Tous les 15 jours, retrouvez “Fair Play” sur votre site Actunet. “Fair Play” est un plateau de Mame Mbaye Ndiaye, qui place sous les projecteurs toutes personnalités interpellées par l’actualité du moment.
Portrait du Capitaine d’Équipe au Onze national- Omar Blondin Diop
OMAR BLONDIN DIOP…
Aîné frère d’une Fratrie
Omar Blondin Diop est né le 18 septembre 1946 à Niamey au Niger. Fils aîné de la fratrie des onze à douze garçons dont le père, Ibrahima Blondin Diop, médecin de son état, et la mère, Adama Ndiaye, sage –femme de son état et sœur jumelle à Awa Ndiaye, sage femme également résidente à Bamako, sont tous trois originaires de Saint Louis du Sénégal. Le père est natif de Toukoto (Kita, République du Mali, ex Soudan français) et les mères sont nées à Siguiri (Guinée actuelle).
Aux termes d’études primaires et secondaires (Lycée Van Vollenhoven, actuel Lamine Guèye, Lycée Montaigne et Louis Le Grand à Paris), Omar est le premier Sénégalais reçu au concours d’entrée à l’École Normale Supérieure de Saint Cloud en 1967.
Élève-professeur en philosophie et sociologie à l’Université de Nanterre, il participe activement sur la ligne de front aux évènements, soulèvement populaire de la jeunesse et de la classe ouvrière, françaises, en Mai 1968 à Paris. En tant que membre fondateur de plusieurs groupes de réflexion dont le Mouvement du 22 Mars, il sera fiché et filé par la police française, puis frappé d’une mesure d’expulsion du territoire français en même temps que son camarade Franco Allemand, eurodéputé écolo actuel, Daniel Cohn-Bendit. Rentré chez lui au Sénégal, il œuvrera tout autant activement dans l’espace universitaire contre les coopérants français du corps enseignant et assistera efficacement le professeur Cheikh Anta Diop dans la constitution du Laboratoire Carbone 14 de l’Ifan où il était reçu stagiaire auprès du Professeur.
De retour à Paris en 1970, il poursuit la préparation de son agrégation à Saint Cloud, suite à la levée de la mesure d’expulsion par le Président Georges Pompidou, sur la demande formulée par Serigne Abdoul Aziz Sy Dabakh, Khalife général des Tidianes et exprimée au Président Senghor, ami de Georges Pompidou, président français. Il obtînt gain de cause. Mais cette préparation est interrompue par l’arrestation de ses frères, membres du groupe des incendiaires, dont Lopy (Mahomet) et Pape (Dialo), encore mineurs à l’époque. Motif : ils avaient tenté de saboter le cortège du Président Georges Pompidou, en visite au Sénégal en janvier 1971 et avaient incendié le centre culturel français (Actuel institut Léopold Sédar Senghor). Deux sentiments anti français bien exprimés par ce groupe dont les animateurs seront condamnés à de lourdes peines notamment deux travaux forcés à perpétuité. Le Tribunal spécial, ancêtre de la Cour de Sûreté de l’État, avait décidé ensuite de déporter les condamnés au Centre plénipotentiaire spécial de Kédougou, au Sénégal oriental. Indigné et choqué par la sévérité et la disproportion de ce verdict, Omar réunit quelques amis dont Alioune Sall dit Paloma et Samba Bathily, et ensemble ils décident de suspendre leurs études supérieures et de rentrer au Pays afin d’œuvrer à la libération des peuples et de leurs camarades emprisonnés.
Arrivés à Bamako, après un long périple d’entraînement et de conditionnement, à travers plusieurs pays traversés dont la Turquie, l’Érythrée, la Palestine, la Syrie, la Libye, l’Algérie, la Guinée Conakry, ils ne réussiront pas à regagner Dakar. Ils seront en effet arrêtés et placés en garde à vue par les autorités militaires maliennes du Cmln, sous la direction de Tiécoro Bagayogo, directeur de la Sûreté nationale. Sur la demande du Président sénégalais, Senghor, à l’occasion de sa visite officielle en novembre 1971 à Bamako, le Président Moussa Traoré affréter un avion par vol spécial pour les extrader pieds et poings liés sur Dakar, le mois suivant (décembre 1971).
Arrêtés et réceptionnés, Omar et Paloma seront jugés et condamnés à trois ans de prison ferme par le même Tribunal spécial, le 22 Mars 1972, les autres inculpés bénéficiant de sursis.
