Absence d’une politique de jeunesse, sans boussole, sans perspectives : Quelle issue pour les jeunes ?

«La disponibilité de notre jeunesse a plus de valeur que les milliards de l’étranger» théorisait l’ancien chef de l’État Abdoulaye Wade. Mais dans la pratique, il semble aujourd’hui que les milliards de l’étranger sont préférables à la disponibilité de notre jeunesse. Sinon, comment comprendre le fait que les dirigeants se permettent de brader sans retenue les ressources naturelles du pays à l’étranger, de même que les ressources halieutiques qui constituaient le gagne-pain de plus d’un million de personnes au point de pousser des milliers de jeunes désespérés, gagnés par la pauvreté à braver la Méditerranée. Pourtant l’avenir de ces jeunes n’est pas eu Europe, mais impossible de le leur faire comprendre car voulant sortir vaille que vaillent de la pauvreté dans laquelle ils vivent. Ils ont tellement l’habitude de vivre dans la pauvreté qu’ils ont fini par croire c’est leur état naturel alors que les choses pouvaient être autres si cette classe politique qui s’est succédé au pouvoir depuis les indépendances n’avait pas hypothéqué leur avenir. Une classe politique qui a toujours été intéressée que par son sort et le devenir de ses enfants. Sinon comment comprendre le fait que tous les présidents qui se sont succédé au pouvoir n’aient pas fait de projection en élaborant des projets d’insertion des jeunes qui devaient par exemple s’étaler sur la durée, 15, 20, voire 30 ans. Mais l’amer constat est qu’ils ne se sont jamais inscrit dans la durée, tout leur horizon, c’est le mandat, présent, comment le gérer le plus longtemps pour jouir du pouvoir et des privilèges qu’il confère. Point barre ! Pourtant des pays jadis classés parmi les nations les plus pauvres du monde, la Corée du Sud par exemple et certains pays asiatiques qui avaient le même rang que le Sénégal sont aujourd’hui parmi les pays les plus économiquement développés au monde. Et ils doivent leurs positions à leurs investissements constants dans l’éducation, les services de santé et les infrastructures intelligentes et autres… Ils ont fini par comprendre qu’investir chez les jeunes, c’est investir dans un meilleur avenir car la jeunesse est le moteur du développement. Mais peut-on dire aujourd’hui que la jeunesse est la relève du Sénégal ? Non, sommes-nous tentés de dire car les régimes qui se sont succédé n’ont rien fait pour qu’elle contribue au développement du pays contrairement aux pays asiatiques. L’ancien
Président Abdou Diouf n’avait-il pas taxé la jeunesse de «malsaine» ? Alors qu’elle n’avait fait que lui envoyer des signaux de détresse. À sa suite Wade est venu leur promettre des emplois à la pelle avant de les laisser à leur sort. Face au drame qu’ils vivent actuellement, il est courant d’entendre les dirigeants dire que le pouvoir ne peut pas trouver d’emplois à tous les jeunes. Pourtant ce n’est pas ce qu’ils disent en période d’élection, moment au cours duquel ils déversent des tombereaux de promesses sur les jeunes. D’ailleurs n’est-ce pas l’actuel président Macky Sall qui avait promis un million d’emplois aux jeunes lors de la campagne de 2019 ? À force d’être ballottés entre engagements non tenus et promesses non respectées par les politiciens, les jeunes n’ont plus confiance en eux et ont fini par faire le choix de se prendre en charge, malgré la nouvelle promesse du président Sall consistant à créer un Conseil national pour l’insertion et l’emploi des jeunes (Cniej). Une rupture de confiance qui ne doit pas surprendre le président Sall, lui qui disait « nous pouvons faire de la politique en étant éthique, en vivant des valeurs de dignité et en respectant sa parole. Pourquoi voulez-vous que la politique soit un milieu où il n’y a pas d’éthique, on dit, on se dédit. Finalement pourquoi comment voulez-vous qu’on vous fasse confiance ? Parce que la politique, c’est le respect de la parole donnée sinon ce n’est pas la peine.» avait ajouté Macky Sall. En tout cas les dirigeants n’ont plus le droit aujourd’hui de fermer les yeux sur le drame des jeunes ou de faire la politique de l’autruche. Ils ont l’impérieux devoir de trouver des solutions avant que ces milliers de jeunes téméraires désespérés, qui ont vu la mort de près, ne soient rapatriés d’Espagne et ne viennent grossir les rangs des désœuvrés et frustrés restés au bercail à broyer du noir. Un cocktail explosif. Pour parler comme Don Bosco « occupez-vous des jeunes avant qu’ils ne s’occupent de vous.» À bon entendeur…

Avec  Tribune

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