{"id":113974,"date":"2018-03-18T11:57:48","date_gmt":"2018-03-18T11:57:48","guid":{"rendered":"http:\/\/actunet.net\/?p=113974"},"modified":"2018-03-18T11:57:48","modified_gmt":"2018-03-18T11:57:48","slug":"la-croissance-en-elle-meme-nest-pas-une-finalite","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/actunet.net\/actu_express\/la-croissance-en-elle-meme-nest-pas-une-finalite\/","title":{"rendered":"\u2018\u2019La croissance en elle-m\u00eame n\u2019est pas une finalit\u00e9\u2026\u2019\u2019"},"content":{"rendered":"\n<!-- Quick Adsense WordPress Plugin: http:\/\/quickadsense.com\/ -->\n<div class=\"e4da825301e49ae160c5aa77f2775d0d\" data-index=\"1\" style=\"float: none; margin:10px 0 10px 0; text-align:center;\">\n<script data-ad-client=\"ca-pub-7606738817238435\" async src=\"https:\/\/pagead2.googlesyndication.com\/pagead\/js\/adsbygoogle.js\"><\/script>\r\n<script data-ad-client=\"ca-pub-5623104637309752\" async src=\"https:\/\/pagead2.googlesyndication.com\/pagead\/js\/adsbygoogle.js\"><\/script>\n<\/div>\n<p><em><strong>Le S\u00e9n\u00e9gal a enregistr\u00e9 un taux de croissance de 7,2 % en 2017. Un chiffre tr\u00e8s critiqu\u00e9 par des \u00e9conomistes. Joint par \u2018\u2019EnQu\u00eate\u2019\u2019, le professeur d\u2019\u00e9conomie \u00e0 l\u2019Universit\u00e9 Cheikh Anta Diop, Abdoulaye Seck, d\u00e9cortique ce taux. Il indique que, m\u00eame si les donn\u00e9es sont r\u00e9elles, la croissance n\u2019est pas une finalit\u00e9 en soi et celle du pays ne pourra pas satisfaire les besoins des S\u00e9n\u00e9galais, d\u2019ici deux \u00e0 trois ans. Toutefois, il est optimiste.<\/strong><\/em><\/p>\n<p>&nbsp;<\/p>\n<p><em><strong>Le taux de croissance du S\u00e9n\u00e9gal est estim\u00e9 \u00e0 7,2 % en 2017. Quelle lecture faites-vous de ce chiffre ?<\/strong><\/em><\/p>\n<p>Ces six derni\u00e8res ann\u00e9es, la croissance \u00e9conomique a connu un regain, en termes de profit. Entre 2012 et 2014, on avoisinait un taux de 4 %. A partir de ces trois derni\u00e8res ann\u00e9es, il s\u2019est relev\u00e9. On a eu des taux qui sont pass\u00e9s de 6 \u00e0 7,2 %. Donc, la croissance s\u2019acc\u00e9l\u00e8re. Maintenant, c\u2019est li\u00e9 \u00e0 plusieurs facteurs. Il y a des conditions ext\u00e9rieures qui sont extr\u00eamement favorables. Le premier \u00e9l\u00e9ment, c\u2019est le co\u00fbt de l\u2019\u00e9nergie qui baisse. Le baril de p\u00e9trole a baiss\u00e9 significativement.<\/p>\n<p>Ce qui a une r\u00e9percussion directe sur la production d\u2019\u00e9lectricit\u00e9, non seulement en termes de quantit\u00e9, mais il y a une diminution des d\u00e9lestages. C\u2019est un \u00e9l\u00e9ment tr\u00e8s important, parce que l\u2019\u00e9nergie est un facteur contributif tr\u00e8s important dans la croissance \u00e9conomique. Le deuxi\u00e8me \u00e9l\u00e9ment externe, c\u2019est le fait qu\u2019il y a une demande ext\u00e9rieure relativement forte et \u00e9volutive. Ce qui fait que nous avons des exportations qui sont en pleine dynamique. Et celles-ci offrent des d\u00e9bouch\u00e9es \u00e0 nos entreprises. Et plus on exporte, plus nous avons des gains de croissance relativement importants. Ces deux aspects renforcent la comp\u00e9titivit\u00e9 de notre \u00e9conomie.<\/p>\n<p><em><strong>Qu\u2019en est-il des \u00e9l\u00e9ments internes\u00a0?