Plus tard, en cellule, victime de sévices et du comportement négrier de ses gardes pénitentiaires, Omar Blondin Diop trouvera la mort dans des circonstances mystérieuses jusque là jamais élucidées, dans la nuit du 10 au 11 mai 1973. Sur l’île de Gorée, dans la sinistre prison disciplinaire devenue aujourd’hui Musée préhistorique et où trône son portrait parmi les grandes figures de l’histoire contemporaine de l’Afrique noire.
Suite à son décès dont le certificat de genre de mort reste problématique pour l’État sénégalais, 44 ans après, le Ministre de l’Intérieur de l’époque, en la personne de Jean Collin, avait dans un premier temps refusé de rendre le corps à sa famille. Puis dans la précipitation, en présence d’un de ses frères et de voisins de la Médina, il sera inhumé au cimetière Abattoir de Soumbèdioune. L’autopsie qui avait été réclamée par son père docteur, et réalisée en sa présence n’a pas été concluante pour justifier de la version officielle du suicide donnée par le Gouvernement sénégalais.
Jusqu’à présent la controverse publique qui a d’emblée opposé sa famille au gouvernement sénégalais portant sur les circonstances de sa mort, perdure et s’amplifie depuis 4 ans, à l’occasion de la célébration des 40 ans de sa disparition. Son frère, le docteur Dialo Diop, mandataire de la famille, a déjà saisi officiellement les autorités compétentes pour une réouverture de l’enquête judiciaire par une police scientifique agréée. Depuis, aussi, ils attendent la réponse de l’État à requête officielle.
EN conclusion, la courte vie de ce digne fils d’Afrique, Sankara avant l’heure, plus radical que Nelson Mandela, Che Guevara dans le tempérament et plus qu’un Jean Paul Sartre et un Albert Camus réunis dans sa tête, a été riche et diverse. En témoigne son goût pour le Cinéma avec sa participation de La Chinoise de Jean Luc Godard, cinéaste français ; son goût pour la musique Jazz des Black Panthers et les sonorités afro cubaines d’Amériques, son goût pour d’autres civilisations sur lesquelles il est resté très ouvert. C’est ainsi qu’Omar a beaucoup lu, peu écrit, fait un deux films, a vu du pays en traversant maintes contrées et s’est fait plein d’amis partout dans le monde.
La trajectoire exemplaire de cet homme est faite d’ardeur à l’étude, d’ouverture d’esprit, de détermination pour l’essence de l’être, et d’abnégation dans la lutte de libération. Une telle simplicité ne se retrouvera plus tard qu’en Thomas Sankara, son cadet de trois ans (né le 21 décembre 1949). Avec un désintéressement prononcé dans les relations humaines, et surtout une honnêteté intellectuelle fort scrupuleuse qui allie sens de la générosité humaine et don de soi sans bornes. Né de parents sénégalais au Niger, à la fois Soudanais et Sénégalais, Nigérien et Guinéen, parlant couramment le bambara et le wolof, le français et l’anglais, l’allemand et l’arabe, Omar demeure le parachèvement de tout sentiment d’inachèvement perpétuel. Mais aussi, la source abondante d’une inspiration féconde pour la jeunesse insatiable de savoir. Une source inépuisable de praxis pour la Jeunesse africaine, présentement sur la brèche, à la recherche de modèles pour trouver par elle-même les réponses à ses questions légitimes face à l’échec des politiques sociales et néocoloniales des régimes en place qui semble-t-il, ne lui offrent aucune perspective crédible.
La reconnaissance des vertus salvatrices est une exigence des temps présents. Puisse ce portrait, reflet d’une existence qui a été brève comme une étoile filante, faisant beaucoup parler d’elle, laissant des traces sur les destinées individuelles, et passant rapidement comme presque de façon inaperçue et allant choir au fond de l’immensité de sa destinée à enfant prédestiné qui a traversé ce siècle en météorite. L’unité d’action dans sa lutte pour le panafricanisme, la praxis qu’il développait par sa pensée fédératrice d’énergies créatrices, ont fait parler de lui au-delà des frontières factices qui nous insèrent peuples et communautés de Nations francophones, anglophones et lusophones, qui sont partagés entre les musulmans, les chrétiens et les traditionnalistes. On ne doit pas accepter au sein de la nouvelle citoyenneté Cedeao, que les puissances étrangères dépècent le continent sous nos yeux en nous séparant en des micros États qu’ils soutiennent et renforcent en permanence, sans possibilité de leur rendre leur autonomie . C’est en cela que consistait le combat d’Omar Blondin Diop, pour qui «La Révolution n’a pas besoin de Chef suprême». Même si un seul nous suffit comme le diraient d’autres confessions, Omar était un roi qui marchait pieds nus sur les chemins de la connaissance. Il n’a laissé ni livre, ni épouse, ni enfant à l’âge de sa disparition. Il est reparti comme il était venu un jour du 18 septembre 1946. Frou! Comme l’oiseau migrateur.
