Tous les 15 jours, retrouvez “Fair Play” sur votre site Actunet. “Fair Play” est un plateau de Mame Mbaye Ndiaye, qui place sous les projecteurs toutes personnalités interpellées par l’actualité du moment.
Portrait du Capitaine d’Équipe au Onze national- Omar Blondin Diop
OMAR BLONDIN DIOP…
Aîné frère d’une Fratrie
Omar Blondin Diop est né le 18 septembre 1946 à Niamey au Niger. Fils aîné de la fratrie des onze à douze garçons dont le père, Ibrahima Blondin Diop, médecin de son état, et la mère, Adama Ndiaye, sage –femme de son état et sœur jumelle à Awa Ndiaye, sage femme également résidente à Bamako, sont tous trois originaires de Saint Louis du Sénégal. Le père est natif de Toukoto (Kita, République du Mali, ex Soudan français) et les mères sont nées à Siguiri (Guinée actuelle).
Aux termes d’études primaires et secondaires (Lycée Van Vollenhoven, actuel Lamine Guèye, Lycée Montaigne et Louis Le Grand à Paris), Omar est le premier Sénégalais reçu au concours d’entrée à l’École Normale Supérieure de Saint Cloud en 1967.
Élève-professeur en philosophie et sociologie à l’Université de Nanterre, il participe activement sur la ligne de front aux évènements, soulèvement populaire de la jeunesse et de la classe ouvrière, françaises, en Mai 1968 à Paris. En tant que membre fondateur de plusieurs groupes de réflexion dont le Mouvement du 22 Mars, il sera fiché et filé par la police française, puis frappé d’une mesure d’expulsion du territoire français en même temps que son camarade Franco Allemand, eurodéputé écolo actuel, Daniel Cohn-Bendit. Rentré chez lui au Sénégal, il œuvrera tout autant activement dans l’espace universitaire contre les coopérants français du corps enseignant et assistera efficacement le professeur Cheikh Anta Diop dans la constitution du Laboratoire Carbone 14 de l’Ifan où il était reçu stagiaire auprès du Professeur.
De retour à Paris en 1970, il poursuit la préparation de son agrégation à Saint Cloud, suite à la levée de la mesure d’expulsion par le Président Georges Pompidou, sur la demande formulée par Serigne Abdoul Aziz Sy Dabakh, Khalife général des Tidianes et exprimée au Président Senghor, ami de Georges Pompidou, président français. Il obtînt gain de cause. Mais cette préparation est interrompue par l’arrestation de ses frères, membres du groupe des incendiaires, dont Lopy (Mahomet) et Pape (Dialo), encore mineurs à l’époque. Motif : ils avaient tenté de saboter le cortège du Président Georges Pompidou, en visite au Sénégal en janvier 1971 et avaient incendié le centre culturel français (Actuel institut Léopold Sédar Senghor). Deux sentiments anti français bien exprimés par ce groupe dont les animateurs seront condamnés à de lourdes peines notamment deux travaux forcés à perpétuité. Le Tribunal spécial, ancêtre de la Cour de Sûreté de l’État, avait décidé ensuite de déporter les condamnés au Centre plénipotentiaire spécial de Kédougou, au Sénégal oriental. Indigné et choqué par la sévérité et la disproportion de ce verdict, Omar réunit quelques amis dont Alioune Sall dit Paloma et Samba Bathily, et ensemble ils décident de suspendre leurs études supérieures et de rentrer au Pays afin d’œuvrer à la libération des peuples et de leurs camarades emprisonnés.
Arrivés à Bamako, après un long périple d’entraînement et de conditionnement, à travers plusieurs pays traversés dont la Turquie, l’Érythrée, la Palestine, la Syrie, la Libye, l’Algérie, la Guinée Conakry, ils ne réussiront pas à regagner Dakar. Ils seront en effet arrêtés et placés en garde à vue par les autorités militaires maliennes du Cmln, sous la direction de Tiécoro Bagayogo, directeur de la Sûreté nationale. Sur la demande du Président sénégalais, Senghor, à l’occasion de sa visite officielle en novembre 1971 à Bamako, le Président Moussa Traoré affréter un avion par vol spécial pour les extrader pieds et poings liés sur Dakar, le mois suivant (décembre 1971).