<\/strong><\/em><\/p>\n<p>C\u2019est le fait qu\u2019il y a des efforts budg\u00e9taires relativement importants de l\u2019Etat. C\u2019est-\u00e0-dire, la capacit\u00e9 de mobilisation des ressources de l\u2019Etat a augment\u00e9. Ce qui fait qu\u2019il est en mesure d\u2019avoir des recettes relativement suffisantes, qui permettent d\u2019investir dans des activit\u00e9s productives qui favorisent la croissance \u00e9conomique. L\u2019Etat fait aussi des efforts d\u2019investissements relativement importants, non seulement en termes de soutien \u00e0 l\u2019activit\u00e9 \u00e9conomique, mais \u00e9galement en termes d\u2019infrastructures. C\u2019est tout un ensemble d\u2019\u00e9l\u00e9ments qui rentrent dans la croissance \u00e9conomique. Quand on a les infrastructures qu\u2019il faut, le co\u00fbt \u00e9conomique que supportent les entreprises est r\u00e9duit. Lorsque celui-ci baisse, c\u2019est un gain relativement important pour les entreprises. Leurs capacit\u00e9s productives augmentent. Et quand les entreprises ont des capacit\u00e9s productives en hausse, la production augmente. Il y a des r\u00e9formes importantes que l\u2019Etat met en \u0153uvre pour l\u2019am\u00e9lioration du climat des affaires. Quand celui-ci s\u2019am\u00e9liore, entreprendre devient relativement facile, profitable et bien plus s\u00fbr. Ce qui pousse le secteur priv\u00e9 \u00e0 investir, \u00e0 produire et ceci contribue \u00e0 la croissance \u00e9conomique.<\/p>\n<p><em><strong>Pourtant, les produits export\u00e9s sont jug\u00e9s trop faibles pour tirer la croissance. Qu\u2019en est-il r\u00e9ellement\u00a0?<\/strong><\/em><\/p>\n<p>Effectivement\u00a0! C\u2019est une des faiblesses que nous avons chez nous. D\u2019une part, on a une hausse des exportations. Si on prend le secteur horticole, par exemple, c\u2019est vraiment le plus dynamique, je crois. L\u2019autre, c\u2019est celui des mati\u00e8res premi\u00e8res, avec les phosphates, etc. Le probl\u00e8me qu\u2019on a avec ces exportations, c\u2019est tout simplement parce que ce sont des produits qui ne sont pas transform\u00e9s. G\u00e9n\u00e9ralement, c\u2019est un drame qu\u2019on a en Afrique. Nous exportons des produits avec des niveaux de transformation extr\u00eamement faibles.<\/p>\n<p>L\u2019enjeu, maintenant, c\u2019est de voir comment rentrer dans le processus de transformation \u00e0 travers le d\u00e9veloppement du secteur agricole. C\u2019est-\u00e0-dire en transformant les produits agricoles. Mais \u00e9galement de voir dans quelle mesure on peut utiliser nos mati\u00e8res premi\u00e8res, les ressources mini\u00e8res pour des transformations nettement sup\u00e9rieures. Parce que plus on transforme, plus on d\u00e9veloppe le sch\u00e9ma de la chaine de valeurs, on cr\u00e9e en aval des structures de production et de transformation. Donc, c\u2019est une production additionnelle qui rentre dans la croissance\u00a0; des emplois, des revenus qu\u2019on cr\u00e9e, des recettes de l\u2019Etat qu\u2019on g\u00e9n\u00e8re. C\u2019est tout b\u00e9n\u00e9fique pour l\u2019activit\u00e9 \u00e9conomique dans son ensemble, mais aussi pour les populations, en termes d\u2019emploi et de ressource.<\/p>\n<p>Ce qu\u2019il faut, c\u2019est revoir la structure de nos exportations. Augmenter le volume d\u2019exportation ne doit pas \u00eatre une fin en soi. Il est important de voir la qualit\u00e9 de ce qu\u2019on exporte. Si nous exportons les produits de base non transform\u00e9s, le manque \u00e0 gagner pour l\u2019\u00e9conomie sera \u00e9norme. Parce que les transformer aurait permis de d\u00e9velopper des secteurs productifs en aval et ceux-ci auraient besoin de main-d\u2019\u0153uvre. Donc, c\u2019est l\u2019emploi, des revenus salariaux, etc. \u00c7a, c\u2019est un drame s\u00e9culaire en Afrique.