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Nicolas Pompigne-Mognard, fondateur d’APO Group, nominé aux African Genius Awards 2025
Nicolas Pompigne-Mognard, fondateur et président du conseil d’APO Group, vient d’être nominé aux African Genius Awards (AGA) 2025. APO Group, qui est le principal service panafricain de conseil en communication et de distribution de communiqués de presse, précise que les African Genius Awards récompensent des personnes qui ont fait preuve d’une réflexion, d’une innovation et d’un impact exceptionnels à travers l’Afrique. Ces awards sont établis par Priority Performance Projects en collaboration avec des institutions académiques, de recherche, médiatiques et culturelles de premier plan ajoute la même source.
« Cette nomination est une puissante validation de l’objectif d’APO Group, à savoir défendre les récits de l’Afrique, amplifier les voix de l’Afrique et lancer des passerelles entre l’Afrique et le monde », déclare Nicolas Pompigne-Mognard. « Il s’agit d’une célébration du pouvoir de la narration, de la communication et du leadership motivé pour façonner l’avenir du continent. Plus important encore, il s’agit d’un hommage à l’importance des récits africains, ainsi qu’aux individus et aux organisations à travers l’Afrique qui redéfinissent notre narration avec intégrité et excellence. »
Le fait d’être présélectionné en tant que nominé place Nicolas Pompigne-Mognard parmi un groupe d’élite d’acteurs du changement qui façonnent le récit de l’Afrique. Parmi les anciens nominés figurent des esprits influents tels que le visionnaire technologique Strive Masiyiwa, Mark Nasila, un leader des données et de l’IA dans le secteur financier, et Akinwumi Adesina.
Nommé parmi les 100 Africains les plus influents de 2023 et 2024, Nicolas Pompigne-Mognard siège à plusieurs conseils consultatifs de haut niveau et comités internationaux, notamment le conseil consultatif principal de la Chambre de Commerce Canada-Afrique, ainsi que les conseils consultatifs de la Chambre Africaine de l’Energie, du World Football Summit, du Forum sur l’Investissement Hôtelier en Afrique (AHIF), de Bloomberg New Economy Gateway Africa, du Sommet d’investissement pour le sport en Afrique, du Forum EurAfrican et des All Africa Music Awards (AFRIMA). Il est également Conseiller Stratégique auprès du CEO de la Royal African Society du Royaume-Uni et de la Chambre de Commerce UE-Afrique.
Les membres estimés du jury des African Genius Awards 2025 représentent divers domaines d’intérêt académique et professionnel et sont originaires d’Afrique du Sud, du Nigeria et du Kenya souligne le communiqué d’APO Group. Les cinq juges sont le physicien nucléaire et spécialiste de l’environnement, Pulane Molokwane ; le Directeur du centre d’étude de la démocratie de l’Université de Rhodes et Professeur de l’Université de Johannesburg, Steven Friedman ; l’auteur et universitaire Simon Gathua ; la Professeure associée à l’Université Ashland, Rosaire Ifedi ; et la Senior Tech Talent Partner à la Bank of New York Mellon, Vuyiswa Mataka.
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Université d’hivernage du SUTSAS : l’inquiétant diagnostic de Mballo Dia Thiam
Le syndicat national des travailleurs de la santé a ouvert hier, à Dakar, sa 3e université d’hivernage sur le thème : « Défis structurels, dynamiques sociales et leviers d’actions ». Cette rencontre qui se tient du 15 au 18 septembre à l’École nationale de développement sanitaire et sociale (Endss) est un moment de partage sur les problématiques de la santé.
