{"id":57929,"date":"2017-03-14T15:53:54","date_gmt":"2017-03-14T15:53:54","guid":{"rendered":"http:\/\/actunet.net\/?p=57929"},"modified":"2017-03-14T15:53:54","modified_gmt":"2017-03-14T15:53:54","slug":"serigne-saam-mbaye-au-dela-du-mystique-lintellectuel","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/actunet.net\/non-classe\/serigne-saam-mbaye-au-dela-du-mystique-lintellectuel\/","title":{"rendered":"Serigne Saam MBAYE\u00a0: Au-del\u00e0 du mystique, l\u2019intellectuel\u00a0!"},"content":{"rendered":"\n<!-- Quick Adsense WordPress Plugin: http:\/\/quickadsense.com\/ -->\n<div class=\"e4da825301e49ae160c5aa77f2775d0d\" data-index=\"1\" style=\"float: none; margin:10px 0 10px 0; text-align:center;\">\n<script data-ad-client=\"ca-pub-7606738817238435\" async src=\"https:\/\/pagead2.googlesyndication.com\/pagead\/js\/adsbygoogle.js\"><\/script>\r\n<script data-ad-client=\"ca-pub-5623104637309752\" async src=\"https:\/\/pagead2.googlesyndication.com\/pagead\/js\/adsbygoogle.js\"><\/script>\n<\/div>\n<p style=\"text-align: justify;\">C\u2019est devenu une coutume pour moi, depuis 2013, de rendre \u00e0 chaque 14 mars, un hommage m\u00e9rit\u00e9 \u00e0 notre guide spirituel Serigne Sam en revenant sur un aspect particulier de sa vie. Apr\u00e8s avoir abord\u00e9, dans de pr\u00e9c\u00e9dentes contributions, sa vie et son \u0153uvre, sa dimension mystique, l\u2019\u00e9tendu de ses enseignements, son r\u00f4le en tant que vivificateur de l\u2019Islam au S\u00e9n\u00e9gal et, derni\u00e8rement, la port\u00e9 de ses cassettes et son impact sur la jeunesse. Je d\u00e9cide cette ann\u00e9e de m\u2019int\u00e9resser \u00e0 l\u2019homme de science, c\u2019est-\u00e0-dire \u00e0 l\u2019intellectuel qu\u2019\u00e9tait Serigne Sam Mbaye. Je me propose d\u00e8s lors, dans le cadre de ce texte, de remonter le fil de l\u2019histoire pour retracer la trajectoire scolaire et l\u2019itin\u00e9raire de la qu\u00eate perp\u00e9tuelle de connaissance de ce grand soufi musulman. Le titre de cette contribution aurait pu \u00eatre, <strong>Baye Sam Mbaye\u00a0: Un parcours, des dates.<\/strong><\/p>\n<p style=\"text-align: justify;\"><strong>Bref survol biographique\u00a0\u00a0 <\/strong><\/p>\n<p style=\"text-align: justify;\">N\u00e9 \u00e0 Louga en 1922, Serigne Saam Mbaye est le fils de Sokhna Fatou Thiam, femme pieuse et pleine de vertu, et de Mame Cheikh Ahmadoul Sakhir Mbaye (savant et \u00e9rudit de haut rang). Serigne Sam porte le nom du fr\u00e8re ain\u00e9 de Cheikh Ahmadou Bamba, Mame Mor Diarra Mback\u00e9 commun\u00e9ment appel\u00e9 \u00ab\u00a0Borom Sam\u00a0\u00bb en r\u00e9f\u00e9rence au village \u00e9ponyme qu\u2019il avait cr\u00e9e pour se consacrer \u00e0 l\u2019enseignement du Coran. En tant que fondateur de ce village, Mame Mor Diarra Mback\u00e9 \u00e9tait affectueusement appel\u00e9 <em>\u00ab Borom Saam \u00bb<\/em> ou <em>\u00ab Serigne Saam \u00bb<\/em> par les fid\u00e8les et autres disciples, une appellation qui restera \u00e0 jamais li\u00e9e \u00e0 l\u2019image de Serigne Saam Mbaye finissant par \u00e9luder son nom originel.