Ministre de la Santé et de l’action sociale, Abdoulaye Diouf Sarr assure et rassure que la situation liée à la propagation du Coronavirus est bel et bien maîtrisée. Dans cet entretien avec Tribune, il fait savoir que les décisions prises par le Président Macky Sall entrent dans le cadre d’une adaptation face à cette pandémie qui est sous contrôle, malgré les apparences.
Par Abdoulaye MBOW
Apparemment l’heure n’est plus grave compte tenu des mesures d’assouplissement prises par le Président Macky Sall ?
Il me faut d’emblée faire un recadrage par rapport à l’orientation de votre interrogation. En fait, le président vient de prendre des mesures stratégiques d’adaptation qui ne remettent nullement en question l’importance et la rigueur qu’il faut pour poursuivre le combat contre le covid-19. Depuis le début de la lutte, qui a démarré le 2 mars 2020, nous avons progressivement adapté nos stratégies. Souvenez-vous que nous avions commencé par la fermeture des frontières aériennes et des écoles. Ensuite, nous sommes montés en puissance en instaurant l’état d’urgence, assorti d’un couvre-feu, et imposer le port systématique des masques. C’est dire que dans le combat de riposte, il y a une évolution des stratégies que commande chaque niveau d’intervention. Aujourd’hui, la nouvelle situation exige à ce que l’on fasse des adaptations qui nous installent dans une riposte durable avec des perspectives de victoires certaines.
“S’adapter”… Est-ce que ça sous-entend apprendre à vivre avec le virus malgré le niveau exponentiel des contaminations ?
Je disais tantôt que nous sommes partis de la date du 2 mars 2020. Plus de deux mois après, évidemment, compte tenu de la logique du profil épidémiologique – dans la courbe ascendante de l’épidémie – certains disent d’ailleurs que nous sommes plus ou moins au niveau du pic. Donc, la croissance du nombre des cas est tout à fait logique et n’est pas une chose surprenante. Ce qu’il faut maintenant, c’est de savoir que l’ensemble des études nous recommande une attitude, une posture dans la durée. C’est pourquoi l’environnement de la lutte doit être un environnement d’unité, de solidarité, d’apaisement et d’adhésion de toutes les populations. Le package des mesures prises par le président de la République nous permet d’être ensemble. Autrement dit, tous les Sénégalais, comme un seul homme, pour combattre le covid-19 : c’est cela la nouvelle perspective. Ce qui veut dire que l’adaptation est une adaptation stratégique qui est demandée dans la riposte pour nous installer dans un environnement d’apaisement et de sécurité. Cela nous permet aussi de rejeter toute forme de stigmatisation qui a créé beaucoup de problèmes. Certains personnels de la santé ont même eu des problèmes pour entrer dans certains quartiers. Tout cela nous amène donc à adopter de nouvelles stratégies. C’est bien cela la philosophie des nouvelles mesures.
Avec l’ouverture des lieux de culte et des marchés, est-ce que l’on n’expose pas les fidèles et les Sénégalais de manière générale à des vagues fulgurantes de contamination ?
Ce qu’il faut noter et savoir, c’est que le mandat ne change pas. Et le mandat, dans le cadre de la riposte, est de tout faire pour protéger les Sénégalais, de tout faire pour endiguer l’épidémie. Donc, le mandat reste le même. C’est seulement le contexte qui change. La stratégie opérationnelle qui nous permet d’atteindre l’objectif qui nous a été fixé – tenant compte du nouveau contexte avec les nouvelles mesures – tout va être adapté. Mais, rassurez-vous ! L’ensemble de l’équipe va se déployer, s’adapter pour que véritablement, les Sénégalais soient protégés et que la maladie soit totalement endiguée dans notre pays.
Actuellement, combien de Sénégalais sont confinés ?
Le confinement, pour ne dire la mise en quarantaine, concerne les contacts à haut risque et ceux à bas risque. Depuis le début, nous avons effectivement confiné plus de sept mille (7000) Sénégalais. Mais, c’est un chiffre cumulatif et c’est un chiffre qui évolue du jour au lendemain, parce que tous les jours des Sénégalais sortent de confinement et d’autres entrent en confinement. C’est pourquoi, l’on ne peut pas parler d’un chiffre stable. À chaque fois qu’il y a un cas contact ou un cas communautaire, forcément il y a une évolution. Et, après quatorze jours de quarantaine, l’on sort si l’on n’est pas infecté.
Que dire des personnes appartenant au personnel de santé et qui sont contaminées ?
Je profite de votre question pour revenir sur le message du président qui a fortement félicité et encouragé le personnel de santé. Nous avons un personnel de santé engagé, vaillant et compétent. Je leur rends un hommage en ma qualité de ministre de la Santé. C’est donc dire, que nous prendrons toutes les mesures idoines pour les renforcer, et aucun effort ne sera ménagé pour leur permettre de travailler dans les meilleures conditions. Il est vrai que le personnel de santé a été très affecté. Cela étant dû au fait que des personnes infectées viennent les voir au niveau de leurs différentes structures de santé pour des soins. Je lance à nouveau cet appel en disant que tout citoyen ressentant les symptômes ne se déplace plus. Qu’il appelle pour que toutes les dispositions de sécurité puissent être prises. Il faut avoir la bonne attitude dans ce contexte de covid-19.
Mais, avec de telles mesures d’assouplissement, qu’est-ce qui est prévu pour faire face aux récalcitrants ?
Je disais que ce sont des mesures d’adaptation. Quand on prend de telles mesures, il est évident qu’elles vont intégrer le package de la riposte. Et la riposte n’est pas seulement sanitaire, elle est également multisectorielle. Autrement dit, c’est la riposte de tout le monde. Donc, ce n’est pas un système de santé qui fait face, mais plutôt un État, un Gouvernement, un pays. Ce qui veut dire qu’au niveau de la base, tout le monde doit s’adapter. Le citoyen doit systématiquement porter un masque en allant au marché. De la même manière qu’il doit exister une organisation dans les lieux de culte face à l’environnement covid-19. Dans tous les cas, les forces de défense et de sécurité feront ce qu’il faut pour que l’ensemble des mesures soient respectées.
Avec le niveau de contamination qui ne s’arrête plus, est-ce que la situation est maîtrisable ?
La situation est sous contrôle. Et, je dois dire que le Sénégal n’a jamais perdu la main par rapport à cette pandémie. Nous n’avons jamais dit que nous n’aurons que dix ou vingt cas… Nous comprenons effectivement qu’une épidémie fonctionne de cette manière… Il y a une courbe en croissance qui, à un moment va stagner avant de décroître. Aujourd’hui, je peux bel et bien vous dire qu’il n’y a pas péril en la demeure et que la situation est maîtrisée. D’ailleurs, le nouvel écosystème de la lutte va nous permettre d’avoir la sérénité nationale qui va nous permettre de poursuivre notre travail.
Y’a-t-il un message à adresser particulièrement au corps enseignant et aux parents puisque les cours reprennent le 2 juin pour les élèves en classe d’examen ?
Le message que je lance à l’endroit même de tous les Sénégalais, est un message de sérénité, de confiance et surtout de discipline nationale. Ce qui est fondamental pour sortir le covid-19 du pays.