{"id":94169,"date":"2017-11-16T10:00:34","date_gmt":"2017-11-16T10:00:34","guid":{"rendered":"http:\/\/actunet.net\/?p=94169"},"modified":"2017-11-20T01:48:22","modified_gmt":"2017-11-20T01:48:22","slug":"agriculteurs-abattent-boeufs-voleurs","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/actunet.net\/societe\/agriculteurs-abattent-boeufs-voleurs\/","title":{"rendered":"Des agriculteurs abattent des &#8220;boeufs voleurs&#8221;"},"content":{"rendered":"\n<!-- Quick Adsense WordPress Plugin: http:\/\/quickadsense.com\/ -->\n<div class=\"e4da825301e49ae160c5aa77f2775d0d\" data-index=\"1\" style=\"float: none; margin:10px 0 10px 0; text-align:center;\">\n<script data-ad-client=\"ca-pub-7606738817238435\" async src=\"https:\/\/pagead2.googlesyndication.com\/pagead\/js\/adsbygoogle.js\"><\/script>\r\n<script data-ad-client=\"ca-pub-5623104637309752\" async src=\"https:\/\/pagead2.googlesyndication.com\/pagead\/js\/adsbygoogle.js\"><\/script>\n<\/div>\n<div class=\"description\">\n<div>\n<h6 style=\"text-align: center;\"><em><strong>\u00c0 une cinquantaine de kilom\u00e8tres \u00e0 l\u2019est de Bouak\u00e9, en C\u00f4te d\u2019Ivoire, des dizaines d\u2019agriculteurs se sont r\u00e9unis, exc\u00e9d\u00e9s, le 31 octobre dernier, pour abattre les b\u0153ufs d\u2019\u00e9leveurs qui pratiquaient la transhumance. Ils accusent les b\u00eates de d\u00e9truire le fruit de leur travail, ce qui les contraint \u00e0 se tourner vers la production de charbon, une pratique qui acc\u00e9l\u00e8re la d\u00e9forestation.<\/strong><\/em><\/h6>\n<p>Dans les villages de Sabaribougou, Flodobo, Kirakro, Aw\u00eabo et Kodossou, les agriculteurs ont d\u00e9cid\u00e9 de mener une &#8220;battue&#8221; contre les b\u0153ufs en transhumance le 31 octobre dernier. \u00c0 la fin de la journ\u00e9e, ils ont abattu six b\u0153ufs, dont ils ont ensuite consomm\u00e9 la viande. Leur objectif ? &#8220;Punir&#8221; les \u00e9leveurs qui viennent faire pa\u00eetre leurs b\u00eates dans leurs champs d\u2019igname (l\u00e9gume-racine) et de manioc.<\/p>\n<\/div>\n<div>\n<p>Ce conflit, r\u00e9v\u00e9lateur d\u2019une probl\u00e9matique continentale entre \u00e9leveurs de b\u00e9tail et agriculteurs, durait depuis plusieurs dizaines d\u2019ann\u00e9es, et s\u2019\u00e9tait fortement acc\u00e9l\u00e9r\u00e9 en 2011 lors de la crise politico-militaire ivoirienne. \u00c0 l\u2019issue de l\u2019\u00e9lection pr\u00e9sidentielle, les deux principaux candidats ont revendiqu\u00e9 la victoire, ce qui a donn\u00e9 lieu \u00e0 des affrontements violents entre les deux camps, avant qu\u2019Alassane Ouattara ne soit reconnu vainqueur.<\/p>\n<div class=\"em-block em-width-full em-orientation-center photo-material em-type-image\" data-bo-type=\"em\" data-bo-nid=\"31FFCF83-FCAA-49E5-82F5-73FC6DA596AD\">\n<figure class=\"bd\"><img decoding=\"async\" src=\"http:\/\/scd.observers.france24.com\/files\/imagecache\/1024x576\/rfi_multimedia_element_image\/boeufs.jpg\" alt=\"\" \/><figcaption><\/figcaption><\/figure>\n<\/div>\n<p>Dans ce contexte d\u2019instabilit\u00e9, de nombreux \u00e9leveurs ont fui les affrontements et sont venus s\u2019installer dans ces villages recul\u00e9s et peu peupl\u00e9s, aux terres tr\u00e8s fertiles. Ces \u00e9leveurs sont Ivoiriens mais aussi Maliens ou Burkinab\u00e8. Depuis 2011, ils sont arriv\u00e9s toujours plus nombreux, notamment en 2017, ce qui a achev\u00e9 d\u2019exasp\u00e9rer les habitants pratiquant l\u2019agriculture traditionnelle, qui se sont alors r\u00e9volt\u00e9s. Ils \u00e9taient en octobre encore entre dix et douze propri\u00e9taires de cheptels. Ils d\u00e9l\u00e8guent le travail quotidien de gestion des b\u0153ufs \u00e0 des bouviers. Le nombre de b\u0153ufs dans la zone avait atteint 30.000 (contre 1500 habitants) le mois dernier, il y avait donc pr\u00e8s de 35 b\u00eates au kilom\u00e8tre carr\u00e9.