<\/p>\n<p style=\"text-align: justify;\">La g\u00e9n\u00e9alogie de la famille de Serigne Sam, retrac\u00e9e par le Dr. Thierno Ka dans un article intitul\u00e9 <em>Vie et doctrine d\u2019Ahmad Sakhir MBAYE le soufi de Louga (1864 \u2013 1946), in bulletin de l\u2019ifan, tome 48 n\u00b0 3-4, 1986 \u2013 1987, P. 284 \u2013 304<\/em>, indique une descendance directe des banu Bakrine. Ceci est d\u2019autant plus vrai que Mame Cheikh Mbaye lui-m\u00eame, dans son po\u00e8me intitul\u00e9 Q\u0101l\u016b la anta Sabiyun le r\u00e9affirme en ces termes\u00a0: <em>\u00ab Inna ban\u016b Bakrine Al- Mah-r\u016bufu madj duhum. Ila dunal hilmou \u00e7umal mane \u00e7ibul hanlii. Walam yazal min\u2019aa kh\u0101tou sahi doun sanadoun fii kouli dahriin kabiiroun bi nafsi wal halii \u00bb.<\/em> Autrement dit <em>\u00ab notre filiation nous relie \u00e0 la famille de Seydina Aboubacar. La connaissance et la tr\u00e8s haute fonction en Islam sont un legs historiquement h\u00e9rit\u00e9 de nos a\u00efeuls. DIEU a honor\u00e9 notre famille en la dotant, \u00e0 chaque \u00e9poque, de brillants savants qui r\u00e9pondront aux questionnements les plus herm\u00e9tiques de leurs temps \u00bb.<\/em> Serigne Sam fait sans nul doute partie de cette lign\u00e9e de savants qu\u2019ALLAH r\u00e9serve et pr\u00e9serve pour cette famille aux descendances \u00f4 combien \u00e9logieuse ! Cette descendance de la famille Mbaye de la lign\u00e9e des qurach\u00eftes est \u00e9galement attest\u00e9e par d\u2019autres grands \u00e9rudits \u00e0 l\u2019instar de Cheikh Moulaye Bousso qui, dans l\u2019un de ses po\u00e8mes, s\u2019adresse \u00e0 son ami Mame Cheikh Mbaye en ces termes <em>\u00ab\u00a0nous nous prenons pour des fr\u00e8res en Dieu, \u00f4 famille d\u2019Abu Bakr, des amis et voisins\u00a0\u00bb<\/em>.<\/p>\n<p style=\"text-align: justify;\"><strong>Un parcours, des dates <\/strong><\/p>\n<p style=\"text-align: justify;\"><strong>1922\u00a0: <\/strong>Naissance de Serigne Sam Mbaye \u00e0 Louga d\u2019une grande famille religieuse d\u2019origine arabe (de la tribu des Qura\u00efchites dont est \u00e9galement issu le Proph\u00e8te PSL) se consacrant essentiellement \u00e0 l\u2019enseignement du Coran et de la religion musulmane. Le premier anc\u00eatre reconnu de la famille de Serigne Sam Mbaye est, selon l\u2019arbre g\u00e9n\u00e9alogique dress\u00e9 par Serigne Sam Mbaye lui-m\u00eame cit\u00e9 par le Dr. Thierno Ka, Ibrahima Khoura\u00efchi n\u00e9 en 1549. Il est ainsi le premier de la famille \u00e0 porter le nom MBAYE et il serait alors venu de la Mauritanie pour s\u2019installer dans le Nord du S\u00e9n\u00e9gal.<\/p>\n<p style=\"text-align: justify;\"><strong>1929\u00a0: <\/strong>Initiation \u00e0 l\u2019apprentissage du Coran aupr\u00e8s de son grand fr\u00e8re <strong>Serigne Moussa<\/strong> <strong>Mbaye<\/strong> (d\u00e9c\u00e9d\u00e9 tr\u00e8s t\u00f4t et dont l\u2019un des fils de feu Elh. Djily Mbaye porte d\u2019ailleurs le nom) avant de rejoindre, en 1940, l\u2019un des plus connus de ses \u00ab\u00a0maitres\u00a0\u00bb \u00e0 savoir Serigne Mbaye Tour\u00e9. Sa m\u00e8re Sokhna Fatou Thiam a \u00e9galement beaucoup contribu\u00e9 \u00e0 sa formation initiale car comme l\u2019indique un hadith proph\u00e9tique, <em>\u00ab al um\u00fb m\u00e1drasat\u2019il \u00ebweul\u00a0\u00bb<\/em> autrement dit, <em>la m\u00e8re est la premi\u00e8re \u00e9cole\u00a0\u00bb <\/em>pour son enfant. Il a m\u00e9moris\u00e9 pour la premi\u00e8re fois le Coran en <strong>1934<\/strong> \u00e0 l\u2019\u00e2ge seulement de 12 ans.