JUSTICE  AFFAIRES PUBLIQUES – Le Procureur de la République se redresse et se dresse

 

            Il le fallait bien. La Justice du Sénégal s’est retrouvée dans la rue. Pulvérisée selon qu’on est d’un camp ou d’un autre et violemment attaquée, l’appareil judiciaire qui a toujours été un mythe et une Institution est sous le risque d’une désacralisation. Des sorties au vitriol remettent en cause sa dimension institutionnelle de régulateur et de veille de l’application des Lois et règlements. Le Procureur de la République se sent alors directement interpellé. Il s’est non seulement donné le devoir d’informer l’opinion publique, de clarifier les dossiers, d’endiguer tout amalgame mais aussi de faire taire les dérapages libertaires et désinvoltes.

            Le Sénégal a, à la fois  l’atout et le drame d’être est une société orale. La parole et toujours la parole. La culture est démesurément orale. Cette oralité est un signe identitaire et elle est  la seule arme de ceux qui sont pris la main dans le sac, de ceux qui échouent et de ceux qui cherchent à se draper de manteau de victimes ou de proie d’un adversaire. Ainsi, devant toute affaire judiciaire qui implique un responsable politique, la classe politique volubile   se donne, au nom de la liberté d’expression et d’opinion le droit de tout dire.

            Endiguer les dérapages

            Depuis un certain moment, devant les affaires pendantes devant la Justice et sur la personnalité institutionnelle du Procureur de la République, que n’ont, par exemple, dit de désobligeant les Barthélémy Diaz, Me Amadou Sall, Me EL Hadji Diouf, entre autres ! D’autres, pratiquement tous responsables politiques ou militants de partis comme des guides religieux, sont intervenus maladroitement sur ces affaires judicaires.

            La violence des propos,  la surabondance de calomnie, la grossièreté des commentaires et la brutalité des répliques ont naturellement, tout naturellement, mis le Procureur de la République dans tous ses états. Il se redresse et constate : « on injure, on calomnie, on diffame ; je dois dire aux uns et aux autres, que ça cesse ! ».  Et le cœur meurtri et la mort dans l’âme, il se dresse en bouclier : «  je ne vais plus permettre à qui que ce soit, de quelque bord qu’il puisse se situer, de continuer à invectiver les magistrats, d’atteindre à leur honorabilité et de jeter le discrédit sur la Justice. C’est terminé ! »

            Certes ça doit cesser. Mais le Sénégal connait une révolution de l’information et de la communication ample, large et incontrôlable. Il ne sera pas facile de faire taire en raison de la délicatesse du système actuel de divulgation d’idées, d’opinions, de vérités et de contrevérités.

            Le Procureur de la République se dresse et se redresse contre les dérives. Il s’assume et assume. Il y va sa responsabilité car son autorité se déploie dans le sillage de l’ordre moral en vue du bien commun. En s’accommodant d’un ordre juridique légitimement établi, les citoyens, les avocats et les responsables politiques sont obligatoirement tenus à l’obéissance et au respect de l’Appareil judicaire. Mais le feront-ils ? que ferait le Procureur si la tornade du discrédit sur la Justice continue ? Voilà deux grandes questions.

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