Arrêtés et réceptionnés, Omar et Paloma seront jugés et condamnés à trois ans de prison ferme par le même Tribunal spécial, le 22 Mars 1972, les autres inculpés bénéficiant de sursis.
Plus tard, en cellule, victime de sévices et du comportement négrier de ses gardes pénitentiaires, Omar Blondin Diop trouvera la mort dans des circonstances mystérieuses jusque là jamais élucidées, dans la nuit du 10 au 11 mai 1973. Sur l’île de Gorée, dans la sinistre prison disciplinaire devenue aujourd’hui Musée préhistorique et où trône son portrait parmi les grandes figures de l’histoire contemporaine de l’Afrique noire.
Suite à son décès dont le certificat de genre de mort reste problématique pour l’État sénégalais, 44 ans après, le Ministre de l’Intérieur de l’époque, en la personne de Jean Collin, avait dans un premier temps refusé de rendre le corps à sa famille. Puis dans la précipitation, en présence d’un de ses frères et de voisins de la Médina, il sera inhumé au cimetière Abattoir de Soumbèdioune. L’autopsie qui avait été réclamée par son père docteur, et réalisée en sa présence n’a pas été concluante pour justifier de la version officielle du suicide donnée par le Gouvernement sénégalais.
Jusqu’à présent la controverse publique qui a d’emblée opposé sa famille au gouvernement sénégalais portant sur les circonstances de sa mort, perdure et s’amplifie depuis 4 ans, à l’occasion de la célébration des 40 ans de sa disparition. Son frère, le docteur Dialo Diop, mandataire de la famille, a déjà saisi officiellement les autorités compétentes pour une réouverture de l’enquête judiciaire par une police scientifique agréée. Depuis, aussi, ils attendent la réponse de l’État à requête officielle.
EN conclusion, la courte vie de ce digne fils d’Afrique, Sankara avant l’heure, plus radical que Nelson Mandela, Che Guevara dans le tempérament et plus qu’un Jean Paul Sartre et un Albert Camus réunis dans sa tête, a été riche et diverse. En témoigne son goût pour le Cinéma avec sa participation de La Chinoise de Jean Luc Godard, cinéaste français ; son goût pour la musique Jazz des Black Panthers et les sonorités afro cubaines d’Amériques, son goût pour d’autres civilisations sur lesquelles il est resté très ouvert. C’est ainsi qu’Omar a beaucoup lu, peu écrit, fait un deux films, a vu du pays en traversant maintes contrées et s’est fait plein d’amis partout dans le monde.
La trajectoire exemplaire de cet homme est faite d’ardeur à l’étude, d’ouverture d’esprit, de détermination pour l’essence de l’être, et d’abnégation dans la lutte de libération. Une telle simplicité ne se retrouvera plus tard qu’en Thomas Sankara, son cadet de trois ans (né le 21 décembre 1949). Avec un désintéressement prononcé dans les relations humaines, et surtout une honnêteté intellectuelle fort scrupuleuse qui allie sens de la générosité humaine et don de soi sans bornes. Né de parents sénégalais au Niger, à la fois Soudanais et Sénégalais, Nigérien et Guinéen, parlant couramment le bambara et le wolof, le français et l’anglais, l’allemand et l’arabe, Omar demeure le parachèvement de tout sentiment d’inachèvement perpétuel. Mais aussi, la source abondante d’une inspiration féconde pour la jeunesse insatiable de savoir. Une source inépuisable de praxis pour la Jeunesse africaine, présentement sur la brèche, à la recherche de modèles pour trouver par elle-même les réponses à ses questions légitimes face à l’échec des politiques sociales et néocoloniales des régimes en place qui semble-t-il, ne lui offrent aucune perspective crédible.
