Tous les 15 jours, retrouvez “Fair Play” sur votre site Actunet. “Fair Play” est un plateau de Mame Mbaye Ndiaye, qui place sous les projecteurs toutes personnalités interpellées par l’actualité du moment.
Portrait du Capitaine d’Équipe au Onze national- Omar Blondin Diop
OMAR BLONDIN DIOP…
Aîné frère d’une Fratrie
Omar Blondin Diop est né le 18 septembre 1946 à Niamey au Niger. Fils aîné de la fratrie des onze à douze garçons dont le père, Ibrahima Blondin Diop, médecin de son état, et la mère, Adama Ndiaye, sage –femme de son état et sœur jumelle à Awa Ndiaye, sage femme également résidente à Bamako, sont tous trois originaires de Saint Louis du Sénégal. Le père est natif de Toukoto (Kita, République du Mali, ex Soudan français) et les mères sont nées à Siguiri (Guinée actuelle).
Aux termes d’études primaires et secondaires (Lycée Van Vollenhoven, actuel Lamine Guèye, Lycée Montaigne et Louis Le Grand à Paris), Omar est le premier Sénégalais reçu au concours d’entrée à l’École Normale Supérieure de Saint Cloud en 1967.
Élève-professeur en philosophie et sociologie à l’Université de Nanterre, il participe activement sur la ligne de front aux évènements, soulèvement populaire de la jeunesse et de la classe ouvrière, françaises, en Mai 1968 à Paris. En tant que membre fondateur de plusieurs groupes de réflexion dont le Mouvement du 22 Mars, il sera fiché et filé par la police française, puis frappé d’une mesure d’expulsion du territoire français en même temps que son camarade Franco Allemand, eurodéputé écolo actuel, Daniel Cohn-Bendit. Rentré chez lui au Sénégal, il œuvrera tout autant activement dans l’espace universitaire contre les coopérants français du corps enseignant et assistera efficacement le professeur Cheikh Anta Diop dans la constitution du Laboratoire Carbone 14 de l’Ifan où il était reçu stagiaire auprès du Professeur.
De retour à Paris en 1970, il poursuit la préparation de son agrégation à Saint Cloud, suite à la levée de la mesure d’expulsion par le Président Georges Pompidou, sur la demande formulée par Serigne Abdoul Aziz Sy Dabakh, Khalife général des Tidianes et exprimée au Président Senghor, ami de Georges Pompidou, président français. Il obtînt gain de cause. Mais cette préparation est interrompue par l’arrestation de ses frères, membres du groupe des incendiaires, dont Lopy (Mahomet) et Pape (Dialo), encore mineurs à l’époque. Motif : ils avaient tenté de saboter le cortège du Président Georges Pompidou, en visite au Sénégal en janvier 1971 et avaient incendié le centre culturel français (Actuel institut Léopold Sédar Senghor). Deux sentiments anti français bien exprimés par ce groupe dont les animateurs seront condamnés à de lourdes peines notamment deux travaux forcés à perpétuité. Le Tribunal spécial, ancêtre de la Cour de Sûreté de l’État, avait décidé ensuite de déporter les condamnés au Centre plénipotentiaire spécial de Kédougou, au Sénégal oriental. Indigné et choqué par la sévérité et la disproportion de ce verdict, Omar réunit quelques amis dont Alioune Sall dit Paloma et Samba Bathily, et ensemble ils décident de suspendre leurs études supérieures et de rentrer au Pays afin d’œuvrer à la libération des peuples et de leurs camarades emprisonnés.
Arrivés à Bamako, après un long périple d’entraînement et de conditionnement, à travers plusieurs pays traversés dont la Turquie, l’Érythrée, la Palestine, la Syrie, la Libye, l’Algérie, la Guinée Conakry, ils ne réussiront pas à regagner Dakar. Ils seront en effet arrêtés et placés en garde à vue par les autorités militaires maliennes du Cmln, sous la direction de Tiécoro Bagayogo, directeur de la Sûreté nationale. Sur la demande du Président sénégalais, Senghor, à l’occasion de sa visite officielle en novembre 1971 à Bamako, le Président Moussa Traoré affréter un avion par vol spécial pour les extrader pieds et poings liés sur Dakar, le mois suivant (décembre 1971).
Arrêtés et réceptionnés, Omar et Paloma seront jugés et condamnés à trois ans de prison ferme par le même Tribunal spécial, le 22 Mars 1972, les autres inculpés bénéficiant de sursis.
Plus tard, en cellule, victime de sévices et du comportement négrier de ses gardes pénitentiaires, Omar Blondin Diop trouvera la mort dans des circonstances mystérieuses jusque là jamais élucidées, dans la nuit du 10 au 11 mai 1973. Sur l’île de Gorée, dans la sinistre prison disciplinaire devenue aujourd’hui Musée préhistorique et où trône son portrait parmi les grandes figures de l’histoire contemporaine de l’Afrique noire.
Suite à son décès dont le certificat de genre de mort reste problématique pour l’État sénégalais, 44 ans après, le Ministre de l’Intérieur de l’époque, en la personne de Jean Collin, avait dans un premier temps refusé de rendre le corps à sa famille. Puis dans la précipitation, en présence d’un de ses frères et de voisins de la Médina, il sera inhumé au cimetière Abattoir de Soumbèdioune. L’autopsie qui avait été réclamée par son père docteur, et réalisée en sa présence n’a pas été concluante pour justifier de la version officielle du suicide donnée par le Gouvernement sénégalais.
Jusqu’à présent la controverse publique qui a d’emblée opposé sa famille au gouvernement sénégalais portant sur les circonstances de sa mort, perdure et s’amplifie depuis 4 ans, à l’occasion de la célébration des 40 ans de sa disparition. Son frère, le docteur Dialo Diop, mandataire de la famille, a déjà saisi officiellement les autorités compétentes pour une réouverture de l’enquête judiciaire par une police scientifique agréée. Depuis, aussi, ils attendent la réponse de l’État à requête officielle.
EN conclusion, la courte vie de ce digne fils d’Afrique, Sankara avant l’heure, plus radical que Nelson Mandela, Che Guevara dans le tempérament et plus qu’un Jean Paul Sartre et un Albert Camus réunis dans sa tête, a été riche et diverse. En témoigne son goût pour le Cinéma avec sa participation de La Chinoise de Jean Luc Godard, cinéaste français ; son goût pour la musique Jazz des Black Panthers et les sonorités afro cubaines d’Amériques, son goût pour d’autres civilisations sur lesquelles il est resté très ouvert. C’est ainsi qu’Omar a beaucoup lu, peu écrit, fait un deux films, a vu du pays en traversant maintes contrées et s’est fait plein d’amis partout dans le monde.
