{"id":128583,"date":"2018-06-19T08:32:10","date_gmt":"2018-06-19T08:32:10","guid":{"rendered":"http:\/\/actunet.net\/?p=128583"},"modified":"2018-06-19T08:32:10","modified_gmt":"2018-06-19T08:32:10","slug":"regarder-la-coupe-du-monde-est-dangereux-pour-le-coeur","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/actunet.net\/sport\/regarder-la-coupe-du-monde-est-dangereux-pour-le-coeur\/","title":{"rendered":"Regarder la Coupe du monde est dangereux pour le c\u0153ur ?"},"content":{"rendered":"\n<!-- Quick Adsense WordPress Plugin: http:\/\/quickadsense.com\/ -->\n<div class=\"e4da825301e49ae160c5aa77f2775d0d\" data-index=\"1\" style=\"float: none; margin:10px 0 10px 0; text-align:center;\">\n<script data-ad-client=\"ca-pub-7606738817238435\" async src=\"https:\/\/pagead2.googlesyndication.com\/pagead\/js\/adsbygoogle.js\"><\/script>\r\n<script data-ad-client=\"ca-pub-5623104637309752\" async src=\"https:\/\/pagead2.googlesyndication.com\/pagead\/js\/adsbygoogle.js\"><\/script>\n<\/div>\n<p><strong>Et arriva la stressante s\u00e9ance des tirs au but<\/strong>. La tension \u00e9tait \u00e0 son comble. Nous sommes en juin 2014 au Br\u00e9sil. Dans un bar situ\u00e9 non loin du stade Mineir\u00e3o de Belo Horizonte, un supporter br\u00e9silien regarde \u00e0 la t\u00e9l\u00e9vision un match opposant son \u00e9quipe \u00e0 celle du Chili. Il s\u2019\u00e9croule, terrass\u00e9 par un infarctus du myocarde. Transport\u00e9 aux urgences de l\u2019h\u00f4pital de la ville, cet homme de 69 ans, qui souffre de diab\u00e8te et d\u2019hypertension, d\u00e9c\u00e9dera quelques heures plus tard. Ce jour-l\u00e0, selon les autorit\u00e9s sanitaires locales, pas moins de 98 supporters ont \u00e9t\u00e9 pris en charge au cours du match, dont une quinquag\u00e9naire, elle aussi victime d\u2019un infarctus lors des tirs au but. Elle avait finalement pu \u00eatre secourue.<\/p>\n<p>Quelques ann\u00e9es auparavant, en juin 2002, un match de foot stressant avait co\u00fbt\u00e9 la vie \u00e0 un supporter sud-cor\u00e9en \u00e2g\u00e9 de moins de 30 ans qui assistait au huiti\u00e8me de finale entre la Cor\u00e9e du Sud et l\u2019Italie. Il ne restait que deux minutes \u00e0 jouer et son \u00e9quipe \u00e9tait men\u00e9e 1-0. Et soudain, c\u2019est l\u2019\u00e9galisation. La joie du supporter sera de courte dur\u00e9e\u00a0: il s\u2019affaisse brutalement dans les gradins, victime d\u2019une crise cardiaque.<\/p>\n<p>Alors, dangereux le foot\u00a0? Jusqu\u2019\u00e0 \u00eatre mortel\u00a0? En d\u2019autres termes, existe-il un risque d\u2019\u00eatre victime d\u2019un \u00e9v\u00e9nement cardiovasculaire (infarctus du myocarde, mort subite cardiaque, trouble grave du rythme cardiaque) lorsqu\u2019on assiste \u00e0 une rencontre dans un stade ou lorsqu\u2019on regarde \u00e0 la t\u00e9l\u00e9vision un match particuli\u00e8rement \u00e9prouvant pour les nerfs\u00a0? En effet, la question se pose de l\u2019impact d\u2019un stress aigu sur la survenue d\u2019un accident cardiaque lors d\u2019un \u00e9v\u00e9nement sportif majeur, d\u2019autant qu\u2019une augmentation des taux de survenue d\u2019infarctus et de mort subite cardiaque a \u00e9t\u00e9 rapport\u00e9e lors d\u2019\u00e9pisodes de guerre, de tremblements de terre, d\u2019accidents majeurs industriels et d\u2019attaques terroristes.