Tous les 15 jours, retrouvez “Fair Play” sur votre site Actunet. “Fair Play” est un plateau de Mame Mbaye Ndiaye, qui place sous les projecteurs toutes personnalités interpellées par l’actualité du moment.
Portrait du Capitaine d’Équipe au Onze national- Omar Blondin Diop
OMAR BLONDIN DIOP…
Aîné frère d’une Fratrie
Omar Blondin Diop est né le 18 septembre 1946 à Niamey au Niger. Fils aîné de la fratrie des onze à douze garçons dont le père, Ibrahima Blondin Diop, médecin de son état, et la mère, Adama Ndiaye, sage –femme de son état et sœur jumelle à Awa Ndiaye, sage femme également résidente à Bamako, sont tous trois originaires de Saint Louis du Sénégal. Le père est natif de Toukoto (Kita, République du Mali, ex Soudan français) et les mères sont nées à Siguiri (Guinée actuelle).
Aux termes d’études primaires et secondaires (Lycée Van Vollenhoven, actuel Lamine Guèye, Lycée Montaigne et Louis Le Grand à Paris), Omar est le premier Sénégalais reçu au concours d’entrée à l’École Normale Supérieure de Saint Cloud en 1967.
Élève-professeur en philosophie et sociologie à l’Université de Nanterre, il participe activement sur la ligne de front aux évènements, soulèvement populaire de la jeunesse et de la classe ouvrière, françaises, en Mai 1968 à Paris. En tant que membre fondateur de plusieurs groupes de réflexion dont le Mouvement du 22 Mars, il sera fiché et filé par la police française, puis frappé d’une mesure d’expulsion du territoire français en même temps que son camarade Franco Allemand, eurodéputé écolo actuel, Daniel Cohn-Bendit. Rentré chez lui au Sénégal, il œuvrera tout autant activement dans l’espace universitaire contre les coopérants français du corps enseignant et assistera efficacement le professeur Cheikh Anta Diop dans la constitution du Laboratoire Carbone 14 de l’Ifan où il était reçu stagiaire auprès du Professeur.
De retour à Paris en 1970, il poursuit la préparation de son agrégation à Saint Cloud, suite à la levée de la mesure d’expulsion par le Président Georges Pompidou, sur la demande formulée par Serigne Abdoul Aziz Sy Dabakh, Khalife général des Tidianes et exprimée au Président Senghor, ami de Georges Pompidou, président français. Il obtînt gain de cause. Mais cette préparation est interrompue par l’arrestation de ses frères, membres du groupe des incendiaires, dont Lopy (Mahomet) et Pape (Dialo), encore mineurs à l’époque. Motif : ils avaient tenté de saboter le cortège du Président Georges Pompidou, en visite au Sénégal en janvier 1971 et avaient incendié le centre culturel français (Actuel institut Léopold Sédar Senghor). Deux sentiments anti français bien exprimés par ce groupe dont les animateurs seront condamnés à de lourdes peines notamment deux travaux forcés à perpétuité. Le Tribunal spécial, ancêtre de la Cour de Sûreté de l’État, avait décidé ensuite de déporter les condamnés au Centre plénipotentiaire spécial de Kédougou, au Sénégal oriental. Indigné et choqué par la sévérité et la disproportion de ce verdict, Omar réunit quelques amis dont Alioune Sall dit Paloma et Samba Bathily, et ensemble ils décident de suspendre leurs études supérieures et de rentrer au Pays afin d’œuvrer à la libération des peuples et de leurs camarades emprisonnés.
Arrivés à Bamako, après un long périple d’entraînement et de conditionnement, à travers plusieurs pays traversés dont la Turquie, l’Érythrée, la Palestine, la Syrie, la Libye, l’Algérie, la Guinée Conakry, ils ne réussiront pas à regagner Dakar. Ils seront en effet arrêtés et placés en garde à vue par les autorités militaires maliennes du Cmln, sous la direction de Tiécoro Bagayogo, directeur de la Sûreté nationale. Sur la demande du Président sénégalais, Senghor, à l’occasion de sa visite officielle en novembre 1971 à Bamako, le Président Moussa Traoré affréter un avion par vol spécial pour les extrader pieds et poings liés sur Dakar, le mois suivant (décembre 1971).
