C’est un diagnostic sans complaisance que Mandiaye Gaye a fait sur la citoyenneté au Sénégal. Dans son livre intitulé «Problématique de la citoyenneté au Sénégal», il passe au peigne la question de la citoyenneté au Sénégal. L’auteur évoque les problématiques portant sur des questions sociales, notamment sur la citoyenneté. Ce livre, préfacé par l’historienne Penda Mbow, est composé de douze chapitres. Lesquels rappellent quel doit être le comportement d’un bon citoyen pour le développement du pays. Éternel militant de la gauche, Mandiaye Gaye se présente comme un autodidacte dont l’histoire individuelle est portée par ses engagements dans la lutte anticoloniale, puis contre le régime néocolonial qui lui a succédé après les indépendances. Il connut la clandestinité et la prison qui ont forgé en lui un patriotisme toujours renouvelé au gré des luttes inlassables pour un Sénégal libre et démocratique.
Par Pape Moussa TRAORÉ
Ce livre, très fouillé, bien documenté est dédié à ceux qui œuvrent sans cesse pour un Sénégal nouveau, prospère et débarrassé du chauvinisme et de la xénophobie. Dans ce livre, l’auteur, écrivain et militant, constate avec tristesse et désolation la regrettable dégradation très avancée du civisme au Sénégal. Faisant l’état des lieux de la citoyenneté au Sénégal, il met en exergue, de la page 24 à la page 25 l’absence de veille et de sauvegarde des biens publics et la violation des lois et des règlements et de la bonne conduite en société par les citoyens, qui sont manifestes aujourd’hui au Sénégal.
Mandiaye Gaye écrit avec force qu’«au Sénégal, l’état de l’éducation à la citoyenneté est affligeant. Cette absence de civisme est une situation très grave, parce qu’elle ouvre les portes aux désordres, abus et à l’anarchie dans le pays». Ainsi, il pense que l’éducation citoyenne active mérite qu’on lui accorde le traitement approprié sans complaisance. Il a également mis à nu le manque d’application des sanctions prévues, par laxisme ou complaisance des autorités, à l’encontre vandales et des hors-la-loi.
À la page 42, Mandiaye Gaye parle des perspectives pour l’éducation citoyenneté et l’affermissement d’une conscience citoyenne active pérenne. L’école publique sénégalaise est aujourd’hui complètement délaissée. Alors que cependant, elle joue un rôle décisif et primordial. De ce fait, il estime que restaurer et sauvegarder l’école publique dans son véritable rôle d’éducateur est une exigence urgente de l’heure. Mieux, il est d’avis que l’éducation civique est une question centrale dans la vie du citoyen.
C’est dans ce sillage que le chroniqueur a souligné que l’armée et le service militaire doivent être réhabilités. Car, estime-t-il, c’est une nécessité qui s’inscrit dans le cadre approprié non seulement de l’éducation citoyenne de la jeunesse, mais aussi de la formation professionnelle. «Le service militaire pour la jeunesse est un devoir citoyen qui lui permet d’acquérir le métier des armes, mais aussi d’autres métiers divers. Et tout cela est fait dans le cadre d’une discipline rigoureuse et constructive».
Dans ce livre, Mandiaye Gaye, dans le chapitre II, écrit qu’un état civil, fiable et sécurisé participe à conforter un état de droit respectueux de la citoyenneté. Dans sa logique, l’état civil dans la vie du citoyen en Afrique en général au Sénégal en particulier est pris jusque-là comme une formalité banale sans aucune importance. «Jusqu’à présent, les dirigeants des États Africains donnent un peu de valeur à la gestion et la tenue rigoureuse d’un état civil dans un pays. En effet, écrit-il, pour les autorités gouvernementales africaines en général, l’état civil présente peu d’intérêt à leurs yeux, en dehors des périodes électorales. Le chroniqueur voit qu’en dehors de ces périodes, l’état civil est toujours traité en parent pauvre par les pouvoirs publics et considéré comme un acte dont on peut bien se passer. «Le Sénégal est réputé et perçu à l’extérieur comme étant un pays où l’administration générale est considérée peu fiable à cause des fraudes. Et c’est pour cela que les références relatives à l’état civil sont toujours considérées comme douteuses (…)».
Mandiaye Gaye écrit que le temps est venu maintenant pour le Sénégal de s’équiper des instruments nécessaires qui lui permettront de se moderniser et de procéder à l’automatisation de ses centres d’état civil. Ce qui présente aux yeux du chroniqueur un «Nouvel échec pour la deuxième décentralisation car, 50 ans après l’Indépendance, une bonne partie des localités de l’intérieur des campagnes sénégalaises est toujours coupée de l’Administration centrale : «Les populations ignorent même ce que signifie un acte d’état civil car, parmi elles, beaucoup n’en possèdent pas. Un tel état de fait est parfaitement une aberration, après cinquante ans d’indépendance.
De la page 76 à la page 80, le chroniqueur met en exergue la faille de l’administration sénégalaise qui est loin de la situation de «rêve si souhaité. L’écrivain militant constate que si tous ces méfaits persistent ou empirent, c’est parce que s’aggravent davantage.
«(…) Me Abdoulaye Wade a orchestré un tapage médiatique sur le Nepad dont son volet informatique lui était confié, mais cela n’a changé dans le domaine informatique et l’état de fait souligné reflète la vérité…».
À la page 85, Mandiaye Gaye souligne le «rôle néfaste et exécrable de l’argent en politique au Sénégal, aujourd’hui. Il analyse que l’exercice de devoir citoyen dans les Républiques bananières où les droits citoyens sont souvent bafoués, est une tâche difficile qui comporte des risques réels pour celui qui veut l’exercer convenablement.
Mandiaye Gaye analyse la situation pour être bien informé, et se mettre à la disposition du citoyen. Car, selon lui, l’information est une arme efficace pour bien accomplir sa mission à la page 104. Il met en exergue la presse privée indépendante démocratique et libre dans son rôle de délivrer une information juste et crédible, e qui a abattu un travail remarquable depuis son apparition sur la scène médiatique sénégalaise.
À propos de l’histoire du Sénégal, Mandiaye Gaye propose en conclusion que les Sénégalais doivent prendre garde et être également très vigilants pour éviter d’être surpris ou mis devant le fait accompli, puisque les manœuvres de Me Abdoulaye Wade visent aussi à altérer l’histoire du Sénégal en y aménageant une place de choix. Il estime que tous les historiens et les rédacteurs de l’histoire du Sénégal doivent systématiquement, sans équivoque, exclure de leurs travaux de recherche scientifique tous les faits pour lesquels l’authenticité est douteuse. Plus précisément, toutes les inventions grossières, les fabrications fantaisistes d’images fausses, les maquillages et camouflages grotesques, les fertiles imaginations des troubadours et des griots flagorneurs pour uniquement le plaisir des tenants du pouvoir du jour.