<\/p>\n<p>De fait, les \u00e9tudes sur le sujet ne manquent pas dans la litt\u00e9rature m\u00e9dicale. La majorit\u00e9 d\u2019entre elles concerne le \u00ab\u00a0soccer\u00a0\u00bb (appellation du football aux Etats-Unis), en l\u2019occurrence la Coupe du monde de la FIFA et les matchs du championnat d\u2019Angleterre). D\u2019autres portent sur le football am\u00e9ricain (Super Bowl). Enfin, des travaux se sont int\u00e9ress\u00e9s \u00e0 l\u2019impact sur la sant\u00e9 cardiovasculaire des supporters des retransmissions t\u00e9l\u00e9vis\u00e9es de matchs de hockey au Canada, de la Coupe du monde de rugby en Nouvelle-Z\u00e9lande, et de matchs du championnat de baseball au Japon. Si certaines \u00e9tudes concluent \u00e0 l\u2019existence d\u2019une relation entre le fait d\u2019\u00eatre spectateur d\u2019un \u00e9v\u00e9nement sportif et une augmentation de l\u2019incidence des accidents cardiovasculaires et du taux de mortalit\u00e9, d\u2019autres n\u2019ont pas retrouv\u00e9 une telle corr\u00e9lation.<\/p>\n<p><strong>Mort subite cardiaque<\/strong><\/p>\n<div class=\"wp-caption aligncenter\"><img decoding=\"async\" loading=\"lazy\" class=\"\" src=\"http:\/\/realitesbiomedicales.blog.lemonde.fr\/files\/2018\/06\/football-stress-coeur-infarctus-AVC-equipe-perd.jpg\" alt=\"\" width=\"500\" height=\"365\" \/><\/p>\n<p class=\"wp-caption-text\">\u00a9 Flickr<\/p>\n<\/div>\n<p>En 2005, une \u00e9tude suisse publi\u00e9e dans l\u2019<em>International Journal of Cardiology<\/em>\u00a0s\u2019est int\u00e9ress\u00e9e \u00e0 la fr\u00e9quence de la mort subite cardiaque lors de la Coupe du monde de football de 2002. Les cardiologues de l\u2019h\u00f4pital universitaire de\u00a0Lausanne ont analys\u00e9 les donn\u00e9es des unit\u00e9s mobiles de soins intensifs lors de lors de cette comp\u00e9tition footballistique dans une r\u00e9gion de 1,5 million d\u2019habitants, en comparaison \u00e0 celles recueillies \u00e0 la m\u00eame p\u00e9riode l\u2019ann\u00e9e pr\u00e9c\u00e9dente. Ils ont observ\u00e9 une augmentation globale de 63 % de morts subites durant la comp\u00e9tition, atteignant 77 % chez les hommes, un taux statistiquement significatif. Les chercheurs ont attribu\u00e9 ce r\u00e9sultat au stress mental et la col\u00e8re des supporters (responsable d\u2019un trouble s\u00e9v\u00e8re du rythme cardiaque) et possiblement \u00e0 un possible comportement \u00e0 risque (consommation d\u2019alcool, de tabac, mauvaise observance des traitements prescrits).<\/p>\n<p>Le stress mental et la col\u00e8re peuvent activer le syst\u00e8me nerveux autonome par l\u2019interm\u00e9diaire de la voie sympathique, entra\u00eenant une augmentation du rythme cardiaque, une \u00e9l\u00e9vation de la pression art\u00e9rielle et un d\u00e9faut de vascularisation du myocarde chez un patient souffrant d\u2019ath\u00e9roscl\u00e9rose des art\u00e8res coronaires ou pr\u00e9sentant des irr\u00e9gularit\u00e9s de contractions du c\u0153ur. Avec pour cons\u00e9quence de favoriser la survenue d\u2019un grave trouble du rythme cardiaque (arythmie maligne).<\/p>\n<p><strong>Etude allemande de 2008<\/strong><\/p>\n<div class=\"wp-caption aligncenter\"><img decoding=\"async\" loading=\"lazy\" class=\"\" src=\"http:\/\/realitesbiomedicales.blog.lemonde.fr\/files\/2018\/06\/football-infarctus-coeur-supporters-urgences-cardiologiques-munich.jpg\" alt=\"\" width=\"423\" height=\"562\" \/><\/p>\n<p class=\"wp-caption-text\">Centre allemand de cardiologie de Munich. \u00a9 Deutsches Herzzentrum M\u00fcnchen<\/p>\n<\/div>\n<p>L\u2019\u00e9tude, qui a sans aucun doute sem\u00e9 le plus de trouble, est celle qui fut publi\u00e9e par des chercheurs allemands en 2008 dans l\u2019hebdomadaire m\u00e9dical am\u00e9ricain <em>The New England Journal of Medicine<\/em> (NEJM). Conduite \u00e0 Munich (Bavi\u00e8re) et dans ses environs lors de la Coupe du monde de football de juillet 2006, elle a \u00e9valu\u00e9 la relation entre stress \u00e9motionnel intense et \u00e9v\u00e9nement cardiovasculaire (infarctus du myocarde, trouble du rythme cardiaque, arr\u00eat cardiaque, etc). Elle a r\u00e9v\u00e9l\u00e9 une incidence 2,66 fois plus \u00e9lev\u00e9e d\u2019\u00e9v\u00e9nements cardiovasculaires n\u00e9cessitant une admission aux urgences les jours o\u00f9 se d\u00e9roulent des matchs impliquant l\u2019\u00e9quipe d\u2019Allemagne que lors de la p\u00e9riode contr\u00f4le sans match. Chez les hommes, l\u2019incidence \u00e9tait 3,26 fois plus \u00e9lev\u00e9e que celle enregistr\u00e9e durant la p\u00e9riode contr\u00f4le. Elle \u00e9tait chez les femmes 1,82 fois plus importante que celle des jours sans match.<\/p>\n<p>Les chercheurs ont observ\u00e9 une augmentation de l\u2019incidence des accidents cardiaques pendant les heures pr\u00e9c\u00e9dant la comp\u00e9tition, avec un pic lors des deux heures suivant le d\u00e9but du match, au moment justement o\u00f9 le stress \u00e9motionnel est le plus intense. Parmi les patients qui avaient appel\u00e9 les urgences cardiologiques les jours o\u00f9 jouait l\u2019\u00e9quipe d\u2019Allemagne, 47 % pr\u00e9sentaient un risque coronarien connu, contre 29 % durant la p\u00e9riode contr\u00f4le sans match. Les chercheurs ont d\u00e9termin\u00e9 que l\u2019incidence d\u2019un accident cardiaque \u00e9tait multipli\u00e9e par 4 chez un individu ayant des ant\u00e9c\u00e9dents de maladie coronarienne et par 2 chez une personne ne pr\u00e9sentant pas de tels probl\u00e8mes. Un risque aussi \u00e9lev\u00e9 de survenue d\u2019\u00e9v\u00e9nements cardiovasculaires n\u2019avait jamais \u00e9t\u00e9 observ\u00e9 auparavant.<\/p>\n<p>Largement m\u00e9diatis\u00e9e, cette \u00e9tude \u00e9pid\u00e9miologique semblait donc indiquer l\u2019existence d\u2019une forte corr\u00e9lation entre un stress \u00e9motionnel provoqu\u00e9 par un match de football v\u00e9cu intens\u00e9ment par le t\u00e9l\u00e9spectateur et la survenue d\u2019un \u00e9v\u00e9nement cardiovasculaire aigu. Cette analyse r\u00e9trospective ne permettait cependant pas de d\u00e9terminer combien de patients ayant pr\u00e9sent\u00e9 un accident cardiaque avaient effectivement suivi un match \u00e0 la t\u00e9l\u00e9vision.<\/p>\n<p>Fort de leurs r\u00e9sultats, les auteurs de l\u2019article avaient pr\u00e9conis\u00e9, \u00e0 titre pr\u00e9ventif pour les individus pr\u00e9sentant une maladie coronarienne, de prescrire ou d\u2019augmenter la dose de b\u00eata-bloquants (qui abaissent la fr\u00e9quence cardiaque), d\u2019administrer de l\u2019aspirine (pour ses actions anti-inflammatoire et anticoagulante). Bref, d\u2019accord pour le foot \u00e0 la t\u00e9l\u00e9 pour les patients coronariens, mais \u00e0 condition de suivre l\u2019ordonnance.<\/p>\n<div class=\"wp-caption aligncenter\"><img decoding=\"async\" loading=\"lazy\" class=\"\" src=\"http:\/\/realitesbiomedicales.blog.lemonde.fr\/files\/2018\/06\/football-joie-euphorie-but-coeur-equipe-gagne.jpg\" alt=\"\" width=\"500\" height=\"357\" \/><\/p>\n<p class=\"wp-caption-text\">\u00a9 Flickr<\/p>\n<\/div>\n<p>La partie est cependant loin d\u2019\u00eatre gagn\u00e9e pour l\u2019\u00e9quipe de chercheurs allemands. En 2010, une \u00e9quipe italienne publie dans l\u2019<em>International Journal of Epidemiology<\/em> des r\u00e9sultats qui sont \u00e0 l\u2019oppos\u00e9 de ceux rapport\u00e9s deux ans plus t\u00f4t par leurs coll\u00e8gues allemands. Conduite par des \u00e9pid\u00e9miologistes de l\u2019universit\u00e9 de Turin, elle conclut qu\u2019\u00eatre spectateur d\u2019un match de foot n\u2019entra\u00eene pas de risque pour le c\u0153ur et que si un risque existe, il est sans doute tr\u00e8s faible. Les chercheurs turinois sont parvenus \u00e0 cette conclusion apr\u00e8s avoir analys\u00e9 25 159 admissions hospitali\u00e8res pour infarctus du myocarde dans toute Italie au cours de trois comp\u00e9titions footballistiques majeures\u00a0: le Coupe du monde 2002, l\u2019Euro 2004 et la Coupe du monde 2006. Ils indiquent ne pas avoir trouv\u00e9 d\u2019augmentation du taux d\u2019admission pour infarctus myocardique les jours de matchs de l\u2019\u00e9quipe de football italienne lors des trois comp\u00e9titions.