Arrêtés et réceptionnés, Omar et Paloma seront jugés et condamnés à trois ans de prison ferme par le même Tribunal spécial, le 22 Mars 1972, les autres inculpés bénéficiant de sursis.
Plus tard, en cellule, victime de sévices et du comportement négrier de ses gardes pénitentiaires, Omar Blondin Diop trouvera la mort dans des circonstances mystérieuses jusque là jamais élucidées, dans la nuit du 10 au 11 mai 1973. Sur l’île de Gorée, dans la sinistre prison disciplinaire devenue aujourd’hui Musée préhistorique et où trône son portrait parmi les grandes figures de l’histoire contemporaine de l’Afrique noire.
Suite à son décès dont le certificat de genre de mort reste problématique pour l’État sénégalais, 44 ans après, le Ministre de l’Intérieur de l’époque, en la personne de Jean Collin, avait dans un premier temps refusé de rendre le corps à sa famille. Puis dans la précipitation, en présence d’un de ses frères et de voisins de la Médina, il sera inhumé au cimetière Abattoir de Soumbèdioune. L’autopsie qui avait été réclamée par son père docteur, et réalisée en sa présence n’a pas été concluante pour justifier de la version officielle du suicide donnée par le Gouvernement sénégalais.
Jusqu’à présent la controverse publique qui a d’emblée opposé sa famille au gouvernement sénégalais portant sur les circonstances de sa mort, perdure et s’amplifie depuis 4 ans, à l’occasion de la célébration des 40 ans de sa disparition. Son frère, le docteur Dialo Diop, mandataire de la famille, a déjà saisi officiellement les autorités compétentes pour une réouverture de l’enquête judiciaire par une police scientifique agréée. Depuis, aussi, ils attendent la réponse de l’État à requête officielle.
EN conclusion, la courte vie de ce digne fils d’Afrique, Sankara avant l’heure, plus radical que Nelson Mandela, Che Guevara dans le tempérament et plus qu’un Jean Paul Sartre et un Albert Camus réunis dans sa tête, a été riche et diverse. En témoigne son goût pour le Cinéma avec sa participation de La Chinoise de Jean Luc Godard, cinéaste français ; son goût pour la musique Jazz des Black Panthers et les sonorités afro cubaines d’Amériques, son goût pour d’autres civilisations sur lesquelles il est resté très ouvert. C’est ainsi qu’Omar a beaucoup lu, peu écrit, fait un deux films, a vu du pays en traversant maintes contrées et s’est fait plein d’amis partout dans le monde.
La trajectoire exemplaire de cet homme est faite d’ardeur à l’étude, d’ouverture d’esprit, de détermination pour l’essence de l’être, et d’abnégation dans la lutte de libération. Une telle simplicité ne se retrouvera plus tard qu’en Thomas Sankara, son cadet de trois ans (né le 21 décembre 1949). Avec un désintéressement prononcé dans les relations humaines, et surtout une honnêteté intellectuelle fort scrupuleuse qui allie sens de la générosité humaine et don de soi sans bornes. Né de parents sénégalais au Niger, à la fois Soudanais et Sénégalais, Nigérien et Guinéen, parlant couramment le bambara et le wolof, le français et l’anglais, l’allemand et l’arabe, Omar demeure le parachèvement de tout sentiment d’inachèvement perpétuel. Mais aussi, la source abondante d’une inspiration féconde pour la jeunesse insatiable de savoir. Une source inépuisable de praxis pour la Jeunesse africaine, présentement sur la brèche, à la recherche de modèles pour trouver par elle-même les réponses à ses questions légitimes face à l’échec des politiques sociales et néocoloniales des régimes en place qui semble-t-il, ne lui offrent aucune perspective crédible.
