Le Pari sur les courses de chevaux était considéré comme la chasse gardée des retraités et autres personnes d’âge avancé. Mais il est aujourd’hui devenu un produit très prisé chez les élèves et étudiants.

Il est presque 11 heures, il y a une forte chaleur. Assis à l’intérieur d’un kiosque de Pmu (Pari mutuel urbain), devant une panoplie de paperasse, ce gérant de lieu de pari est en compagnie de personnes réunies autour du thé. Cela, tandis que d’autres se bousculent devant des pronostics affichés sur un carton accroché à la devanture du kiosque où se font les paris.

Parfois mal habillés, avec le visage crasseux, personne n’oserait affirmer que ces gens sont des élèves ou des étudiants. Présents en nombre important, chacun d’eux attend impatiemment son tour pour jouer sa combinaison. Mais d’autres sont moins intéressés par les courses de chevaux; leur truc à eux, c’est le Parifoot, un jeu où ont fait des pronostics sur des matchs de football du monde entier.

Dans cette foule de parieurs, Amadou, élève en classe de première, est particulièrement concentré. Il est en train de gribouiller des chiffres sur un bout de papier. Ce sont les numéros des chevaux.

Pourquoi un jeune comme lui s’intéresse autant aux jeux de hasard au lieu d’être en classe ?  Il décide de répondre à cette interrogation. Resté un bout de temps sans rien dire, avec un air pensif, Amadou se confie : «La pauvreté touche tout le monde. Sans exception. Tout le monde joue au PMU ou au pari-foot. En vérité, on n’a pas besoin d’être diplômé pour le faire. On s’attarde dans les salles de classes et on ne gagne rien, alors qu’ici si tu as la chance, tu te fais des millions.»

Non loin du kiosque, se trouve d’autres groupes de personnes. Ce sont des élèves, des étudiants et des diplômés sans emploi. Tous parlent de la course hippique du jour, le fameux «Quinté plus». Un autre élève du nom de Salif qu’Actunet a accroché, signale qu’il n’hésiterait pas une seconde à miser l’argent de sa scolarité. «J’utiliserai la somme pour jouer et fructifier mes gains ».

Les enquêtes faites par Actunet sur le terrain, montrent que les jeunes versent dans les dérives du pari. Course de chevaux ou pari-foot sont maintenant des espoirs pour devenir millionnaire et oublier des années de souffrance. Un rêve vendu par la Lonase, qui jure qu’avec 200 Francs Cfa, on peut devenir millionnaire. Mais tout cela finit par coûter cher à l’éducation des jeunes.

Pari foot, un jeu célèbre, une loterie bien connue au pays de Kocc Barma.

Le pari foot offre au joueur la possibilité de parier sur le score des rencontres qu’on lui propose sur une fiche en payant 300 F CFA. Des rencontres de footeux du championnat anglais, espagnol, de la Ligue des Champions… La mise à rafler peut-être rentable, très rentable pour le parieur.

Apparemment, la triste histoire des vieillards et du PMU (Pari Mutuel Urbain) se répète. Seulement, le parieur s’est rajeuni ; il est vulnérable. Il est un jeune de rien de tout. Oh mince ! C’est un adolescent.

Au début, ce pari foot ou ce pari fou suscitait chez eux de la curiosité. Maintenant, ils sont accros. C’est devenu leur principale source de revenus et leur addiction, sans doute parce que l’argent se gagne facilement avec ce jeu.

Mais, plus ces ados flirtent «prématurément» avec des sommes allant de 5.000 à 100.000 FCFA, plus l’envie se maximise et le désir d’obtenir des kopecks encore plus importants est pressant. Le gain, encore le gain, éternellement le gain.

La tentation est parfois pour eux insoutenable. Leur dépendance au jeu atteint son paroxysme, car ils cherchent des sous, par n’importe quel moyen, pour s’adonner à leur hobby.

Au même moment, les points pari foot inondent l’espace. Le nombre de «junkies» ludiques inquiète sérieusement.

Pourquoi alors ne pas construire parallèlement des centres de «désintox» ludiques? Et puis quoi ? «Gouverner, c’est prévoir».

Pauvreté, oisiveté, manque d’ambition chez les jeunes sont-ils les causes de la généralisation de ce jeu ? La jeunesse sénégalaise n’est-elle pas en train d’échouer ? Lorsqu’elle joue tout son avenir sur la traversée mortifère de la Méditerranée et le pari foot.

Amédine FAYE, Tambacounda