<\/p>\n<p style=\"text-align: justify;\"><strong>1940\u00a0\u2013 1941 :<\/strong> Mais c\u2019est chez Serigne Mbaye Tour\u00e9 de Louga, grand maitre coranique et enseignant r\u00e9put\u00e9 pour son \u00e9rudition, qu\u2019il parfait son apprentissage coranique. C\u2019est sous la banni\u00e8re de ce dernier qu\u2019il r\u00e9cite pour la premi\u00e8re fois, au complet, le Saint Coran avant de s\u2019envoler \u00e0 Coki avec son fr\u00e8re et ami de tous les jours Elh. Djily Mbaye. Les deux hommes se vouaient un amour profond et un respect mutuel perceptibles \u00e0 chacune de leur rencontre.<\/p>\n<p style=\"text-align: justify;\"><strong>1941 \u2013 1946\u00a0:<\/strong> Le Daara de Coki a \u00e9t\u00e9 ouvert en 1939 par Serigne Cheikh Ahmed Sakhir L\u00f4, sur instruction de Mame Cheikh Mbaye Kabir dont il fut son disciple et homonyme. L\u2019\u00e9tape de Coki a \u00e9t\u00e9 cependant tr\u00e8s d\u00e9cisive pour Serigne Sam Mbaye car, il lui fallait non seulement approfondir ses connaissances coraniques notamment dans le domaine de l\u2019\u00e9criture et de la jurisprudence islamique (<em>Fiq)<\/em>. C\u2019est \u00e0 Coki o\u00f9 Serigne Sam a appris pratiquement toutes les \u0153uvres li\u00e9es \u00e0 cette s\u00e9ance difficile \u00e0 maitriser (<em>Laqdari, Hansmawiyu, Ibn Hanchir, Muqadimatu Hanzzia, Rissala<\/em> etc.). Le Nahu (la grammaire) n\u2019\u00e9tait pas non plus laiss\u00e9 en rade au cours de sa formation \u00e0 Coki, une formation assur\u00e9e par le maitre des lieux lui-m\u00eame Serigne Mod Sakhir L\u00f4.\u00a0 Sur instruction de son p\u00e8re, Serigne Sam quitte Coki en 1946 pour aller se parfaire \u00e0 Saint-Louis aupr\u00e8s de grands maitres soufis.<\/p>\n<p style=\"text-align: justify;\"><strong>1946 &#8211; 1949\u00a0:<\/strong> C\u2019est avec une t\u00eate bien pleine que Serigne Sam quitte ainsi Coki en 1946, peu avant le rappel \u00e0 Dieu de Serigne Mame Cheikh Mbaye Kabir, pour rallier la ville de Saint-Louis qui \u00e9tait consid\u00e9r\u00e9e comme l\u2019un des bastions les plus denses en mati\u00e8re de pens\u00e9e et de connaissance religieuse. Il y fr\u00e9quente de grands savants parmi lesquels\u00a0: Elh. Tidiane Niang, Oustaz Abdoul Hamid Sall, Serigne Dame Sarr, Serigne Alioune Datt, Serigne Ahmad Diakhat\u00e9 de Guet Ndar, Serigne Modou Fall Khalil (qui avait une parfaite maitrise du livre de Fiq d\u00e9nomm\u00e9 Qalil ce qui lui a valu ce surnom), Serigne Ahmed Fall avant de terminer son apprentissage aupr\u00e8s d\u2019un grand \u00e9rudit maure du nom de Mouhamed Fall. Serigne Sam suit en cela le parcours de Imam Malick qui, dit-on, a fait son apprentissage de la science islamique aupr\u00e8s de 95 maitres.