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Portrait du Capitaine d’Équipe au Onze national- Omar Blondin Diop
OMAR BLONDIN DIOP…
Aîné frère d’une Fratrie
Omar Blondin Diop est né le 18 septembre 1946 à Niamey au Niger. Fils aîné de la fratrie des onze à douze garçons dont le père, Ibrahima Blondin Diop, médecin de son état, et la mère, Adama Ndiaye, sage –femme de son état et sœur jumelle à Awa Ndiaye, sage femme également résidente à Bamako, sont tous trois originaires de Saint Louis du Sénégal. Le père est natif de Toukoto (Kita, République du Mali, ex Soudan français) et les mères sont nées à Siguiri (Guinée actuelle).
Aux termes d’études primaires et secondaires (Lycée Van Vollenhoven, actuel Lamine Guèye, Lycée Montaigne et Louis Le Grand à Paris), Omar est le premier Sénégalais reçu au concours d’entrée à l’École Normale Supérieure de Saint Cloud en 1967.
Élève-professeur en philosophie et sociologie à l’Université de Nanterre, il participe activement sur la ligne de front aux évènements, soulèvement populaire de la jeunesse et de la classe ouvrière, françaises, en Mai 1968 à Paris. En tant que membre fondateur de plusieurs groupes de réflexion dont le Mouvement du 22 Mars, il sera fiché et filé par la police française, puis frappé d’une mesure d’expulsion du territoire français en même temps que son camarade Franco Allemand, eurodéputé écolo actuel, Daniel Cohn-Bendit. Rentré chez lui au Sénégal, il œuvrera tout autant activement dans l’espace universitaire contre les coopérants français du corps enseignant et assistera efficacement le professeur Cheikh Anta Diop dans la constitution du Laboratoire Carbone 14 de l’Ifan où il était reçu stagiaire auprès du Professeur.
De retour à Paris en 1970, il poursuit la préparation de son agrégation à Saint Cloud, suite à la levée de la mesure d’expulsion par le Président Georges Pompidou, sur la demande formulée par Serigne Abdoul Aziz Sy Dabakh, Khalife général des Tidianes et exprimée au Président Senghor, ami de Georges Pompidou, président français. Il obtînt gain de cause. Mais cette préparation est interrompue par l’arrestation de ses frères, membres du groupe des incendiaires, dont Lopy (Mahomet) et Pape (Dialo), encore mineurs à l’époque. Motif : ils avaient tenté de saboter le cortège du Président Georges Pompidou, en visite au Sénégal en janvier 1971 et avaient incendié le centre culturel français (Actuel institut Léopold Sédar Senghor). Deux sentiments anti français bien exprimés par ce groupe dont les animateurs seront condamnés à de lourdes peines notamment deux travaux forcés à perpétuité. Le Tribunal spécial, ancêtre de la Cour de Sûreté de l’État, avait décidé ensuite de déporter les condamnés au Centre plénipotentiaire spécial de Kédougou, au Sénégal oriental. Indigné et choqué par la sévérité et la disproportion de ce verdict, Omar réunit quelques amis dont Alioune Sall dit Paloma et Samba Bathily, et ensemble ils décident de suspendre leurs études supérieures et de rentrer au Pays afin d’œuvrer à la libération des peuples et de leurs camarades emprisonnés.
Arrivés à Bamako, après un long périple d’entraînement et de conditionnement, à travers plusieurs pays traversés dont la Turquie, l’Érythrée, la Palestine, la Syrie, la Libye, l’Algérie, la Guinée Conakry, ils ne réussiront pas à regagner Dakar. Ils seront en effet arrêtés et placés en garde à vue par les autorités militaires maliennes du Cmln, sous la direction de Tiécoro Bagayogo, directeur de la Sûreté nationale. Sur la demande du Président sénégalais, Senghor, à l’occasion de sa visite officielle en novembre 1971 à Bamako, le Président Moussa Traoré affréter un avion par vol spécial pour les extrader pieds et poings liés sur Dakar, le mois suivant (décembre 1971).
Arrêtés et réceptionnés, Omar et Paloma seront jugés et condamnés à trois ans de prison ferme par le même Tribunal spécial, le 22 Mars 1972, les autres inculpés bénéficiant de sursis.
