{"id":140468,"date":"2019-03-28T10:05:29","date_gmt":"2019-03-28T10:05:29","guid":{"rendered":"http:\/\/actunet.net\/?p=140468"},"modified":"2019-03-28T10:05:29","modified_gmt":"2019-03-28T10:05:29","slug":"dakar-capitale-de-lemergence-ville-desordonnee-et-bruyante-par-mody-niang","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/actunet.net\/actualite\/dakar-capitale-de-lemergence-ville-desordonnee-et-bruyante-par-mody-niang\/","title":{"rendered":"Dakar &#8220;capitale de l&#8217;\u00e9mergence&#8221;, ville d\u00e9sordonn\u00e9e et bruyante (Par Mody Niang)"},"content":{"rendered":"\n<!-- Quick Adsense WordPress Plugin: http:\/\/quickadsense.com\/ -->\n<div class=\"e4da825301e49ae160c5aa77f2775d0d\" data-index=\"1\" style=\"float: none; margin:10px 0 10px 0; text-align:center;\">\n<script data-ad-client=\"ca-pub-7606738817238435\" async src=\"https:\/\/pagead2.googlesyndication.com\/pagead\/js\/adsbygoogle.js\"><\/script>\r\n<script data-ad-client=\"ca-pub-5623104637309752\" async src=\"https:\/\/pagead2.googlesyndication.com\/pagead\/js\/adsbygoogle.js\"><\/script>\n<\/div>\n<p>Dans ma contribution du 3 octobre 2002, je prenais acte, avec prudence, de la d\u00e9mission des deux ministres et de toutes les mesures prises ou annonc\u00e9es par le Pr\u00e9sident de la R\u00e9publique. J&#8217;attendais surtout la suite qui serait r\u00e9serv\u00e9e \u00e0 tout cela car, &#8220;<em>je ne perdais quand m\u00eame pas de vue que nous vivions au S\u00e9n\u00e9gal, o\u00f9 on nous a habitu\u00e9s depuis bient\u00f4t quarante huit ans \u00e0 des commissions cr\u00e9\u00e9es plus pour nous endormir que pour faire \u00e9clater la v\u00e9rit\u00e9 et situer les v\u00e9ritables responsabilit\u00e9s<\/em>&#8220;. La suite me donnera raison puisque, \u00e0 l&#8217;arriv\u00e9e, au moins 1800 victimes gisent au fond de l&#8217;Oc\u00e9an, sans qu&#8217;aucun responsable de cette trag\u00e9die n&#8217;ait \u00e9t\u00e9 p\u00e9nalement sanctionn\u00e9. Cette absence de sanctions avait amen\u00e9 d&#8217;ailleurs la Justice fran\u00e7aise \u00e0 mettre en examen de hautes autorit\u00e9s s\u00e9n\u00e9galaises de l&#8217;\u00e9poque dont le Premier Ministre Mame Madior Boye. Elles finiront d&#8217;ailleurs par b\u00e9n\u00e9ficier de non-lieux.<\/p>\n<p>Je rappelais dans ma contribution du 3 octobre 2002 que ce n&#8217;\u00e9tait pas la premi\u00e8re fois qu&#8217;une trag\u00e9die intervenait au S\u00e9n\u00e9gal avec z\u00e9ro responsable.\u00a0 En effet, on se souvient encore de la terrible catastrophe de la SONACOS intervenue le mardi 24 mars 1992, et qui avait fait environ 140 morts et des centaines de handicap\u00e9s dont certains \u00e0 vie. Les fautes \u00e9taient pourtant lourdes. &#8220;<em>La citerne qui avait explos\u00e9 \u00e0 l&#8217;int\u00e9rieur de l&#8217;usine, du laboratoire exactement, \u00e9tait bourr\u00e9e de 27 tonnes d&#8217;ammoniac, pour une capacit\u00e9 de 22 tonnes autoris\u00e9e. Elle \u00e9tait, en outre, rafistol\u00e9e en de nombreux endroits<\/em>&#8220;, pr\u00e9cisais-je alors. Devant la gravit\u00e9 des faits, une commission d&#8217;enqu\u00eate avait \u00e9t\u00e9 mise en place par les