{"id":119706,"date":"2018-04-26T17:45:40","date_gmt":"2018-04-26T17:45:40","guid":{"rendered":"http:\/\/actunet.net\/?p=119706"},"modified":"2018-04-26T17:45:40","modified_gmt":"2018-04-26T17:45:40","slug":"le-vote-sans-debat-des-projets-de-loi-une-pratique-non-prevue-par-la-constitution","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/actunet.net\/contribution\/le-vote-sans-debat-des-projets-de-loi-une-pratique-non-prevue-par-la-constitution\/","title":{"rendered":"Le vote sans d\u00e9bat des projets de loi\u00a0: une pratique non pr\u00e9vue par la Constitution"},"content":{"rendered":"\n<!-- Quick Adsense WordPress Plugin: http:\/\/quickadsense.com\/ -->\n<div class=\"e4da825301e49ae160c5aa77f2775d0d\" data-index=\"1\" style=\"float: none; margin:10px 0 10px 0; text-align:center;\">\n<script data-ad-client=\"ca-pub-7606738817238435\" async src=\"https:\/\/pagead2.googlesyndication.com\/pagead\/js\/adsbygoogle.js\"><\/script>\r\n<script data-ad-client=\"ca-pub-5623104637309752\" async src=\"https:\/\/pagead2.googlesyndication.com\/pagead\/js\/adsbygoogle.js\"><\/script>\n<\/div>\n<p><strong>R\u00e9flexion d\u2019un citoyen sur le vote sans d\u00e9bat des projets de loi\u00a0: une pratique non pr\u00e9vue par la Constitution\u00a0ni par aucune loi organique ou ordinaire <\/strong><\/p>\n<p>&nbsp;<\/p>\n<p><strong>Par Mamadou Abdoulaye SOW<\/strong><\/p>\n<p><strong>Inspecteur principal du Tr\u00e9sor \u00e0 la retraite<\/strong><\/p>\n<p><strong>mamabdousow@yahoo.fr<\/strong><\/p>\n<p>&nbsp;<\/p>\n<p><strong>\u00ab\u00a0Comme son nom l\u2019indique, le Parlement est fait pour parler. C\u2019est un organe d\u00e9lib\u00e9rant, ce qui signifie que s\u2019il <\/strong><\/p>\n<p><strong>\u00a0\u00a0\u00a0\u00a0\u00a0\u00a0\u00a0\u00a0\u00a0\u00a0\u00a0\u00a0\u00a0\u00a0\u00a0 doit en fin de compte d\u00e9cider, il le fait toujours apr\u00e8s qu\u2019une discussion a permis d\u2019\u00e9clairer ses choix.<\/strong><\/p>\n<p><strong>\u00a0\u00a0\u00a0\u00a0\u00a0\u00a0\u00a0\u00a0\u00a0\u00a0\u00a0\u00a0\u00a0\u00a0 \u00a0Remettre cela en cause c\u2019est s\u2019attaquer aux fondements m\u00eame du syst\u00e8me parlementaire<\/strong> (\u2026).<\/p>\n<p><strong>\u00a0\u00a0\u00a0\u00a0\u00a0\u00a0\u00a0\u00a0\u00a0\u00a0\u00a0\u00a0\u00a0\u00a0\u00a0 Si jamais Parlement a effectivement m\u00e9rit\u00e9 le nom de chambre d\u2019enregistrement, c\u2019est bien celui appel\u00e9 \u00e0 <\/strong><\/p>\n<p><strong>\u00a0\u00a0\u00a0\u00a0\u00a0\u00a0\u00a0\u00a0\u00a0\u00a0\u00a0\u00a0\u00a0\u00a0\u00a0\u00a0 trancher sans avoir d\u00e9battu. Le voil\u00e0 r\u00e9duit au simple r\u00f4le de machine \u00e0 voter\u00a0\u00bb<\/strong><\/p>\n<p>(Guy Carcassonne, \u00ab\u00a0\u00c0 propos du droit d\u2019amendement : les errements du Conseil constitutionnel\u00a0\u00bb,<\/p>\n<p><em>Pouvoirs<\/em>, n\u00ba 41, 1987.Source\u00a0: www.revue-pouvoirs.fr).<\/p>\n<p><strong>La question est pos\u00e9e de savoir si la proc\u00e9dure de vote sans d\u00e9bat existe dans notre droit parlementaire<\/strong>. H\u00e2tons-nous de dire qu<strong>\u2019aucune disposition dans la Constitution et dans le R\u00e8glement int\u00e9rieur de l\u2019Assembl\u00e9e nationale n\u2019autorise le vote sans d\u00e9bat<\/strong> des lois ordinaires ou des lois organiques et \u00e0 plus forte raison des lois constitutionnelles. Tout au plus, est-il stipul\u00e9 \u00e0 l\u2019alin\u00e9a premier de l\u2019article 72 de la loi n\u00b0 2002-20 du 15 mai 2002 portant R\u00e8glement int\u00e9rieur de l\u2019Assembl\u00e9e nationale\u00a0: \u00ab\u00a0Lorsqu\u2019au cours d\u2019un d\u00e9bat, la premi\u00e8re liste des orateurs est \u00e9puis\u00e9e et que le Ministre a r\u00e9pondu, le Pr\u00e9sident (de l\u2019Assembl\u00e9e nationale) ou tout autre membre peut en proposer la cl\u00f4ture \u00bb.