Plus tard, en cellule, victime de sévices et du comportement négrier de ses gardes pénitentiaires, Omar Blondin Diop trouvera la mort dans des circonstances mystérieuses jusque là jamais élucidées, dans la nuit du 10 au 11 mai 1973. Sur l’île de Gorée, dans la sinistre prison disciplinaire devenue aujourd’hui Musée préhistorique et où trône son portrait parmi les grandes figures de l’histoire contemporaine de l’Afrique noire.
Suite à son décès dont le certificat de genre de mort reste problématique pour l’État sénégalais, 44 ans après, le Ministre de l’Intérieur de l’époque, en la personne de Jean Collin, avait dans un premier temps refusé de rendre le corps à sa famille. Puis dans la précipitation, en présence d’un de ses frères et de voisins de la Médina, il sera inhumé au cimetière Abattoir de Soumbèdioune. L’autopsie qui avait été réclamée par son père docteur, et réalisée en sa présence n’a pas été concluante pour justifier de la version officielle du suicide donnée par le Gouvernement sénégalais.
Jusqu’à présent la controverse publique qui a d’emblée opposé sa famille au gouvernement sénégalais portant sur les circonstances de sa mort, perdure et s’amplifie depuis 4 ans, à l’occasion de la célébration des 40 ans de sa disparition. Son frère, le docteur Dialo Diop, mandataire de la famille, a déjà saisi officiellement les autorités compétentes pour une réouverture de l’enquête judiciaire par une police scientifique agréée. Depuis, aussi, ils attendent la réponse de l’État à requête officielle.
EN conclusion, la courte vie de ce digne fils d’Afrique, Sankara avant l’heure, plus radical que Nelson Mandela, Che Guevara dans le tempérament et plus qu’un Jean Paul Sartre et un Albert Camus réunis dans sa tête, a été riche et diverse. En témoigne son goût pour le Cinéma avec sa participation de La Chinoise de Jean Luc Godard, cinéaste français ; son goût pour la musique Jazz des Black Panthers et les sonorités afro cubaines d’Amériques, son goût pour d’autres civilisations sur lesquelles il est resté très ouvert. C’est ainsi qu’Omar a beaucoup lu, peu écrit, fait un deux films, a vu du pays en traversant maintes contrées et s’est fait plein d’amis partout dans le monde.
La trajectoire exemplaire de cet homme est faite d’ardeur à l’étude, d’ouverture d’esprit, de détermination pour l’essence de l’être, et d’abnégation dans la lutte de libération. Une telle simplicité ne se retrouvera plus tard qu’en Thomas Sankara, son cadet de trois ans (né le 21 décembre 1949). Avec un désintéressement prononcé dans les relations humaines, et surtout une honnêteté intellectuelle fort scrupuleuse qui allie sens de la générosité humaine et don de soi sans bornes. Né de parents sénégalais au Niger, à la fois Soudanais et Sénégalais, Nigérien et Guinéen, parlant couramment le bambara et le wolof, le français et l’anglais, l’allemand et l’arabe, Omar demeure le parachèvement de tout sentiment d’inachèvement perpétuel. Mais aussi, la source abondante d’une inspiration féconde pour la jeunesse insatiable de savoir. Une source inépuisable de praxis pour la Jeunesse africaine, présentement sur la brèche, à la recherche de modèles pour trouver par elle-même les réponses à ses questions légitimes face à l’échec des politiques sociales et néocoloniales des régimes en place qui semble-t-il, ne lui offrent aucune perspective crédible.
La reconnaissance des vertus salvatrices est une exigence des temps présents. Puisse ce portrait, reflet d’une existence qui a été brève comme une étoile filante, faisant beaucoup parler d’elle, laissant des traces sur les destinées individuelles, et passant rapidement comme presque de façon inaperçue et allant choir au fond de l’immensité de sa destinée à enfant prédestiné qui a traversé ce siècle en météorite. L’unité d’action dans sa lutte pour le panafricanisme, la praxis qu’il développait par sa pensée fédératrice d’énergies créatrices, ont fait parler de lui au-delà des frontières factices qui nous insèrent peuples et communautés de Nations francophones, anglophones et lusophones, qui sont partagés entre les musulmans, les chrétiens et les traditionnalistes. On ne doit pas accepter au sein de la nouvelle citoyenneté Cedeao, que les puissances étrangères dépècent le continent sous nos yeux en nous séparant en des micros États qu’ils soutiennent et renforcent en permanence, sans possibilité de leur rendre leur autonomie . C’est en cela que consistait le combat d’Omar Blondin Diop, pour qui «La Révolution n’a pas besoin de Chef suprême». Même si un seul nous suffit comme le diraient d’autres confessions, Omar était un roi qui marchait pieds nus sur les chemins de la connaissance. Il n’a laissé ni livre, ni épouse, ni enfant à l’âge de sa disparition. Il est reparti comme il était venu un jour du 18 septembre 1946. Frou! Comme l’oiseau migrateur.