<\/p>\n<p style=\"text-align: justify;\"><strong>1949 \u2013 1951\u00a0:<\/strong> Par coup de chance ou de destin, Serigne Sam r\u00e9ussit en 1949 un concours de recrutement d\u2019enseignants de l\u2019Universit\u00e9 des Sciences Islamique de la Mauritanie pour y \u00eatre recrut\u00e9 comme professeur. Seuls deux s\u00e9n\u00e9galais, \u00e0 l\u2019\u00e9poque, avaient eu la chance de r\u00e9ussir ce concours. Mais Serigne Sam d\u00e9clina tr\u00e8s t\u00f4t le poste qui lui \u00e9tait propos\u00e9 pour se consacrer encore une fois \u00e0 l\u2019apprentissage aupr\u00e8s de grands Sheikh maures. Il s\u00e9journa ainsi pendant deux ans en Mauritanie pour se consacrer uniquement \u00e0 la recherche et \u00e0 l\u2019apprentissage des diff\u00e9rentes branches de la science islamique dont le Tazaouf (soufisme) en particulier. C\u2019est l\u00e0-bas o\u00f9 il commence v\u00e9ritablement \u00e0 s\u2019int\u00e9resser au soufisme et \u00e0 beaucoup lire l\u00e0-dessus. Au terme de son s\u00e9jour mauritanien, Baye Sam rentre au bercail et s\u2019installe encore \u00e0 Saint-Louis pour entamer des \u00e9tudes en fran\u00e7ais.<\/p>\n<p style=\"text-align: justify;\"><strong>1951 \u2013 1952\u00a0:<\/strong> Serigne Sam revient au S\u00e9n\u00e9gal \u00e0 la fin de l\u2019ann\u00e9e 1951 apr\u00e8s deux ans pass\u00e9s en Mauritanie. A son retour, il s\u2019installe \u00e0 Saint-Louis pour une deuxi\u00e8me fois m\u00eame si les objectifs \u00e9taient diff\u00e9rents. Il se consacre cette fois-ci \u00e0 l\u2019\u00e9tude de la langue fran\u00e7aise ce qui le pousse \u00e0 s\u2019inscrire dans le syst\u00e8me formel d\u2019enseignement. Vu son niveau et des capacit\u00e9s intellectuelles, il obtient tr\u00e8s rapidement son CEPE (Certificat d\u2019Etudes Primaires El\u00e9mentaires) en 1952 avant d\u2019obtenir une bourse d\u2019\u00e9tudes qui le m\u00e8nera vers la Tunisie. Une \u00e9tape aussi tr\u00e8s importante dans le cursus scolaire de Baye Sam.<\/p>\n<p style=\"text-align: justify;\"><strong>1952 \u2013 1956\u00a0:<\/strong> Avec l\u2019aide d\u2019un de ses fr\u00e8res, en l\u2019occurrence Serigne Babacar Mbaye, Serigne Sam obtient de la part de l\u2019Etat du S\u00e9n\u00e9gal une bourse d\u2019\u00e9tudes de l\u2019universit\u00e9 Constantine de Tunis apr\u00e8s diverses tracasseries administratives. Il parvient toutefois \u00e0 relier Tunis apr\u00e8s une longue escale en Alg\u00e9rie dans un contexte marqu\u00e9 par la guerre de lib\u00e9ration men\u00e9e par l\u2019ALN. Il v\u00e9cu de plein fouet cette guerre avant de r\u00e9ussir \u00e0 traverser pour atterrir en Tunisie. Une fois \u00e0 Tunis, non seulement la classe qu\u2019il devait fr\u00e9quenter \u00e9tait bond\u00e9e de monde mais aussi il \u00e9tait tr\u00e8s en retard par rapport aux programmes de l\u2019ann\u00e9e. Il insiste toutefois aupr\u00e8s de la direction pour rejoindre ses camarades ce qui lui a \u00e9t\u00e9 permis. Ironie du sort, Serigne Sam sort major de sa promo au terme des examens de fin d\u2019ann\u00e9e ce qui lui a valu les f\u00e9licitations unanimes de ses enseignants, camarades et parents. Il resta ainsi pendant 3 ans dans cette Universit\u00e9 qu\u2019il quitte apr\u00e8s l\u2019obtention d\u2019une licence en Arabe. Il rentre de nouveau au pays \u00e0 la fin de l\u2019ann\u00e9e 1956.