<\/p>\n<p>Nous axerons les d\u00e9veloppements qui suivent sur l\u2019analyse de l\u2019article 72 du R\u00e8glement int\u00e9rieur de l\u2019Assembl\u00e9e nationale (I) puis sur le droit d\u2019amendement en mati\u00e8re de r\u00e9vision constitutionnelle (I.) et enfin, sur des remarques avant de conclure (III).<\/p>\n<p>&nbsp;<\/p>\n<ol>\n<li><strong>Analyse de l\u2019article 72 du R\u00e8glement int\u00e9rieur de l\u2019Assembl\u00e9e nationale\u00a0<\/strong><\/li>\n<\/ol>\n<p>&nbsp;<\/p>\n<p>Lorsque l\u2019article 72 du R\u00e8glement int\u00e9rieur dit qu\u2019un membre de l\u2019Assembl\u00e9e nationale (soit le Pr\u00e9sident soit un autre d\u00e9put\u00e9) peut proposer la cl\u00f4ture d\u2019un d\u00e9bat en cours, deux questions se posent\u00a0: 1\u00b0 Quelles sont les conditions requises pour l\u2019utilisation de l\u2019article 72\u00a0? 2\u00b0 Quelle est la nature des d\u00e9bats susceptibles de donner lieu \u00e0 cl\u00f4ture ?<\/p>\n<p><strong>\u00a0<\/strong><\/p>\n<p><strong>1\u00b0 Les conditions requises pour l\u2019utilisation de l\u2019article 72<\/strong><\/p>\n<p>L\u2019analyse de l\u2019article 72 aboutit \u00e0 une conclusion : le recours \u00e0 l\u2019article 72 exige des conditions cumulatives\u00a0pour la formulation d\u2019une demande de cl\u00f4ture d\u2019un d\u00e9bat : 1\u00b0 <strong>L\u2019existence d\u2019un d\u00e9bat d\u00e9j\u00e0 ouvert <\/strong>sur le texte de loi. 2\u00b0 <strong>L\u2019audition de tous les orateurs de <u>la premi\u00e8re liste<\/u><\/strong> <strong>est termin\u00e9e<\/strong>. 3\u00b0 <strong>Le<\/strong> <strong>ministre qui d\u00e9fend le projet de loi a fini de r\u00e9pondre aux questions<\/strong> <strong>des d\u00e9put\u00e9s inscrits sur la premi\u00e8re liste<\/strong>.<\/p>\n<p>&nbsp;<\/p>\n<p>\u00c0 l\u2019\u00e9vidence, le mot \u00ab\u00a0cl\u00f4ture\u00a0\u00bb de la fin de l\u2019article 72 est \u00e0 rapprocher du mot \u00ab\u00a0d\u00e9bat\u00a0\u00bb\u00a0et non du mot \u00ab\u00a0vote\u00a0\u00bb. Les r\u00e9dacteurs du R\u00e8glement int\u00e9rieur n\u2019ont pas jug\u00e9 utile d\u2019ajouter au dernier mot \u00ab\u00a0cl\u00f4ture\u00a0\u00bb du premier alin\u00e9a de l\u2019article 72, les mots \u00ab\u00a0du d\u00e9bat\u00a0\u00bb<em>. <\/em>En effet, l\u2019emploi de \u00ab\u00a0<strong>en\u00a0<\/strong>\u00bb dans le membre de phrase <strong>\u00ab <\/strong>peut <u>en<\/u> proposer la cl\u00f4ture \u00bb renvoie manifestement au mot \u00ab\u00a0d\u00e9bat\u00a0\u00bb qui est au d\u00e9but du premier alin\u00e9a de l\u2019article 72<em> \u00bb. <\/em>D\u2019ailleurs, un argument de texte peut \u00eatre apport\u00e9 sur ce point\u00a0:\u00a0 l\u2019article 67 de la loi n\u00b0 78-21 du 28 avril 1978 relative au R\u00e8glement int\u00e9rieur, que l\u2019article 72 du R\u00e8glement int\u00e9rieur en vigueur est venu abroger et remplacer, \u00e9tait plus explicite : \u00ab\u00a0Lorsqu\u2019au moins <strong>deux orateurs d\u2019avis contraire,<\/strong> <strong>ayant trait\u00e9 le fond du d\u00e9bat<\/strong>, ont pris part \u00e0 une discussion, le Pr\u00e9sident ou tout autre membre de l\u2019Assembl\u00e9e nationale peut en proposer la cl\u00f4ture\u00a0\u00bb.