Le glaive de la justice, une fois qu’il l’a quitté ne connaît plus de fourreau…
Fièvre de la Vallée du Rift à Saint-Louis : 10 morts et 74 cas confirmés, la situation reste préoccupante
La région de Saint-Louis fait face à une propagation inquiétante de la fièvre de la Vallée du Rift (FVR). Selon le dernier bilan communiqué par la Direction régionale de la Santé, la maladie a déjà causé dix décès depuis la détection du premier cas le 21 septembre dernier, pour un total de 74 contaminations confirmées.
Désormais, l’ensemble des cinq districts sanitaires de la région sont touchés, signe d’une circulation active du virus. Les autorités sanitaires rapportent 15 patients suivis à domicile, 4 hospitalisés, tandis que 45 personnes ont été déclarées guéries.
Surveillance renforcée et appel à la vigilance
Face à cette évolution préoccupante, les services de santé ont renforcé la surveillance épidémiologique dans toute la région. Les populations sont appelées à la vigilance, surtout dans les zones rurales, où les contacts étroits entre l’homme et le bétail favorisent la transmission du virus.
La fièvre de la Vallée du Rift, transmise principalement par les piqûres de moustiques ou le contact avec des animaux infectés, affecte à la fois les humains et les troupeaux. En plus des pertes humaines, elle engendre d’importantes conséquences économiques pour les éleveurs.
Mesures de prévention recommandées
Les autorités sanitaires rappellent les gestes essentiels pour limiter la propagation :
- éviter tout contact avec des animaux malades ou morts,
- se protéger contre les moustiques (moustiquaires, répulsifs, vêtements longs),
- et signaler rapidement tout cas suspect aux structures sanitaires les plus proches.
L’évolution de la situation est suivie de près par les autorités, qui appellent à la responsabilité collective pour contenir la maladie et éviter de nouvelles pertes humaines.
Sédhiou : un berger retrouvé mort par balle à Tognataba, la région sous le choc
La région de Sédhiou est en deuil. Ce samedi 4 octobre 2025, le corps sans vie d’un berger a été découvert dans le village de Tognataba, commune de Baghère, plongeant la population locale dans la tristesse et la consternation.
Alertée vers 9 heures, la brigade de proximité de gendarmerie de Tanaff s’est immédiatement rendue sur les lieux. Selon des informations rapportées par Seneweb, la victime, identifiée comme D. Ba, âgée de 56 ans, a été retrouvée morte au milieu de son troupeau de bœufs.
Marié à trois épouses et père de 22 enfants, le berger était réputé pour sa rigueur et sa routine bien connue des habitants. Chaque soir, il se rendait en forêt vers 18 heures pour surveiller son troupeau, avant de regagner son domicile aux alentours de minuit.
Un drame survenu dans la nuit du 3 au 4 octobre
La nuit du vendredi 3 au samedi 4 octobre a rompu cette habitude. Ne le voyant pas rentrer, sa famille a tenté de le joindre, en vain. C’est finalement un de ses fils, parti vérifier le troupeau au petit matin, qui a fait la macabre découverte.
Les gendarmes, accompagnés de l’Infirmier Chef de Poste (ICP) de Baghère, ont relevé sur le corps deux blessures par balle l’une au niveau du ventre, l’autre au flanc droit.
Un fusil de chasse calibre 12 mm, appartenant à la victime, a été retrouvé à trois mètres du corps, contenant deux cartouches non tirées, ainsi que sept cartouches de recharge à proximité.
Malgré une fouille minutieuse des environs, aucun autre indice n’a été découvert pour éclaircir les circonstances exactes du drame.
Une tentative de vol de bétail ?
Les premiers éléments de l’enquête orientent vers une tentative de vol de bétail qui aurait mal tourné. Cependant, selon la famille de la victime, aucun bœuf ne manque à l’appel, le troupeau étant complet. Cette contradiction laisse planer le doute sur le véritable mobile du meurtre.
