La Sélection Albiceleste, dos au mur, se devait de l’emporter pour prendre un peu d’air au classement. Mais voilà, la folie n’a pas eu lieu. Malgré un Lionel Messi très en jambes, l’Argentine a concédé le nul (0-0) face à de vaillants Péruviens, qui devancent les hommes de Sampaoli au classement (même nombre de points, même différence de buts mais meilleure attaque).

Dans les autres rencontres, après le nul du Brésil face à la Bolivie grâce aux exploits du gardien bolivien Carlos Lampe, le Chili s’est fait peur contre l’Equateur. Repris au score dans les dernières minutes, le double tenant du titre de la Copa America s’en est remis à Alexis Sanchez, buteur in extremis pour sceller une victoire 2-1.

Scénario tout aussi fou en Colombie. Falcao a donné l’avantage aux siens à la 79e minute, avant que le Paraguay égalise (89e, Cardozo) puis passe devant (90+2e, Sanabria) ! Le Venezuela et l’Uruguay ne se sont eux pas départagés (0-0).

Un classement incroyablement serré

A une journée de la fin des éliminatoires, voilà l’Argentine seulement 6e de son groupe et donc virtuellement non qualifiée pour la Coupe du Monde 2018 en Russie. Va-t-on voir un Mondial sans Messi ? Tout est encore possible. «Comment irons-nous au Mondial ?», s’interroge ainsi ce matin le quotidien argentin Olé.

Les différents scénarios laissent entrevoir une issue positive mais l’Argentine a tellement déçu depuis le début des qualifications qu’il ne faut pas exclure la moindre hypothèse. Entre le 2e (l’Uruguay, 28 points) et le 7e (le Paraguay, 24 points), il n’y a donc que 4 points d’écart. Mieux, 4 sélections (Chili, Colombie, Pérou, Argentine) se tiennent à 2 points. Tout se jouera donc dans 4 jours.

Pour y croire, l’Argentine doit évidemment s’imposer contre l’Equateur, déjà éliminé et espérer que l’une des sélections devant elle au classement fasse un mauvais résultat.

C’est évidemment possible puisque le Pérou et la Colombie s’affrontent directement. Comme l’explique Olé, les Argentins peuvent encore se qualifier directement, sans passer par la case barrage (pour le 5e du groupe), dans trois cas de figure, en cas de victoire face à l’Equateur bien sûr.

Si le Chili ne bat pas le Brésil, si le Pérou et la Colombie font match nul ou si le Pérou bat la Colombie avec une différence de but inférieure à celle de la victoire de l’Argentine sur l’Equateur. Une chose est certaine, la dernière journée des éliminatoires Amsud s’annonce bouillante !

L’Argentine est plus que jamais dans le doute. L’Albiceleste n’a pas d’autre choix que de remporter ses deux prochains matchs pour ne pas voir réduites à zéro ses chances de se qualifier pour le Mondial.

En marge de la rencontre à domicile face au Pérou, dans la nuit de jeudi à vendredi, la presse locale veut croire au talent des siens… et à l’engouement de la Bombonera.

«Dieu sera-t-il péruvien ?» C’est avec cette question que le portail internet de Olé, média argentin, faisait sa Une ce dimanche, faisant suite à une vidéo devenue virale au Pérou.

On y voit un supporter de la Sélection péruvienne demander à Dieu, à l’heure de la messe, de «prendre soin et de protéger la Sélection (péruvienne, ndlr) pour les deux derniers matchs des éliminatoires.» De quoi interpeller le quotidien sportif. «Bien que le pape Francisco soit argentin, Dieu sera-t-il pour le Pérou ?»

Les Péruviens vivent ces jours d’avant-match contre l’Argentine comme une finale de Coupe du monde et c’est pareil ici. Pour les deux pays, tous les moyens sont bons pour gagner. Même s’ils proviennent de la puissance divine.» Si l’analyse du quotidien a suscité de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux, elle témoigne de l’importance capitale de ce match. En Argentine, religion et football constituent assurément deux des ciments de la nation, tant pour les deux la ferveur populaire peut frôler le mystique et l’hystérie collective.

Gare au faux-pas

En Argentine, il y a urgence. Cinquièmes à deux journées de la fin des éliminatoires, les partenaires de Lionel Messi sont à l’heure actuelle barragistes et donc pas assurés d’aller au Mondial. Plus que la place occupée, c’est le jeu déployé par la sélection qui provoque l’inquiétude, et pas que chez les supporters.

«La Sélection n’a plus le droit à aucun faux-pas si elle veut aller au Mondial», avertit La Gaceta. Même son de cloches chez plusieurs gloires du football argentin, dont Roberto Ayala, qui avait pris part aux campagnes de 1998, 2002 et 2006. «Ce n’est pas la même chose de jouer pour gagner un titre que pour éviter de perdre quelque chose».

Pour l’ancien goléador argentin, la qualification dépendra uniquement du collectif. «Messi donne souvent son maximum. Il joue bien, mais le problème c’est que l’équipe ne se hisse pas à son niveau de performance».

Diego Latorre, ancien international devenu consultant à El Comercio, partage le constat mais se veut plus sévère à l’égard de la Sélection. «Sans Messi, l’Argentine serait une sélection commune». La route vers la Russie devra encore passer par l’incontournable quintuple Ballon d’or France Football.

Face au Pérou, l’Argentine jouera à la Bombonera (Boca Junior) au lieu du stade Monumental (River Plate) qui accueille traditionnellement les matchs de la Sélection.