La 3e université du Syndicat unique des travailleurs de la santé et de l’action sociale (Sutsas) s’est ouverte hier à l’École nationale de développement sanitaire et sociale (Endss). Durant 3 jours, ces syndicalistes de la santé vont débattre des défis structurels, dynamiques sociales et leviers d’actions. Cette année, le président de l’Assemblée nationale, Malick Ndiaye, est le parrain de la cérémonie. Il a été représenté par l’honorable députée Khady Sarr, présidente de la commission Santé de la 15e législature.
Selon le secrétaire général du Sutsas, le mouvement syndical entame une étape importante de réflexion stratégique et d’engagement militant sur les questions majeures de développement sanitaire. « Parler de souveraineté sanitaire, c’est oser interroger la capacité réelle de notre pays à répondre aux besoins essentiels de santé de sa population, dans un contexte mondial marqué par les pandémies, les crises économiques, les pressions géopolitiques, mais aussi par l’éveil des consciences sociales. La souveraineté sanitaire, ce n’est pas un slogan, c’est un impératif stratégique », a souligné Mballo Dia Thiam, secrétaire général du Sutsas.
Dans son plaidoyer, le syndicaliste invite l’État à insister sur « la nécessité de produire nos propres médicaments pour réduire notre dépendance à l’extérieur ». « Le Sénégal doit pouvoir produire ses médicaments essentiels, former, déployer et protéger les ressources humaines en santé, organiser un financement équitable et soutenable de la couverture sanitaire, garantir l’accès universel, équitable et digne à des soins de qualité pour diminuer sa dépendance », a indiqué M. Thiam.
Cependant, souligne M. Thiam, l’insuffisance des infrastructures, la faiblesse de la planification stratégique, les inégalités entre zones rurales et urbaines font qu’il est difficile d’avoir système de santé performant. « Le malaise profond des professionnels de santé, les grèves à répétition, le manque de reconnaissance, l’exode des compétences, mais surtout la méfiance constante des populations face aux services publics de santé sont autant de défis à relever pour améliorer la prise en charge des malades », a plaidé Mballo Dia Thiam.
Selon Farba Lamine Sall, docteur en économie de la santé, expert en gouvernance sanitaire et financement de la santé, le Sénégal ne produit que 5% de ses besoins en médicaments contre 70% pour le Maroc. « Au, Sénégal la dialyse constitue 44% de l’assistance médicale pour l’étranger. On a aussi constaté que nos évacuations concernent la Transplantation d’organe (rein, foie et cornée, greffe moelle osseuse), la chirurgie cardiaque, le cancer avancé. Beaucoup de médecins marocains, pays vers lequel nous nous tournons, sont formés ici au Sénégal », a soutenu Dr Sall.
L’Université d’hivernage est un laboratoire d’idées, un espace libre, rigoureux pour identifier les leviers d’action possibles pour trouver des solutions aux problèmes de santé au Sénégal.
Médecine traditionnelle : entre héritage ancestral et quête de reconnaissance
Au pied du stade Iba Mar Diop en reconstruction et jusque dans les allées du marché Tilène à Dakar, les guérisseurs s’activent. Face aux limites de l’hôpital, ils continuent d’attirer une clientèle fidèle. Entre traditions populaires, absence de cadre officiel et besoin pressant de soins, la médecine traditionnelle s’impose toujours dans le quotidien des Sénégalais.
Il est 16 h 30, ce samedi 13 septembre 2025, à la rue 11 de la Médina de Dakar. Le soleil cogne encore sur les toitures et les murs décrépis, mais l’animation ne faiblit pas dans ce quartier populaire de la capitale. Les ruelles grouillent de monde : enfants courant derrière un ballon, marchands ambulants criant en haute voix pour faire appel aux clients, taxis klaxonnant pour se frayer un passage.
Au loin, le bruit métallique des marteaux et des bétonnières couvre un instant le brouhaha ambiant. Le chantier de reconstruction du stade Iba Mar Diop bat son plein. Les ouvriers, casques vissés sur la tête, s’affairent, le torse luisant de sueur. Juste à côté, contre le mur du stade, un autre spectacle attire l’œil.
Dans un espace réduit, aménagé à la hâte avec des bancs de fortune et des bâches, plusieurs guérisseurs se sont installés. Ici, tout respire la médecine traditionnelle : bouteilles en verre alignées, sachets de racines suspendus, calebasses remplies de poudres mystérieuses. Les uns disent traiter l’estomac, d’autres les hémorroïdes ou le diabète.