Le corps de D. Ba a été transféré à l’hôpital régional de Kolda pour autopsie, tandis que l’enquête se poursuit pour déterminer les circonstances précises de ce drame qui secoue toute la communauté.
Grave accident à Nguekhokh : deux morts et vingt et un blessés dans une collision entre un camion et un car « Ndiaga Ndiaye »
Un dramatique accident de la route s’est produit ce samedi sur l’axe Nguekhokh, impliquant un camion et un car de transport en commun de type “Ndiaga Ndiaye”. Selon les informations rapportées par Dakaractu Mbour, le bilan humain est particulièrement lourd.
D’après les premiers éléments, deux personnes ont perdu la vie sur les lieux, tandis que 21 blessés ont été recensés, dont 15 dans un état grave. Tous les blessés ont été évacués en urgence à l’hôpital Thierno Mansour Barro de Mbour pour y recevoir les soins nécessaires.
Pour l’heure, les causes exactes de la collision restent à déterminer. Les premières hypothèses évoquent la vitesse, l’état de la route ou une manœuvre imprudente comme facteurs possibles de l’accident.
Les secours et les autorités locales se sont rapidement rendus sur place pour porter assistance aux victimes, sécuriser la zone et faciliter l’évacuation des blessés.
Cet énième drame relance une nouvelle fois le débat sur la sécurité routière au Sénégal, où les accidents graves continuent d’endeuiller de nombreuses familles.
Mort mystérieuse de Mamadou Khadialy Sylla en Italie : la communauté sénégalaise réclame vérité et justice
La mort de Mamadou Khadialy Sylla, un Sénégalais de 35 ans, continue de bouleverser la communauté sénégalaise en Italie. Tailleur respecté et apprécié, il a perdu la vie dans des conditions encore floues à la prison de Santa Maria Capua Vetere, dans la région de Campanie.
Selon L’Observateur, ce décès survenu en détention a déclenché une vive émotion et une colère grandissante, ravivant le débat sur le traitement réservé aux détenus étrangers dans les prisons italiennes.
Tout a commencé le 25 septembre dernier à la gare de Caserta, où Mamadou Khadialy Sylla aurait été impliqué dans trois agressions, dont un vol de téléphone portable. Interpellé par la police ferroviaire, il aurait été maîtrisé avec une technique d’immobilisation au cours d’une altercation. Blessé, il est conduit à l’hôpital avant d’être placé en détention. Le lendemain, il est retrouvé mort dans sa cellule, dans des circonstances encore inexpliquées.
Ce drame a suscité une forte mobilisation. Le dimanche 28 septembre, plus d’une centaine de personnes, dont de nombreux Sénégalais, se sont rassemblées sur la place Dante, en Campanie, pour réclamer « vérité et justice ». Les manifestants dénoncent un système judiciaire perçu comme indifférent au sort des immigrés.
Face à la pression, une enquête pour homicide involontaire a été ouverte. Trois médecins, dont deux exerçant aux urgences de l’hôpital ayant accueilli Mamadou, sont dans le collimateur de la justice italienne. Des proches du défunt soupçonnent une erreur médicale, évoquant une possible administration excessive de médicaments.
Ce drame s’ajoute à la liste des décès de Sénégalais à l’étranger dans des conditions controversées, mettant une nouvelle fois en lumière la précarité et la vulnérabilité des migrants face à des systèmes carcéraux souvent opaques.
La Côte d’Ivoire obtient 843,9 millions de dollars du FMI, pendant que le Sénégal attend toujours son programme
Alors que les autorités sénégalaises peinent à conclure un nouveau programme avec le Fonds monétaire international (FMI) pour accéder à ses ressources financières, la Côte d’Ivoire, elle, récolte les fruits de sa discipline économique.
Au terme de sa dernière mission à Abidjan, le FMI a annoncé l’octroi de deux décaissements d’un montant global de 843,9 millions de dollars. Ces fonds seront disponibles dès l’achèvement des revues par le Conseil d’administration de l’institution.
Dans le détail, 509,5 millions de dollars seront alloués au titre du Mécanisme élargi de crédit et de la Facilité élargie de crédit (MEDC/FEC), tandis que 334,4 millions de dollars proviendront de la Facilité pour la Résilience et la Durabilité (FRD).