La reconnaissance des vertus salvatrices est une exigence des temps présents. Puisse ce portrait, reflet d’une existence qui a été brève comme une étoile filante, faisant beaucoup parler d’elle, laissant des traces sur les destinées individuelles, et passant rapidement comme presque de façon inaperçue et allant choir au fond de l’immensité de sa destinée à enfant prédestiné qui a traversé ce siècle en météorite. L’unité d’action dans sa lutte pour le panafricanisme, la praxis qu’il développait par sa pensée fédératrice d’énergies créatrices, ont fait parler de lui au-delà des frontières factices qui nous insèrent peuples et communautés de Nations francophones, anglophones et lusophones, qui sont partagés entre les musulmans, les chrétiens et les traditionnalistes. On ne doit pas accepter au sein de la nouvelle citoyenneté Cedeao, que les puissances étrangères dépècent le continent sous nos yeux en nous séparant en des micros États qu’ils soutiennent et renforcent en permanence, sans possibilité de leur rendre leur autonomie . C’est en cela que consistait le combat d’Omar Blondin Diop, pour qui «La Révolution n’a pas besoin de Chef suprême». Même si un seul nous suffit comme le diraient d’autres confessions, Omar était un roi qui marchait pieds nus sur les chemins de la connaissance. Il n’a laissé ni livre, ni épouse, ni enfant à l’âge de sa disparition. Il est reparti comme il était venu un jour du 18 septembre 1946. Frou! Comme l’oiseau migrateur.
Le glaive de la justice, une fois qu’il l’a quitté ne connaît plus de fourreau…
ANACIM Alerte : Pluies Intenses et Vents Violents Attendus dans l’Est du Sénégal
Selon le dernier bulletin de l’Agence nationale de l’aviation civile et de la météorologie (ANACIM), des précipitations faibles à modérées, parfois localement fortes, sont attendues ce matin et cet après-midi dans plusieurs régions de l’est du Sénégal.
Les localités de Kédougou, Bakel, Tambacounda et Matam sont particulièrement concernées par cette perturbation. Ces zones pourraient connaître des pluies parfois intenses, accompagnées de coups de vent susceptibles de perturber la circulation et de provoquer des incidents.
L’ANACIM invite les populations à la vigilance, en particulier les usagers de la route et les habitants des zones exposées aux risques d’inondation. L’agence recommande également de limiter les déplacements non essentiels et de prendre toutes les précautions nécessaires afin d’éviter les accidents et protéger les biens.
Parti socialiste: Abdoulaye Wilane annonce la tenue d’un congrès extraordinaire dans 6 mois
Le Parti socialiste (Ps), aujourd’hui dans l’opposition depuis la 3ème alternance, compte faire sa mue avec le renouvellement de ses instances régulières et la tenue d’un congrès dans six mois, a annoncé hier son porte-parole, Abdoulaye Wilane.
Les changements intervenus en mars et novembre 2024 lors des deux dernières élections présidentielle et législative ont consacré le retour du Parti socialiste dans l’opposition. Depuis lors, les verts de Colobane essayent de s’adapter à la nouvelle donne politique. Ainsi, deux séminaires du Bureau politique et des réunions précédant le Secrétariat Exécutif National ont été organisées.
Des rencontres à l’issue desquelles d’importantes recommandations relatives à l’avenir du parti avaient été émises pour lui insuffler un nouvel élan. En outre, le Bureau politique du Parti socialiste (Ps) élargi aux secrétaires généraux de coordination, s’était réuni en session le samedi 24 mai 2025 aux fins d’examiner la vie du parti.