Tous revendiquent un savoir hérité, transmis de génération en génération. Parmi eux, un homme attire particulièrement l’attention. En boubou clair, barbe poivre et sel soigneusement taillée, Ismaïla Cissé accueille les patients avec un sourire calme. Sur la table devant lui, s’entassent fioles et bocaux.
Originaire du Niger, il vit à Dakar depuis plus de trente ans. « C’est un héritage familial, j’ai appris ce métier auprès de mon père et de mon grand-père », explique-t-il, en caressant machinalement une racine séchée. Spécialisé dans le traitement des maux d’estomac, de la faiblesse sexuelle, des hémorroïdes ou encore du diabète, il affirme que tout part des plantes.
Les deux médecines peuvent cohabiter
« La médecine moderne ne nous empêche pas d’avoir une clientèle », dit-il d’un ton posé. « Au contraire, on collabore parfois avec des médecins. Quand ils ont un malade qu’ils n’arrivent pas à soigner, il arrive qu’ils l’orientent ici ».
À quelques pas de la table d’Ismaïla Cissé, une femme patiente sur une chaise basse, sac en plastique serré entre les mains. Elle observe en silence les bocaux alignés, avant de prendre la parole, presque comme pour se justifier. « Quand je tombe malade, mon premier réflexe, c’est d’aller voir le médecin », confie-t-elle.
Mais son regard se voile au souvenir d’une expérience marquante. « Une fois, après plusieurs examens et traitements, on n’avait rien trouvé. Rien n’expliquait mes douleurs. C’est ce qui m’a poussée à venir voir les tradipraticiens ».
Elle esquisse un sourire discret, comme pour se rappeler son propre scepticisme d’antan. « Quand j’étais adolescente, je n’y croyais pas du tout. Mais au fur et à mesure qu’on grandit, on voit la réalité ».
Puis, plus assurée, elle ajoute « Je pense que les deux médecines peuvent cohabiter. Après tout, les médicaments vendus en pharmacie viennent des plantes. C’est du pareil au même. Le seul problème, c’est le dosage. Eux, ils ne le maîtrisent pas toujours ».
Ses mots résonnent comme un écho à ce que de nombreux patients murmurent. L’hôpital reste la première porte, mais quand la science se heurte à ses limites, le recours à la médecine traditionnelle s’impose, presque naturellement. Un peu plus loin, à une centaine de mètres de là, l’ambiance change.
Au marché Tilène, cœur battant de la Médina, les étals de légumes, de poissons et d’épices dégagent mille parfums mêlés. Les cris des vendeurs se disputent aux klaxons, tandis que les allées étroites s’emplissent d’une foule bigarrée. Entre deux ruelles qui mènent à l’intérieur du marché, un espace attire l’attention.
Quelques bancs de fortune et des sachets accrochés aux murs. Ici aussi, les guérisseurs ont trouvé leur place. C’est là que s’est installé Makhtar Bousso, boubou sobre et voix posée. Depuis plus de vingt ans, il perpétue l’héritage reçu de son père. « Il y a certaines plantes dont on utilise les feuilles, d’autres les racines », explique-t-il en montrant un petit tas de racines séchées posées devant lui.
Mais très vite, son discours prend une tournure plus critique. « Le seul problème de la médecine traditionnelle découle de sa non-reconnaissance par l’État », déplore-t-il. Pour lui, ce manque de statut officiel alimente la confusion et fragilise la pratique. « Si elle était reconnue, cela permettrait de mieux l’organiser. En médecine moderne, il n’est pas permis à n’importe qui d’ouvrir une clinique. Pourquoi en serait-il autrement pour nous ? ».
Derrière ces mots, une revendication claire. Donner à la médecine traditionnelle une légitimité institutionnelle, afin d’écarter les charlatans et de protéger les patients.
Selon l’Organisation mondiale de la santé, près de 80 % des populations africaines ont recours à la médecine traditionnelle pour leurs soins primaires. Au Sénégal, malgré l’absence de cadre légal clair, les tradipraticiens continuent d’accueillir chaque jour des patients. Preuve que, loin des débats, la cohabitation des deux médecines est déjà une réalité bien ancrée.
avec le soleil
Amélioration du système de santé sénégalais : une délégation du Parlement européen reçue à Dakar
La Commission Santé, Population, Affaires sociales et Solidarité nationale de l’Assemblée nationale, a reçu ce mardi 16 septembre 2025 une délégation de la Commission de la santé publique du Parlement européen, conduite par la député Tilly Metz, en présence de l’Ambassadeur de l’UE au Sénégal, Jean-Marc Pisani.