<\/p>\n<p><em><strong>Vous avez parl\u00e9 de l\u2019am\u00e9lioration du climat des affaires. Mais des lenteurs sont not\u00e9es dans la mise en \u0153uvre des r\u00e9formes\u2026<\/strong><\/em><\/p>\n<p>Effectivement,\u00a0des lenteurs existent. C\u2019est \u00e9vident que le niveau d\u2019inefficience administrative que nous avons, en rapport avec le secteur, explique que nous ayons des lenteurs extr\u00eamement importantes. Mais c\u2019est juste des contingences administratives. Le gouvernement est conscient de cela. Ce qu\u2019il faut, c\u2019est avoir un partenariat beaucoup plus soud\u00e9, profond avec le secteur priv\u00e9. Quand on regarde la tournure des \u00e9changes, \u00e0 un moment donn\u00e9, on se dit que c\u2019est le gouvernement qui n\u2019a pas l\u2019air de bien comprendre l\u2019enjeu fondamental de l\u2019essor du secteur priv\u00e9.<\/p>\n<p>Parce que, quand on regarde les diff\u00e9rentes plaintes du secteur priv\u00e9 (national) relatif notamment au fait qu\u2019il n\u2019est pas assez impliqu\u00e9 dans la marche du pays, je crois que cela d\u00e9note d\u2019une prise en charge inefficace de ses besoins. Or, c\u2019est un secteur qu\u2019il faut mettre en avant dans toute strat\u00e9gie de d\u00e9veloppement. Parce que lorsque nous parlons de croissance \u00e9conomique, c\u2019est essentiellement le secteur priv\u00e9. Si nous voulons impulser l\u2019activit\u00e9 \u00e9conomique, il faut le mettre au c\u0153ur de tout dispositif de r\u00e9formes. L\u2019entrepreneur est au d\u00e9but, \u00e0 la base et \u00e0 la fin de toute activit\u00e9 de cr\u00e9ation de richesses. Les \u00e9conomies qui ont connu le d\u00e9veloppement relativement important reconnaissent bien tous les paradigmes li\u00e9s \u00e0 l\u2019entreprenariat priv\u00e9.<\/p>\n<p><em><strong>Est-ce que la croissance \u00e9conomique se refl\u00e8te sur le niveau de vie des S\u00e9n\u00e9galais\u00a0?<\/strong><\/em><\/p>\n<p>Quand on parle de croissance \u00e9conomique, ce ne sont pas tous les secteurs qui vont connaitre le m\u00eame niveau de dynamisme. Certains auront un niveau relativement important.\u00a0Ce qui veut dire que la population qui en d\u00e9pend directement pourrait en b\u00e9n\u00e9ficier. Celle qui d\u00e9pend des secteurs qui ont des revenus qui n\u2019ont pas connu de dynamisme aussi soutenu, elle ne verra pas du tout une certaine am\u00e9lioration. Par exemple, si on est dans le domaine agricole rural et que l\u2019\u00e9conomie connait une croissance assez importante et que celle-ci n\u2019est pas tir\u00e9e par ce secteur, on va entendre parler de croissance, mais cela ne va pas changer nos conditions de vie.<\/p>\n<p>Ce qui peut expliquer que cette croissance ne peut pas r\u00e9ellement avoir un impact sur les conditions de vie des populations. C\u2019est ce qu\u2019on a actuellement\u00a0; une tranche tr\u00e8s importante de la population ne participe pas dans le processus de production. Ou bien ce sont des individus qui ne participent pas sur le march\u00e9 du travail. Ce qui veut dire qu\u2019ils sont \u00e9cart\u00e9s du processus de cr\u00e9ation et de distribution de la richesse. Si vous avez une croissance et qu\u2019une partie importante de cette population ne participe pas \u00e0 la cr\u00e9ation de cette richesse, elle ne pourra pas faire partie de la distribution. Ne faisant pas partie de ce processus, elle ne pourra pas en b\u00e9n\u00e9ficier.