La reconnaissance des vertus salvatrices est une exigence des temps présents. Puisse ce portrait, reflet d’une existence qui a été brève comme une étoile filante, faisant beaucoup parler d’elle, laissant des traces sur les destinées individuelles, et passant rapidement comme presque de façon inaperçue et allant choir au fond de l’immensité de sa destinée à enfant prédestiné qui a traversé ce siècle en météorite. L’unité d’action dans sa lutte pour le panafricanisme, la praxis qu’il développait par sa pensée fédératrice d’énergies créatrices, ont fait parler de lui au-delà des frontières factices qui nous insèrent peuples et communautés de Nations francophones, anglophones et lusophones, qui sont partagés entre les musulmans, les chrétiens et les traditionnalistes. On ne doit pas accepter au sein de la nouvelle citoyenneté Cedeao, que les puissances étrangères dépècent le continent sous nos yeux en nous séparant en des micros États qu’ils soutiennent et renforcent en permanence, sans possibilité de leur rendre leur autonomie . C’est en cela que consistait le combat d’Omar Blondin Diop, pour qui «La Révolution n’a pas besoin de Chef suprême». Même si un seul nous suffit comme le diraient d’autres confessions, Omar était un roi qui marchait pieds nus sur les chemins de la connaissance. Il n’a laissé ni livre, ni épouse, ni enfant à l’âge de sa disparition. Il est reparti comme il était venu un jour du 18 septembre 1946. Frou! Comme l’oiseau migrateur.
Le glaive de la justice, une fois qu’il l’a quitté ne connaît plus de fourreau…
La honte du FMI : le Sénégal
À l’automne 2024, lorsque Ndongo Samba Sylla et moi avons souligné l’absurdité, compte tenu du rattachement historique du franc CFA à l’euro, des prévisions du FMI concernant l’inflation sur 12 mois au Sénégal, soit -13 % pour fin 2025 et +42 % pour fin 2026, nous notions que le FMI ne prêtait manifestement pas attention aux chiffres, pas même aux siens. Que pouvait-il encore se passer, nous sommes-nous demandé ?
Nous étions loin de nous douter de la suite.
Après un changement de gouvernement en avril 2024, des audits ont récemment confirmé que les emprunts contractés par le gouvernement à partir de 2019 dans le cadre de plusieurs programmes du FMI dépassaient de plus de 40 % du PIB les niveaux annoncés par le FMI, y compris au public sénégalais (voir graphiques). Cela pèsera sur le Sénégal pendant des générations.

Cette longue tempête de crédit – principalement d’origine locale, non détectée par le personnel du FMI, et accompagnée d’importantes découvertes d’hydrocarbures – a fait suite à un épisode similaire au milieu du programme du FMI au Mozambique en 2016 et à un premier avertissement écrit en 2018 de la part de l’opposition (de l’actuel Premier ministre) concernant la falsification des données. Mais en vain.
À la demande du FMI, qui souhaitait garantir rapidement l’accès au marché, le Parlement sénégalais s’est récemment engagé à reconnaître ces dettes, dans le cadre d’une loi de finances rectificative sans débat spécifique. De plus, aucun des fonctionnaires impliqués, dont la plupart occupent toujours leur poste et couvrent leurs traces, n’a été sanctionné. L’ancien président Sall, qui a orchestré la catastrophe, reste le bienvenu dans les plus hauts cercles diplomatiques internationaux. Et personne au FMI n’a été sanctionné ; ils ont simplement relevé leur objectif de solde primaire à moyen terme de deux points de pourcentage du PIB, et le tour était joué.
Cette situation donne lieu à la pire forme d’aléa moral. Les prêteurs, les responsables du FMI, les politiciens et les technocrates au Sénégal et bien au-delà concluront que, s’ils recommençaient, ils s’en tireraient à nouveau. Et les éloges du FMI à l’égard de la transparence de ce gouvernement, présentée comme un rempart contre ce genre de situation, témoignent de la même naïveté sincère qui a facilité la catastrophe au départ.
Le précédent ainsi créé laisse les institutions fiscales sénégalaises à la fois exorbitamment surendettées et très vulnérables à de nouveaux assauts de ce type, tout cela au détriment de populations parmi les plus pauvres de la planète.
Cela ne peut pas durer.
La clé est de mettre fin à la précipitation, source de toute cette débâcle : pour satisfaire leurs supérieurs, les employés du FMI ont manifestement négligé les vérifications essentielles de cohérence des données, la diligence raisonnable et le bon sens élémentaire.
Au lieu de cela, tout en continuant à honorer intégralement toutes ses autres dettes publiques, le Sénégal devrait « isoler » le stock de dettes non déclarées et cesser de les rembourser en attendant un examen complet. En particulier, les créanciers qui ont enfreint la loi devraient voir leurs créances annulées, et les fonctionnaires qui ont agi illégalement devraient être poursuivis.