Selon une note du parlement sénégalais, les discussions ont porté sur les défis du système de santé sénégalais et les perspectives de coopération avec l’Union européenne. Il s’agit notamment de la vaccination, de la recherche, de la production locale de vaccins et de la santé numérique.
Pour sa part, la présidente de la Commission Santé, Population, Affaires sociales et Solidarité nationale de l’Assemblée nationale, Khady Sarr a souligné l’importance de cette visite. Elle estime qu’elle est le symbole de l’engagement commun de l’Afrique et de l’Europe à bâtir des systèmes de santé résilients.
Sur ce, la parlementaire sénégalaise a proposé un plan d’action conjoint, des jumelages parlementaires, un fonds pour l’innovation sanitaire et une task force climat-santé.
La délégation européenne poursuivra son programme par des rencontres avec les autorités sanitaires, les instituts de recherche et la société civile avant de clôturer sa visite ce mercredi 17 septembre 2025.
avec le soleil
Eramet Grande Côte : 121 milliards injectés dans l’économie nationale en 2024
Depuis 2014, la société Eramet Grande Côte (Ex-Gco), filiale du groupe minier et métallurgique français Eramet, exploite les sables minéralisés au Sénégal. L’entreprise est aujourd’hui le quatrième producteur mondial, avec une gamme diversifiée composée d’ilménite, de rutile, de leucoxène et de zircon. Dans un communiqué, l’entreprise indique avoir soutenu 3285 emplois directs et indirects, dont 98% occupés par des Sénégalais. Elle affirme ainsi «confirmer son rôle de partenaire engagé au bénéfice de l’économie nationale et au service de la création de valeur et du développement local au Sénégal». Selon les chiffres communiqués, la multinationale a réalisé un chiffre d’affaires de 171 milliards F Cfa en 2024, dont 121 milliards ont bénéficié directement à l’économie nationale.
«En 2024, Eramet Grande Côte a réalisé un chiffre d’affaires de 171 milliards F Cfa dont 121 milliards (71%) ont bénéficié directement à l’économie sénégalaise», explique la société dans son communiqué. Et cette contribution se décline en 27, 5 milliards Fcfa d’impôts et taxes versés à l’Etat, «faisant de l’entreprise le 5ᵉ contributeur minier national, selon le rapport Itie 2023», note le document. Elle comprend également une masse salariale de 22, 3 milliards F Cfa, «en hausse de 10% par rapport à 2023», plus de 70 milliards d’achats auprès de fournisseurs locaux, ainsi qu’un milliard de dividendes et retenues à la source. La société prévoit, à partir de 2025, «le versement annuel de près de 900 millions F Cfa de fiscalité locale aux communes accueillant les installations industrielles, ainsi qu’une augmentation des impôts et taxes versés à l’Etat».
Par ailleurs, Eramet Grande Côte rappelle aussi être la première mine au Sénégal à restituer des terres après exploitation. «Plus de 1000 hectares auront été réhabilités d’ici fin 2025», précise le communiqué. L’entreprise investit également près de 20 milliards F Cfa dans une centrale solaire de 20 Mw dont la mise en service est prévue au premier trimestre 2026, afin de réduire de 20% ses émissions de CO₂. «Sa mise en service, prévue pour le premier trimestre 2026, réduira de 20% les émissions de CO₂ du site», assure la multinationale.
Entre 2020 et 2025, près de 26 milliards F Cfa ont été investis au profit des communautés locales. Ces financements ont permis la réinstallation de 577 ménages, la construction de 6 écoles, 9 daaras, 4 structures de santé, ainsi que la mise en place d’infrastructures collectives telles que des marchés, des maisons communautaires, des gares routières et des maisons des jeunes. Dans la zone touristique de Lompoul, Eramet Grande Côte a également financé le projet «Oasis du Sénégal» à hauteur de 2 milliards F Cfa, pour soutenir l’emploi et dynamiser le tourisme local. «Eramet Grande Côte est fière de contribuer à l’économie sénégalaise, avec près de 71% de notre chiffre d’affaires réinjectés dans le tissu économique national en 2024», a déclaré son Directeur général, Frédéric Zanklan, cité dans le communiqué. Il a ajouté : «Ce bilan, marqué par le versement de nos premiers dividendes, reflète notre engagement à créer de la valeur partagée au bénéfice de l’économie, des communautés et de l’environnement, en partenariat avec l’Etat sénégalais et nos parties prenantes locales.»