autorit\u00e9s, &#8220;<em>plus par simple formalit\u00e9 que par volont\u00e9 r\u00e9elle de situer les responsabilit\u00e9s&#8221;<\/em>. Comme cela arrive souvent dans notre pays, la commission fut sans lendemain puisque le rapport, d\u00e9pos\u00e9 entre les mains du Premier ministre (alors Habib Thiam), n&#8217;a jamais \u00e9t\u00e9 exploit\u00e9 et aucune sanction n&#8217;a \u00e9t\u00e9 prise, surtout pas contre le Pr\u00e9sident-Directeur g\u00e9n\u00e9ral de la SONACOS (alors Abdoulaye Diop). Je signalais dans ma contribution du 3 octobre 2002 qu&#8217;il n&#8217;y avait rien d&#8217;\u00e9tonnant dans cette absence de sanctions, puisque le Pr\u00e9sident de la R\u00e9publique et le PDG de la SONACOS &#8220;<em>\u00e9taient tr\u00e8s proches, ayant grandi dans la m\u00eame concession \u00e0 Louga<\/em>&#8220;.<\/p>\n<p>La trag\u00e9die de la nuit du 26 septembre 2002 \u2013 pour revenir \u00e0 elle\u00a0 \u2013, je m&#8217;en \u00e9tais indign\u00e9 en ces termes\u00a0: &#8220;<em>Par-del\u00e0 les centaines de morts qu&#8217;elle a entra\u00een\u00e9es et la douleur indicible qu&#8217;elle a engendr\u00e9e, a \u00e9t\u00e9 une honte pour notre pays et a port\u00e9 un coup terrible \u00e0 son image. Les images peu reluisantes du naufrage du\u00a0 &#8220;Joola&#8221; ont fait le tour du monde. Elles ont \u00e9t\u00e9 relay\u00e9es par de nombreuses t\u00e9l\u00e9visions \u00e9trang\u00e8res et principalement fran\u00e7aises, comment\u00e9es avec par moment des pics qui ne nous honorent pas. Juan Gomes de RFI avait consacr\u00e9 son \u00e9mission &#8220;Appel \u00e0 l&#8217;Actualit\u00e9&#8221; des 1<\/em><em><sup>er<\/sup><\/em><em>\u00a0et 2 octobre 2002 au malheureux \u00e9v\u00e9nement.<\/em>&#8221; Ce n&#8217;\u00e9tait pas tout. Un ressortissant fran\u00e7ais intervenant de Dakar<em>\u00a0&#8220;avait, par-del\u00e0 le naufrage du &#8220;Joola&#8221;, point\u00e9 un doigt accusateur sur l&#8217;indiscipline caract\u00e9ris\u00e9e des S\u00e9n\u00e9galais et principalement sur celle des conducteurs de &#8220;cars rapides&#8221;<\/em>\u00a0<em>et de<\/em>\u00a0<em>&#8220;Ndiaga Ndiaye&#8221;<\/em>\u00a0<em>qui sont, selon lui, de v\u00e9ritables bourreaux sur les routes.&#8221;\u00a0<\/em>Et il avait termin\u00e9 son intervention par cette terrible assertion\u00a0:<em>\u00a0&#8220;Le S\u00e9n\u00e9gal se complet de plus en plus dans la m\u00e9diocrit\u00e9 et le laisser-aller&#8221;.\u00a0\u00a0<\/em>Une dame, r\u00e9sidant \u00e0 Paris, ira dans le m\u00eame sens en regrettant que son pays (le S\u00e9n\u00e9gal),<em>\u00a0&#8220;s&#8217;installe de plus en plus dans la culture du laxisme&#8221;<\/em>.<\/p>\n<p>De ces diff\u00e9rentes interventions qui ne nous honoraient point, je tirais la conclusion suivante\u00a0:<em>\u00a0&#8220;Les<\/em>\u00a0<em>Portugais, les Hollandais, les Suisses, les Espagnols, les Belges, etc., dont des ressortissants ont p\u00e9ri dans la catastrophe du 26 septembre, r\u00e9fl\u00e9chiront d\u00e9sormais longuement et profond\u00e9ment, avant de se d\u00e9cider \u00e0 venir au S\u00e9n\u00e9gal qui se r\u00e9v\u00e8le de plus en plus comme le champion mondial incontest\u00e9 de