<\/p>\n<p><em><strong>Que peut faire l\u2019Etat, dans ce cas\u00a0?<\/strong><\/em><\/p>\n<p>L\u2019Etat peut corriger cela \u00e0 travers des sch\u00e9mas de redistribution du revenu national. Lorsque, par exemple, l\u2019Etat a un programme de bourses familiales, on a des m\u00e9nages d\u00e9munis qui ne participent pas \u00e0 la production. Ce que l\u2019Etat peut faire dans un \u00e9lan de solidarit\u00e9 nationale, c\u2019est de pr\u00e9lever, \u00e0 travers l\u2019imp\u00f4t, une partie du revenu et de la redistribuer. Parce que tout simplement, ces gens sont exclus du processus de production nationale. Ce ne sont pas de salari\u00e9s, des entrepreneurs.<\/p>\n<p>On peut avoir une croissance \u00e9conomique, mais si on a un m\u00e9canisme de distribution et de redistribution qui ne prend pas en charge les exclus du processus, cette croissance ne va pas forc\u00e9ment se traduire en termes de param\u00e8tre collectif d\u2019am\u00e9lioration du niveau de vie. Maintenant, on a l\u2019habitude de dire, en \u00e9conomie, que sur le long terme, la croissance \u00e9conomique finira par augmenter le niveau de bien-\u00eatre des S\u00e9n\u00e9galais. Mais, \u00e0 court terme, la corr\u00e9lation n\u2019est pas directe. La croissance qu\u2019on aura dans deux ou trois ans ne pourra pas satisfaire les besoins des S\u00e9n\u00e9galais. Parce que la demande est \u00e9norme. Il faut un d\u00e9lai relativement long, peut-\u00eatre une vingtaine d\u2019ann\u00e9es. Il faut une accumulation de richesses sur une longue dur\u00e9e pour y parvenir.<\/p>\n<p><em><strong>Que pensez-vous du doute que certains \u00e9conomistes ont sur les chiffres du minist\u00e8re de l\u2019Economie, estimant qu\u2019ils ne refl\u00e8tent pas la r\u00e9alit\u00e9\u00a0?<\/strong><\/em><\/p>\n<p>Les chiffres sont ce qu\u2019ils sont. S\u2019il faut les refuser, il le faut sur la base de leur production et de leur rationalit\u00e9. Quand on regarde les m\u00e9thodes de production des chiffres, g\u00e9n\u00e9ralement, elles sont bas\u00e9es sur des statistiques relativement fiables, pas \u00e0 100 %. Pour les m\u00e9thodes de traitement de ces informations, elles sont rigoureuses et sont appliqu\u00e9es dans tous les pays du monde. Quand on voit nos agences, directions en charge des statistiques du minist\u00e8re de l\u2019Economie et d\u2019autres minist\u00e8res, elles sont g\u00e9n\u00e9ralement en \u00e9troite collaboration avec les institutions internationales. Des fois, il y a la Banque mondiale qui prend les chiffres pour travailler avec. On a, en g\u00e9n\u00e9ral, des m\u00e9thodes qui convergent. Ce que nous faisons en la mati\u00e8re, en termes technique, ne doit pas cr\u00e9er de d\u00e9bats.<\/p>\n<p><a href=\"http:\/\/www.enqueteplus.com\/content\/le-pr-abdoulaye-seck-sur-le-taux-de-croissance-%E2%80%98%E2%80%99la-croissance-en-elle-m%C3%AAme-n%E2%80%99est-pas-une\" target=\"_blank\" rel=\"noopener\"><strong>Lire la suite sur Enqueteplus.com<\/strong><\/a><\/p>\n\n<div style=\"font-size: 0px; height: 0px; line-height: 0px; margin: 0; padding: 0; clear: both;\"><\/div>","protected":false},"excerpt":{"rendered":"<p>Le S\u00e9n\u00e9gal a enregistr\u00e9 un taux de croissance de 7,2 % en 2017. Un chiffre tr\u00e8s critiqu\u00e9 par des \u00e9conomistes. Joint par \u2018\u2019EnQu\u00eate\u2019\u2019, le professeur d\u2019\u00e9conomie \u00e0 l\u2019Universit\u00e9 Cheikh Anta Diop, Abdoulaye Seck, d\u00e9cortique ce taux. 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