Accident de l’avion de Transair : Ce qu’il faut savoir sur l’enjeu de l’enquête

En plus des investigations ouvertes par les autorités aéroportuaires du Sénégal, à travers le Bureau d’études et d’analyse, le Parquet de Mbour s’est aussi saisi de l’affaire de l’accident du vol Dakar-Bamako du jeudi 9 mai. Et on sait qu’une équipe de l’avionneur Boeing doit arriver à Dakar dans les heures ou les jours à venir. Malgré tout, il semblerait que certaines personnes espèrent voir les résultats des enquêtes placés sous le coude de certaines autorités pour protéger certains coupables.

L’enquête se poursuit concernant l’accident du Boeing 737-300 de la compagnie Transair, affrété par Air Sénégal Sa pour assurer la desserte Dakar-Bamako, et survenu le 9 mai dernier. Dès les premiers constats du drame, les autorités aéroportuaires et les politiques avaient assuré que les choses se feraient dans la transparence et les responsabilités clairement situées, «pour qu’un pareil drame ne puisse plus arriver sous nos cieux». Or, il semble que certains enquêteurs, au niveau national, craignent de devoir faire l’objet de censure si d’aventure leurs investigations devaient mettre en cause certaines personnalités ou structures.

Dans un contexte aussi difficile pour elle, la compagnie Boeing aura certainement à cœur de vouloir se disculper. Surtout si l’on sait que l’appareil concerné était presque au rebus, mis de côté par la compagnie roumaine qui l’utilisait. Il semble en effet que l’avion ne répondait plus aux normes européennes de navigation aérienne. Ses propriétaires roumains ont été bien contents de s’en débarrasser au profit de Transair, qui n’a sans doute pas été assez regardant. Ce qui met en cause la responsabilité de l’Anacim, qui a accordé des autorisations de vol à cet appareil. La preuve, l’avion avait une autorisation de vol de 6 mois, alors qu’il était déjà plus qu’amorti.

 

L’autre responsabilité est celle de la compagnie nationale Air Sénégal qui, dans son souci de couvrir les multiples destinations qu’elle n’a pas la capacité de gérer, se sent obligée de recourir à des fournisseurs pas trop difficiles. Les enquêtes en cours détermineront les circonstances de la mise en service du 737-300 pour le vol HC301 de ce jeudi 9 mai, mais il serait étonnant que les dirigeants des deux compagnies aériennes puissent donner des arguments techniques pour expliquer leur entente, à part peut-être des liens de famille des deux Dg.

On sait déjà que pour Air Sénégal, depuis longtemps, le Directeur général Alioune Badara Fall rechigne à mettre en œuvre les recommandations du plan de redressement de sa compagnie. Depuis près d’un an déjà, l’ancien ministre Doudou Ka lui avait demandé, en conformité avec ce plan, de fermer les dessertes de Milan, Barcelone et Marseille-Lyon. Malgré plusieurs rappels, le Dg avait toujours fait fi de ces injonctions, tout en reconnaissant que lesdites lignes étaient structurellement déficitaires. Il comptait toujours, en dehors de toute logique, sur l’appui de l’Etat pour renflouer sa compagnie.

 

Quant à l’autre Alioune Fall, celui de Transair, il semble pouvoir peut-être aussi sortir indemne des enquêtes en cours, bien que l’avion appartienne à sa compagnie. Des observateurs, et même certains parmi les équipes chargées des enquêtes, disent craindre que sa proximité affichée avec les nouvelles autorités politiques puisse lui servir de bouclier, et qu’il se pourrait que les conclusions de l’enquête, si elles sont très incriminantes pour lui, soient mises sous le boisseau. Mais on est encore loin de cela, même si certains responsables s’empressent déjà de déclarer que l’enquête ouverte est «une enquête technique qui ne vise pas à situer les responsabilités. Nous cherchons juste à savoir quelles sont les causes et les circonstances de cet accident, afin de pouvoir faire des recommandations, pour que cela ne puisse plus se reproduire». Une manière de rassurer à l’avance les présumés coupables ?

AVEC LQ

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