La trajectoire exemplaire de cet homme est faite d’ardeur à l’étude, d’ouverture d’esprit, de détermination pour l’essence de l’être, et d’abnégation dans la lutte de libération. Une telle simplicité ne se retrouvera plus tard qu’en Thomas Sankara, son cadet de trois ans (né le 21 décembre 1949). Avec un désintéressement prononcé dans les relations humaines, et surtout une honnêteté intellectuelle fort scrupuleuse qui allie sens de la générosité humaine et don de soi sans bornes. Né de parents sénégalais au Niger, à la fois Soudanais et Sénégalais, Nigérien et Guinéen, parlant couramment le bambara et le wolof, le français et l’anglais, l’allemand et l’arabe, Omar demeure le parachèvement de tout sentiment d’inachèvement perpétuel. Mais aussi, la source abondante d’une inspiration féconde pour la jeunesse insatiable de savoir. Une source inépuisable de praxis pour la Jeunesse africaine, présentement sur la brèche, à la recherche de modèles pour trouver par elle-même les réponses à ses questions légitimes face à l’échec des politiques sociales et néocoloniales des régimes en place qui semble-t-il, ne lui offrent aucune perspective crédible.
La reconnaissance des vertus salvatrices est une exigence des temps présents. Puisse ce portrait, reflet d’une existence qui a été brève comme une étoile filante, faisant beaucoup parler d’elle, laissant des traces sur les destinées individuelles, et passant rapidement comme presque de façon inaperçue et allant choir au fond de l’immensité de sa destinée à enfant prédestiné qui a traversé ce siècle en météorite. L’unité d’action dans sa lutte pour le panafricanisme, la praxis qu’il développait par sa pensée fédératrice d’énergies créatrices, ont fait parler de lui au-delà des frontières factices qui nous insèrent peuples et communautés de Nations francophones, anglophones et lusophones, qui sont partagés entre les musulmans, les chrétiens et les traditionnalistes. On ne doit pas accepter au sein de la nouvelle citoyenneté Cedeao, que les puissances étrangères dépècent le continent sous nos yeux en nous séparant en des micros États qu’ils soutiennent et renforcent en permanence, sans possibilité de leur rendre leur autonomie . C’est en cela que consistait le combat d’Omar Blondin Diop, pour qui «La Révolution n’a pas besoin de Chef suprême». Même si un seul nous suffit comme le diraient d’autres confessions, Omar était un roi qui marchait pieds nus sur les chemins de la connaissance. Il n’a laissé ni livre, ni épouse, ni enfant à l’âge de sa disparition. Il est reparti comme il était venu un jour du 18 septembre 1946. Frou! Comme l’oiseau migrateur.
Le glaive de la justice, une fois qu’il l’a quitté ne connaît plus de fourreau…
Affaire Farb Ngom : Me Moussa Bocar Thiam vilipende le juge Idrissa Diarra auprès de l’IGAJ
Une plainte d’une gravité rare vient d’être adressée à l’Inspection générale de l’Administration de la Justice (IGAJ). Dans le document, au ton ferme et argumenté, Me Moussa Bocar Thiam, ancien ministre et responsable politique, dénonce les « actes arbitraires, la mise en danger de la vie d’autrui et les manquements à l’impartialité » dont se serait rendu coupable le magistrat Idrissa Diarra, président du collège des juges d’instruction du pool judiciaire et financier, dans le cadre de l’affaire Farba Ngom.
Dans la lettre plainte, dont Source A détient copie, Me Moussa Bocar Thiam accuse le juge Idrissa Diarra d’avoir violé plusieurs dispositions du Code pénal et du Statut des magistrats. En effet, l’ancien Ministre, avocat et homme politique, y évoque notamment les articles 106 du Code pénal (actes attentatoires à la liberté), 49 alinéa 2 (non-assistance à personne en danger) et 9 de la loi n°2017-10 du 17 janvier 2017 portant Statut des magistrats.
Dans sa lettre qu’il a adressée à l’Inspection générale de l’Administration de la Justice (IGAJ), dans l’affaire Farba Ngom, Me Moussa Bocar Thiam accuse le juge Idrissa Diarra d’actes arbitraires et de mise en danger de la vie d’autrui
Selon le maire de Ourossogui, tout part du placement sous mandat de dépôt de Mouhamadou Ngom dit Farba, le 27 février 2025, à la suite d’un rapport de la CENTIF. Depuis cette date, l’homme politique et homme d’affaires serait détenu « injustement » depuis près de dix mois, sans aucune audition par le juge d’instruction. L’avocat-politicien dénonce un refus systématique et injustifié de mise en liberté provisoire, malgré la production de quatre avis médicaux alarmants attestant de la gravité de l’état de santé de son client.
Il affirme que ces refus répétés constituent des délits graves, allant d’atteinte à la liberté individuelle, à la mise en danger de la vie d’autrui, en passant par la non assistance à personne en danger ainsi que des expertises médicales ignorées.
Le document révèle que le magistrat Idrissa Diarra, après avoir été saisi d’une demande de liberté provisoire fondée sur des certificats médicaux, avait lui-même désigné un expert, le professeur Alassane Mbaye, pour évaluer la compatibilité de l’état de santé de Farba Ngom avec la détention.
L’expertise conclura sans ambiguïté à une incompatibilité avec le milieu carcéral. Mais, à la surprise générale, le juge Diarra rejette la demande et ordonne une nouvelle expertise collégiale, composée cette fois de trois médecins. Ces derniers confirment pourtant les conclusions du premier expert, allant même plus loin en affirmant que Farba Ngom risque une mort subite en plein sommeil.
Malgré ces conclusions concordantes, le juge aurait persisté à rejeter la mise en liberté, orientant simplement le détenu vers le pavillon spécial, que Me Thiam qualifie de « milieu carcéral déguisé ». « Cet acharnement relève du délit d’acte arbitraire réprimé par l’article 106 du Code pénal », souligne-t-il dans sa lettre.
L’avocat et homme politique y dénonce “une instruction volontairement au ralenti, motivée par des pressions politiques”
Au-delà de la question sanitaire, Me Moussa Bocar Thiam dénonce une inertie volontaire dans la conduite de l’instruction. Selon lui, neuf mois après l’ouverture de l’information judiciaire, Farba Ngom n’a jamais été entendu, ni confronté à ses accusateurs, ni même autorisé à s’expliquer sur les transactions qui lui sont reprochées. Il évoque une stratégie délibérée pour « faire durer la procédure afin de maintenir le mis en cause en détention ». Ainsi, le juriste y voit une violation flagrante du rythme normal de l’administration de la justice, que l’Inspection générale a, selon lui, l’obligation de contrôler au regard de l’article 3 de la loi n°98-23 du 26 mars 1998 instituant l’IGAJ.
Parlant “de soupçons de déloyauté et de partialité”, l’ancien Ministre exhorte l’IGAJ à ouvrir une enquête exhaustive sur les « comportements personnels » et les motivations politiques qui, selon lui, sous-tendent les décisions du juge Diarra
Me Moussa Bocar Thiam ne s’est pas arrêté là. Il accuse ensuite le magistrat de déloyauté et de partialité dans la gestion du cautionnement offert par Farba Ngom. Ce dernier aurait présenté des titres fonciers en garantie, conformément à la procédure de mise en liberté sous caution prévue par le Code de procédure pénale. Mais le juge Diarra aurait, selon lui, refusé de valider le cautionnement, tout en ordonnant la saisie conservatoire des mêmes titres, un « procédé vicieux » et « contraire à la déontologie judiciaire ». De tels agissements, écrit Me Thiam, « violent les devoirs d’impartialité, d’honneur et de délicatesse imposés aux magistrats » par les articles 16 et 18 de la loi organique n°2017-10.