<\/p>\n<p>Selon le directeur de l\u2019\u00e9cole primaire du village de Kirakro, Kouam\u00e9 Eloge Kouadio, il y a pr\u00e8s de 200 p\u00e2turages dans la zone, qui contiennent chacun entre 100 et 200 b\u00eates g\u00e9r\u00e9es par un bouvier. &#8220;Les bouviers fabriquent des enclos pour que les animaux se reposent la nuit, dans la savane, et la journ\u00e9e ils pratiquent la transhumance dans la nature&#8221;, d\u00e9taille-t-il, et peuvent alors se nourrir dans les champs des agriculteurs locaux.<\/p>\n<div class=\"rtecenter\" style=\"text-align: center;\"><strong>&#8220;On est exc\u00e9d\u00e9s, on a tu\u00e9 six b\u0153ufs au fusil&#8221;<\/strong><\/div>\n<p>Joachim Kouam\u00e9 Kouakou, pr\u00e9sident de l\u2019association des jeunes de Flodobo, a particip\u00e9 \u00e0 l\u2019exp\u00e9dition punitive contre les \u00e9leveurs.<\/p>\n<\/div>\n<div>&#8220;Nous en avions vraiment assez que les b\u0153ufs d\u00e9truisent nos cultures. Nous n\u2019avions plus rien \u00e0 manger, plus d\u2019argent pour nous acheter du riz. On est donc all\u00e9s se plaindre \u00e0 la sous-pr\u00e9fecture au d\u00e9but du mois d\u2019octobre, qui nous a donn\u00e9 raison et a demand\u00e9 aux \u00e9leveurs de partir dans un d\u00e9lai d\u2019une semaine. Alors que ce d\u00e9lai \u00e9tait largement expir\u00e9, certains \u00e9leveurs \u00e9taient toujours en activit\u00e9. On a donc d\u00e9cid\u00e9 de passer \u00e0 l\u2019action.<\/div>\n<div>\n<p>Le 31 octobre, nous \u00e9tions environ 200 villageois en train de patrouiller dans la zone, nous avons trouv\u00e9 des b\u0153ufs qui \u00e9taient toujours sur place, on en a tu\u00e9 six au fusil. Ensuite nous avons d\u00e9pec\u00e9 les animaux et nous avons mang\u00e9 la viande. Il n\u2019y a pas eu de bagarre avec les bouviers&#8221;.<\/p>\n<div class=\"em-block em-width-full em-orientation-center photo-material em-type-image\" data-bo-type=\"em\" data-bo-nid=\"04B14C84-B008-4E26-9E28-6929FB6193E4\">&#8220;Vraiment on est exc\u00e9d\u00e9. Aujourd&#8217;hui on ne peut plus cultiver l\u2019igname ou le manioc \u00e0 cause des animaux. Du coup on est oblig\u00e9s de faire du charbon pour le vendre \u00e0 la ville. On coupe les arbres, on d\u00e9truit la nature. La zone s\u2019est ass\u00e9ch\u00e9e, il y a de la poussi\u00e8re partout. C\u2019est catastrophique mais si je ne fais pas \u00e7a, je n\u2019ai pas de quoi donner \u00e0 manger \u00e0 mes trois enfants&#8221;.