Une étude rigoureuse de la destination des fonds (consommation publique / privée, investissements et / ou sorties de capitaux) devrait être menée, car cela pourrait transformer radicalement les données historiques, y compris le niveau du PIB, et donc la compréhension de la macroéconomie du Sénégal. Sans cela, aucune stratégie cohérente pour traiter la dette publique ne peut être élaborée à l’heure actuelle.
La seule précaution à prendre dès maintenant concernant le règlement des dettes non déclarées est que, si certaines sont annulées, l’impact sur les créanciers locaux sera calibré de manière à les maintenir au-dessus de leurs exigences réglementaires en matière de fonds propres. Cela permettra de soutenir la stabilité financière nationale dans l’intervalle.
Ce dispositif refroidira les créanciers potentiels. Mais loin d’être un inconvénient, c’est un avantage : ainsi piqués au vif, ils cesseront de traiter avec indifférence les faiblesses des rapports financiers.
Sur le plan externe, une « transparence ex ante » mondiale est également nécessaire pour prévenir la récurrence des surprises en matière d’endettement : il s’agit notamment de modifier les lois sur l’insolvabilité souveraine, principalement aux États-Unis et au Royaume-Uni, afin que les tribunaux de ces pays ne reconnaissent aucun nouveau prêt relevant de leur juridiction, à l’exception des accords de confirmation autonomes du FMI, à moins que l’ensemble des documents ne soit soumis aux parlements locaux au moins 30 jours avant la signature.
Loin d’entraver un programme précoce du FMI pour le Sénégal, tout cela permet de rendre cohérent un programme de maintien, pendant que les données macroéconomiques sont corrigées, préfigurant une stratégie de dette à moyen terme, y compris sur la dette en devises étrangères.
Qui doit porter le chapeau ?
Il faut mettre fin à l’absurdité qui consiste à voir l’ancien président Sall se pavaner sur la scène internationale en tant qu’éminence grise après avoir présidé à ce désastre ; il devrait être considéré comme un paria.
De même, le personnel du FMI est officiellement tenu de garantir la véracité des données du programme, et non de se cacher derrière les assurances d’autrui. Le fait que le FMI qualifie tout cela de « fausse déclaration » est donc une dissimulation. Au contraire, les directeurs du département Afrique et des affaires fiscales, responsables de la qualité du travail de leur personnel, n’ont apparemment jamais vu d’erreur dans les multiples programmes, malgré des projections d’inflation absurdes et un déficit budgétaire colossal, couronnés aujourd’hui par un plan qui aggrave toutes les erreurs, conçu sur la base de données macroéconomiques non corrigées et manifestement intenables.
En conséquence, et pour souligner que, quoi qu’il en soit, avoir perdu de vue 40 % du PIB est inacceptable, la directrice générale devrait révoquer les deux directeurs.
Sinon, elle devrait être démise de ses fonctions pour avoir toléré, voire encouragé, un échec aussi catastrophique dans le travail du personnel du FMI.
Il faut donc mettre un terme à la précipitation : un programme provisoire du FMI pour le Sénégal, assorti de mesures de gel des dettes non déclarées, d’une responsabilité totale et d’une transparence ex ante, est désormais essentiel pour sauver les institutions budgétaires de ce pays et, par voie d’exemple, du monde entier.
Par Peter Doyle, Économiste américain, ex-cadre senior du FMI.
Décès d’Abdou Aziz Mbaye : Gueum Sa Bopp réagit
C’est avec une immense douleur et une profonde tristesse que nous avons appris le décès de M. Abdoul Aziz Mbaye, un homme d’une valeur exceptionnelle.
Son départ laisse un grand vide, tant pour ceux qui ont eu le privilège de le connaître personnellement que pour l’ensemble du peuple sénégalais.
Homme de courtoisie, d’humilité et de sagesse, Abdoul Aziz Mbaye incarnait les valeurs de respect, de dialogue et de transmission. Par son engagement au service de la culture et de la société, il a su marquer son époque et inspirer toute une génération.