Si l’ancien ministre justifie sa démarche par la compétence de l’Inspection générale de la justice en matière de contrôle préventif et répressif du comportement des magistrats, il rappelle que l’IGAJ dispose de pouvoirs d’investigation étendus, lui permettant d’entendre toute personne, y compris les magistrats, et d’accéder à tous les documents utiles. C’est ainsi que Me Moussa Bocar Thiam exhorte l’Inspecteur général de la justice à ouvrir une enquête exhaustive sur les « comportements personnels » et les motivations politiques qui, selon lui, sous-tendent les décisions du juge Diarra.
Dans sa conclusion, Me Moussa Bocar Thiam appelle à ce que « toutes les conséquences de droit soient tirées » à l’encontre du magistrat, estimant que « les droits de la défense doivent être scrupuleusement respectés, surtout dans les affaires impliquant de hauts responsables du pays ». Il affirme vouloir être tenu informé des diligences qui seront entreprises par l’Inspection générale.
avec actusen
Mballing : La police effectue une saisie de 108 kgs de chanvre indien
MBOUR – Les éléments de la brigade régionale des stupéfiants de Thiès ont saisi une cargaison de chanvre indien, à Mballing, un village côtier de la commune de Malicounda ( département de Mbour). Cette opération menée par l’office central de répression du trafic illicite des stupéfiants (Ocrtis), dans la nuit du dimanche 9 au lundi 10 novembre, a permis de mettre la main sur quatre colis de chanvre indien, d’un poids total estimé à 108 kilos. La drogue a été embarquée à bord d’une pirogue à moteur en provenance de la Casamance naturelle. Selon une source policière, les trafiquants qui ont abandonné leur marchandise sur la plage ont pu prendre la poudre d’escampette. Pour l’instant, aucune arrestation n’a été effectuée et les enquêtes se poursuivent pour identifier les propriétaires de cette drogue.
La fausse procureure écope de 6 mois ferme
Fin de cavale pour M.D. Sow, une dame de 32 ans qui se faisait passer tantôt pour procureure, tantôt pour enquêtrice. Le tribunal des flagrants délits de Pikine-Guédiawaye l’a condamnée à un an de prison, dont six mois ferme, pour usurpation de fonction, trafic d’influence et escroquerie. La prévenue, qui jouait les justicières, a été prise la main dans le sac dans l’enceinte même du tribunal. Elle tentait d’arnaquer une victime en se faisant passer pour une autorité judiciaire capable de “régler le dossier”. En plus de la peine de prison, M. D. Sow devra s’acquitter d’une amende de 200 000 F CFA.
Rond-Point Case Bi : Un livreur arrêté avec du yamba
Livreur de son état, Fallou Thiam, 23 ans, a été jugé hier, mardi 11 novembre 2025, devant le tribunal des flagrants délits de Dakar pour des faits d’offre ou cession de chanvre indien. Déjà condamné une première fois, il conteste fermement les faits.
L’affaire trouve son origine dans un signalement transmis à la Division des investigations criminelles (Dic). Les enquêteurs auraient été informés d’une livraison de drogue imminente impliquant le prévenu. Une filature est alors organisée. C’est au moment de la livraison supposée que les policiers passent à l’action.
À la barre, Fallou Thiam plaide la méprise. Livreur de profession, il affirme qu’il transportait simplement un passager à bord de sa moto, en direction de la station Shell de Keur Massar. « À hauteur du rond-point Case bi, on m’a arrêté pour un contrôle de routine », raconte-t-il. C’est à ce moment-là que la personne que je transportais a pris la fuite, laissant un sachet jaune sur la moto. Je ne savais pas ce qu’il contenait ».
Mais pour le parquet, le scénario du prévenu ne tient pas. Selon le représentant du ministère public, les faits sont constants. Le 31 octobre, les enquêteurs auraient reçu un renseignement précis. Fallou Thiam, trafiquant notoire, s’apprêtait à livrer de la drogue aux Parcelles Assainies. Un dispositif de surveillance est alors mis en place. « Sentant la présence des agents, il a tenté de s’éclipser. Lors de son interpellation, il ne transportait personne. La fouille de sa moto a permis de découvrir le sachet contenant le chanvre indien. Son moyen de défense est insensé », soutient le procureur, qui requiert 2 ans d’emprisonnement ferme, la confiscation de la moto et une amende de 100.000 F Cfa.
Le miroir déformant : la maladie de l’âme, une étude de la personnalité narcissique
«Le narcissisme est la matrice de toutes les perversions. Il est la forme la plus subtile de l’aliénation, car il est l’aliénation de soi-même, la perte de soi dans son propre reflet. Le narcissique est celui qui s’est perdu dans son propre miroir, qui s’est laissé fasciner par son propre reflet, au point de perdre tout contact avec la réalité», nous apprend Jean Baudrillard dans Les stratégies, publié en 1983.
Les flancs de Ndumbélaan ont tremblé en ce jour du 8 novembre : le vizir a encore tonné, telle la chose qui crache le feu entre le ciel et la terre. Les émotions ont parlé et la raison a -encore une fois- vidé les lieux, prenant ses jambes à son cou. N’est- ce pas Senghor qui nous balançait à la figure (malgré les dénégations d’un bon nombre de penseurs subsahariens) que «l’émotion est nègre et que la raison est hellène» ?
A part un one-man-show insipide, creux, sans relief aucun, dangereux et attentatoire à la cohésion nationale, que peut-on objectivement tirer comme enseignement de cette gigantesque procession tant vantée et présentée avec le slogan «il y aura un avant le 8, le 8 ci boppam et un après le 8» ?
Ceux à qui il reste encore un peu de bon sens, ont eu la même appréciation : «kii moom boppam rekk moo ko ňoor», ont-ils unanimement décrété. C’est difficile à admettre waaye nak réemii, bari na ňu wara jundi xel ca jaba, même si Descartes théorisait depuis que la raison est la chose la mieux partagée au monde. Le discours du vizir ne s’adresse pas aux doués de raison, il fouette au contraire l’émotivité de partisans zélés, idolâtres et blasphémateurs. Il vise exclusivement un conglomérat° d’émotifs irréfléchis et écervelés dont les sentiments de haine contre les nantis, de ressentiment contre la réussite d’autrui, d’inimitié contre ceux qui ont exercé le pouvoir jusqu’ici, de rancune due aux privations, d’antipathie contre ce qui est présenté comme le système°, de désobligeance contre la marche traditionnelle de la société, peuvent pousser à donner leur vie pour défendre sa cause. Ils se nourrissent du discours clivant de ce vizir car la rhétorique violente, agressive, accusatrice, mensongère, diffamatoire de son discours les galvanise jusqu’à la transe. Mbete jinne Musaa dans nos lycées et collèges !