<\/p>\n<p>Match nul donc entre l\u2019Allemagne et l\u2019Italie, pour ce qui est des conclusions\u00a0des \u00e9quipes de recherche ! Mais pas pour longtemps. L\u2019ann\u00e9e suivante, une \u00e9quipe suisse publie les r\u00e9sultats de leur analyse de donn\u00e9es r\u00e9colt\u00e9es au Portugal lors de la finale de l\u2019Euro 2004 contre la Gr\u00e8ce. L\u00e0 encore, les chercheurs de Lausanne concluent que le fait de regarder les matchs n\u2019a pas augment\u00e9 dans la population portugaise le risque de faire un infarctus.<\/p>\n<p><strong>Stress aigu<\/strong><\/p>\n<div class=\"wp-caption aligncenter\"><img decoding=\"async\" loading=\"lazy\" src=\"http:\/\/realitesbiomedicales.blog.lemonde.fr\/files\/2018\/06\/Coupe-de-monde-foot-football-stress-coeur.jpg\" alt=\"\" width=\"500\" height=\"476\" \/><\/p>\n<p class=\"wp-caption-text\">\u00a9 Wikimedia Commons<\/p>\n<\/div>\n<p>De nombreux facteurs peuvent expliquer que des \u00e9tudes \u00e9valuant l\u2019impact potentiel du stress \u00e9motionnel sur la sant\u00e9 cardiovasculaire aboutissent \u00e0 des conclusions divergentes. Celles-ci peuvent diff\u00e9rer par le nombre de jours durant lesquels on enregistre les accidents cardiaques, le nombre et la dur\u00e9e des p\u00e9riodes contr\u00f4les (sans match) servant \u00e0 l\u2019analyse comparative avec la p\u00e9riode durant laquelle les matchs se d\u00e9roulent, de m\u00eame que la fa\u00e7on dont d\u2019autres variables ont \u00e9t\u00e9 prises en compte. En effet, il importe que l\u2019analyse statistique int\u00e8gre la saison, la temp\u00e9rature ambiante, la pollution atmosph\u00e9rique, le jour de la semaine (selon que le match tombe un jour de travail ou de repos), la consommation d\u2019alcool.<\/p>\n<p>On comprend d\u00e8s lors que l\u2019on ne peut \u00eatre compl\u00e8tement certain que le stress \u00e9motionnel soit l\u2019\u00e9l\u00e9ment d\u00e9clencheur de l\u2019\u00e9v\u00e9nement cardiovasculaire dans la mesure o\u00f9 les circonstances qui l\u2019entourent peuvent \u00eatre particuli\u00e8rement difficiles \u00e0 reconstituer. Il est possible que le stress mental agisse en augmentant l\u2019activation et l\u2019agr\u00e9gation des plaquettes sanguines tout en emp\u00eachant qu\u2019une pression art\u00e9rielle \u00e9lev\u00e9e retombe rapidement aux valeurs de base. Si ces r\u00e9ponses physiologiques au stress co\u00efncident avec la rupture d\u2019une plaque d\u2019ath\u00e9rome, il peut en r\u00e9sulter une s\u00e9v\u00e8re occlusion d\u2019une art\u00e8re coronaire \u00e0 l\u2019origine d\u2019un infarctus du myocarde.<\/p>\n<p><strong>Le stress n\u2019explique pas\u00a0tout<\/strong><\/p>\n<div class=\"wp-caption aligncenter\"><img decoding=\"async\" loading=\"lazy\" class=\"\" src=\"http:\/\/realitesbiomedicales.blog.lemonde.fr\/files\/2018\/06\/supporters-football-biere-match-stress.jpg\" alt=\"\" width=\"501\" height=\"326\" \/><\/p>\n<p class=\"wp-caption-text\">\u00a9 Flickr<\/p>\n<\/div>\n<p>D\u2019autres facteurs sont \u00e9galement susceptibles d\u2019influer sur les r\u00e9sultats des \u00e9tudes, comme la boulimie sous l\u2019effet de l\u2019excitation en famille ou entre copains, et surtout le grignotage