Sa disparition représente une perte inestimable pour le Sénégal, pour le monde de la culture et pour tous ceux qui croient encore à la force de la parole et des traditions.
Que son âme repose en paix, et que son héritage continue de guider ceux qui œuvrent pour le rayonnement de nos valeurs.
Décès d’Abdou Aziz Mbaye
Fait à Dakar le 20 Octobre 2025
Voile obligatoire dans les transports: les Maliennes pourront-elles désobéir aux jihadistes du Jnim?
Les jihadistes franchissent un nouveau pallier dans les exigences qu’ils comptent imposer aux populations maliennes. Les compagnies d’autocar sont sommées par le Jnim de faire respecter la nouvelle règle : désormais, les femmes qui circuleront sur les routes du Mali devront porter le voile. « Non, les djihadistes ne peuvent pas me faire changer, assène avec force une Bamakoise jointe par RFI. Ils ne peuvent pas changer mes habitudes! ».
« Dieu est plus grand que les jihadistes »
Vendeuse de vêtements, elle voyage fréquemment pour son commerce. Elle explique être croyante mais ne porte le voile que pour la prière, jamais au dehors. Et les nouvelles règles édictées par le Jnim ne l’intimident apparemment pas. « Si l’armée nous avait réellement protégés, est-ce que nous serions dans cette situation ?, interroge-t-elle, désabusée. Mais je n’ai pas peur : Dieu est plus grand que les jihadistes. Je n’ai pas peur et je ne porterai pas le voile. »
« Dans l’obligation de le faire »
Pourtant, le risque est grand. Comme beaucoup d’autres, ce chef de famille estime pour sa part ne pas avoir vraiment le choix. « J’ai très peur, confie-t-il. S’ils nous disent qu’il faut faire cela, nous sommes dans l’obligation de le faire. »
Et si demain cet homme devait voyager avec sa femme, il ne se poserait pas vraiment la question : « Je serais dans l’obligation de lui dire de mettre le voile. Le gouvernement n’a pas les moyens de nous protéger, déplore-t-il. Et s’il ne peut pas nous protéger, je suis dans l’obligation d’accepter les exigences des terroristes et de demander à ma femme de s’habiller avec ça. » Et de conclure avec colère, tristesse et résignation : « Je n’aime pas ça, mais nous n’avons pas le choix. Parce que si je ne le fais pas, je mets sa vie en danger ».
« Dans l’obligation de le faire »
Pourtant, le risque est grand. Comme beaucoup d’autres, ce chef de famille estime pour sa part ne pas avoir vraiment le choix. « J’ai très peur, confie-t-il. S’ils nous disent qu’il faut faire cela, nous sommes dans l’obligation de le faire. »
Et si demain cet homme devait voyager avec sa femme, il ne se poserait pas vraiment la question : « Je serais dans l’obligation de lui dire de mettre le voile. Le gouvernement n’a pas les moyens de nous protéger, déplore-t-il. Et s’il ne peut pas nous protéger, je suis dans l’obligation d’accepter les exigences des terroristes et de demander à ma femme de s’habiller avec ça. » Et de conclure avec colère, tristesse et résignation : « Je n’aime pas ça, mais nous n’avons pas le choix. Parce que si je ne le fais pas, je mets sa vie en danger ».
Dette publique : le Sénégal aurait atteint les 130 % du PIB, selon Bloomberg
À combien s’élève réellement la dette publique du Sénégal ? La question demeure floue tant les chiffres évoluent rapidement. Selon le site Sika Finance, citant des données de Bloomberg, la dette du pays représenterait désormais 130 % du Produit intérieur brut (PIB). Ces estimations proviendraient du Fonds monétaire international (FMI), d’après les mêmes sources.
Ce niveau est nettement supérieur aux 119 % du PIB évoqués récemment. En l’espace d’un an, les chiffres ont connu une envolée spectaculaire : environ 70 % selon l’ancien régime, 99 % selon la Cour des comptes, puis 119 % selon un cabinet d’audit.
Si cette nouvelle estimation de 130 % du PIB se confirmait, elle placerait le Sénégal dans une situation économique critique, avec un risque accru de surendettement et de perte de confiance des partenaires financiers.