l&#8217;indiscipline et de l&#8217;incivisme. \u00a0Nous nous comportons chaque jour qui passe comme une communaut\u00e9 de singes et d&#8217;hy\u00e8nes adolescentes (que les walaf appellent &#8220;nduula\u00f1&#8221;), communaut\u00e9 sans responsable o\u00f9 chacun fait ce que bon lui\u00a0 semble et selon son instinct du moment, sans se soucier le moins du monde du tort qu&#8217;il peut porter au pays ou \u00e0 son voisin imm\u00e9diat. Quarante huit ann\u00e9es apr\u00e8s l&#8217;ind\u00e9pendance (ce n&#8217;\u00e9tait donc que \u00e7a\u00a0?), nous continuons de tra\u00eener comme un boulet, les maux que le Pr\u00e9sident Senghor appelait &#8220;Les maladies infantiles du sous-d\u00e9veloppement&#8221;,<\/em>\u00a0<em>dont les plus courantes aujourd&#8217;hui sont l&#8217;indiscipline et l&#8217;incivisme.<\/em>&#8220;()<\/p>\n<p>Ces plaies b\u00e9antes nous collent encore \u00e0 la peau aujourd&#8217;hui et se manifestent, notamment, dans les constructions anarchiques qui sont quotidiennement d\u00e9nonc\u00e9es et sans succ\u00e8s. Les m\u00e9tastases de ce cancer \u2013 c&#8217;en est un \u2013 n&#8217;\u00e9pargnent pas, non plus, les nombreuses c\u00e9r\u00e9monies familiales et religieuses. Pratiquement, tous les jours, \u00e0 l&#8217;occasion des bapt\u00eames, des mariages, des d\u00e9c\u00e8s, des retours de p\u00e8lerinage des Lieux saints, des tours de famille, des gamous-meetings, etc., des tentes poussent comme des champignons, souvent dans les rues les plus passantes et sans aucune autorisation. On peut regretter ici l&#8217;organisation d&#8217;un gamou (ou ziaar) annuel par une famille religieuse qui, \u00e0 l&#8217;occasion, dresse une tante gigantesque barrant une rue tr\u00e8s fr\u00e9quent\u00e9e et abritant de surcro\u00eet un terminus de bus, pendant une longue semaine, obligeant ainsi de nombreux automobilistes \u00e0 faire de grands d\u00e9tours, parfois pour acc\u00e9der seulement \u00e0 leurs domiciles. L&#8217;islam ne permet \u00e0 aucun musulman, et quel que soit son rang, de porter pr\u00e9judice \u00e0 ses coreligionnaires.<\/p>\n<p>Je ne m&#8217;attarde pas sur &#8220;<em>les fuur\u00ebl<\/em>\u00a0<em>et autres soir\u00e9es dansantes et t\u00e1nn b\u00e9er organis\u00e9s \u00e0 tout bout de champ, en week-ends comme en jours de semaine, avec des baffles ouverts \u00e0 plein r\u00e9gime et des tam-tams sur lesquels frappent \u00e0 tue-t\u00eate des griots endiabl\u00e9s<\/em>&#8220;, ni\u00a0sur &#8220;<em>les appels \u00e0 la pri\u00e8re de certains muezzins z\u00e9l\u00e9s, aux environs de quatre heures du matin, avec des hauts parleurs qui portent leurs voix \u00e0 des kilom\u00e8tres \u00e0 la ronde<\/em>&#8220;.<\/p>\n<p>La politique, telle qu&#8217;elle se pratique chez nous, n&#8217;est pas en reste. Nous comptons aujourd&#8217;hui environ trois cents (300) partis politiques. On parle beaucoup de leur rationalisation, sans s&#8217;attarder sur les torts qu&#8217;ils portent aux populations, principalement pendant les campagnes \u00e9lectorales, avec leurs meetings et leurs caravanes qui drainent en g\u00e9n\u00e9ral beaucoup de monde et participent de la grande confusion de la circulation et du d\u00e9sordre dans les grandes villes. Dans les pays s\u00e9rieux, les grandes d\u00e9mocraties, ces rencontres se d\u00e9roulent dans des endroits ferm\u00e9s. Nous avons suffisamment de salles et de stades pour abriter ces meetings, dont nous pourrions d&#8217;ailleurs nous passer sans grands dommages.