<\/p>\n<p style=\"text-align: justify;\"><strong>1957\u00a0\u2013 1962 :<\/strong> Rentr\u00e9 au pays en 1956, Serigne Sam est recrut\u00e9 en 1957 comme moniteur (maitre d\u2019externat) par le gouvernement s\u00e9n\u00e9galais pour enseigner le fran\u00e7ais au lyc\u00e9e Faidherbe de Saint-Louis (actuel lyc\u00e9e Elh. Oumar Tall) situ\u00e9 sur l\u2019ile Nord, juste derri\u00e8re le c\u00e9l\u00e8bre h\u00f4tel Rogn\u00e2t Nord. Il profite de ce recrutement pour parfaire son niveau de fran\u00e7ais et surtout certifier ses connaissances avec des dipl\u00f4mes reconnus par le syst\u00e8me formel de l\u2019enseignement. Ayant obtenu son CEPE en 1952, il s\u2019inscrit directement en classe de troisi\u00e8me dans ce lyc\u00e9e o\u00f9 il a \u00e9t\u00e9 recrut\u00e9 comme maitre d\u2019externat pour passer et r\u00e9ussir son Brevet d\u2019Etudes du Premier Cycle (BEPC). L\u2019obtention de ce dipl\u00f4me n\u2019a \u00e9t\u00e9 qu\u2019une source suppl\u00e9mentaire de motivation pour Baye Sam Mbaye qui d\u00e9sire d\u00e9sormais avoir tous les dipl\u00f4mes dispens\u00e9s par le syst\u00e8me formel du secteur \u00e9ducatif s\u00e9n\u00e9galais. Apr\u00e8s le BEPC, cap sur le Bac\u00a0!<\/p>\n<p style=\"text-align: justify;\"><strong>1959\u00a0:<\/strong> Intellectuel d\u00e9vou\u00e9 et rompu \u00e0 la t\u00e2che, Serigne Sam vise maintenant le baccalaur\u00e9at apr\u00e8s l\u2019obtention de son BEPC, toujours en tant que moniteur au lyc\u00e9e Faidherbe de Saint-Louis. Il y passe et r\u00e9ussit sa premi\u00e8re partie de baccalaur\u00e9at en 1959. A l\u2019\u00e9poque, le bac \u00e9tait subdivis\u00e9 en deux grandes parties\u00a0: une premi\u00e8re partie que l\u2019\u00e9l\u00e8ve passe en classe de premi\u00e8re en composant sur les mati\u00e8res litt\u00e9raires et une deuxi\u00e8me partie pour les autres mati\u00e8res en classe de terminale.<\/p>\n<p style=\"text-align: justify;\"><strong>1960\u00a0\u2013 1965 :<\/strong> Serigne Sam passe la deuxi\u00e8me partie de son baccalaur\u00e9at fran\u00e7ais en 1960, ce qui lui ouvre les portes de la nouvelle capitale s\u00e9n\u00e9galaise Dakar o\u00f9 il sera affect\u00e9, en tant que fonctionnaire de l\u2019Etat, comme surveillant g\u00e9n\u00e9ral au coll\u00e8ge franco-arabe de Dakar (actuel coll\u00e8ge franco-arabe Serigne Fallou Mback\u00e9 de Point E) en 1963. Mais avant de rejoindre Dakar, Serigne Sam a enseign\u00e9, entre <strong>1963 et 1965,<\/strong> en tant qu\u2019instituteur plein, \u00e0 Saint-Louis juste apr\u00e8s l\u2019obtention de son baccalaur\u00e9at fran\u00e7ais. C\u2019est par la suite qu\u2019il sera nomm\u00e9 surveillant g\u00e9n\u00e9ral de l\u2019\u00e9cole franco-arabe de Dakar.