Dernière minute : l’influenceuse Adji Mass placée sous mandat de dépôt
L’influenceuse Adji Mass Guèye a été placée sous mandat de dépôt ce lundi 20 octobre 2025, selon des sources judiciaires. La décision a été prise à l’issue de son déferrement au tribunal de grande instance hors classe de Dakar.
Pour rappel, Adji Mass avait été arrêtée vendredi dernier à son domicile de la Cité Djily Mbaye, sur instruction du procureur de la République. Elle est poursuivie pour des propos jugés contraires aux bonnes mœurs et pour injures publiques, tenus lors d’un direct sur TikTok.
Zahra Iyane Thiam : « Le vrai danger n’est pas un coup d’État, mais le coup du peuple »
Dans une publication ce lundi, l’ancienne ministre Zahra Iyane Thiam a estimé que le véritable danger pour le pays ne réside pas dans un éventuel « coup d’État », mais plutôt dans un « coup du peuple » face aux promesses non tenues.
Elle a invité le parti Pastef à reconnaître à l’opposition « sa posture républicaine et responsable ».
Poursuivant son propos, Zahra Iyane Thiam a pointé du doigt l’inaction du gouvernement, évoquant des images venues de Nguidjilone, au cœur du Fouta, qui témoigneraient selon elle d’un exécutif « dépassé par la réalité ».
« Il est temps de cesser la chasse au bouc émissaire et de se mettre enfin au travail pour redresser une situation économique devenue délétère », a-t-elle conclu.
Mise en accusation de l’ancien président Macky Sall :Me Aly Kane, a qualifié d’« initiative malheureuse » et vouée à l’échec
L’avocat et ancien candidat à la présidentielle, Me Amadou Aly Kane, a qualifié d’« initiative malheureuse » et vouée à l’échec la procédure de mise en accusation de l’ancien président Macky Sall pour « haute trahison ». Invité de l’émission Objection sur la radio Sudfm ce dimanche 19 octobre, il a développé ses arguments sur les plans juridique et politique, en réaction à une proposition évoquée par le président du groupe parlementaire PASTEF, Ayib Daffé.
Selon les propos de Me Kane, rapportés par Sud Quotidien, la démarche se heurte à un vide juridique majeur. Il a expliqué que bien que l’article 101 de la Constitution mentionne la responsabilité pénale du président pour « haute trahison », aucun texte ne définit précisément ce crime. « Ni la constitution, ni une loi organique, ni une loi ordinaire ne définit ce qu’est la haute trahison », a-t-il précisé. L’avocat en conclut qu’« aucune loi pénale ne prévoit une sanction en cas de haute trahison », ce qui, selon lui, rend la procédure impossible à mener à son terme.
Sur le fond, Me Amadou Aly Kane a également rejeté toute responsabilité de l’ancien chef de l’État (2012-2024), que ce soit sur le dossier de la « dette cachée » ou toute autre affaire. Il a soulevé une question à ce sujet : « Comment peut-on accuser le Président pour des questions budgétaires alors que ni le président de la commission des finances de l’A.N ni la Cour des comptes ne l’ont mis en cause personnellement ? ».
L’ancien candidat du parti R3D a par ailleurs qualifié cette initiative de « manœuvre politique ». Il a déclaré que l’objectif serait de « trouver un bouc émissaire aux difficultés d’un gouvernement qui n’arrive pas à régler la demande sociale, à gérer ses problèmes budgétaires et à financer son développement ». Pour lui, cette démarche est « contraire à la tradition et à l’élégance républicaine du Sénégal ».
Sahel : les attaques djihadistes se multiplient et gagnent du terrain vers l’ouest
En six ans, les groupes djihadistes ont doublé leur zone d’influence au Sahel, affectant le Mali, le Burkina Faso, le Niger, le Nigeria et menaçant désormais les frontières du Sénégal
Fièvre de la Vallée du Rift : une menace sanitaire à l’interface entre l’homme, l’animal et le climat
Longtemps cantonnée à certaines régions d’Afrique, la fièvre de la Vallée du Rift (FVR) s’impose aujourd’hui comme un enjeu sanitaire et vétérinaire mondial. Cette maladie virale, identifiée pour la première fois au Kenya en 1931, touche principalement les ruminants, mais n’épargne pas l’être humain. Zoonose par excellence, la FVR illustre les limites d’une approche strictement sectorielle des politiques de santé. Son contrôle nécessite une action conjointe sur les fronts animal, environnemental et humain.