<\/p>\n<p>On se demande \u00e0 partir de quel moment l\u2019article 72 peut entrer en jeu\u00a0; c\u2019est l\u00e0 toute la question\u00a0? La notion \u00ab\u00a0d\u2019ouverture du d\u00e9bat\u00a0\u00bb n\u2019est pas d\u00e9finie par la Constitution, ni par aucune autre loi.\u00a0Par \u00ab l\u2019ouverture du d\u00e9bat\u00a0\u00bb, faut-il comprendre l\u2019ouverture du d\u00e9bat sur la discussion g\u00e9n\u00e9rale\u00a0ou l\u2019ouverture du d\u00e9bat sur les articles du projet de loi ou l\u2019ouverture du d\u00e9bat\u00a0sur les amendements\u00a0? De notre point de vue, par les termes \u00ab\u00a0au cours d\u2019un d\u00e9bat\u00a0\u00bb, il faut comprendre \u00ab\u00a0au cours du d\u00e9bat sur la discussion g\u00e9n\u00e9rale\u00a0\u00bb ou \u00ab\u00a0au cours du d\u00e9bat sur les articles du projet de loi\u00a0\u00bb ou \u00ab\u00a0au cours du d\u00e9bat sur les amendements \u00bb.<\/p>\n<p>On remarquera que la deuxi\u00e8me condition pour demander la cl\u00f4ture d\u2019un d\u00e9bat vise l\u2019\u00e9puisement de \u00ab\u00a0la premi\u00e8re liste des orateurs \u00bb ce qui semble signifier que le champ d\u2019application de l\u2019article 72 ne s\u2019\u00e9tend pas \u00e0 l\u2019hypoth\u00e8se d\u2019une deuxi\u00e8me voire d\u2019une troisi\u00e8me liste.<\/p>\n<p><strong>2\u00b0 La<\/strong><strong> nature des d\u00e9bats susceptibles de donner lieu \u00e0 cl\u00f4ture\u00a0 <\/strong><\/p>\n<p>Tout d\u00e9put\u00e9 sait que l\u2019adoption d\u00e9finitive d\u2019un projet de loi passe d\u2019abord par la discussion g\u00e9n\u00e9rale puis par la discussion des articles du texte et des amendements accept\u00e9s avant d\u2019arriver au vote des articles et au vote sur l\u2019ensemble souvent pr\u00e9c\u00e9d\u00e9 par des explications de vote.<\/p>\n<p>En dehors des d\u00e9bats que la Conf\u00e9rence des Pr\u00e9sidents peut d\u00e9cider d\u2019organiser conform\u00e9ment aux dispositions de l\u2019article 68 alin\u00e9a 4 du R\u00e8glement int\u00e9rieur, les questions de cl\u00f4ture d\u2019un d\u00e9bat sur un projet de loi ne devraient concerner que la discussion g\u00e9n\u00e9rale et la discussion des articles (y compris la discussion d\u2019un amendement \u00e0 un article)\u00a0; \u00e9tant entendu que la cl\u00f4ture du d\u00e9bat ne saurait en bonne r\u00e8gle s\u2019appliquer aux explications de vote.<\/p>\n<p>Les questions pr\u00e9alables ainsi que les exceptions d\u2019irrecevabilit\u00e9 sur un texte ne font pas partie de la discussion g\u00e9n\u00e9rale\u00a0: la finalit\u00e9 de ces questions pr\u00e9alables \u00e9tant, entre autres, \u00ab\u00a0de pr\u00e9server la coh\u00e9sion de l\u2019opposition en \u00e9vitant d\u2019entrer dans la discussion du projet de loi lui-m\u00eame\u00a0\u00bb.<a href=\"#_ftn1\" name=\"_ftnref1\">[1]<\/a><\/p>\n<p>Nous pensons que le recours \u00e0 l\u2019article 72 doit avoir pour finalit\u00e9 une meilleure organisation du travail l\u00e9gislatif en consid\u00e9ration du fait que \u00ab\u00a0le d\u00e9bat l\u00e9gislatif est libre\u00a0\u00bb (article 68 du R\u00e8glement int\u00e9rieur) et non pour emp\u00eacher la discussion d\u2019un projet de loi.