d\u2019aliments riches en graisse (chips, cacahu\u00e8tes, biscuits ap\u00e9ritifs, charcuteries, pizza). De nombreux travaux \u00e9pid\u00e9miologiques ont montr\u00e9 que la malbouffe peut d\u00e9clencher une angine de poitrine apr\u00e8s un repas et un syndrome coronarien aigu, en particulier chez des patients souffrant d\u2019une maladie coronarienne. Enfin, il ne faut pas oublier l\u2019impact potentiel de la consommation de cigarettes, et m\u00eame l\u2019oubli de la prise de m\u00e9dicaments, en particulier chez des individus \u00e0 risque coronarien ou ayant d\u00e9j\u00e0 fait un infarctus.<\/p>\n<p>Enfin, signalons que toutes les \u00e9tudes n\u2019\u00e9valuent pas la m\u00eame chose. Certaines enregistrent la survenue de tout \u00e9v\u00e9nement cardiaque, tandis que d\u2019autres ne comptabilisent que les seuls infarctus ou sur la mortalit\u00e9 cardio-vasculaire par infarctus du myocarde, d\u2019autres encore \u00e9valuent la mortalit\u00e9 par infarctus et accident vasculaire c\u00e9r\u00e9bral. Pour toutes ces raisons, la comparaison des r\u00e9sultats entre \u00e9tudes est parfois difficile.<\/p>\n<p>Pour compliquer les choses, signalons que deux \u00e9tudes cherchant \u00e0 \u00e9valuer l\u2019impact de la sant\u00e9 cardiovasculaire des supporters peut aboutir \u00e0 des r\u00e9sultats contradictoires selon l\u2019importance de la population expos\u00e9e au stress. Ainsi deux \u00e9tudes, fran\u00e7aise et n\u00e9erlandaise, ont analys\u00e9 la mortalit\u00e9 cardiovasculaire apr\u00e8s le match du 22 juin 1996 qui a vu l\u2019\u00e9limination de l\u2019\u00e9quipe nationale n\u00e9erlandaise par la France \u00e0 l\u2019issue des tirs aux buts lors des quarts de finale de l\u2019Euro. Alors que l\u2019\u00e9tude fran\u00e7aise a conclu \u00e0 l\u2019absence d\u2019impact du match sur la mortalit\u00e9 cardiovasculaire en France (par infarctus du myocarde et accident vasculaire c\u00e9r\u00e9bral), les chercheurs n\u00e9erlandais ont observ\u00e9 dans leur pays une augmentation d\u2019environ 50 % du taux de mortalit\u00e9 cardiovasculaire chez les hommes \u00e2g\u00e9s de plus de 45 ans par rapport aux cinq jours pr\u00e9c\u00e9dents et suivants le match.<\/p>\n<p>Sauf \u00e0 consid\u00e9rer que le c\u0153ur des N\u00e9erlandais est plus fragile que celui des Fran\u00e7ais, ce qui est fort peu probable, une explication de ces r\u00e9sultats divergents pourrait tenir au fait que seulement 8 % des Fran\u00e7ais (4,7 millions de t\u00e9l\u00e9spectateurs) avaient regard\u00e9 le match contre 60 % de la population n\u00e9erlandaise (9,8 millions de spectateurs). Il reste que, l\u00e0 encore, l\u2019\u00e9tude n\u00e9erlandaise ne permet pas de savoir combien de personnes sur les 41 d\u00e9c\u00e9d\u00e9es ce jour-l\u00e0 d\u2019un infarctus ou d\u2019un AVC avaient effectivement regard\u00e9 le match \u00e0 la t\u00e9l\u00e9vision.<\/p>\n<p><strong>AVC<\/strong><\/p>\n<p>En mars 2014, des \u00e9pid\u00e9miologistes de l\u2019universit\u00e9 de Bourgogne ont rapport\u00e9, dans le <em>Journal of Stroke and Cerebrovascular Diseases,<\/em> que regarder des comp\u00e9titions europ\u00e9ennes de football (Euro 1992, 1996, 2000, 2004) s\u2019est traduit dans la population de la ville de Dijon par une diminution du nombre des accidents vasculaires c\u00e9r\u00e9braux, avec une r\u00e9duction de 40 % des accidents vasculaires c\u00e9r\u00e9braux (AVC) dans les 15 jours pr\u00e9c\u00e9dant et suivant les comp\u00e9titions, en comparaison avec les p\u00e9riodes sans match de l\u2019ann\u00e9e suivante. Une telle diff\u00e9rence n\u2019a pas \u00e9t\u00e9 observ\u00e9e lors des Coupes du monde de 1986 au