Dans cette perspective, son porte-parole, Abdoulaye Wilane, a annoncé sur les ondes de Radio Sénégal International « le renouvellement des instances du parti socialiste qui sont frappées d’obsolescence de la base au sommet » et « la tenue dans 6 mois d’un Congrès extraordinaire ». Selon le président du Conseil départemental de Kaffrine, « le nouveau contexte politique et la situation inédite que vit le parti depuis une décennie commandent de repositionner le Ps dans le champ politique pour le préparer à la reconquête du pouvoir ». Selon M. Wilane, « la conclusion des travaux des structures du Ps et leurs recommandations devraient permettre d’aller, avec organisation et méthode, à la convocation, dans six mois, du congrès extraordinaire, seule instance habilitée à adopter toutes les propositions de réformes formulées pour rétablir la légalité statutaire et restituer la souveraineté aux instances régulières ».
Dans le cadre du renouvellement de ses instances « qui sont frappées d’obsolescence de la base au sommet, un comité de relance qui n’a cependant pas pour vocation de se substituer aux instances régulières, a été mis en place ». Selon Abdoulaye Wilane, il est présidé par « le secrétaire de l’Union régionale Ps de Fatick, l’ancien ministre Mamadou Faye aujourd’hui doyen des membres du Bureau politique, assisté de Gorgui Ciss de Yenn et membre du conseil départemental de Rufisque ». Également, « un cahier des charges et un agenda précis ont été arrêtés pour opérer les ajustements nécessaires à un meilleur fonctionnement du parti ».
Toutefois, sur la fin de l’intérim de Mme Aminata Mbengue Ndiaye qui dirige le Parti depuis la disparition de leur leader Ousmane Tanor Dieng en 2019, il s’est refusé à donner une date exacte.
Amadou Mbaye Dia blanchi : PASTEF Thiès-Ouest dément toute implication de son coordonnateur dans une affaire foncière
La Section communale PASTEF Thiès-Ouest est montée au créneau pour rétablir ce qu’elle qualifie de «vérité », après la diffusion d’un article sur les réseaux sociaux accusant son coordonnateur, Amadou Mbaye Dia, d’être mêlé à un dossier de morcellement irrégulier de terrains.
Dans un communiqué rendu public, PASTEF Thiès-Ouest apporte un « démenti formel », précisant que M. Dia n’a jamais été arrêté, ni poursuivi, encore moins condamné pour une quelconque affaire liée au foncier. Le parti souligne que les faits mentionnés concernent un homonyme, Amadou Dia, sans aucun lien avec le député suppléant.
« Cet article truffé de contrevérités, est volontairement manipulateur et vise à jeter le discrédit sur un patriote engagé », dénonce la cellule communication, qui rappelle l’engagement du parti à rester concentré sur le service au peuple.
Face à ce qu’elle considère comme une campagne de désinformation, la Section communale appelle ses militants et sympathisants, à faire preuve de vigilance et à défendre leurs représentants, « avec dignité et détermination ».
Que manger le matin pour éviter le coup de fatigue?
Sommet Africain sur le Climat : Macky Sall Plaide pour 1 300 Milliards $ pour l’Adaptation
Lors du 2ᵉ Sommet africain sur le climat (ACS2), tenu du 8 au 10 septembre à Addis-Abeba, l’ancien président sénégalais Macky Sall a appelé à une mobilisation accrue des financements destinés à l’adaptation climatique en Afrique.
« Au 2ᵉ Sommet africain sur le climat, j’ai souligné l’importance de mobiliser les ressources convenues pour financer adéquatement les initiatives et projets d’adaptation au changement climatique », a-t-il déclaré, rappelant que « l’Afrique ne peut, à elle seule, faire face aux effets d’un état d’urgence environnemental mondial qu’elle n’a pas créé ».
Co-organisé par l’Union africaine et le gouvernement éthiopien, ce sommet a réuni une quarantaine de chefs d’État et de gouvernement ainsi que plus de 25 000 participants. Les débats ont porté sur la nécessité d’une position africaine commune avant la COP30 au Brésil, avec un accent particulier sur l’adaptation, la résilience et la finance verte.