<\/p>\n<p>&nbsp;<\/p>\n<p>Comme on le sait, la proc\u00e9dure d\u2019adoption des lois commence par la phase de la discussion g\u00e9n\u00e9rale. \u00c0 ce propos, voici l\u2019enseignement toujours d\u2019actualit\u00e9 d\u2019Eug\u00e8ne Pierre dans le suppl\u00e9ment de son \u00ab\u00a0Trait\u00e9 de droit politique, \u00e9lectoral et parlementaire \u00bb de 1919, (n\u00b0 822)\u00a0:<\/p>\n<p>\u00ab\u00a0 <strong>La discussion g\u00e9n\u00e9rale ne saurait \u00eatre supprim\u00e9e ni par un vote ni par une manifestation de ( l\u2019Assembl\u00e9e)<\/strong> ; <strong>sans doute, avant l\u2019ouverture de la discussion g\u00e9n\u00e9rale, le rapporteur ou un ministre a le droit de monter \u00e0 la tribune et d\u2019exposer les raisons qui paraissent devoir d\u00e9terminer les orateurs \u00e0 renoncer \u00e0 la parole; mais cette communication n\u2019est suivie d\u2019aucun vote;<\/strong> <strong>le Pr\u00e9sident n\u2019en est pas moins tenu d\u2019appeler successivement tous les membres inscrits , et<\/strong> <strong>la discussion g\u00e9n\u00e9rale ne peut \u00eatre consid\u00e9r\u00e9e comme close que si tous renoncent volontairement \u00e0 leur droit de parole <\/strong>( &#8230;).<\/p>\n<p><strong>La discussion g\u00e9n\u00e9rale a \u00e9t\u00e9 institu\u00e9e pour que toutes les opinions individuelles se produisent librement<\/strong>, <strong>pour que (l\u2019Assembl\u00e9e) soit \u00e9clair\u00e9e sur les avantages et les inconv\u00e9nients d\u2019un projet au moment o\u00f9 elle est appel\u00e9e \u00e0 d\u00e9cider s\u2019il y a lieu de passer \u00e0 l\u2019examen des articles<\/strong>. <strong>On voit sans peine que le r\u00e9gime parlementaire risquerait d\u2019\u00eatre gravement fauss\u00e9 si au d\u00e9but m\u00eame de la discussion g\u00e9n\u00e9rale, avant que tous les inscrits (&#8230;) aient pu se faire entendre<\/strong>, <strong>une coalition de partis ou de groupes avait le droit de faire bloc<\/strong> et de jeter le trouble dans les esprits en apportant une d\u00e9claration collective.\u00a0\u00bb (Nous mettons en gras)<\/p>\n<p><strong>\u00a0<\/strong><\/p>\n<p>Ces commentaires faits, pla\u00e7ons-nous maintenant dans l\u2019hypoth\u00e8se qui est celle du droit d\u2019amendement dans la phase d\u2019approbation d\u2019un projet de r\u00e9vision constitutionnelle.<\/p>\n<p>&nbsp;<\/p>\n<ol>\n<li><strong>Droit d\u2019amendement et approbation d\u2019un projet de r\u00e9vision de la Constitution<\/strong><\/li>\n<\/ol>\n<p>&nbsp;<\/p>\n<p>Il n\u2019existe pas une irrecevabilit\u00e9 sp\u00e9cifique \u00e0 la proc\u00e9dure de r\u00e9vision constitutionnelle. Rien ne s\u2019oppose donc, en mati\u00e8re constitutionnelle, \u00e0 ce que le l\u00e9gislateur invoque la r\u00e8gle de droit commun pos\u00e9e par l\u2019article 82 de la Constitution et par l\u2019article 60 du R\u00e8glement int\u00e9rieur.<\/p>\n<p>Selon l\u2019article 79 du R\u00e8glement int\u00e9rieur, l\u2019Assembl\u00e9e peut d\u00e9cider qu\u2019un amendement soit discut\u00e9 imm\u00e9diatement ou renvoy\u00e9 en commission. Nous estimons que lorsqu\u2019on est en face d\u2019un amendement dont la port\u00e9e est fondamentale, il est plus sage de soumettre l\u2019amendement \u00e0 l\u2019examen de la commission comp\u00e9tente ou bien de demander une simple suspension de s\u00e9ance pour permettre \u00e0 la commission d\u2019appr\u00e9cier la recevabilit\u00e9.