Les procédures d’extradition engagées contre le journaliste Madiambal Diagne et l’homme d’affaires Doro Gaye ont peu de chances d’aboutir. C’est l’analyse de Me Djibril War, avocat et ancien député, exprimée dans une tribune relayée par Vox Populi.
Dans son texte, Me War décrit un climat de tensions diplomatiques entre Dakar et Paris, mis en lumière par des échanges de courriers entre l’ambassadrice de France au Sénégal, Christine Fages, et la ministre sénégalaise de la Justice, Yacine Fall. À ses yeux, le report sans date du délibéré par la justice française constitue un signal révélateur, laissant présager une réponse défavorable aux demandes d’extradition formulées par les autorités sénégalaises.
Selon le directeur de l’école du parti de l’APR, la France, attachée au respect des droits humains et des garanties judiciaires, ne saurait accéder à une extradition vers un pays où des personnes poursuivies peuvent être maintenues en détention durant de longs mois sans jugement au fond. Un facteur déterminant, estime-t-il, dans l’appréciation des juridictions françaises.
Allant plus loin, Me Djibril War recommande aux conseils de Madiambal Diagne et de Doro Gaye d’explorer une voie procédurale consistant à saisir la Chambre d’accusation de Versailles afin de solliciter une mission d’inspection dans les établissements pénitentiaires sénégalais. L’objectif serait d’y constater des conditions de détention qu’il qualifie de « dégradantes et inhumaines », conséquence d’une surpopulation carcérale persistante, malgré l’engagement des agents pénitentiaires confrontés à un déficit de moyens.
En conclusion, l’avocat estime que la combinaison des risques d’acharnement judiciaire et de conditions de détention jugées incompatibles avec les engagements internationaux de la France rend toute extradition juridiquement fragile et difficilement défendable sur le plan moral. Une position qui alimente un débat sensible, à la croisée du droit, de la diplomatie et des relations franco-sénégalaises, rapporte Vox Populi.