Macky Sall a insisté sur le besoin de mobiliser 1 300 milliards de dollars par an pour l’adaptation, contre les 300 milliards actuellement proposés. Il a également soutenu des initiatives comme le Programme d’accélération de l’adaptation en Afrique (AAAP), lancé en 2021, qui vise à mobiliser 25 milliards de dollars pour l’agriculture et les infrastructures.
Le sommet a mis en avant des objectifs ambitieux, notamment le passage de la capacité énergétique renouvelable de 56 à 300 GW d’ici 2030, afin de favoriser une transition énergétique durable et inclusive pour l’Afrique.
Ville de Dakar: Abass Fall officiellement installé
La cérémonie de passation de service entre le nouveau patron de l’institution municipale et la maire intérimaire Ngoné Mbengue s’est tenue ce matin dans les locaux de l’Hôtel de Ville de Dakar, sous la supervision du préfet de Dakar.
Abass Fall, qui occupait jusqu’alors le poste de ministre du Travail, de l’Emploi et des Relations avec les Institutions, a présenté sa démission après son élection à la tête de la capitale sénégalaise. Cette démission avait été annoncée lors de la formation du nouveau gouvernement.
Une ancienne candidate russe de Miss Univers meurt après avoir été percutée par un élan
Népal: plus de 13500 détenus se sont évadés des prisons pendant les émeutes
Plus de 13.500 détenus se sont évadés des prisons népalaises pendant les émeutes antigouvernementales qui ont contraint le Premier ministre du pays, KP Sharma Oli, à démissionner, a indiqué mercredi à l’AFP un porte-parole de la police, Binod Ghimire. « Trois policiers ont été tués et plus de 13.500 détenus se sont échappés des prisons du pays », a déclaré M. Ghimire.
Le chef d’état-major de l’armée népalaise, le général Ashok Raj Sigdel, s’est entretenu mercredi avec diverses personnalités dont des représentants des manifestants qui ont contraint le Premier ministre KP Sharma Oli à la démission, a annoncé à l’AFP un porte-parole de l’armée. « Le chef de l’armée a entamé des entretiens avec différentes parties et rencontré des représentants (des manifestants regroupés sous la bannière) de GenZ », a détaillé ce porte-parole, Rajaram Basnet.
Ziguinchor: À Kaguite, la mangue nourrit 80 % des familles
Marqué à jamais par les stigmates du conflit armé en Casamance, Kaguite renaît à travers un trésor inattendu : la mangue. Dans ce village aux terres généreuses, les plantations ont remplacé les silences pesants de la guerre. Ici, les vergers nourrissent des familles entières.
ZIGUINCHOR – Sur les chemins poussiéreux menant à Kaguite (sud-ouest de Nyassia, département de Ziguinchor), les manguiers dressent leurs bras feuillus comme pour protéger les mémoires blessées par un triste passé. Autrefois englouti dans les tumultes du conflit casamançais, ce village proche de la frontière avec la Guinée-Bissau retrouve peu à peu son souffle par la force des racines ; celles des manguiers. Dès les premières lueurs de ce lundi 30 juin 2025, Kaguite s’éveille au rythme des sécateurs, des paniers en plastique et des rires d’enfants cueilleurs. À perte de vue, des hectares de manguiers aux fruits gorgés de soleil. Chaque arbre raconte une histoire de résilience, chaque fruit, une promesse d’espoir.