<\/p>\n<p>&nbsp;<\/p>\n<p>Lorsque la r\u00e9vision de la Constitution emprunte la voie parlementaire, pour qu\u2019elle devienne d\u00e9finitive, le projet de r\u00e9vision doit \u00eatre <strong>approuv\u00e9<\/strong> par l\u2019Assembl\u00e9e nationale \u00e0 la majorit\u00e9 des trois cinqui\u00e8mes des suffrages exprim\u00e9s. Au S\u00e9n\u00e9gal, comme l\u2019a soulign\u00e9 le professeur Isma\u00efla Madior Fall,\u00a0\u00ab\u00a0force est de constater que la pratique parlementaire s\u00e9n\u00e9galaise a consacr\u00e9 l\u2019habitude de <em>\u00ab\u00a0fusionner<\/em>\u00a0\u00bb les deux \u00e9tapes (l\u2019adoption et l\u2019approbation) en une seule\u00a0\u00bb. Ce qui am\u00e8ne l\u2019auteur pr\u00e9cit\u00e9 \u00e0 dire\u00a0: \u00ab\u00a0Reste donc contestable l\u2019attitude du Conseil constitutionnel validant la violation du rite proc\u00e9dural du double vote en soutenant qu\u2019un vote unique peut r\u00e9aliser \u00e0 la fois l\u2019adoption et l\u2019approbation\u00a0\u00bb.<a href=\"#_ftn2\" name=\"_ftnref2\">[2]<\/a><\/p>\n<p>D\u2019apr\u00e8s Bruno Baufum\u00e9, \u00ab\u00a0<strong>la phase d\u2019approbation exclut tout droit d\u2019amendement\u00a0\u00bb<\/strong>\u00a0et qu\u2019en droit positif, \u00ab\u00a0<strong>il n\u2019existe aucun droit d\u2019amendement \u00e0 ce stade de la r\u00e9vision constitutionnelle<\/strong>\u00a0\u00bb<a href=\"#_ftn3\" name=\"_ftnref3\">[3]<\/a>.<\/p>\n<p>Du reste, tout amendement est, en principe, appel\u00e9 en discussion sauf si l\u2019amendement est d\u00e9clar\u00e9 irrecevable en s\u00e9ance publique. En clair, l<strong>a r\u00e8gle de la sp\u00e9cialit\u00e9 des votes veut que tout amendement d\u00e9pos\u00e9 sur un article fasse l\u2019objet d\u2019une discussion distincte.<\/strong> Au surplus, une proposition d\u2019amendement en s\u00e9ance pl\u00e9ni\u00e8re doit \u00ab\u00a0\u00eatre en relation avec une disposition en discussion\u00a0\u00bb. Ce qui signifie qu\u2019<strong>un article d\u2019un projet de loi qui n\u2019a pas \u00e9t\u00e9 soumis \u00e0 discussion ne peut faire l\u2019objet d\u2019un amendement.<\/strong>\u00a0 En r\u00e9f\u00e9rence \u00e0 la d\u00e9cision n\u00b0 2005-532 DC du 19 janvier 2006 du Conseil constitutionnel fran\u00e7ais, le non-respect de cette exigence peut \u00eatre un motif de rejet de l\u2019amendement.<\/p>\n<p>&nbsp;<\/p>\n<ul>\n<li><strong>Remarques et conclusion<\/strong><\/li>\n<\/ul>\n<p>&nbsp;<\/p>\n<p>Tout d\u2019abord, nous nous contenterons de faire trois remarques\u00a0:<\/p>\n<ul>\n<li>La premi\u00e8re est une interrogation\u00a0: <strong>pourquoi n\u2019a-t-on pas demand\u00e9 au Conseil constitutionnel son avis sur le projet de r\u00e9vision constitutionnelle\u00a0? <\/strong><\/li>\n<\/ul>\n<p>Depuis la loi constitutionnelle n \u00b0 2016-10 du 5 avril 2016, le Conseil constitutionnel peut \u00eatre saisi par le Pr\u00e9sident de la R\u00e9publique pour avis. Sur une question relative aux \u00e9lections l\u00e9gislatives de 2017, le Conseil constitutionnel avait \u00e9t\u00e9 saisi pour avis d\u2019o\u00f9 sa d\u00e9cision n\u00b0 8\/2017 du 26 juillet 2017. Pourquoi alors sur une question aussi fondamentale touchant la Constitution, n\u2019a-t-on pas demand\u00e9 l\u2019avis du juge constitutionnel\u00a0? Si la consultation juridique a eu lieu, la d\u00e9cision rendue devrait \u00eatre publi\u00e9e au journal officiel conform\u00e9ment \u00e0 l\u2019article 25 de la loi organique relative au Conseil constitutionnel.