A rappeler que depuis son lancement, Eramet Grande Côte a investi près de 800 millions de dollars américains dans ses infrastructures dont une mine flottante, une usine de traitement, une centrale électrique de 36 Mw, une ligne de chemin de fer reliant Diogo à Dakar et des installations portuaires dans la capitale. Des investissements qui confortent sa place de «5ᵉ contributeur minier au budget de l’Etat du Sénégal», selon l’Itie 2023.
AVEC LE QUOTIDIEN
Politiques, gouvernance, indicateurs économiques et chantiers de l’Uemoa : Des journalistes en mode mise à jour
Mieux imprégner les journalistes sur les politiques, la gouvernance, les indicateurs économiques et les chantiers de l’Uemoa. C’est ce qui est attendu de l’atelier ouvert lundi à Cotonou sur initiative de la Plateforme Médias Uemoa, en collaboration avec la Commission de l’Union. Une session de mise à niveau à l’intention d’une quarantaine de journalistes en provenance des huit pays de la Zone. Elle prend fin vendredi 19 septembre.
«L’Uemoa a récemment adopté son cadre stratégique «Impact 2030» (…) Notre rôle, en tant que médias, est d’accompagner cette stratégie, d’en expliquer les contours aux populations et d’en rendre compte avec rigueur et pédagogie», a noté Léonar Dossou, coordonnateur de la Plateforme Médias Uemoa. «Disposer de journalistes mieux formés, mieux outillés et mieux connectés aux réalités économiques», est pour lui la condition pour faire des hommes de médias les éclaireurs de l’intégration régionale. «Il s’agira, au cours de la présente session, de rappeler, notamment, les missions de l’Uemoa, de présenter la Vision Prospective 2040 de l’Uemoa et le Plan stratégique 2025-2030 de la «Commission Impact 2030» et d’aborder les problématiques liées à la gouvernance économique, les indicateurs et les politiques économiques», a souligné Yawovi Batchassi, représentant résident de la Commission de l’Uemoa. Laquelle Vision prospective étant élaborée, selon Batchassi, aux fins de poursuivre efficacement la mise en œuvre des objectifs de l’Union. Présidant la cérémonie d’ouverture au nom du président de l’Uemoa, Abdoulaye Diop, il a salué l’excellent partenariat avec la plateforme des médias établie depuis 2021 et matérialisé par l’organisation chaque année de sessions à l’intention des hommes de médias de l’espace communautaire.
Plaidoyer pour la mise en œuvre des recommandations d’Abidjan
Le coordonnateur de la plateforme est revenu sur la nécessité de l’opérationnalisation des recommandations formulées lors de l’atelier à Abidjan (25-27 juin 2025). Une feuille de route ambitieuse et structurée en cinq axes prioritaires avait été dégagée à l’issue des échanges lors de l’atelier dans la capitale ivoirienne. «Nous ne devons pas laisser ces recommandations dormir dans les tiroirs. Je voudrais ici plaider, devant la Commission et devant nos partenaires, pour que leur mise en œuvre soit rapidement engagée», a relevé M. Dossou, soulignant l’urgence d’intégrer dans les programmes de formation continue des modules sur la macroéconomie, l’analyse budgétaire, l’intelligence artificielle, le fact-checking et le datajournalisme. «Ce sont des outils modernes et indispensables qui permettront aux journalistes économiques de mieux analyser, expliquer et rendre accessibles les grands chantiers de notre Union», a-t-il assuré.
M. Dossou a par ailleurs annoncé la tenue «dès l’année prochaine», du Forum international de la presse économique de l’Afrique de l’Ouest (west Africa Eco Forum) porté par la Plateforme Médias Uemoa. «Coorganisé avec la Commission de l’Union, ce forum se tiendra autour du thème : «Innover pour l’avenir économique de l’Afrique de l’Ouest»», a-t-il assuré. Le coordonnateur de la plateforme et directeur de L’Economiste du Bénin a aussi exhorté au lancement «sans délai» de l’étude régionale sur la presse. «Elle permettra de cartographier les acteurs, d’identifier les thématiques couvertes, d’évaluer les modèles économiques existants et de mettre en place une base de données partagée pour favoriser la synergie et la mutualisation des ressources entre les professionnels», a-t-il argumenté.