Kaguite, c’est aussi Sidya Dabo, producteur engagé, revenu au bercail après avoir roulé sa bosse avec la Fao et d’autres structures agricoles. « Depuis 2016, j’ai mis en place un bloc maraîcher et je mise sur la production de mangues. Mon ambition, c’est de transformer ce village en pôle de formation pour les jeunes et les femmes dans l’agriculture », lance-t-il avec passion. Il parle de la mangue comme d’un trésor mal apprécié. « Nous avons de l’or ici. L’État doit aider à structurer cette filière. Il faut des unités de transformation, une vraie route, un accompagnement technique », préconise-t-il. Mais, le rêve de structuration se heurte, hélas, à une réalité désolante : l’état déplorable de la route Dialang-Kaguite, que les villageois appellent avec ironie « la promesse non tenue depuis cinq ans ». La difficulté majeure des Kaguitois, c’est cette piste défectueuse qui gâte les fruits et tue les rêves. Ce tronçon, censé relier ce gros village au reste de la région, est devenu un véritable casse-tête logistique.
Les camions hésitent, les prix du transport flambent et les mangues mûres pourrissent au pied des arbres. « On a les financements, nous dit-on, mais rien ne bouge », regrette Sidya Dabo. « Sans route, le kilo baisse à 200 FCfa » Léon Diédhiou, un autre planteur trouvé dans son quartier de Djiringessamaye, le confirme. « Cette année, la production est exceptionnelle. Mais, sans route, les collecteurs baissent les prix. Le kilo est à 200 FCfa. C’est dérisoire. On pourrait mieux faire si le produit était transformé localement », soutient ce père de famille qui possède une quinzaine de manguiers tout autour de sa maison. Pour Léon, la mangue devrait être le moteur d’un développement local et durable. En cette période de campagne de la mangue, Kaguite fait bosser plusieurs jeunes. Parmi les silhouettes élancées entre les branches, celle de Malick Boye, 18 ans, attire l’attention.
Élève en classe de Première à Bignona, il a choisi de passer ses vacances d’une manière peu commune : en grimpant et en cueillant des mangues. « Je gagne plus de 2000 FCfa par jour. C’est dur, mais c’est un choix. Je veux aider mes parents à payer mes fournitures scolaires », explique-t-il, le regard fier. Comme lui, des dizaines de jeunes viennent prêter main forte durant la saison. Pour eux, la mangue n’est pas qu’un fruit, c’est une opportunité, un début de parcours entrepreneurial, parfois même une échappatoire à l’oisiveté ou à l’exil forcé. Un fruit qui fait vivre 80 % des familles À Kaguite, près de 80 % des familles vivent directement de la mangue. La filière fait vivre, soigne, scolarise et nourrit. On y vend par carton, par pied, par camion. Chaque arbre est un capital. Chaque verger, un gagne-pain. Et pourtant, les pertes sont énormes, notamment à cause d’un fléau silencieux : la mouche des fruits. Loin des pesticides coûteux, les producteurs rivalisent d’ingéniosité. « On utilise un mélange de crème nette et de muscade. C’est naturel, efficace. Mais, l’État refuse, car ce n’est pas homologué », déplore Sidya Dabo.
À travers Kaguite, c’est toute la Casamance qui s’exprime, silencieuse mais fertile, riche mais négligée. Ce village martyr a choisi de transformer ses douleurs en saveurs, sa mémoire en richesses agricoles. La mangue n’y est pas qu’un fruit. Ici, elle symbolise la mémoire, la survie, la dignité et le futur. Mais, sans routes, sans appui technique, sans usine de transformation, ce potentiel risque de pourrir sur place comme les fruits tombés à terre. Pourtant, tous les ingrédients sont là : les terres, les mains, le savoir-faire, les variétés « kent », « ket », « sukar », « papaye », etc. Il ne manque que la volonté politique. Kaguite est un territoire d’or vert, un modèle à ciel ouvert d’une agriculture qui pourrait inverser le destin d’une région.
Avec le soleil
Gaza au cœur de Venise : Kaouther Ben Hania reçoit un prix et dénonce les crimes israéliens
Le film choc La voix de Hind Rajab de la réalisatrice tunisienne Kaouther Ben Hania, qui raconte le calvaire d’une fillette palestinienne tuée début 2024 à Gaza, a été récompensé samedi du Lion d’argent à Venise, deuxième récompense la plus prestigieuse.