<\/p>\n<p>Il devrait \u00eatre retenu dans la Constitution s\u00e9n\u00e9galaise, comme c\u2019est le cas dans la Constitution gabonaise (article 116), que <strong>tout projet de r\u00e9vision de la Constitution propos\u00e9 par le Pr\u00e9sident de la R\u00e9publique ainsi que tout amendement qui s\u2019y rapporte soient obligatoirement soumis, pour avis, au Conseil constitutionnel <\/strong>avant la convocation de l\u2019Assembl\u00e9e nationale ou avant le r\u00e9f\u00e9rendum.\u00a0\u00ab\u00a0Cette soumission du texte de r\u00e9vision et de tout amendement permet (au Conseil constitutionnel) non seulement d\u2019assurer le contr\u00f4le de la r\u00e9gularit\u00e9 de la proc\u00e9dure mais aussi de v\u00e9rifier la compatibilit\u00e9 du texte de r\u00e9vision avec l\u2019ensemble des dispositions constitutionnelles\u00a0<a href=\"#_ftn4\" name=\"_ftnref4\"><sup>[4]<\/sup><\/a>\u00bb.<\/p>\n<p>&nbsp;<\/p>\n<ul>\n<li>La deuxi\u00e8me remarque est que<strong> les projets de lois constitutionnelles ne peuvent pas faire l\u2019objet d\u2019une proc\u00e9dure de vote sans d\u00e9bat. <\/strong><\/li>\n<\/ul>\n<p>Au regard de l\u2019article 103 de la Constitution, la voie r\u00e9f\u00e9rendaire est la r\u00e8gle pour r\u00e9viser la Constitution et la voie parlementaire est l\u2019exception. Malheureusement, comme l\u2019\u00e9crit M. Ismaila Madior Fall pr\u00e9cit\u00e9 (p.13), \u00ab\u00a0il n\u2019y a aucun obstacle d\u2019ordre proc\u00e9dural significatif d\u00e8s lors que le pouvoir dispose d\u2019une majorit\u00e9 parlementaire repr\u00e9sentant 3\/5 des membres du Parlement\u00a0\u00bb. Nous devons tous admettre que <strong>la Constitution, qui est la \u00ab\u00a0loi des lois\u00a0\u00bb, ne doit, en aucune circonstance, \u00eatre r\u00e9vis\u00e9e selon un proc\u00e9d\u00e9 d\u2019adoption simplifi\u00e9e.<\/strong><\/p>\n<p><strong>Le recours \u00e0 l\u2019article 72 <\/strong>du R\u00e8glement int\u00e9rieur de l\u2019Assembl\u00e9e nationale<strong> pour approuver des projets de loi constitutionnelle est une n\u00e9gation manifeste du droit parlementaire<\/strong>.<\/p>\n<p>En France,\u00a0l\u2019Assembl\u00e9e nationale a institu\u00e9 par sa r\u00e9solution n\u00b0 475 du 7 mai 1991, une \u00ab\u00a0proc\u00e9dure d\u2019examen simplifi\u00e9e\u00a0\u00bb en remplacement des proc\u00e9dures de vote sans d\u00e9bat et de vote apr\u00e8s d\u00e9bat restreint. L\u2019examen d\u2019un texte soumis \u00e0 la proc\u00e9dure d\u2019examen simplifi\u00e9 passe d\u2019abord par la Conf\u00e9rence des Pr\u00e9sidents. Mais, conform\u00e9ment \u00e0 l\u2019article 127 du m\u00eame R\u00e8glement int\u00e9rieur, \u00ab\u00a0(les projets et propositions de lois organiques) ne peuvent faire l\u2019objet de la proc\u00e9dure d\u2019examen simplifi\u00e9e \u2026\u00a0\u00bb.<\/p>\n<p><strong>.<\/strong><\/p>\n<ul>\n<li>La troisi\u00e8me remarque c\u2019est pour dire que<strong> le fait majoritaire ne doit pas \u00eatre utilis\u00e9 comme arme pour voter sans d\u00e9bat les lois de la R\u00e9publique. <\/strong><\/li>\n<\/ul>\n<p>On peut comprendre ais\u00e9ment les \u00e9tats d\u2019\u00e2me d\u2019une majorit\u00e9 parlementaire pour partager les vues constitutionnelles du Pr\u00e9sident de la R\u00e9publique mais pas au point d\u2019enfreindre tout le formalisme que requiert le d\u00e9roulement minutieux de la proc\u00e9dure l\u00e9gislative. Nous n\u2019h\u00e9sitons pas \u00e0 dire que <strong>l\u2019utilisation de l\u2019article 72 pour adopter les lois de la R\u00e9publique<\/strong>, surtout \u00ab\u00a0dans un sens (\u2026) d\u00e9plorable pour l\u2019autorit\u00e9 gouvernementale et la valeur du travail l\u00e9gislatif\u00a0\u00bb (Michel Debr\u00e9.), <strong>donne une \u00ab\u00a0image n\u00e9gative du travail l\u00e9gislatif dans l\u2019opinion publique\u00a0\u00bb.