Br\u00e9sil, de 1994 aux Etats-Unis, et de 2006 en Cor\u00e9e du Sud et au Japon. Cette diff\u00e9rence tient peut-\u00eatre au fait que les t\u00e9l\u00e9spectateurs fran\u00e7ais \u00e9taient bien plus nombreux \u00e0 regarder les comp\u00e9titions de l\u2019Euro, diffus\u00e9s en journ\u00e9e, que les matchs de ces trois Coupes du monde qui, elles, avaient \u00e9t\u00e9 retransmises la nuit. Selon les chercheurs dijonnais, on peut penser que le sentiment durable d\u2019euphorie apr\u00e8s la victoire de certains matchs prot\u00e8ge les fans de foot sur le plan c\u00e9r\u00e9brovasculaire.<\/p>\n<p><strong>R\u00e9sultats contradictoires<\/strong><\/p>\n<div class=\"wp-caption aligncenter\"><img decoding=\"async\" loading=\"lazy\" class=\"\" src=\"http:\/\/realitesbiomedicales.blog.lemonde.fr\/files\/2018\/06\/stress-coeur-football-supporters.jpg\" alt=\"\" width=\"500\" height=\"373\" \/><\/p>\n<p class=\"wp-caption-text\">\u00a9 Flickr<\/p>\n<\/div>\n<p>En d\u00e9cembre 2013, c\u2019est au tour d\u2019une \u00e9quipe autrichienne de publier dans l\u2019<em>International Journal of Cardiology<\/em> les r\u00e9sultats d\u2019une \u00e9tude visant \u00e0 d\u00e9terminer l\u2019impact d\u2019un stress \u00e9motionnel sur l\u2019incidence des \u00e9v\u00e9nements cardiaques chez des supporters bavarois (r\u00e9gion de Munich et de Nuremberg) au cours de la Coupe du monde de football qui s\u2019est d\u00e9roul\u00e9e en Allemagne du 9 juin au 9 juillet 2006. Les chercheurs de l\u2019institut universitaire de m\u00e9decine du sport de Salzbourg ont \u00e9valu\u00e9 le taux d\u2019infarctus du myocarde, de r\u00e9cidive d\u2019infarctus, d\u2019arr\u00eat cardiaque, de tachycardie paroxystique, de fibrillation atriale, et autres troubles du rythme cardiaque. A des fins de comparaison, les donn\u00e9es ont \u00e9t\u00e9 recueillies lors des 7 jours de la comp\u00e9tition durant lesquels les joueurs allemands jouaient, puis au cours des 24 jours o\u00f9 ils ne disputaient aucun match et enfin lors de trois autres p\u00e9riodes servant de r\u00e9f\u00e9rence (r\u00e9parties en 2005 et 2006).<\/p>\n<p>Apr\u00e8s avoir tenu compte de l\u2019\u00e2ge, du sexe, des matchs perdus par la Mannschaft, de la temp\u00e9rature ext\u00e9rieure, des taux de dioxyde d\u2019azote (reflet de la pollution de l\u2019air ambiant), les chercheurs autrichiens indiquent ne pas avoir not\u00e9 d\u2019augmentation de l\u2019incidence des accidents cardiaques, et ce que l\u2019\u00e9quipe d\u2019Allemagne participe \u00e0 un match ou pas. Les r\u00e9sultats de cette \u00e9tude sont donc en totale contradiction avec celle publi\u00e9e en 2008 par des chercheurs allemands. Un r\u00e9sultat d\u2019autant plus surprenant que les m\u00e9decins autrichiens avaient analys\u00e9 des donn\u00e9es provenant de la m\u00eame r\u00e9gion (Bavi\u00e8re) que leurs coll\u00e8gues de Munich, \u00e0 cette diff\u00e9rence que dans l\u2019\u00e9tude allemande le diagnostic \u00e9tait celui inscrit \u00e0 l\u2019admission aux urgences et quand dans l\u2019\u00e9tude allemande il s\u2019agissait de celui mentionn\u00e9 \u00e0 la sortie de l\u2019h\u00f4pital. Comme toute \u00e9tude, celle-ci comporte des limites et des faiblesses m\u00e9thodologiques. En effet, elle n\u2019int\u00e8gre pas les facteurs de risque individuels, les \u00e9ventuels ant\u00e9c\u00e9dents cardiaques, la prise de m\u00e9dicaments, et surtout ne pr\u00e9cise pas si chaque patient admis aux urgences \u00e0 l\u2019h\u00f4pital lors de la Coupe du monde de football 2016 pour un motif cardiologique avait effectivement regard\u00e9 un match durant lequel l\u2019\u00e9quipe d\u2019Allemagne jouait.