<\/p>\n<p>Un autre aspect des manifestations des partis politiques qui pose probl\u00e8me, ce sont les affichages sauvages pendant les campagnes \u00e9lectorales et m\u00eame hors de celles-ci. Nos compatriotes, militants de partis politiques ou non, ont la f\u00e2cheuse habitude d&#8217;afficher et de faire des graffiti n&#8217;importe o\u00f9\u00a0: sur les murs des b\u00e2timents publics ou priv\u00e9s et m\u00eame chez de pauvres particuliers qui, parfois, ont \u00e0 peine fini de peindre leurs maisons. Les tableaux de signalisation (stop, sens interdit, sens giratoire, etc.) qui r\u00e9glementent la circulation ne sont m\u00eame pas \u00e9pargn\u00e9s, comme d&#8217;ailleurs les enseignes pay\u00e9es par diff\u00e9rents services publics comme priv\u00e9s. En plus des torts qu&#8217;ils portent aux nombreux particuliers, les affiches et les graffiti anarchiques d\u00e9figurent notre pauvre &#8220;capitale de l&#8217;\u00e9mergence&#8221; et nombre d&#8217;autres villes de l&#8217;int\u00e9rieur. Celui qui a remport\u00e9 et de loin la palme pendant la derni\u00e8re campagne \u00e9lectorale et bien avant celle-ci, c&#8217;est incontestablement le chef de la coalition gouvernante. Ses affiches g\u00e9antes sont vraiment envahissantes, d\u00e9rangeantes et rappellent, sur bien des points, Varsovie, Prague, Berlin, Moscou, Budapest, etc., des ann\u00e9es 50.<\/p>\n<p>Toutes ces plaies b\u00e9antes ont la vie particuli\u00e8rement dure chez nous. Elles sont loin de dater d&#8217;aujourd&#8217;hui. Le pr\u00e9sident Senghor \u2013 nous l&#8217;avons rappel\u00e9 plus haut\u00a0 \u2013, les a tr\u00e8s t\u00f4t stigmatis\u00e9es. Son successeur aussi qui, dans son message \u00e0 la Nation au soir du 31 d\u00e9cembre 1999, d\u00e9non\u00e7ait vigoureusement (verbalement tout au moins) l&#8217;indiscipline et l&#8217;anarchie qui s&#8217;installaient dangereusement dans le pays. Ce texte \u00e9tant d\u00e9j\u00e0 long, j&#8217;y reviendrai dans une prochaine contribution, pour montrer \u00e0 quel point autorit\u00e9s (d&#8217;abord) et nous citoyens, avons besoin de d\u00e9ployer d&#8217;immenses efforts, pour faire de notre pays une R\u00e9publique moderne, avec des textes de lois et de r\u00e8glements qui s&#8217;appliquent \u00e0 tous et \u00e0 toutes, quel que soit, par ailleurs, le statut des uns et des autres.<\/p>\n<p><strong>Dakar, le 27 mars 2019<\/strong><\/p>\n<p><strong>Mody Niang<\/strong><\/p>\n\n<div style=\"font-size: 0px; height: 0px; line-height: 0px; margin: 0; padding: 0; clear: both;\"><\/div>","protected":false},"excerpt":{"rendered":"<p>Dans ma contribution du 3 octobre 2002, je prenais acte, avec prudence, de la d\u00e9mission des deux ministres et de toutes les mesures prises ou annonc\u00e9es par le Pr\u00e9sident de la R\u00e9publique. 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