<\/strong><\/p>\n<p>&nbsp;<\/p>\n<p>Enfin, on se demande quelle est l\u2019utilit\u00e9 d\u2019\u00e9largir les pouvoirs d\u2019un Parlement en mati\u00e8re de contr\u00f4le de l\u2019action gouvernementale (voir la loi constitutionnelle du 5 avril 2016) si ce Parlement se contente de voter sans d\u00e9bat les lois. Ce que nous attendons du travail parlementaire c\u2019est l\u2019am\u00e9lioration de la qualit\u00e9 technique des lois. En effet, il est not\u00e9, par exemple, un manque de rigueur dans la r\u00e9daction de l\u2019article 29 nouveau de la loi constitutionnelle qui vient d\u2019\u00eatre adopt\u00e9e sans parler de son incompatibilit\u00e9 avec les deux premiers alin\u00e9as de l\u2019article 34 de la Constitution. (Voir commentaires de Doudou Ndoye sur les articles 29 \u00e0 34 dans \u00ab La Constitution s\u00e9n\u00e9galaise du 22 janvier 2001 comment\u00e9e\u00a0\u00bb, 2\u00e8 \u00e9dition, EDJA,2001, p.136). Ce que nous attendons du travail parlementaire c\u2019est d\u2019amener l\u2019Ex\u00e9cutif \u00ab\u00a0\u00e0 un d\u00e9bat plus long, plus approfondi que pr\u00e9vu, bref de retarder la discussion des textes les moins consensuels, avec l\u2019objectif de prendre \u00e0 t\u00e9moin l\u2019opinion publique et l\u2019espoir, toujours d\u00e9\u00e7u, d\u2019emp\u00eacher l\u2019adoption d\u00e9finitive\u00a0\u00bb<a href=\"#_ftn5\" name=\"_ftnref5\">[5]<\/a>.<\/p>\n<p>&nbsp;<\/p>\n<p>Toutes ces consid\u00e9rations ci-dessus ne sauraient mieux se r\u00e9sumer qu\u2019en reprenant \u00e0 notre compte ces phrases de Guy Carcassonne pr\u00e9cit\u00e9 qui demeurent d\u2019une actualit\u00e9 fascinante\u00a0et qui m\u00e9ritent assur\u00e9ment d\u2019\u00eatre grav\u00e9es en lettres d\u2019or dans l\u2019h\u00e9micycle du Parlement de plusieurs pays africains\u00a0:<strong>\u00a0\u00a0\u00a0\u00a0 <\/strong><\/p>\n<p>\u00ab\u00a0Le Parlement est fait pour parler. C\u2019est un organe d\u00e9lib\u00e9rant, ce qui signifie que s\u2019il doit en fin de compte d\u00e9cider, il le fait toujours apr\u00e8s qu\u2019une discussion a permis d\u2019\u00e9clairer ses choix. Remettre cela en cause c\u2019est s\u2019attaquer aux fondements m\u00eame du syst\u00e8me parlementaire. Et d\u2019ailleurs la totalit\u00e9 du droit parlementaire dans la Constitution (\u2026) s\u2019inspire de cette conception consubstantiellement li\u00e9e \u00e0 la d\u00e9mocratie elle-m\u00eame (<strong>&#8230;).<\/strong><\/p>\n<p>Si jamais Parlement a effectivement m\u00e9rit\u00e9 le nom de chambre d\u2019enregistrement, c\u2019est bien celui appel\u00e9 \u00e0 trancher sans avoir d\u00e9battu. Le voil\u00e0 r\u00e9duit au simple r\u00f4le de machine \u00e0 voter.<strong> On ose songer \u00e0 tous les exc\u00e8s auxquels la facult\u00e9 ainsi offerte au Gouvernement pourrait, ou pourra, donner lieu. La discipline d\u2019une majorit\u00e9 automatique et la complaisance du Conseil constitutionnel donnent (\u2026) une interpr\u00e9tation qui revient \u00e0 dire que le Gouvernement peut faire ce qu\u2019il veut, comme il veut, quand il veut\u00a0\u00bb.