Le FMI salue les progrès considérables accomplis par la Côte d’Ivoire dans la mise en œuvre de ses objectifs économiques, notamment la résorption des déséquilibres macroéconomiques, la reconstitution des réserves régionales, et les avancées dans la transformation économique du pays vers le statut de revenu intermédiaire de la tranche supérieure.
L’institution internationale met également en avant les efforts ivoiriens en matière de résilience climatique, à travers des réformes d’adaptation et d’atténuation.
Selon le communiqué du 30 septembre dernier, l’économie ivoirienne demeure solide et résiliente. La croissance devrait atteindre 6,3 % en 2025, tandis que l’inflation devrait reculer à environ 1 % en moyenne cette année, un résultat meilleur que prévu.
Le vigile de l’ex-épouse de Madiambal Diagne arrêté pour cambriolage à la Cité Djily Mbaye
Le cambriolage survenu au domicile de l’ex-épouse du journaliste Madiambal Diagne, à la Cité Djily Mbaye, a connu son épilogue. L’enquête menée par les services de police a permis d’identifier le principal suspect : le vigile de la maison, Samba Camara.
Selon les informations rapportées par Libération, ce dernier a été inculpé et placé en détention pour vol en réunion commis la nuit avec escalade et effraction. Les investigations ont révélé qu’il avait simulé son absence avant de s’introduire discrètement dans la demeure afin de s’emparer de bijoux, montres et parfums de luxe.
Les enquêteurs ont pu établir sa présence sur les lieux grâce au bornage de son téléphone, une preuve technique accablante. Malgré ces éléments, Samba Camara nie toujours les faits qui lui sont reprochés.
La CEDEAO, ce grand malade (Par Gabriel Thomas Fall)
La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) est née en 1975 à Lagos, portée par un idéal : bâtir un espace de solidarité où circuleraient librement les hommes, les marchandises et les idées. Cette vision s’inspirait des réussites d’autres blocs régionaux, mais surtout d’une évidence : aucun pays ouest-africain, isolément, ne pouvait relever les défis du développement, de la sécurité et de la stabilité. Pendant un temps, cet idéal a semblé à portée de main. Mais cinquante ans plus tard, l’organisation donne l’image d’un grand malade, fatigué, affaibli et de plus en plus déconnecté des aspirations populaires.
Les récents bouleversements politiques dans la région – coups d’État militaires au Mali (2020, 2021), en Guinée (2021), au Burkina Faso (2022) et au Niger (2023) – ont mis à nu les failles de la CEDEAO. Son réflexe a été d’imposer des sanctions sévères : fermeture des frontières, suspension de la coopération, isolement diplomatique. Ces mesures, censées ramener les militaires à la raison, ont produit l’effet inverse : renforcer les régimes en place, alimenter un discours de résistance nationale et accroître la défiance vis-à-vis d’une organisation perçue comme inféodée à des logiques extérieures, notamment françaises. Dans l’opinion publique, l’image de la CEDEAO a basculé. D’outil d’intégration et de fraternité, elle est devenue synonyme de contraintes, de sanctions et de décisions imposées d’en haut. Les peuples, censés être le socle de sa légitimité, n’y reconnaissent plus leur voix ni leurs intérêts.
Au cœur de la CEDEAO devait se trouver l’intégration économique. Mais ce chantier reste largement inachevé. La libre circulation, proclamée dès 1979, demeure entravée par des frontières jalousement gardées et par une prolifération de postes de contrôle où prospèrent corruption et tracasseries. Les grands projets d’infrastructures régionales – corridors routiers, interconnexions énergétiques, marché commun – progressent trop lentement. Quant à la monnaie unique, l’ECO, elle s’enlise dans des reports successifs depuis vingt ans. Les divergences entre pays anglophones et francophones, l’absence de convergence macroéconomique et les pesanteurs liées à l’arrimage du franc CFA à l’euro empêchent tout progrès réel. Résultat : les échanges intra-régionaux plafonnent autour de 12 % du commerce total, un chiffre dérisoire au regard des potentialités.