<\/p>\n<p>En 2014, une \u00e9tude allemande publi\u00e9e dans le <em>Journal of Epidemiology and Community Health<\/em> a rapport\u00e9 des r\u00e9sultats n\u2019allant pas dans le sens de ceux publi\u00e9s en 2008 dans le <em>New England Journal of Medicine<\/em> par leurs coll\u00e8gues bavarois. Plut\u00f4t que d\u2019exploiter les donn\u00e9es provenant de la population d\u2019une grande agglom\u00e9ration urbaine (Munich) et p\u00e9riurbaine et d\u2019une seule comp\u00e9tition footballistique, les chercheurs de l\u2019Universit\u00e9 de Halle-Wittenberg ont analys\u00e9 l\u2019impact de 207 matchs de football (comp\u00e9titions internationales, matchs de qualification, rencontres amicales) sur la mortalit\u00e9. Pour ce faire, ils ont analys\u00e9 les registres des d\u00e9c\u00e8s intervenus en Allemagne entre 1995 et 2009 (soit au total plus de 11 millions de personnes). R\u00e9sultats\u00a0: une l\u00e9g\u00e8re diminution de la mortalit\u00e9 les jours de match internationaux a \u00e9t\u00e9 observ\u00e9e, de m\u00eame qu\u2019une l\u00e9g\u00e8re augmentation lorsque l\u2019Allemagne perdait les matchs de qualification. La baisse de mortalit\u00e9 la plus importante a \u00e9t\u00e9 enregistr\u00e9e lorsque la Mannschaft remportait des comp\u00e9titions internationales. Selon les auteurs, cette \u00e9tude apporte de solides arguments montrant que la mortalit\u00e9 globale n\u2019est pas affect\u00e9e en Allemagne par les matchs de football de l\u2019\u00e9quipe nationale. Une conclusion qui se situe aux antipodes de celles de leurs coll\u00e8gues de Munich.<\/p>\n<p><strong>Impact selon le r\u00e9sultat du match<\/strong><\/p>\n<div class=\"wp-caption aligncenter\"><img decoding=\"async\" loading=\"lazy\" class=\"\" src=\"http:\/\/realitesbiomedicales.blog.lemonde.fr\/files\/2018\/06\/penalty-tir-au-but-football-stress.jpg\" alt=\"\" width=\"496\" height=\"371\" \/><\/p>\n<p class=\"wp-caption-text\">S\u00e9ance de tirs au but \u00a9 Wikimedia Commons<\/p>\n<\/div>\n<p>Le r\u00e9sultat d\u2019un match important influe-t-il sur la sant\u00e9 cardiovasculaire des fans du ballon rond ? Publi\u00e9e en 2002, une \u00e9tude de chercheurs de l\u2019Universit\u00e9 de Birmingham a rapport\u00e9 dans les h\u00f4pitaux anglais une augmentation de 25 % du nombre des admissions pour infarctus du myocarde (IDM) le 30 juin 1998, jour o\u00f9 l\u2019Argentine se qualifia face \u00e0 l\u2019Angleterre en huiti\u00e8me de finale de la Coupe du monde lors des tirs au but (4:3 tab). Cette hausse des admissions pour IDM se poursuivit durant les deux jours qui suivirent. En revanche, le nombre de patients admis pour d\u2019autres diagnostics (notamment pour AVC, accidents de la route) n\u2019avait pas augment\u00e9 apr\u00e8s ce match qui avait \u00e9t\u00e9 regard\u00e9 par 24 millions de t\u00e9l\u00e9spectateurs britanniques. Les chercheurs devaient en d\u00e9duire que la d\u00e9faite de l\u2019\u00e9quipe de football nationale peut d\u00e9clencher un stress \u00e9motionnel intense capable d\u2019avoir un impact sur le c\u0153ur. Et de conclure leur article en d\u00e9clarant : <em>\u00ab\u00a0peut-\u00eatre la loterie des tirs au but devrait-elle \u00eatre abandonn\u00e9e pour des raisons de sant\u00e9 publique\u00a0\u00bb.<\/em><\/p>\n<p>Quid lorsque son \u00e9quipe nationale remporte un match crucial\u00a0? En 2003, des chercheurs du CHU de Nice ont rapport\u00e9, dans la revue <em>Heart<\/em>, une baisse de la mortalit\u00e9 cardiovasculaire \u00e0 l\u2019\u00e9chelle nationale en cas de victoire d\u2019un \u00e9v\u00e9nement sportif d\u2019envergure. Ce jour-l\u00e0, 23,6 millions de personnes regardaient le match \u00e0 la t\u00e9l\u00e9vision, soit 40 % de la population fran\u00e7aise.