<\/p>\n<p style=\"text-align: justify;\"><strong>1965\u00a0:<\/strong> Nomm\u00e9 surveillant g\u00e9n\u00e9ral au coll\u00e8ge franco-arabe de Dakar, Serigne Sam nourrit l\u2019ambition de faire des \u00e9tudes universitaires vu sa proximit\u00e9 avec l\u2019universit\u00e9 de Dakar et surtout sa grande volont\u00e9 de faire aussi ses preuves dans le syst\u00e8me de l\u2019enseignement formel. C\u2019est ainsi qu\u2019il pr\u00e9pare s\u00e9rieusement et r\u00e9ussite haut la main, l\u2019examen sp\u00e9cial d\u2019entr\u00e9e \u00e0 l\u2019universit\u00e9 en 1969. Il s\u2019inscrit alors au d\u00e9partement arabe de la facult\u00e9 des Lettres et Sciences humaines de l\u2019universit\u00e9 de Dakar o\u00f9 il d\u00e9croche respectivement une Licence en Arabe en <strong>1972<\/strong>, une Licence en fran\u00e7ais en <strong>1974<\/strong> et une maitrise en Lettres Modernes en <strong>1976<\/strong>. Il a pass\u00e9 tous ces examens en tant que professionnel puisqu\u2019apr\u00e8s l\u2019obtention de sa maitrise en fran\u00e7ais en 1976, il avait \u00e9t\u00e9 recrut\u00e9 comme professeur de fran\u00e7ais au lyc\u00e9e Blaise Daigne de Dakar.<\/p>\n<p style=\"text-align: justify;\"><strong>1976\u00a0\u2013 1982 :<\/strong> Serigne Sam ne va pas durer au lyc\u00e9e Blaise Diagne o\u00f9 il avait \u00e9t\u00e9 recrut\u00e9 comme professeur de fran\u00e7ais puisqu\u2019un an plus tard, il sera nomm\u00e9 directeur du coll\u00e8gue Franco-arabe de Dakar. Rappelez-vous qu\u2019il \u00e9tait, 10 ans avant, surveillant g\u00e9n\u00e9ral dans ce m\u00eame coll\u00e8ge. En 1976 donc, Serigne Sam y revient en tant que directeur. Mais cette nouvelle fonction qui le place au summum de l\u2019\u00e9tablissement n\u2019est rien d\u2019autre qu\u2019une source suppl\u00e9mentaire de motivation qui doit le guider vers le l\u2019excellence \u00e0 laquelle il aspire depuis toujours. Il nourrit encore l\u2019ambition de faire une th\u00e8se de doctorat. C\u2019est ainsi qu\u2019il s\u2019inscrit en troisi\u00e8me cycle (DEA et doctorat) \u00e0 la facult\u00e9 des Lettres et Sciences Humaines en <strong>1978 <\/strong>tout en \u00e9tant directeur dans ce coll\u00e8ge.<strong>\u00a0 <\/strong><\/p>\n<p style=\"text-align: justify;\"><strong>1982\u00a0\u2013 1985 :<\/strong> En 1982, Serigne Sam Mbaye soutient sa th\u00e8se de doctorat troisi\u00e8me cycle portant sur le <em>soufisme de Cheikh Ahmadou Bamba <\/em>avec la mention \u00ab\u00a0Tr\u00e8s honorable\u00a0\u00bb en plus des f\u00e9licitations unanimes du jury de soutenance. Il devient alors Docteur \u00c8s-Lettres en arabe de la facult\u00e9 des Lettres et Sciences Humaines de l\u2019Universit\u00e9 de Dakar. Apr\u00e8s la soutenance de sa th\u00e8se de troisi\u00e8me cycle, Serigne Sam est nomm\u00e9 proviseur au lyc\u00e9e Malick Sall de Louga qui venait d\u2019\u00eatre ouvert dans la capitale du Ndiambour. Il assura cette fonction jusqu\u2019en 1985 date \u00e0 laquelle il a \u00e9t\u00e9 recrut\u00e9 comme professeur au d\u00e9partement d\u2019arabe de l\u2019Universit\u00e9 de Dakar.