Ndumbélaan vacille jusque dans ses fondements : la plume acerbe des écrivains (ana Bougar waay ?), la signature des intellectuels pétitionnaires (ils étaient cent non ?), les associations (Samm jikko yi est-il toujours là ?), tout ce beau monde -jadis si prompt à défendre la démocratie, l’Etat de Droit et la bonne gouvernance- s’est aplati pour laisser la voie au narcissisme d’un vizir plus proche de mettre le pays à feu et à sang que de lui faire faire le moindre frémissement vers la voie de l’émergence. Le narcissisme est une maladie de l’âme, car elle est simplement perversion et obsession. Le vizir national ndumbelanien a une maniaque attirance pour le mot «Rapport». Ce qui lui a valu tous ses maux, comme le risque de son inéligibilité dans un futur proche : il lorgne le trône sans aucune gêne. Entre le rapport charnel et le rapport des services de contrôle du royaume, il a perdu des plumes !
Pour neutraliser l’ego des uns et des autres, la philosophie wolofe adressait cette lourde sentence : «Boo doonoon ab njombor, da may taal ba noppi, door laa rëbbi.» Le vizir de Ndumbélaan aussi est cernable, maîtrisable, comme disent nos frères de la Rdc : il a un ego surdimensionné et est d’une personnalité narcissique sans précédent. Il se prend pour le centre de l’univers et s’attend à ce que tout le monde aux alentours se conforme à ses besoins et à ses désirs (les magistrats récalcitrants qui lui obstruent le chemin vers le trône risquent un raxas). Aujourd’hui, mon ami Mod Sarr, à la tête de l’Ums, est interpellé. Notre fameux vizir a besoin d’admiration et de louanges, et prend une colère noire si cela ne se produit pas (les chroniqueurs, les journalistes, les télévisions et radios yi ko dul xalamal bune dees na léen effacer). Son sentiment de supériorité sur les autres, ses prochains, l’autorise à les mépriser et à les dénigrer (le ministre suspecté de surfacturation est vilipendé et menacé publiquement, l’autre épinglé par un rapport sur un montant de deux milliards, ne paie rien pour attendre). Notre vizir manque d’empathie ; il ne comprend pas les difficultés que traverse son pays, et les besoins immédiats du Peuple constituent le cadet de ses soucis : seul l’accès au trône compte à ses yeux. Son comportement manipulateur n’hésite pas à convoquer la séduction (demander justice pour des martyrs sic…) et la coercition (que celui qui a du courage parle ouvertement de ses sept milliards de fonds politiques ou nie l’existence de la dette cachée). Son intolérance à la critique le rend agressif jusqu’à le pousser à chercher traitreusement à casser des poux sur la tête de ses détracteurs (Majambal est aujourd’hui obligé de s’exiler pour échapper à la géhenne qu’il lui destine). Il a le sentiment, un sentiment de droit divin pour recevoir des faveurs (le roi doit lui céder son trône), des privilèges spéciaux (il doit gouverner à sa guise) et de déverser sa colère sur tout et sur tous. Sa vantardise l’autorise à organiser à chaque occasion des processions où sa condescendance, son mépris et son arrogance trouvent la sève nourricière à ses allégations et prétextes fallacieux (le roi de Ndumbélaan peut trembler, car il est arrivé à lui dénicher un fameux rapport égaré dans les circuits administratifs). Même ceux qui le soutiennent les yeux fermés courent un risque avec lui : pour défendre son image, le narcissique n’hésitera pas une seconde à trahir amitié saine ou amitié équilibrée. Certes, le narcissique détruit à son avantage les partenaires, les alter-ego, le monde alentour sur le plan émotionnel, pour ensuite les en blâmer. Il est important de comprendre que rester dans une relation avec un tel homme, c’est être sur des montagnes russes qui ne s’arrêtent jamais. Car la popularité seule ne suffit pas à un décideur : le Peuple ne vit pas seulement de discours, d’image reluisante et de promesses. Corps alités, ventres affamés, esprits lucides ne pardonnent pas !
Amadou FALL
Inspecteur de l’enseignement à la retraite à Guinguinéo
zemaria64@yahoo.fr
FVR et grippe aviaire au Sénégal : la souveraineté pharmaceutique vétérinaire pour une meilleure santé publique globale
Au Sénégal, l’élevage joue un rôle très important dans la composition des revenus et des moyens d’existence des familles. Cependant, il est affecté, ces dernières années, par l’émergence de maladies infectieuses telles que la fièvre de la vallée du Rift, la grippe aviaire et la grippe équine. Ces maladies zoonotiques (affectant l’homme et l’animal) menacent non seulement la santé publique, mais entraînent également des conséquences économiques et sociales non négligeables, notamment chez les éleveurs. Elles mettent au défi notre système de santé, caractérisé par une faible souveraineté médicamenteuse. Cette dernière doit être bien questionnée dans la gestion des épidémies zoonotiques dans notre pays.
La présente contribution fait d’abord une brève présentation des zoonoses concernées, passe ensuite en revue l’approche de gestion dans le pays et, enfin, interroge la souveraineté médicamenteuse.
Les zoonoses épidémiques au Sénégal
Ces derniers temps, l’actualité médico-sanitaire du pays est fondamentalement dominée par les informations sur les cas de Mpox (variole du singe) et de fièvre de la vallée du Rift. Bien que le Mpox soit une zoonose, sa présence au Sénégal résulterait d’une contamination à partir d’un cas importé. C’est tout le contraire de la fièvre de la vallée du Rift, dont le virus responsable a une présence endémique dans le pays.
En effet, la fièvre de la vallée du Rift (FVR) est connue depuis longtemps au Sénégal. D’abord, en 1987, une épidémie de FVR avait frappé le Sénégal et la Mauritanie, principalement au niveau des localités situées le long de la vallée du fleuve Sénégal. Puis, en 1993, des souches virales avaient été isolées à partir de petits ruminants et de moustiques dans la zone de Barkédji. Depuis lors, des épizooties surviennent périodiquement dans les zones de la vallée du fleuve Sénégal, au nord, et dans le bassin de l’Anambé, au sud.
Une surveillance active de la maladie y est mise en œuvre par la Direction des services vétérinaires pour détecter précocement la circulation du virus et procéder à une vaccination autour des foyers afin de limiter sa propagation. La fièvre de la vallée du Rift (FVR) est une maladie virale figurant parmi les six zoonoses prioritaires au Sénégal.
Chez les animaux, et principalement les ruminants (bovins, ovins, caprins, etc.), elle entraîne une mortalité élevée des jeunes et des vagues d’avortements inexpliqués chez les femelles gestantes. Chez les bovins, ovins et caprins adultes, la maladie se traduit par de la fièvre, une perte d’appétit, de la diarrhée, une hypersalivation et un écoulement nasal.