<\/div>\n<\/div>\n<\/div>\n<div class=\"temoignages\">\n<div class=\"col-sm-12 col-xs-14\">\n<div class=\"em-block em-width-full em-orientation-center container_carrousel\"><\/div>\n<p>&#8220;Nous habitons dans une zone enclav\u00e9e, tr\u00e8s mal desservie et tr\u00e8s peu d\u00e9velopp\u00e9e. Jusqu\u2019\u00e0 cet afflux de b\u0153ufs, c\u2019\u00e9tait une grande zone de production agricole. Les terres sont tr\u00e8s fertiles, il y a le fleuve N\u2019zi, c\u2019est un dispositif id\u00e9al pour cultiver la terre ou faire pa\u00eetre des b\u0153ufs. C\u2019est un ensemble de six villages, qui regroupe environ 1500 personnes. Compte tenu de la superficie, cela fait assez d\u2019habitants. Des \u00e9leveurs chass\u00e9s d\u2019autres r\u00e9gions [notamment pour les m\u00eames raisons de conflit avec les agriculteurs], viennent ici en pensant qu\u2019ils ne d\u00e9rangeront personne, puisque \u00e7a ressemble \u00e0 un no man\u2019s land. Mais ils s\u2019installent sans l\u2019autorisation des chefs de village.<\/p>\n<div class=\"rtecenter\" style=\"text-align: center;\"><strong>&#8220;Une revanche symbolique contre les \u00e9leveurs&#8221;<\/strong><\/div>\n<\/div>\n<div><\/div>\n<div class=\"col-sm-12 col-xs-14\">\n<p>Quand les villageois ont mang\u00e9 de la viande de b\u0153uf apr\u00e8s leur &#8220;battue&#8221; fin octobre, c\u2019\u00e9tait une sorte de revanche symbolique. D\u2019habitude nous mangeons seulement du gibier que nous chassons, personne ou presque n\u2019avait mang\u00e9 de b\u0153uf. Les villageois ont mang\u00e9 la chair des animaux qui pillaient leur travail, ils ont tu\u00e9 six b\u00eates mais c\u2019\u00e9tait symbolique.<\/p>\n<p>Il y en avait beaucoup plus, ils auraient pu faire une sorte de massacre, mais ils voulaient seulement adresser un avertissement aux \u00e9leveurs. Ceux-ci ont compris, la plupart sont partis. Il faut savoir que les b\u0153ufs sont des sortes d\u2019investissement, un animal co\u00fbte environ 400.000 francs Cfa. Les cheptels polluent l\u2019eau, le charbon acc\u00e9l\u00e8re la d\u00e9sertification<\/p>\n<div class=\"em-block em-width-full em-orientation-center photo-material em-type-image\" data-bo-type=\"em\" data-bo-nid=\"9637B6F9-2C87-4FAD-A5F0-E3595214FC7C\">Dans toute l\u2019Afrique de l\u2019Ouest, la transhumance du b\u00e9tail \u2013 notoirement effectu\u00e9e par des membres de l\u2019ethnie peule \u2013 cr\u00e9e des tensions avec les agriculteurs locaux s\u00e9dentaires, dont les champs sont d\u00e9truits par les bovins. En C\u00f4te d\u2019Ivoire,\u00a0<a href=\"http:\/\/www.au-ibar.org\/component\/jdownloads\/finish\/53\/1426\" target=\"_blank\" rel=\"noopener\">le gouvernement souhaite<\/a>\u00a0augmenter la production locale de viande, et &#8220;moderniser &#8220;l\u2019\u00e9levage en d\u00e9limitant des zones de p\u00e2turage.<\/div>\n<p>Ces heurts, parfois mortels, sont \u00e9galement fr\u00e9quents dans les pays voisins, comme au\u00a0<a href=\"http:\/\/observers.france24.com\/fr\/20140303-famille-victime-justice-populaire-benin-nord-peuls-massacre\" target=\"_blank\" rel=\"noopener\">B\u00e9nin<\/a>. En mars 2016, des affrontements avaient fait 17 morts \u00e0 Bouna en C\u00f4te d\u2019Ivoire, dans un contexte similaire \u00e0 celui de Bouak\u00e9.<\/p>\n<\/div>\n<\/div>\n\n<div style=\"font-size: 0px; height: 0px; line-height: 0px; margin: 0; padding: 0; clear: both;\"><\/div>","protected":false},"excerpt":{"rendered":"<p>\u00c0 une cinquantaine de kilom\u00e8tres \u00e0 l\u2019est de Bouak\u00e9, en C\u00f4te d\u2019Ivoire, des dizaines d\u2019agriculteurs se sont r\u00e9unis, exc\u00e9d\u00e9s, le 31 octobre dernier, pour abattre les b\u0153ufs d\u2019\u00e9leveurs qui pratiquaient la transhumance. 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