AVEC LEQUOTIDIEN
Alternative au projet de taxation sur les services de paiement : Les opérateurs proposent un prélèvement de 2, 5% sur les revenus
L’Association sénégalaise des établissements de paiement et des émetteurs de monnaie électronique (Asepame) n’est pas favorable au projet de taxation sur les services de paiement et de transfert d’argent via des canaux digitaux. Et comme alternative, l’Asepame propose un prélèvement de 2, 5% sur les revenus des opérateurs.Par Dialigué FAYE –
La nouvelle taxe sur le mobile money continue de susciter des inquiétudes dans l’écosystème. Après la sortie de l’Organisation des professionnels des Tic (Optic), de certains vendeurs, syndicalistes et experts, l’Association sénégalaise des établissements de paiement et des émetteurs de monnaie électronique cherche, elle aussi, des voies et moyens pour faire revenir l’Etat sur sa décision. A l’instar de la majeure partie de ces acteurs, l’Asepame attire l’attention des autorités sur ce projet de réforme.
Pour rappel, dans le projet de loi modifiant le Code général des impôts soumis lundi 15 septembre 2025 à l’appréciation des députés, «le taux de la nouvelle Taxe sur les opérations de transfert d’argent (Tta) est fixé à 0, 5% et son montant est plafonné à 2000 francs Cfa par transaction.
Cette taxe s’applique aux opérations de transfert réalisées par tout moyen ou support technique laissant trace, notamment par voie électronique, téléphonie mobile, télégraphique ou par voie de telex ou télécopie, y compris le transfert postal.
La taxe est également applicable lorsqu’un paiement est effectué par usage d’un code marchand. Le montant reçu par le titulaire du code marchand fait l’objet d’un prélèvement de 0, 5% par l’opérateur de transfert d’argent.
Cependant, les opérateurs de dépôt d’espèces, pour conversion en monnaie électronique auprès des opérateurs de transfert d’argent, sont exonérés de ce prélèvement, comme tous les retraits d’espèces au niveau des guichets de transfert lorsque le montant retiré, en une journée, ne dépasse pas 20 000 francs Cfa. Au-delà de ce montant, il est fait application sur le retrait du prélèvement au taux de 0, 5%, plafonné à 2000 francs Cfa».
Mais d’après El Hadji Malick Guèye, président de l’association, et ses collaborateurs, «si la taxation directe des transactions de mobile money devait être mise en œuvre, l’expérience d’autres pays africains montre qu’elle pourrait provoquer une baisse des volumes de 30 à 50%, entraînant une contraction de l’assiette fiscale et une réduction des recettes existantes».
A l’inverse, l’Asepame propose «un prélèvement de 2, 5% sur les revenus des opérateurs de mobile money». A leur avis, cela «n’aurait aucun impact sur les clients. Ce prélèvement permettrait à l’assiette fiscale de continuer à croître de manière exponentielle, tout en générant des recettes fiscales additionnelles. Au total, sur les trois prochaines années, cette proposition générerait plus de 530 milliards de francs Cfa de recettes fiscales, soit bien davantage que l’objectif de 230 milliards de francs Cfa fixé par le gouvernement».
Au-delà d’un rendement fiscal supérieur, arguent les opérateurs, «un impôt assis sur les revenus des opérateurs, et non sur les transactions des usagers, permettra au Sénégal de préserver son rôle de pionnier continental en matière d’inclusion financière et de paiements digitaux, en consolidant la croissance d’un secteur stratégique pour l’économie et le pouvoir d’achat des citoyens».
Rappelant les données de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao), ces acteurs du secteur relèvent que «la valeur des transactions de mobile money au Sénégal a connu une croissance moyenne annuelle de 34% au cours des trois dernières années. Dans le même temps, les recettes fiscales de l’Etat issues du mobile money ont progressé en moyenne de 50% sur la même période».
«Conscients des impératifs de mobilisation accrue des ressources internes, nous souhaitons en effet participer activement à la recherche de solutions permettant d’instaurer une fiscalité juste, adaptée et pérenne, qui contribue à l’effort national tout en préservant l’inclusion financière et le pouvoir d’achat des citoyens», mentionne le président de l’Asepame, dans une lettre adressée aux présidents des associations des consommateurs sénégalais. L’Asepame sollicite l’avis de ces derniers pour, dit-elle, alimenter l’opinion, mais également mieux engager le gouvernement pour soutenir l’effort de mobilisation de ressources endogènes.