Les avocats du Premier ministre Ousmane Sonko ont rompu le silence. Face à la presse, ce lundi 22 décembre 2025, ils ont présenté ce qu’ils qualifient de nouveaux éléments décisifs dans l’affaire de diffamation ayant opposé leur client à Mame Mbaye Niang, une condamnation prononcée en 2023 et qui avait conduit à l’inéligibilité de M. Sonko à l’élection présidentielle.

Au centre de leurs révélations figure l’existence avérée du rapport du PRODAC, un document que l’accusation et les juridictions saisies avaient pourtant déclaré inexistant lors du procès initial.

Une procédure jugée anormalement expéditive

La défense est longuement revenue sur les conditions du jugement de 2023. Me Macodou Ndour a dénoncé une célérité judiciaire « sans précédent », affirmant n’avoir jamais observé, en plus de trente ans de carrière, une affaire de diffamation traitée aussi rapidement en première instance puis en appel.

Selon les avocats, la peine de six mois de prison avec sursis prononcée contre Ousmane Sonko n’était pas fortuite, puisqu’elle correspondait précisément au seuil légal entraînant son inéligibilité.

Le rapport du PRODAC au cœur de la controverse

Sur le fond, la condamnation reposait sur l’argument selon lequel le rapport du PRODAC invoqué par Ousmane Sonko n’existait pas. Les avocats soutiennent aujourd’hui que ce document a bel et bien été signé, validé et archivé dès 2018.

« La condamnation repose sur une affirmation fausse. Il a été soutenu devant les juridictions que ce rapport n’existait pas, alors qu’il met en cause des responsabilités clairement identifiées », a déclaré Me Ndour.

Ces nouveaux éléments ont conduit à la saisine d’une commission spéciale composée de hauts magistrats, laquelle a émis un avis favorable à la révision du procès, estimant qu’ils font naître un doute sérieux sur la culpabilité du Premier ministre.

Une révision juridiquement possible malgré l’amnistie

Les avocats ont par ailleurs rejeté l’argument selon lequel la loi d’amnistie ferait obstacle à la procédure. Ils rappellent que la révision est encadrée par une loi organique, hiérarchiquement supérieure, et que la condamnation civile à hauteur de 200 millions de FCFA demeure exécutoire.

Vers un nouveau procès

Si la Cour suprême déclare la requête recevable, l’affaire sera rejugée par une nouvelle Cour d’appel. En cas de relaxe, Ousmane Sonko pourrait solliciter des réparations pour condamnation injustifiée. La défense n’exclut pas non plus d’éventuelles poursuites pour dénonciation calomnieuse.

Pour les avocats, l’enjeu dépasse le cas personnel de leur client. « Le préjudice est immense. Des millions de Sénégalais ont été privés de leur droit de choisir librement leur candidat », a conclu Me Macodou Ndour.

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