<\/p>\n<p>Cette \u00e9tude est la premi\u00e8re \u00e0 avoir rapport\u00e9 un impact positif sur la mortalit\u00e9 apr\u00e8s un match de football. Les \u00e9pid\u00e9miologistes ni\u00e7ois ont en effet enregistr\u00e9 chez les hommes une baisse statistiquement significative de la mortalit\u00e9 par infarctus du myocarde le jour de la finale de la Coupe du monde, le 12 juillet 1998, par rapport aux cinq jours pr\u00e9c\u00e9dents et suivants. La diminution de la mortalit\u00e9 par infarctus chez les femmes n\u2019atteignait la significativit\u00e9 statistique.<\/p>\n<p>Selon les chercheurs, le fait que la finale ait eu lieu un dimanche (jour de repos), associ\u00e9 \u00e0 l\u2019all\u00e9gresse d\u2019avant et apr\u00e8s la finale, a pu contribuer \u00e0 diminuer le stress. Par ailleurs, l\u2019euphorie collective li\u00e9e \u00e0 la victoire de l\u2019\u00e9quipe de France contre celle du Br\u00e9sil (3-0) et le fait que le surlendemain ait \u00e9t\u00e9 un jour f\u00e9ri\u00e9, peut expliquer que la mortalit\u00e9 pour infarctus du myocarde ait \u00e9t\u00e9 \u00e9galement inf\u00e9rieure le 14 juillet (jour de la c\u00e9l\u00e9bration de la victoire) par rapport aux taux enregistr\u00e9s lors des cinq jours pr\u00e9c\u00e9dents et suivants.<\/p>\n<div class=\"wp-caption aligncenter\"><img decoding=\"async\" loading=\"lazy\" src=\"http:\/\/realitesbiomedicales.blog.lemonde.fr\/files\/2018\/06\/Coupe-de-monde-supporters-foot-football-stress-coeur-AVC-.jpg\" alt=\"\" width=\"500\" height=\"396\" \/><\/p>\n<p class=\"wp-caption-text\">\u00a9 Max Pixel<\/p>\n<\/div>\n<p>Pour conclure, on peut retenir de l\u2019ensemble des \u00e9tudes publi\u00e9es qu\u2019il n\u2019est aujourd\u2019hui en rien d\u00e9montr\u00e9 que suivre un\u00a0match de foot stressant ait un effet d\u00e9l\u00e9t\u00e8re sur le plan cardiaque, m\u00eame si quelques \u00e9tudes ont pu montrer le contraire. La relation entre la survenue d\u2019un \u00e9v\u00e9nement cardiovasculaire et les matchs de football est donc complexe, inconstante et masculine dans l\u2019immense majorit\u00e9 des cas. La prudence s\u2019impose donc en l\u2019\u00e9tat actuel des connaissances m\u00e9dicales. Raison de plus pour dire que les paquets de chips et de biscuits sal\u00e9s pour ap\u00e9ro, les packs de bi\u00e8res et les pizzas ne sont absolument pas indispensables et seraient m\u00eame carr\u00e9ment \u00e0 \u00e9viter dans une situation de stress \u00e9motionnel intense.<\/p>\n<p>Alors, si le c\u0153ur vous en dit, et \u00e0 condition de suivre ces \u00e9l\u00e9mentaires conseils d\u2019hygi\u00e8ne alimentaire, regardez donc le Mondial \u00e0 la t\u00e9l\u00e9vision sans appr\u00e9hension. Cela dit, pour m\u00e9nager le plus possible votre palpitant, vous avez toujours la possibilit\u00e9 de regarder les matchs en diff\u00e9r\u00e9. C\u2019est votre libre-arbitre. Quoiqu\u2019il en soit, pour diminuer le stress et m\u00eame contenir votre rage, dites-vous bien que tout cela n\u2019est qu\u2019un jeu.<\/p>\n<p style=\"text-align: right;\">LE MONDE<\/p>\n\n<div style=\"font-size: 0px; height: 0px; line-height: 0px; margin: 0; padding: 0; clear: both;\"><\/div>","protected":false},"excerpt":{"rendered":"<p>Et arriva la stressante s\u00e9ance des tirs au but. La tension \u00e9tait \u00e0 son comble. Nous sommes en juin 2014 au Br\u00e9sil. Dans un bar situ\u00e9 non loin du stade Mineir\u00e3o de Belo Horizonte, un supporter br\u00e9silien regarde \u00e0 la t\u00e9l\u00e9vision un match opposant son \u00e9quipe \u00e0 celle du Chili. 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