Chez l’homme, la FVR est souvent considérée comme une maladie bénigne qui se manifeste par une fièvre d’apparition brutale. Cependant, elle peut évoluer vers des formes graves, avec une létalité non négligeable. En 2025, la FVR a été notifiée au Sénégal le 21 septembre chez l’homme et le 26 septembre chez l’animal. Le rapport de situation (SITREP) du 28 octobre fait état de 331 cas humains confirmés, dont 246 guéris et 28 décès. Chez les animaux, 236 cas ont été confirmés chez les ruminants.
Au-delà de la FVR, le Sénégal fait face depuis des années à la grippe aviaire, une maladie zoonotique hautement pathogène due au virus H5N1. La grippe aviaire apparaît comme une maladie pandémique émergente qui a frappé le monde vers les années 2004 et touchait près de 61 pays en 2007.
Chez les volailles, la maladie entraîne une forte mortalité et se manifeste par des troubles respiratoires graves, ainsi que par des symptômes cutanés, digestifs, nerveux et oculaires. Chez l’être humain, elle se manifeste par de la fièvre, des maux de gorge et de tête, une fatigue générale ainsi que des douleurs musculaires et abdominales.
Entre 2021 et 2023, le Sénégal a connu une série d’épizooties de grippe aviaire touchant principalement les oiseaux sauvages et domestiques, occasionnant une mortalité et une morbidité importantes.
Ainsi, ces deux zoonoses entraînent des pertes économiques importantes pour nos élevages, mais menacent également la santé publique globale. Pour faire face à ces crises sanitaires, l’État du Sénégal adopte un système de gestion des risques axé sur l’approche One Health.
Une gestion des risques axée sur l’approche One Health
Pour mieux lutter contre les zoonoses émergentes ou réémergentes, la quadripartite constituée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA), l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) préconise l’approche One Health. Cette approche promeut une collaboration inclusive, multisectorielle et multidisciplinaire, impliquant la Primature, les départements ministériels (santé humaine, animale et environnementale), la société civile, le secteur privé, les organisations à base communautaire, ainsi que les partenaires techniques et financiers.
À travers cette directive, il a été mis en place au Sénégal un Haut Conseil national de sécurité sanitaire One Health et ses instances de gouvernance, avec notamment des groupes techniques de travail (GTT) comme « Zoonoses », « Surveillance épidémiologique » et « Gestion des urgences sanitaires ». Ainsi, le pays s’est considérablement amélioré dans la préparation, la prévention, la détection, la riposte et le rétablissement face aux situations d’urgence sanitaire. La coordination multisectorielle a également été renforcée à travers des réunions régulières et un soutien mutuel constant entre le niveau central et les structures déconcentrées.
Cette approche est également déclinée au niveau local, sous la houlette des gouverneurs de région, qui ont constitué des équipes régionales de gestion des incidents regroupant l’ensemble des parties prenantes locales. Ces équipes régionales sont appuyées par les équipes de gestion des incidents du niveau central. Ces équipes pluridisciplinaires et multisectorielles permettent une gestion efficace et coordonnée des urgences sanitaires, favorisant une meilleure gouvernance — tant sur le plan des ressources humaines, logistiques que financières — et une mobilisation accrue des compétences et savoir-faire pour une gestion plus efficiente des crises sanitaires.
Pour les épidémies de grippe aviaire (2021, 2022 et 2023) et de fièvre de la vallée du Rift (FVR) en 2025, la riposte a été menée selon cette approche. Elle s’est opérationnalisée à travers la mise en place d’un système de gestion des incidents aux niveaux central et déconcentré.
Dans le cadre de la grippe aviaire, un arrêté interministériel interdisant l’importation de produits et de matériels avicoles usagés avait été pris. En outre, un Comité national de prévention et de lutte contre la grippe aviaire (CONAGA) avait été mis en place. Ce dernier avait élaboré un plan national de prévention et de lutte contre la grippe aviaire. Ce plan comprend des exercices de simulation, une communication sur les risques, la mise en place de protocoles de surveillance et des mesures de biosécurité. Il recommande également une collaboration étroite avec la Mauritanie, avec laquelle le Sénégal partage de vastes zones agroécologiques accueillant chaque année des oiseaux migrateurs sauvages. Sur le plan vaccinal, il n’existe pas encore de vaccin disposant d’une autorisation de mise sur le marché pour la grippe aviaire hautement pathogène au Sénégal. Néanmoins, l’option vaccinale peut être envisagée en fonction de l’ampleur des foyers et du nombre de cas chez les volailles.
Dans le cadre spécifique de la riposte contre la FVR, menée selon l’approche One Health, les interventions concertées ont permis de mettre en œuvre plusieurs actions intégrées : la surveillance épidémiologique des cas humains et animaux, des investigations conjointes, la lutte antivectorielle (contre les moustiques), la surveillance écologique des vecteurs (moustiques, petits mammifères), la vaccination du bétail, la prise en charge des cas humains et animaux, l’élimination sécurisée des carcasses, ainsi que la communication sur les risques et le renforcement de l’engagement communautaire.
Cependant, la véritable pertinence de l’approche One Health réside aussi dans le renforcement sectoriel, notamment celui du secteur de la santé animale, qui constitue un maillon essentiel et un levier de création de valeur ajoutée dans la gestion sanitaire collective. Le renforcement des capacités des services vétérinaires permettra d’asseoir des actions de prévention à travers la vaccination, la détection précoce et la prise en charge rapide des cas, afin de limiter la propagation des épizooties et la contamination humaine. Ce qui interroge fortement la souveraineté pharmaceutique vétérinaire du Sénégal.
De la souveraineté pharmaceutique vétérinaire
La souveraineté pharmaceutique désigne la capacité d’un pays, ou d’un groupe de pays, à maîtriser pleinement ses politiques pharmaceutiques, la production et l’approvisionnement en médicaments, ainsi que sa capacité à répondre aux besoins de santé de sa population en matière de médicaments essentiels.
Lors de l’inauguration de la Fondation africaine de technologie pharmaceutique (APTF), créée en juin 2022 par la Banque africaine de développement (BAD) à l’initiative des États membres de l’Union africaine, le président de la BAD, Akinwumi Adesina, soulignait :
« L’Afrique doit se doter d’un système de défense sanitaire fondé sur trois grands piliers : la relance de l’industrie pharmaceutique africaine, le renforcement des capacités africaines de fabrication de vaccins et la mise en place d’infrastructures de soins de santé de qualité. »
De même, lors de la cérémonie d’inauguration du vaccinopôle de Diamniadio, le 13 décembre 2024, Son Excellence Bassirou Diomaye Faye avait souligné l’importance de créer un écosystème africain de l’industrie pharmaceutique permettant d’atteindre l’autonomie en vaccins, tests de diagnostic et médicaments. Il avait également décliné l’ambition du gouvernement d’asseoir une souveraineté pharmaceutique et sanitaire qui permettra à notre pays de couvrir, d’ici 2035, au moins 50 % de ses besoins en vaccins et médicaments par une production locale.