<\/p>\n<p style=\"text-align: justify;\"><strong>1985 \u2013 1992\u00a0: <\/strong>Serigne Sam a enseign\u00e9 \u00e0 l\u2019universit\u00e9 de Dakar de 1985 \u00e0 1992 et les nombreux t\u00e9moignages recueillis aupr\u00e8s de ses anciens \u00e9tudiants qui sont aujourd\u2019hui un peu partout dans les diff\u00e9rentes sph\u00e8res de l\u2019administration publique s\u00e9n\u00e9galaise (notamment dans les domaines de l\u2019enseignement et de la recherche) sont forts \u00e9loquents. Il est d\u00e9crit comme un professeur m\u00e9thodique, rigoureux, g\u00e9n\u00e9reux au propre comme au figur\u00e9, pieux, disponible, gentil et surtout, comme une source intarissable de savoirs.<\/p>\n<p style=\"text-align: justify;\"><strong>Un intellectuel combattu<\/strong><\/p>\n<p style=\"text-align: justify;\">Le recrutement de Serigne Sam au d\u00e9partement d\u2019arabe n\u2019a pas fait que des heureux puis qu\u2019il \u00e9tait \u00e9galement combattu par certains de ses coll\u00e8gues r\u00e9put\u00e9s <em>\u00ab\u00a0jaloux, absent\u00e9istes et s\u00e9v\u00e8res\u00a0\u00bb<\/em> qui faisaient tout pour que les \u00e9tudiants \u00e9chouent au d\u00e9partement d\u2019Arabe. Tout le contraire de Serigne Sam qui, non seulement dispensait s\u00e9rieusement ses cours, mais aussi donnait beaucoup de conseils \u00e0 ses \u00e9tudiants. Comme il avait coutume de le dire <em>\u00ab\u00a0la grandeur est \u00e9crasante\u00a0\u00bb<\/em> et certains de ses coll\u00e8gues n\u2019\u00e9taient, sans nul doute, pas pr\u00eats \u00e0 accepter en leur sein un intellectuel de sa trempe. C\u2019est la raison pour laquelle, quand il a termin\u00e9 la r\u00e9daction de sa th\u00e8se d\u2019Etat en <strong>1992 <\/strong>il n\u2019a pu la soutenir faute de jury, dit-on. Cette th\u00e8se d\u2019\u00e9tat \u00e9tait un approfondissement de celle soutenue en 1982 et portait toujours sur le soufisme de Cheikh Ahmadou Bamba. Malgr\u00e9 cela, il continua \u00e0 dispenser des cours au d\u00e9partement d\u2019arabe de l\u2019Universit\u00e9 Cheikh Anta Diop de Dakar jusqu\u2019en 1992 date \u00e0 laquelle il a pris sa retraite professionnelle pour se replier dans son Louga natal afin de se consacrer essentiellement \u00e0 l\u2019enseignement religieux, de diriger les pri\u00e8res dans sa mosqu\u00e9e et surtout \u00e0 l\u2019animation de beaucoup de conf\u00e9rences et autres causeries, aussi bien au niveau national qu\u2019international. Il est rappel\u00e9 \u00e0 Dieu, un certain samedi 14 mars 1998 \u00e0 l\u2019h\u00f4pital Principal de Dakar. Une journ\u00e9e comm\u00e9mor\u00e9e chaque ann\u00e9e par le Dahira Tarqiya Ila Lahi Tahla Raayaty Xadimu Rasul de Keur Massar sous l\u2019\u00e9gide de Serigne Papa Sall Moom Baay Saam.<\/p>\n<p style=\"text-align: justify;\">Au demeurant, j\u2019ai voulu \u00e0 travers cette contribution, attirer l\u2019attention de tous ceux qui r\u00e9clament l\u2019h\u00e9ritage de Serigne Sam, qu\u2019il \u00e9tait quelqu\u2019un qui, malgr\u00e9 sa dimension mystique et son appartenance \u00e0 la famille du grand <em>soufi de Louga<\/em> qu\u2019\u00e9tait Mame Cheikh Mbaye Kabir, s\u2019\u00e9tait beaucoup investi dans la recherche et l\u2019acquisition de savoirs. Sa vie et son \u0153uvre m\u00e9ritent aujourd\u2019hui plus que jamais d\u2019\u00eatre vulgaris\u00e9es afin qu\u2019elles servent de mod\u00e8les \u00e0 toute la jeunesse s\u00e9n\u00e9galaise, dans un contexte o\u00f9 le manque de rep\u00e8res et la paresse intellectuelle, sont souvent point\u00e9s du doigt pour expliquer ce qui semble \u00eatre un d\u00e9r\u00e8glement social (le sociologue que je suis, parlerait lui d\u2019anomie) auquel nous devons tous faire face.