À cette crise de légitimité et à ces blocages structurels s’ajoute un mal plus insidieux : la captation de l’organisation par certains États au détriment d’autres. La CEDEAO, censée appartenir à l’ensemble de ses quinze membres, est progressivement devenue l’apanage, voire le jouet, de quelques-uns. La répartition des postes stratégiques, loin de refléter une rotation équitable, illustre une logique de chasse gardée. Le cas du Sénégal est révélateur : malgré son poids politique, diplomatique et économique dans la région, et malgré la règle non écrite de rotation, il n’a jamais eu l’honneur de diriger la Commission de la CEDEAO. À l’inverse, certains pays y placent régulièrement leurs ressortissants aux postes de commande, accentuant l’impression d’un déséquilibre institutionnalisé. Cette surreprésentation alimente le soupçon d’une organisation verrouillée, où le mérite, l’équilibre régional et la symbolique de l’unité passent après les calculs d’influence et les réseaux de connivence. Une telle dérive mine l’esprit communautaire. Elle entretient chez plusieurs États le sentiment d’être marginalisés, relégués au rang de simples figurants dans un projet qui devait pourtant être commun.
La naissance de l’Alliance des États du Sahel (AES) en 2023, regroupant le Mali, le Burkina Faso et le Niger est venue consacrer la fracture. Ce regroupement, conçu en réaction aux sanctions de la CEDEAO, revendique une logique souverainiste et sécuritaire. Il attire la sympathie d’une partie des opinions publiques, fatiguées d’attendre les fruits d’une intégration qui n’arrive pas. Cette situation crée une scission inédite : d’un côté, une CEDEAO fragilisée, divisée entre ses États membres ; de l’autre, une alternative qui, bien qu’encore embryonnaire, défie son autorité et menace son avenir même. Si rien n’est fait, la communauté risque de perdre le rôle fédérateur qui lui donnait sens.
Et pourtant, les besoins d’intégration régionale sont plus pressants que jamais. Aucun État ouest-africain ne peut, seul, affronter les défis du terrorisme transfrontalier, du changement climatique, de la crise alimentaire ou de la pression migratoire. La fragmentation actuelle est donc une impasse. La CEDEAO peut encore se relever, à condition d’accepter une véritable refondation. Elle doit rompre avec la logique punitive qui l’a décrédibilisée, corriger ses déséquilibres internes, et replacer les peuples au cœur de son projet. Cela implique plus de transparence, plus d’équité entre États, mais aussi une réorientation vers le développement concret : agriculture, infrastructures, énergie, jeunesse, mobilité. Une CEDEAO utile dans le quotidien des citoyens retrouverait sa légitimité.
La CEDEAO est bien un grand malade. Mais un malade qui peut encore être soigné. Elle devra se réinventer, se démocratiser en interne, adopter une gouvernance plus juste et inclusive, et renouer avec sa vocation première : bâtir une communauté de destin, solidaire et confiante en elle-même. Faute de quoi, c’est l’Afrique de l’Ouest tout entière qui vacillera.
Gabriel Thomas Fall, Citoyen sénégalais et de la CEDEAO
Sénégal : Le FMI reporte le vote sur la dérogation liée à la dette
Le Conseil d’administration du Fonds monétaire international discute ce vendredi de la situation financière du Sénégal, mais ne procédera pas au vote attendu sur une dérogation cruciale en matière de fausse déclaration de dette. L’approbation de ce mécanisme est indispensable pour débloquer de nouveaux financements. Le pays, qui espère obtenir des liquidités supplémentaires, devra patienter encore quelques semaines. Deux sources proches du dossier affirment néanmoins que les discussions progressent dans la bonne direction.
Une décision reportée malgré des discussions avancées
Selon des informations obtenues par l’agence Reuters, le Fonds monétaire international (FMI) n’a pas prévu d’autoriser dès ce vendredi la dérogation attendue par le Sénégal. Celle-ci doit permettre à Dakar de retrouver l’accès à des financements dans le cadre du programme de prêts suspendu depuis plusieurs mois. Le blocage persiste car certains critères techniques n’ont pas encore été remplis par les autorités, empêchant un vote formel du Conseil d’administration.
Les négociations autour de ce dossier sont toutefois bien avancées, et les sources interrogées estiment que la dérogation devrait être validée d’ici la fin de l’année. L’absence de calendrier précis pour la prochaine réunion du Conseil alimente néanmoins une certaine incertitude. Contacté, un porte-parole du FMI n’a pas souhaité faire de commentaires, tout comme le ministère sénégalais des Finances. Ces silences renforcent l’attente des marchés et des partenaires financiers, dans un contexte où la stabilité budgétaire demeure une priorité.