Dans cette optique, le Sénégal dispose de ressources suffisantes pour la production de vaccins et d’antibiotiques vétérinaires, notamment à travers des partenariats public-privé. La mise en place d’une stratégie souveraine de production de médicaments vétérinaires aurait des effets économiques en matière de création d’emplois et de réduction du coût des médicaments. Elle permettrait ainsi de garantir le développement de l’élevage et la santé publique globale. Fondamentalement, il est temps de définir une politique de souveraineté pharmaceutique vétérinaire.
Cette politique est d’autant plus fondée que la souveraineté pharmaceutique est désormais intégrée dans l’agenda national de transformation Sénégal 2050 et dans la stratégie nationale de développement du Sénégal (2025-2029). Dans le cadre de cette stratégie nationale, plusieurs objectifs ont été déclinés pour atteindre la souveraineté pharmaceutique :
- (i) produire 30 % des besoins nationaux en médicaments, notamment en accompagnant les acteurs locaux dans la fabrication de molécules prioritaires identifiées ;
- (ii) renforcer la régulation pharmaceutique ;
- (iii) instaurer un cadre réglementaire attractif pour encourager l’investissement ;
- (iv) mettre en place des laboratoires de recherche dans les domaines médical et pharmaceutique ;
- (v) instaurer un cadre juridique pour la phytothérapie ;
- (vi) intégrer l’approche One Health dans les politiques de santé publique.
L’élaboration d’une politique nationale de souveraineté pharmaceutique devrait prendre en compte la fabrication de vaccins et médicaments vétérinaires pour faire face aux défis de l’émergence et de la réémergence des maladies zoonotiques. Elle se positionnera comme un pilier déterminant de la mise en œuvre de l’approche One Health au Sénégal.
Conclusion
L’examen de la gestion des zoonoses émergentes et réémergentes au Sénégal montre l’importance de la prise en charge des vaccins et médicaments vétérinaires par les autorités. Le Sénégal, malgré son potentiel, ne produit pas encore de vaccins contre les zoonoses (grippe aviaire et fièvre de la vallée du Rift) qui ont frappé le pays ces dernières années. Cette situation ne devrait pas perdurer dans le cadre d’une gestion durable de ces urgences sanitaires et d’une orientation vers la souveraineté pharmaceutique.
En phase avec les orientations politiques, l’élaboration d’une stratégie nationale de souveraineté pharmaceutique devrait contribuer à l’amélioration de la mise en œuvre de l’approche One Health, à la sauvegarde de la santé publique et à la résilience de notre système de santé.
Pour une meilleure efficacité, la stratégie doit impérativement prendre en compte la souveraineté en produits vétérinaires (vaccins et médicaments). Cela permettra également de renforcer les services vétérinaires, de garantir le développement de l’élevage et la souveraineté alimentaire.
Dr Gérôme SAMBOU, Vétérinaire
Spécialiste en gestion intégrée des risques sanitaires / One Health
Honneur et respect à Feu Pr Amadou Mahtar MBOW ! (Par Aïda M’BO)
C’est avec un immense honneur et une profonde émotion que j’ai effectué le déplacement, de Bamako à Dakar, en ma qualité de parente de Feu Amadou Mahtar MBOW, pour participer à l’hommage rendu à cet illustre fils du Sénégal, de l’Afrique et du monde. La cérémonie s’est déroulée le 28 octobre au Centre international de conférence Abdou Diouf (CICAD) de Diamniadio, à Dakar, sous la présidence effective de Son Excellence Bassirou Diomaye Diakhar FAYE, Président de la République du Sénégal, qui a mis en exergue la nécessité de rendre un hommage solennel au Professeur Amadou Mahtar MBOW, un modèle de vertu et de citoyenneté exemplaire.
Un témoignage apprécié à sa juste valeur par la famille de l’illustre disparu, qui a exprimé toute sa gratitude au chef de l’État sénégalais pour cet hommage auquel s’associent tous ses proches, ses enfants, particulièrement son épouse, Raymonde Fadhila MBOW, qui a partagé avec lui 70 ans de vie commune.
L’enthousiasme qui m’a animée témoigne de l’admiration que j’éprouve pour cet homme d’État visionnaire dont le parcours exceptionnel continue d’éclairer notre continent africain et le monde entier.
Prendre part à cette rencontre ne fut pas seulement un devoir de reconnaissance, mais avant tout un privilège immense. Le plaisir que j’ai eu à être présente à cet événement reflète ma gratitude envers un homme qui incarne à lui seul un pan majeur de l’histoire contemporaine africaine.
Né le 20 mars 1921 à Dakar, Amadou Mahtar MBOW a tracé un chemin remarquable, alliant engagement patriotique et dévouement au service de l’humanité. De l’école coranique de Louga aux plus hautes sphères internationales, son parcours est une source d’inspiration inépuisable pour nous tous.
En tant qu’ancienne ministre et femme engagée pour le développement de l’Afrique, je mesure pleinement l’impact de ses contributions. Ministre de l’Éducation nationale puis de la Culture du Sénégal, il a posé les jalons d’une politique éducative et culturelle ambitieuse. Mais c’est sans doute à la tête de l’UNESCO, de 1974 à 1987, qu’il a marqué de son empreinte indélébile l’histoire mondiale de l’éducation et de la culture.
Ce qui me remplit particulièrement d’admiration, c’est son combat inlassable pour l’accès universel à l’éducation, notamment en Afrique. Son plaidoyer pour un développement endogène et durable, basé sur nos valeurs et nos ressources africaines, résonne avec une actualité brûlante. En tant que femme africaine engagée dans les questions de genre, d’énergie durable et de changement climatique, je reconnais en lui un précurseur de ces combats pour la justice sociale et l’égalité.
J’ai bon espoir que son héritage sera perpétué, notamment à travers la Fondation Amadou Mahtar MBOW pour les Savoirs endogènes, présidée par l’ancien ministre Amadou KANE, et dont la vocation est de contribuer à préserver, valoriser et transmettre les connaissances locales et traditionnelles, ainsi qu’à la transformation sociale, économique et culturelle de l’Afrique en intégrant ces savoirs endogènes dans les politiques publiques.
Son rôle dans la concertation sur les réformes institutionnelles au Sénégal, notamment à la présidence des Assises nationales et de la Commission nationale de réforme des institutions (CNRI), démontre sa volonté constante de construire des sociétés plus justes et plus démocratiques. Sa vision d’une République de démocratie participative, où les citoyens sont véritablement impliqués dans les décisions qui les concernent, est un modèle dont nous devrions tous nous inspirer.
Le plaisir que j’ai éprouvé à être présente à cette cérémonie se double d’un sentiment de responsabilité. Amadou Mahtar MBOW a balisé la voie. À nous, générations actuelle et future, de poursuivre son œuvre. Son engagement pour la diversité culturelle, la promotion des cultures africaines et la défense de nos identités reste un phare qui nous guide.
Son exemple me conforte dans mes propres engagements en faveur du développement durable, de l’égalité entre les genres et de la justice climatique. Son dévouement à la cause africaine et à la justice sociale transcende les frontières et les générations.
C’est donc avec le cœur empli de joie, d’admiration et de reconnaissance que j’ai accompli ce déplacement.