<\/strong><\/p>\n<p>&nbsp;<\/p>\n<p>Dakar, le 24 avril 2018<\/p>\n<p><a href=\"#_ftnref1\" name=\"_ftn1\">[1]<\/a> Bruno Baufum\u00e9, \u00ab\u00a0Le droit d\u2019amendement et la Constitution sous la Cinqui\u00e8me R\u00e9publique\u00a0\u00bb, L.G.D.J, 1993, p.345.<\/p>\n<p><a href=\"#_ftnref2\" name=\"_ftn2\">[2]<\/a> Ismaila Madior Fall dans \u00ab\u00a0La r\u00e9vision de la Constitution au S\u00e9n\u00e9gal\u00a0\u00bb\u00a0p.13.<\/p>\n<p><a href=\"#_ftnref3\" name=\"_ftn3\">[3]<\/a> Bruno Baufum\u00e9, op.cit. pp.195-196.<\/p>\n<p><a href=\"#_ftnref4\" name=\"_ftn4\">[4]<\/a> T\u00e9lesphore Ondo, \u00ab\u00a0Le droit parlementaire gabonais\u00a0\u00bb, L\u2019Harmattan, 2008, p216.<\/p>\n<p><a href=\"#_ftnref5\" name=\"_ftn5\">[5]<\/a>Jean Louis-H\u00e9rin, Jean-Louis H\u00e9rin, \u00ab\u00a0La Constitution de la R\u00e9publique fran\u00e7aise. Analyses et commentaires\u00a0\u00bb (sous la direction de Fran\u00e7ois Luchaire), Economica, 2009, p.1081.<\/p>\n<p>&nbsp;<\/p>\n\n<div style=\"font-size: 0px; height: 0px; line-height: 0px; margin: 0; padding: 0; clear: both;\"><\/div>","protected":false},"excerpt":{"rendered":"<p>R\u00e9flexion d\u2019un citoyen sur le vote sans d\u00e9bat des projets de loi\u00a0: une pratique non pr\u00e9vue par la Constitution\u00a0ni par aucune loi organique ou ordinaire &nbsp; Par Mamadou Abdoulaye SOW Inspecteur principal du Tr\u00e9sor \u00e0 la retraite mamabdousow@yahoo.fr &nbsp; \u00ab\u00a0Comme son nom l\u2019indique, le Parlement est fait pour parler. C\u2019est un organe d\u00e9lib\u00e9rant, ce qui [&hellip;]<\/p>\n","protected":false},"author":3,"featured_media":119708,"comment_status":"open","ping_status":"open","sticky":false,"template":"","format":"standard","meta":{"spay_email":"","jetpack_publicize_message":""},"categories":[1510],"tags":[200,11190,12189],"jetpack_featured_media_url":"https:\/\/actunet.net\/wp-content\/uploads\/2018\/04\/mamadou-A-Sow.jpg","jetpack_publicize_connections":[],"jetpack-related-posts":[],"acan_image_url":"https:\/\/actunet.net\/wp-content\/uploads\/2018\/04\/mamadou-A-Sow.jpg","_links":{"self":[{"href":"https:\/\/actunet.net\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/119706"}],"collection":[{"href":"https:\/\/actunet.net\/wp-json\/wp\/v2\/posts"}],"about":[{"href":"https:\/\/actunet.net\/wp-json\/wp\/v2\/types\/post"}],"author":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/actunet.net\/wp-json\/wp\/v2\/users\/3"}],"replies":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/actunet.net\/wp-json\/wp\/v2\/comments?post=119706"}],"version-history":[{"count":0,"href":"https:\/\/actunet.net\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/119706\/revisions"}],"wp:featuredmedia":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/actunet.net\/wp-json\/wp\/v2\/media\/119708"}],"wp:attachment":[{"href":"https:\/\/actunet.net\/wp-json\/wp\/v2\/media?parent=119706"}],"wp:term":[{"taxonomy":"category","embeddable":true,"href":"https:\/\/actunet.net\/wp-json\/wp\/v2\/categories?post=119706"},{"taxonomy":"post_tag","embeddable":true,"href":"https:\/\/actunet.net\/wp-json\/wp\/v2\/tags?post=119706"}],"curies":[{"name":"wp","href":"https:\/\/api.w.org\/{rel}","templated":true}]}}