« Le cinéma ne peut pas ramener Hind et effacer les atrocités commises contre elle », a réagi Kaouther Ben Hania, accueillie par une ovation du public, en recevant son prix. Mais « le cinéma peut préserver sa voix […], car son histoire n’est pas que la sienne. C’est celle tragique de tout un peuple, un peuple souffrant d’un génocide infligé par un gouvernement israélien criminel qui agit avec impunité », a-t-elle insisté.
Lors de sa projection à la Mostra de Venise, mercredi 3 septembre, le film a été applaudi pendant 23 minutes. Une première très remarquée qui faisait du film de la Tunisienne Kaouther Ben Henia, l’un des favoris en lice pour le Lion d’Or, finalement remporté par Father Mother Sister Brother de Jim Jarmusch. La Voix de Hind Rajab remporte tout de même le second prix de la compétition.
Le film sur une fillette palestinienne tuée à Gaza en janvier 2024 par l’armée israélienne s’appuie sur les véritables enregistrements de ses appels aux secours au Croissant-Rouge palestinien. « Ce film a été très important pour moi, car, lorsque j’ai entendu pour la première fois la voix d’Hind Rajab, il y avait quelque chose de plus que sa voix. C’était la voix de Gaza qui appelait à l’aide et personne ne pouvait entrer », a affirmé la réalisatrice, entourée de ses acteurs en conférence de presse lors de la projection.
Je dédie ce prix au Croissant-Rouge palestinien et à ceux qui ont tout risqué pour sauver des vies à Gaza, ce sont de véritables héros. La voix de Hind, c’est celle de Gaza. Un cri pour être secouru, que le monde entier a entendu et auquel, pourtant, il n’a pas répondu. Nous croyons tous en la force du cinéma. Le cinéma ne peut pas ramener Hind, pas plus qu’il ne peut effacer les atrocités qu’elle a subies. Mais le cinéma peut préserver sa voix et la faire résonner par-delà les frontières.
À Gaza, « l’histoire de Hind rouvre des blessures qui saignent encore »
Eyad Amawi, humanitaire à Gaza, raconte auprès notre correspondante à Ramallah, Amira Souilem, ses sentiments contrastés face à la ferveur autour du docufiction : « D’un côté, il y a une profonde tristesse parce que l’histoire de Hind rouvre des blessures qui saignent encore. Et en même temps, il y a aussi une sorte de soulagement et même de joie à l’idée de constater que la voix des hommes prend toujours le dessus sur les tentatives de l’étouffer. »
Cette voix est celle de Hind Rajab, 5 ans. Fuyant des bombardements, elle se retrouve prise sous le feu de l’armée israélienne. Dans la voiture, tous ses proches sont abattus. Seule survivante, elle passe alors près de trois heures au téléphone avec les secouristes.
La petite fille sera retrouvée douze jours plus tard. Morte et la voiture criblée de 335 impacts de balles. Aucun Palestinien n’a oublié cette histoire ici. Et sûrement pas Mustafa Sheta, directeur du théâtre de la Liberté de Jénine dans le nord de la Cisjordanie occupée : « Nous sommes fiers que Motaz Malhees, un de nos anciens étudiants, ait participé à ce film. Nous sommes vraiment heureux d’utiliser l’outil du cinéma, de la culture, de l’art pour toucher les gens et faire entendre nos voix. Peut-être que c’est un moyen de leur faire changer de regard sur la Palestine. »
« Nous ne sommes pas des nombres » répètent souvent les Palestiniens. Ce film semble vouloir se faire l’écho du cri de tout un peuple.
Les deux secouristes palestiniens qui ont eu la petite fille au téléphone ce jour de janvier 2024 ont pu s’entretenir avec notre correspondante à Ramallah. Des secouristes du Croissant-Rouge palestinien qui ont aussi collaboré avec les équipes du film afin de retranscrire au mieux le déroulement d’une tragédie désormais immortalisée sur grand écran.