Rendre hommage à Amadou Mahtar MBOW, c’est célébrer l’excellence africaine, c’est honorer un bâtisseur de ponts entre les peuples et les cultures, c’est saluer un visionnaire dont l’œuvre continue de façonner notre présent et d’éclairer notre avenir.
Que son exemple inspire chacun d’entre nous à poursuivre inlassablement le combat pour l’éducation, la culture, la justice et le développement de notre cher continent !
Par Madame KEÏTA Aïda M’BO
Ancienne Ministre
Présidente du Réseau Energia/Mali et de la Coalition malienne Genre, Sécurité et Changement climatique
Officier de l’Ordre National du Mali
Sonko-Diomaye : le Sénégal entre deux trônes (le pouvoir ou la légitimité), ce duel qui menace l’avenir du pays !
Deux chefs pour une seule Nation : le Sénégal dans la tempête du double pouvoir ?
Anyway !
La scène politique sénégalaise vit, depuis quelques jours, un tournant inédit, presque tragiquement prévisible. Ousmane Sonko, Premier ministre et leader charismatique de Pastef, a franchi une nouvelle étape dans son bras de fer avec les institutions, en s’en prenant publiquement à deux membres influents du gouvernement et de la coalition au pouvoir. Devant une foule acquise à sa cause lors du Téra meeting du 8 novembre, il a accusé le ministre Abdourahmane Diouf de surfacturation et contesté la légitimité de Aminata Touré à la tête de la Coalition «Diomaye Président». Le lendemain, le Président Bassirou Diomaye Faye, dans une décision aussi rapide que symbolique, a tranché dans le vif : destitution de Aïda Mbodj, proche de Sonko, et confirmation de Aminata Touré à la coordination de la majorité présidentielle.
Ce coup d’éclat a révélé au grand jour une dualité longtemps contenue : celle d’un Président légalement élu et d’un Premier ministre politiquement plus populaire que lui. Dans l’imaginaire collectif, Ousmane Sonko reste l’incarnation de la résistance, le tribun du Peuple, l’homme qui a fait trembler le régime de Macky Sall et tenu le pays en haleine pendant une décennie. Bassirou Diomaye Faye, lui, demeure pour beaucoup «le frère d’armes devenu chef d’Etat», un Président issu du combat mais attaché à l’ordre républicain. Or, la République a ses règles, et l’histoire enseigne que lorsqu’un chef de gouvernement veut gouverner à la place du chef de l’Etat, la crise n’est jamais loin. Le Sénégal traverse aujourd’hui cette zone grise où les frontières entre pouvoir exécutif et leadership politique se brouillent. Sonko, fort de sa majorité écrasante à l’Assemblée nationale (130 députés sur 165), détient la capacité de faire ou de défaire toute politique publique. Son influence sur la jeunesse, sur les mouvements citoyens et sur la rue sénégalaise lui confère une légitimité parallèle, presque révolutionnaire. En face, Bassirou Diomaye Faye, élu sous la bannière de «Diomaye Président» (coalition composée de plusieurs partis et mouvements extérieurs à Pastef), incarne la légalité et la continuité de l’Etat. Il doit composer avec un Premier ministre devenu figure messianique, mais aussi avec des partenaires économiques internationaux méfiants, un contexte social tendu et des dossiers brûlants hérités du régime précédent. Le danger de cette dualité, c’est qu’elle place le pays au bord d’une «cohabitation interne». Si la fracture se confirme, le Sénégal pourrait connaître un blocage institutionnel inédit : un Président juridiquement fort face à un Premier ministre politiquement surpuissant. L’histoire mondiale regorge de précédents similaires. En Russie, le tandem Medvedev-Poutine n’a tenu que parce qu’un seul pôle décidait réellement. En Turquie, le duel Erdogan-Davutoğlu s’est soldé par la mise à l’écart du Premier ministre. En France, les cohabitations ont survécu parce qu’un équilibre constitutionnel clair les encadrait. Au Sénégal, cette clarté fait défaut : la Constitution de 2019 prévoit que le Président détermine la politique de la Nation. Mais sur le terrain, c’est bien Sonko qui, depuis ses tribunes, semble en fixer les contours. Les conséquences de cette confusion sont déjà palpables. Le Fmi observe avec inquiétude les déclarations anti-coopération du Premier ministre, notamment son affirmation que «le Sénégal peut fonctionner sans aide internationale». De telles sorties, dans un pays dépendant d’un financement extérieur représentant près de 40% de ses investissements publics, peuvent fragiliser la crédibilité économique du gouvernement et faire fuir les investisseurs. Le risque est triple : financier, politique et social. Financier, car la dette et les taux d’intérêt du Sénégal pourraient s’alourdir ; politique, parce que l’instabilité au sommet érode la confiance ; social, parce que le Peuple attend des solutions, pas des querelles de leadership. Dans ce bras de fer, chacun avance avec ses forces et ses failles. Sonko a pour lui le Peuple, la ferveur et la capacité d’entraîner les masses. Mais il est prisonnier de ses fronts multiples : guerre ouverte avec la presse, bras de fer avec les partenaires étrangers, règlement de comptes avec les anciens dignitaires du régime Sall, et maintenant confrontation larvée avec son propre Président. Trop de fronts épuisent même les plus solides. Diomaye Faye, quant à lui, dispose de la légitimité constitutionnelle, du contrôle de la diplomatie et du soutien discret d’une partie de l’élite républicaine qui craint le désordre. Mais il manque encore de charisme populaire et risque, s’il ne s’affirme pas, d’apparaître comme un «Président de papier» face à son Premier ministre tonitruant. L’opposition, quant à elle, observe avec gourmandise cette guerre des frères ennemis. Elle n’a rien à faire : il lui suffit d’attendre que la majorité s’autodévore. Déjà, certains anciens du Pds et du camp Macky Sall murmurent que «l’histoire se répète», que Sonko est en train de connaître ce que lui-même dénonçait hier : l’arrogance du pouvoir, la tentation de l’absolu, et le mépris de la presse et de la contradiction.
Ce qui se joue aujourd’hui n’est pas seulement un conflit de personnes, mais une épreuve de maturité démocratique. Le Sénégal a bâti sa réputation sur la stabilité et la continuité institutionnelle. Voir son Exécutif se déchirer sur la place publique met en péril cet acquis. Si le tandem ne retrouve pas rapidement une entente claire, le pays risque une paralysie de l’action publique, un gel des financements internationaux et une lassitude sociale dont les conséquences pourraient être imprévisibles. La solution réside dans un pacte de gouvernance. Un engagement écrit et public entre le Président et son Premier ministre fixant les champs de compétence, la discipline de communication, la gestion des dossiers économiques et la stratégie diplomatique. Sans ce garde-fou, l’Etat sera happé par la confusion. Les Sénégalais, eux, n’en ont cure des ego : ils veulent voir baisser les prix, fonctionner les hôpitaux, payer leurs factures et retrouver la paix après des années de tension.