Le virus, transmis principalement par les moustiques du genre Aedes, peut persister dans les œufs des vecteurs, assurant ainsi sa survie entre deux saisons de pluie. En période d’inondations ou dans les zones irriguées, les moustiques prolifèrent, entraînant des flambées animales, souvent précédées d’une vague inexpliquée d’avortements dans les troupeaux. Moutons, chèvres, bovins et camélidés paient un lourd tribut à la maladie, avec des conséquences économiques majeures pour les éleveurs.
Chez l’être humain, la FVR est généralement bénigne. Fièvre brutale, douleurs musculaires et syndrome pseudo-grippal en sont les manifestations les plus fréquentes. Toutefois, dans une minorité de cas, la maladie évolue vers des formes sévères : méningo-encéphalite, lésions oculaires voire fièvre hémorragique, avec un taux de létalité pouvant atteindre 50 %. La transmission survient principalement au contact d’animaux ou de produits animaux infectés, mais peut également résulter de piqûres de moustiques. Aucune transmission interhumaine n’a été documentée à ce jour.
Les professionnels les plus exposés sont les éleveurs, les vétérinaires et les agents des abattoirs. Le risque est accru dans les régions où le lait cru est couramment consommé, ou où les pratiques d’abattage ne respectent pas les normes d’hygiène. Face à cette situation, les messages de prévention peinent encore à pénétrer les milieux ruraux, où les pratiques traditionnelles dominent.
À l’échelle vétérinaire, un vaccin existe pour les animaux, mais son usage préventif reste limité, notamment en raison du manque de campagnes de vaccination coordonnées et de la crainte qu’une vaccination en pleine épidémie n’aggrave la situation. Chez l’humain, les options sont encore plus restreintes : aucun vaccin n’est homologué à ce jour, bien que des prototypes aient été testés sur des personnels à risque.
Les flambées de FVR sont souvent liées à des anomalies climatiques, en particulier aux épisodes El Niño. Des précipitations abondantes créent les conditions idéales pour la prolifération des vecteurs. De plus en plus, les modèles climatiques sont utilisés pour anticiper les flambées et activer les systèmes de surveillance, notamment via l’imagerie satellitaire. Cette approche prédictive reste cependant sous-exploitée.
Au niveau international, l’Organisation mondiale de la santé (OMS), en coordination avec la FAO et l’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA), prône une stratégie intégrée dite “One Health”, articulant surveillance épidémiologique, santé animale, environnement et prévention humaine. Mais dans les pays concernés, le manque de ressources freine la mise en œuvre d’un véritable système d’alerte précoce.
La propagation de la FVR hors d’Afrique – notamment en Arabie saoudite et au Yémen en 2000 – a rappelé que cette zoonose ne connaît pas de frontières. Avec l’intensification du commerce du bétail, l’urbanisation galopante et les dérèglements climatiques, les risques d’extension géographique s’accroissent.
Pour les scientifiques et les autorités sanitaires, le message est clair : il est urgent de renforcer la surveillance, d’investir dans la vaccination animale préventive et de mieux informer les populations à risque. À l’heure où les pandémies se multiplient, la FVR constitue un cas d’école : celui d’une maladie qui, ignorée trop longtemps, pourrait demain s’imposer sur le devant de la scène mondiale.
Drame à Ndiop : un jeune homme tué lors d’une dispute amoureuse
Un tragique incident s’est produit dans la nuit de samedi à dimanche au quartier Ndiop. Un jeune homme de 28 ans a perdu la vie à la suite d’une violente altercation liée à une rivalité amoureuse. Selon les premiers éléments de l’enquête rapportés par l’APS, la victime, célibataire et père d’un enfant, aurait été mortellement frappée avec un tesson de bouteille aux environs de 23 heures.
Alertés, les sapeurs-pompiers ont évacué le corps à la morgue du district sanitaire de Mékhé. Le principal suspect, un autre jeune homme impliqué dans la dispute, a été arrêté et placé en garde à vue à la brigade de gendarmerie de Mékhé. Une enquête est en cours pour déterminer les circonstances exactes du drame.