<\/p>\n<p style=\"text-align: justify;\"><strong>Un mod\u00e8le pour la jeunesse<\/strong><\/p>\n<p style=\"text-align: justify;\">Quoiqu\u2019il en soit, il faut convenir avec moi que Serigne Sam a montr\u00e9 la voie \u00e0 suivre. Celle de la pers\u00e9v\u00e9rance, de l\u2019endurance, de d\u00e9votion, de d\u00e9termination et surtout de l\u2019abn\u00e9gation car, malgr\u00e9 toutes les pers\u00e9cutions dont il a fait l\u2019objet au d\u00e9partement d\u2019arabe, il a su toujours tenir bon jusqu\u2019\u00e0 son dernier souffle sur terre. Pourtant la vie lui a, \u00e0 plusieurs reprises ouvert ses portes, mais il a toujours d\u00e9clin\u00e9 tous les postes qu\u2019ont lui proposait dans l\u2019administration que cela soit une fonction minist\u00e9rielle ou diplomatique. Tout ce qui l\u2019int\u00e9ressait lui, c\u2019est l\u2019enseignement, la recherche, la formation et les conf\u00e9rences qu\u2019il animait un peu partout \u00e0 travers le monde. C\u2019est pourquoi quand on lui a priv\u00e9 de soutenir sa th\u00e8se d\u2019\u00e9tat au d\u00e9partement d\u2019arabe aux motifs d\u2019indisponibilit\u00e9 du jury, il a tout simplement publi\u00e9 ses conclusions sous formes d\u2019\u0153uvres traduites des <em>Qasidas<\/em>\u00a0 de Cheikh Ahmadou Bamba. C\u2019est d\u2019ailleurs l\u2019une des principales raisons pour lesquelles il a pass\u00e9 et obtenu une maitrise en linguistique g\u00e9n\u00e9rale.<\/p>\n<p style=\"text-align: justify;\">Au demeurant, je ne peux conclure cette contribution sans pour autant d\u00e9nonce avec la toute la rigueur qui sied, qu\u2019il est inadmissible aujourd\u2019hui qu\u2019il n\u2019y ait aucune trace des productions universitaires de ce grand intellectuel non seulement au d\u00e9partement d\u2019arabe mais aussi \u00e0 l\u2019Universit\u00e9 de Dakar qu\u2019il a \u00e9norm\u00e9ment servi avec d\u00e9votion et d\u00e9termination tout au long de sa vie.<\/p>\n<p style=\"text-align: justify;\">&#8212;&#8212;&#8212;&#8212;&#8212;&#8212;&#8212;&#8212;&#8212;&#8212;&#8212;&#8212;-<\/p>\n<ol style=\"text-align: justify;\">\n<li><strong> Abdoulaye CISSE, Sociologue.<\/strong><\/li>\n<\/ol>\n<p style=\"text-align: justify;\"><strong>Psychologue \u2013 Conseiller \u00e0 Kolda<\/strong><\/p>\n<p style=\"text-align: justify;\">\n\n<div style=\"font-size: 0px; height: 0px; line-height: 0px; margin: 0; padding: 0; clear: both;\"><\/div>","protected":false},"excerpt":{"rendered":"<p>C\u2019est devenu une coutume pour moi, depuis 2013, de rendre \u00e0 chaque 14 mars, un hommage m\u00e9rit\u00e9 \u00e0 notre guide spirituel Serigne Sam en revenant sur un aspect particulier de sa vie. 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