En vérité, l’histoire retiendra que Sonko a tenu le pays en haleine pendant dix ans, notamment lors de l’affaire Adji Sarr qui a déchiré la société et coûté la vie à des dizaines de jeunes Sénégalais. Cette aura révolutionnaire lui confère une puissance politique unique. Mais gouverner n’est pas résister. Gouverner, c’est composer, arbitrer, parfois céder pour mieux durer. Diomaye Faye, lui, devra apprendre à imposer sa Présidence sans trahir son frère de lutte, mais sans trahir non plus la République. Car si le tandem venait à éclater, le Sénégal risquerait de retomber dans un cycle de crises : manifestations, démissions, perte de confiance internationale, et peut-être, au bout du chemin, un désenchantement collectif. L’histoire enseigne que les révolutions qui ne se transforment pas en institutions finissent par se consumer. Et le Sénégal n’a pas besoin d’un brasier : il a besoin d’un Etat fort, apaisé et juste.
Ndiawar DIOP
Duel entre Etéocle et Polynicei : une preuve de manque d’empathie pour leur pays
Ils nous prouvent chaque jour que non seulement ils n’ont aucune espèce de solution pour le pays, mais ça ne les intéresse vraiment pas. Ils se disputent le pouvoir au moment où le Sénégal est plongé dans une crise financière sans précédent. A cause de l’irresponsabilité, notre pays ne vaut plus un radis sur le marché financier. Ça dégringole toujours davantage. Nous, citoyens, sommes là à disserter sur les caprices d’un nain à qui on a fait croire qu’il était un dieu alors qu’il n’est même pas digne d’être un homme. Le pays va mal à cause de l’irresponsabilité d’un homme sectaire, manichéen, qui ne compte que sur le chauvinisme et le culte de la personnalité pour occulter son innommable incompétence. Nous, citoyens, sommes là à choisir entre deux personnages inutiles et instables au moment où les autres peuples cherchent des convergences pour développer leur pays. Ces bouderies et disputes révèlent non un manque d’empathie envers les Sénégalais, mais un manque de respect. Ces gens ne nous respectent pas, ils nous snobent avec des formules creuses et des mises en scène à la fois pittoresques et tragiques. Au même moment, le pays sombre dans une crise de la dette artificiellement entretenue par snobisme, héroïsme puéril, amateurisme irresponsable et mégalomanie morbide.
Entretenir une crise en formant des écuries respectives pour, chacun, dandiner dans sa cour comme un coq, n’est que pure inconscience dans un pays ruiné par le mensonge, l’onanisme politique et la haine. C’est faire preuve d’ignorance et d’irresponsabilité manifeste que de se disputer une préséance politique ou protocolaire dans un pays aussi dévasté. Au sortir des dégâts énormes causés au Sénégal entre 2021 et 2024, les Sénégalais devraient trouver un consensus sur une urgence : congédier le mot crise de leur vocabulaire. Mais cela demande de la hauteur, du leadership et de la noblesse.
On ne s’improvise pas héros, on ne s’élève pas en rabaissant des humains. Un leader qui est un dieu au milieu de ses partisans n’est pas un leader, c’est un dealer narcissique. Un homme providence en plein XXIe siècle est un homme en retard sur la marche du monde. On ne bricole ni ne télécommande l’héroïsme par des intrigues de quartier ou de génération. Un leader politique qui réduit les siens à des disciples égarés, déshumanisés et hostiles à leur propre liberté, n’est pas un leader, c’est un pervers narcissique.
PS.
Quant à cette jeunesse qui revendique le statut de mouton de leur leader, sachez que vous ne le faites pas aux hommes, vous le faites aux moutons que vous êtes. Il vous dirige et vous gouverne tels que vous vous définissez. L’attitude moutonne n’a jamais développé un pays, sinon le pouvoir spirituel remplacerait celui temporel, encore que le fanatisme n’est pas l’attitude religieuse la plus noble. Mettez-vous au travail, apprenez la science et la compétence, au lieu d’accepter d’être les moutons d’un berger dénué d’exemplarité. Etre chair à canon politique, servir de fusible à une lampe qui brûle plus qu’elle n’éclaire, ne rend personne meilleur. La politique n’a jamais conféré la science à un homme. On ne peut pas vivre dans la tricherie en tentant d’être ce qu’on n’est pas ou de savoir ce qu’on ne sait pas. Occupez-vous d’abord à changer vos comportements irrationnels, inciviques et non patriotiques, avant de prétendre changer votre pays.
Alassane K. KITANE
i Dans la mythologie grecque, Laos a commis la faute d’engendrer, contrairement au décret des dieux. Il fut maudit et Œdipe est le signe de cette malédiction. Il tua son père et épousa sa mère (sans savoir qu’ils étaient ses parents). Hériter du trône laissé par son défunt père, il finit par être à son tour tué par ses deux fils, etéocle et Polynice, pour lui prendre le pouvoir. Ledit pouvoir devint l’objet de leur rivalité, qui conduit à leur mort mutuelle lors de la guerre des Sept contre Thèbes. Leur conflit est né d’un désaccord sur le trône de Thèbes qu’ils devraient occuper alternativement : Etéocle a refusé de céder le pouvoir à Polynice, ce qui poussa ce dernier à prendre les armes. Ils se tuèrent tous les deux aux portes de la Cité…
Gaza: des combattants du Hamas bloqués dans des tunnels, sujet épineux pour faire avancer le plan Trump

Depuis un mois, des combattants du Hamas sont pris au piège dans leur propre réseau de souterrains, rapporte notre correspondante à Jérusalem, Frédérique Misslin. Ils sont bloqués dans une zone toujours contrôlée par Israël, dans le quartier d’al-Janina, à l’est de Rafah. Le dossier pourrait bien faire dérailler le plan de Donald Trump, car les négociations à leur sujet n’aboutissent pas. L’armée israélienne assure qu’ils sont quelques dizaines, une centaine au plus.
Ces combattants du mouvement islamiste appartiendraient à la force Nukbha et certains auraient participé aux attentats terroristes du 7-Octobre. Israël rejette tout compromis à leur sujet. Eux ne semblent pas prêts à se rendre. Le Hamas réclame qu’ils soient autorisés à partir, ce que refuse Israël jusqu’à présent.
Depuis un mois, des combattants du Hamas sont pris au piège dans leur propre réseau de souterrains, rapporte notre correspondante à Jérusalem, Frédérique Misslin. Ils sont bloqués dans une zone toujours contrôlée par Israël, dans le quartier d’al-Janina, à l’est de Rafah. Le dossier pourrait bien faire dérailler le plan de Donald Trump, car les négociations à leur sujet n’aboutissent pas. L’armée israélienne assure qu’ils sont quelques dizaines, une centaine au plus.
Ces combattants du mouvement islamiste appartiendraient à la force Nukbha et certains auraient participé aux attentats terroristes du 7-Octobre. Israël rejette tout compromis à leur sujet. Eux ne semblent pas prêts à se rendre. Le Hamas réclame qu’ils soient autorisés à partir, ce que refuse Israël jusqu’à présent.









